Sainte María Maravillas Pidal y Chico de Guzmán, connue souvent par son nom de religion Maravillas de Jesús, née le à Madrid et morte le au Carmel de la Aldehuela (Getafe, province de Madrid), est une religieuse carmélite déchaussée espagnole.

María de las Maravillas de Jesús
Image illustrative de l’article Maravillas de Jesús
Tableau de sainte Maravillas de Jesús dans la cathédrale de l'Almudena de Madrid.
Sainte
Naissance 4 novembre 1891
Madrid, royaume d'Espagne
Décès 11 décembre 1974  (83 ans)
Carmel de la Aldehuela (Getafe, communauté de Madrid), État espagnol
Nom de naissance María Maravillas Pidal y Chico De Guzmán
Nationalité Drapeau de l'Espagne Espagnole
Ordre religieux Ordre des Carmes déchaux
Vénérée à chapelle du monastère de La Aldehuela (Getafe)
Béatification le  Rome
par Jean-Paul II
Canonisation le  Madrid
par Jean-Paul II
Vénérée par l'Église catholique, l'Ordre du Carmel
Fête 11 décembre

Grande mystique, elle mène durant sa vie de nombreuses actions en faveur des pauvres. Durant la guerre civile, elle réussit à sauver les carmélites de son couvent et leur faire rejoindre un lieu sûr. Elle fonde dix carmels en Espagne et en Inde, essentiellement après la guerre.

Elle est béatifiée en 1998 puis canonisée à Madrid le par le pape Jean-Paul II.

Biographie

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Enfance

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María est née le . Son père, Luis Pidal y Mon, marquis de Pidal, est connu pour soutenir l'Église et les religieux. Il a été ministre en Espagne. À la naissance de sa fille, il est ambassadeur d'Espagne au Vatican. Sa mère, la marquise de Pidal, est née Cristina Chico de Guzmán y Muñoz[1],[2].

Son nom « María de las Maravillas » est donné en l’honneur de « Notre-Dame des Merveilles », sainte patronne de Cehegín, dans la province de Murcia[3].

María est baptisée 8 jours après sa naissance. En 1896 elle fait sa confirmation, et sa première communion en 1902. Elle est connue comme une enfant intelligente et pieuse[4]. Dès l'âge de cinq ans, María de las Maravillas de Jesús Pidal souhaite se consacrer à Dieu (elle fera à sa manière un vœu de chasteté[3]). Elle commence très jeune à aider les plus pauvres. Très jeune elle souhaite entrer dans les ordres. Mais son père s'oppose à son projet de vie religieuse. À force de ténacité, elle finit par vaincre l'opposition paternelle[5].

Entrée au Carmel

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Attirée par la spiritualité de sainte Thérèse de Jésus (d'Avila) et de saint Jean de la Croix (elle a lu leurs ouvrages[3]) et animée par la spiritualité mariale, elle entre au Carmel de l'Escurial, à Madrid, le [6]. Elle prononce ses vœux définitifs le [4] et prend le nom de « María de las Maravillas de Jesús ».

Premières fondations

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Le , María, avec 3 religieuses part fonder un couvent à Cerro de los Ángeles ("La colline des Anges", près de Getafe), au centre géographique de l'Espagne. C'est là que le , le roi Alphonse XIII a consacré la nation espagnole au Sacré-Cœur de Jésus[7]. Un monument consacré au Cœur de Jésus y a même été construit. Pour mère María, ce lieu devait être un lieu de prière et d'offrande pour l'Église et pour l'Espagne. Le couvent est inauguré le (jour de la fête du Christ Roi[8].

Quelques jours plus tard, le , elle est nommée prieure de ce même couvent par l'évêque de Madrid[9]. Les religieuses sont si nombreuses à les rejoindre dans ce couvent, qu'en 1933, mère María Marvillas envoie 8 religieuses en Inde à Kottayam pour fonder un nouveau couvent, en réponse à la sollicitation qui lui a été faite[10]. Ce couvent de Kottayam, sous l’afflux des vocations, va, au fil des ans, être la source de plusieurs autres fondations dans ce pays[8].

En , au début de la Seconde République espagnole, les premiers troubles frappent le pays : l'Espagne compte plusieurs couvents et églises incendiées à Madrid, les couvents ainsi que les religieux sont menacés par des groupes anarchistes[11]. La Guardia Civil est postée devant certains bâtiments (religieux) pour les protéger[12],[13]. María passe de nombreuses nuits à veiller sur le monument du Sacré-Cœur[14], et à prier. Il est possible que ce soit à partir de cette période qu'elle ait pris l'habitude (observée par la suite), de ne dormir que 3 heures par nuit, mais habillée en tenue de Carmélite, et simplement assise sur le sol[8].

La guerre civile

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María rentre en Espagne en 1936, en pleine guerre civile espagnole, alors que des actions anticléricales sont menées par des partisans du clan des Républicains espagnols. María et les autres religieuses du Cerro de los Ángeles sont arrêtées le [9] et emmenées à Getafe[15]. Elles sont ensuite déplacées et installées à Madrid, au 2e étage d'une maison particulière, où elles sont soumises à une obligation de résidence à domicile, et à une surveillance de la part des autorités durant 14 mois.

En (en pleine guerre civile), mère María Maravillas réussit à faire sortir sa communauté de Madrid, puis, via Valence, Barcelone, Portbou et Lourdes[9], elles parviennent à Las Batuecas (Salamanque), où elles s'installent dans l'ancienne chapelle du Carmel[16]. Ce vieux couvent carme étant en ruines, elle s'attache à reconstruire et fonder un nouveau couvent de carmélites[3], avec le soutien de l'évêque du lieu.

Anecdotes

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  • En pleine guerre civile, alors qu'un chef anarchiste l'interroge en la menaçant de mort, mère María de las Maravillas de Jésus lui répond tranquillement « Nous n'avons pas peur, nous désirons donner notre vie pour le Seigneur. ». L'homme range alors son pistolet et lui répond : « Ma mère, vous et moi, nous ne pourrons jamais nous brouiller. »[5].
  • L'une des enfants martyrs célèbres de la guerre d'Espagne porte le même prénom : Maravillas Lamberto (1922-1936), violée et assassinée par les phalangistes à l'âge de 14 ans sous les yeux de son père[17].

Nouvelles fondations

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Vue aérienne du monastère de Cerro de los Ángeles.

Après la guerre, en 1939, María dirige un groupe de sœurs pour restaurer le monastère du Cerro de los Ángeles[4] complètement détruit durant la guerre. Mère María prend elle-même la part aux plus rudes des travaux de reconstruction. Avec beaucoup de difficultés, et au prix d'immenses efforts, la communauté peut reprendre sa vie monastique en . Vivant dans une très grande pénurie, mère María est pour ses filles un exemple de courage et de joie[3].

Installée au Cerro de los Ángeles, elle organise de nouvelles fondations de carmels :

En plus de ces fondations, elle envoie des religieuses en renfort[18] au carmel de Cuenca (Équateur) en 1954, et dans 4 autres carmels espagnols (en 1956, 1958, 1964 et 1966). En 1960, elle aide les pères carmes à construire un couvent à Talavera de la Reina (Tolède).

Elle fonde l'Association de Sainte-Thérèse pour réunir tous ces monastères et ceux encore plus éloignés. Cette association est officiellement approuvée par le Vatican en 1972[3].

Mère María prend sa retraite en 1961 dans le Carmel à la Aldeheula[9] et y résidera jusqu'à sa mort. Ce couvent est agrandi pour intégrer des écoles, une communauté de maisons pour les pauvres, une église, des salles communautaires et d'autres structures[19], si bien qu'il s'est transformé en une vraie petite ville[4].

Reconnaissance posthume

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Les autorités du Vatican ont estimé que, « durant les persécutions religieuses de la guerre civile, Mère Maravillas a brillé par son esprit de réparation, par sa force, sa sérénité et sa confiance dans le Seigneur. Mère Maravillas était connue pour son dévouement pour le travail et la prière, son humilité et l'entretien de ses jeunes sœurs, et son dévouement envers les règles et la spiritualité des Carmes Déchaux. Prieure pendant de nombreuses années, elle a formé ses consœurs par le témoignage de ses vertus et se distingue par sa vie mystique, son ardeur apostolique et la bonté unie à la fermeté envers celles qui la considéraient comme une véritable mère. »[6].

Jean-Paul II dira d'elle « Selon son vœu, toutes ces fondations sont caractérisées par l'esprit de pénitence, de prière et de recueillement, caractéristique de la réforme thérésienne. Face à la tentation d'une vie facile et superficielle, mère Maravillas révèle la profonde attraction de l'essentiel, témoignant que la vie contemplative - si l'on reste fidèle à son propre charisme - possède une extrême efficacité apostolique et missionnaire. »[3]

Son décès

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En 1967, le jour du Vendredi saint, elle est frappée d'une pneumonie, et s'affaiblit lentement au cours des mois suivants. Elle meurt dans une grande paix, au Carmel de La Aldehuela (Madrid), le en répétant : « Quelle joie de mourir carmélite ! ». À son décès, les témoins rapportent que son corps répand comme un parfum de nard[3].

Son corps repose dans la chapelle du monastère de La Aldehuela[9].

Béatification et canonisation

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María de las Maravillas de Jesús Pidal est béatifiée le en même temps que 11 autres bienheureux espagnols[20], dont Marie du Sanctuaire de Saint Louis de Gonzague, carmélite et martyre (comme plusieurs autres[21]) de la guerre civile.

Elle est canonisée en à Madrid (Espagne), Plaza de Colón, le par le pape Jean-Paul II avec 4 autres saints espagnols. Lors de son homélie de béatification, le pape a déclaré « Sainte Maravillas de Jesús vécut animée par une foi héroïque, formée à travers une vocation austère, plaçant Dieu au centre de son existence. Une fois surmontées les tristes circonstances de la guerre civile espagnole, elle fut à l'origine de nouvelles fondations dans l'Ordre du Carmel façonnées par l'esprit caractéristique de la réforme thérésienne. Sa vie contemplative et la clôture du monastère ne l'empêchèrent pas de répondre aux besoins des personnes qu'elle fréquentait et de promouvoir des œuvres sociales et caritatives autour d'elle. »[22]

Dans l'Ordre du Carmel, sa fête est célébrée avec rang de mémoire[23].

Notes et références

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  1. Leonardi, Riccardi et Zarri 2000, p. 1627
  2. Burns 2001, p. 284.
  3. a b c d e f g et h « Sainte Marie Maravillas de Jésus Pidal y Chico de Guzmán », sur Abbaye Saint-Benoît, www.abbaye-saint-benoit.ch (consulté le ).
  4. a b c et d (en) « Saint María Maravillas de Jesús », sur CatholicSaints.Info, catholicsaints.info (consulté le ).
  5. a et b Magnificat : Décembre 2012 N°241, Magnificat, , p160 Martyrologe romain de sainte Marie-Maravillas de Jésus
  6. a et b « María Maravillas de Jesús (1891-1974) », sur Vatican, vatican.va, (consulté le ).
  7. P. Osvaldo Aparicio, ss.cc., Bernardette Augustin Glenat, « Religieux des Sacrés-Cœurs : Martyrs du XXe siècle en Espagne » [PDF], sur Congregation of the Sacred Hearts of Jesus and Mary, ssccpicpus.com, (consulté le ), p. 21.
  8. a b et c (es) C. Leonardi, A. Riccardi et G. Zarri, Diccionario de los santos, vol. 2, San Pablo, coll. « Diccionarios san pablo », , 2272 p. (ISBN 978-84-285-2257-1, lire en ligne), p. 1627-1630.
  9. a b c d et e (it) Antonio Borrelli, « Santa Maria Maravillas de Jesus », sur Santi e Beati, santiebeati.it, (consulté le ).
  10. Les 8 religieuses sont parties sans elle fonder le monastère dont pourtant la fondation lui est attribuée dans de nombreuses biographies.
  11. Sur les pas de Thérèse d'Avila, p. 67.
  12. Sur les pas de Thérèse d'Avila, p. 70.
  13. Jiménez Duque 2008, p. 29.
  14. Celui-ci est tout proche de son couvent et représente un objectif symbolique fort pour les groupes anarchistes et communistes. Ce monument sera détruit en 1936.
  15. Le site italien SantieBeati indique que les religieuses ont été expulsées de leur monastère et qu'elles ont été recueillies en août, par les sœurs Ursulines françaises installées à Getafe. Puis, après avoir fait effectuer des réparations dans une maison à Madrid elles ont pu s'y installer.
  16. Juste avant la guerre, elle avait pu racheter le site, mais sans venir y prendre possession.
  17. « Maravillas Lamberto, la niña violada y asesinada por falangistas, jamás será olvidada en Pamplona », sur www.publico.es
  18. Trois religieuses espagnoles ont été envoyées en renfort.
  19. Le site italien SantieBeati indique qu'en 1969 elle fournit 16 maisons préfabriquées pour les familles nombreuses des habitants des bidonvilles. Entre 1972 et 1974, à Perales del Rio, elle aide et soutient la construction d'un quartier de 200 logements, en collaboration avec le curé de la paroisse locale. Elle a également aidé à construire la nouvelle clinique pour les religieux et les religieuses à Pozuelo Alarcón (Madrid).
  20. Certains sites internet indiquent la date du 10 mai 1998 comme date de béatification, mais site du Vatican indique le 11 mai. Cependant, la date de béatification des autres bienheureux semble bien être le 10 mai.
  21. Voir la Liste des béatifications par Jean-Paul II
  22. Jean-Paul II, « Homélie du pape Jean-Paul II Plaza de Colón, Madrid, IIIe Dimanche de Pâques », sur Vatican, vatican.va, (consulté le ).
  23. Les heures du Carmel (trad. du latin), Lavaur, Éditions du Carmel, , 347 p. (ISBN 2-84713-042-X), p. 291

Voir aussi

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Bibliographie

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  • Sur les pas de Thérèse d'Avila, Mère Maravillas de Jésus Carmélite déchaussée 1891-1974, Dourgne (81), Abbaye Sainte-Scholastique, , 227 p.. Traduction de l'ouvrage : (es) Madre Maravillas de Jesus, Carmelita descalza, Rome, 1976 (ouvrage biographique publié en vue de l'ouverture du procès en béatification de la carmélite).
  • Baldomero Jiménez Duque (trad. de l'espagnol), Bie mystique de Mère Maravillas de Jésus, son âme d'après ses lettres intimes, Toulouse, Éditions du Carmel, coll. « Carmel Vivant », , 272 p. (ISBN 978-2-84713-067-6).
  • (en) « Pidal y Chico de Guzmán, María Maravillas de Jesús », dans New Catholic Encyclopedia, vol. 11, Thomson/Gale, (ISBN 0787640042 et 9780787640040), p. 324 [extraits en ligne].
  • (es) « María Maravillas de Jesús », dans Claudio Leonardi, Andrea Riccardi, Gabriella Zarri, Diccionario de los santos, vol. 2, Madrid, Editorial San Pablo, (ISBN 842852257X et 9788428522571), p. 1627-1630 [extraits en ligne].
  • (en) « St María Maravillas de Jesús Pidal y Chico de Guzmán », dans Paul Burns, Butler's Saints of the Third Millennium: Butler's Lives of the Saints: Supplementary Volume, Continuum International Publishing Group, (ISBN 0860123820 et 9780860123828), p. 284-285 [extraits en ligne].

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