Marbre bleu turquin

type de marbre

Le marbre bleu turquin, est un marbre qui porte, aussi parfois en Italie, le nom de bardiglio (bardiole)[1]. Marbre d'Italie gris bleu aux stries blanches et noires ; c'est un calcaire saccharoïde mélangé de matières charbonneuses. Il change de couleur exposé à une forte chaleur[2].

Étymologie modifier

Il s'agirait, selon certains, d'un pléonasme puisque de turquin/turchino signifierait « bleu » en italien et désigne aussi la couleur dite « bleu turquin » [3]. Mais son nom de « turquin »[4],[5] viendrait sans doute de « Turquie » comme « turquoise » [6]

France modifier

Carte des carrières de marbre bleu turquin

Carrières de France modifier

On le trouve notamment à :

Le marbre de Saint-Béat modifier

On le trouve dans la montagne du Rié (Arrie), au N- E de Saint-Béat, vers Marignac, dans la Haute-Garonne, carrière de Rapp[11], où se trouvent plusieurs carrière de marbre. Le marbre blanc de Saint-Béat, est le plus connu, et le plus exploité, mais on y trouve aussi du marbre bleu turquin, et de divers coloris. Les carrières sont exploitées depuis l'époque augustéenne comme en témoignent les vestiges archéologiques.

  • C'est un marbre gris bleuté à nombreuses fentes de tension, rempli de calcite blanche. Il s'agit d'un calcaire d'origine marine (glaciaire ou fluviale) du Jurassique supérieur -Crétacé inférieur (140 - 110 millions d'années) recristallisé en marbre au cours du métamorphisme accompagnant l'édification des Pyrénées, voici 50 millions d'années. Cette carrière a été exploitée depuis les Romains en blocs de taille, puis par la famille Lavigne au début du XIXe siècle en tant que roche ornementale. Ce n'est que dans les années 1940 que cette carrière a été exploitée pour en faire des granulés de marbre pour les bétons, les terrazzos, les résines.
  • La Société Onyx et Marbres Granulés S.A. (OMG) a été créée en 1934 par François Dabos et exploite aujourd'hui neuf carrières de marbre blanc, et de différentes couleurs, dont le marbre turquin, transformés en poudre et granulés, et une carrière souterraine[12].

La composition chimique du marbre de Saint-Béat est la suivante :

L'exploitation du marbre turquin de Sost a cessé[13]. Il s'agissait d'un marbre gris-bleu très fin[14] avec de légères nuances blanchâtres, soutenant la comparaison avec le turquin de Carrare.

On trouve en Savoie à Villette du marbre bleu mais, il ne porte pas le nom de bleu turquin, et aussi dans le Gouffre de Cabrespine dans l'Aude.

Le Marbre de Caunes-Minervois (Aude) est rouge turquin (orange mêlé de gris turquin), gris turquin ou turquin veiné de bleu.

Suisse : Saillon en Suisse[15].

Italie modifier

Marbre italien renommé, il fut ensuite importé de Toscane et écoulé à Paris. Les plus beaux marbres bleu turquin sont extraits des carrières de Seravezza, non loin de Carrare. Les carrières de Carrare en fournissent d'une qualité inférieure (Bleu turquin Cappella). Il est souvent assimilé au bardiglio , qui diffère du bleu turquin par des stries noires : le marbre bardiglio scuro est en fait le marbre bleu turquin.“[16]

«  les marbres bleus communs, dont on fabrique surtout des dalles et des carreaux pour parquets, des vases et des balustrades de jardins; les marbres bleus fleuris, qu’on emploie de préférence pour l’ornementation, urnes, colonnettes, consoles; enfin les marbres brèches, dont on fait essentiellement des colonnes ou des placages, — voilà ceux que l’on exploite communément à Seravezza »

— Louis Simonin , Les marbres de l’Altissimo et de Carrare

Marbre de Maurétanie modifier

Il venait autrefois d'Afrique, importé de Sétif (Algérie actuelle), Maurétanie-Césarienne, sous domination romaine.

On y trouve le marbre turquin notamment :

Les colonnes de la « Fontaine de Nymphée » à Tipaza sont en marbre bleu turquin[21].

Usages modifier

On en fit des tables, cheminées, balustres (balustrade du chœur de l'église Saint-Sulpice), des maîtres-autels (cathédrale d'Amiens, cathédrale de Sées, église Saint-Sulpice), horloges, socles, dessus de commode, etc.

Il a été utilisé sous le règne de Louis XVI (on le trouve dans la salle à manger du Petit Trianon de Versailles), et durant le Premier Empire : cheminées de marbre bleu turquin ornées de bronze[22], plafond du phare d'Eckmühl.

Littérature modifier

« Sur la cheminée en marbre turquin, les porcelaines les plus folles du vieux Saxe, ces bergers qui vont à des noces éternelles en tenant de délicats bouquets à la main, espèces de chinoiseries allemandes, entourent une pendule en platine, niellée d'arabesques. »

— Honoré de Balzac, Scènes de la Vie privée.

Variétés du marbre turquin modifier

  • Bleu turquin de Gênes
  • Bleu turquin veiné.
  • Bleu turquin d'Italie.
  • Bleu turquin de Portugal.
  • Languedoc turquin (rosé à stromatactis gris-bleu)
  • Incarnat turquin (orange veiné de bleu-gris)
  • Languedoc turquin d'Italie

Notes et références modifier

  1. « Le bardiglio est un marbre gris ou bleuâtre qui diffère seulement du bleu turquin en ce qu'il est traversé par des veines noires » A. Delesse
  2. « Ce marbre saccharoïde est d'un bleu grisâtre. Pour être beau, il doit être foncé et veiné de blanc ; quand le fond est d'un gris clair et que les veines sont noires, il perd de sa valeur : sa couleur, due à une certaine quantité de bitume distribuée dans sa masse, varie beaucoup d'intensité. Ce marbre est assez commun dans les pays où le calcaire saccharoïde présente des couches puissantes. » Traité de Minéralogie, Volume 2 Par Armand Dufrenoy
  3. On le trouve sous la plume de Nicolas Poussin (Lettres) « J'ai aussi pensé que ledit ornement devoit correspondre au moins pour les couleurs avec la salle, qui se compose de blanc, d'or et de turquin » et aussi sous celle du poète Arthur Rimbaud :

    «  La chambre est ouverte au ciel bleu-turquin,
    Pas de place : des coffrets et des huches !,
    Dehors le mur est plein d'aristoloches,
    Où vibrent les gencives des lutins  »

    — Arthur Rimbaud, Jeune ménage

  4. Nicot, Thresor de la langue française (1606) turquin (Page 648) Turquin espece de couleur esclatant entre bleu et azur - Source : Mot Turquin dans Dictionnaires d'autrefois/ATIFL
  5. Dictionnaire de l'Académie française'' (8e édition) TURQUIN : adj. m. Il ne s'emploie qu'avec Bleu et signifie Foncé. Taffetas bleu turquin. Drap bleu turquin
  6. Turquie, Pays où on aime le bleu !Dictionnaire etymologique ou Origines de la langue françoise, Gilles Ménage
  7. « Ce marbre est exploité seulement pour faire de la chaux, les morceaux sont trop petits pour servir à un autre usage » Société d'émulation du Bourbonnais, Moulins http://www.montagne-bourbonnaise-auvergne.com/Les-carrieres-et-four-a-chaux-de
  8. SEIX : Carrière au bas du château de Mirabat carrière dite de la Marbouillière(s) et rochers bleu turquin de la rivière. Ludovic SEREE de ROCH : «Sur l’exploitation des Carrières de marbres à Seix (Ariège)»
  9. 10 000 tonnes extraites en 2006 SCHÉMA DÉPARTEMENTAL DES CARRIÈRES DE LA HAUTE-GARONNE page 40 et Société Omg
  10. Sur la carrière dite bleu turquin de Santo-Pietro-di-Venaco lire : MERIMEE Inventaire général du patrimoine culturel, édifice / site carrières de calcaire dite carrières de marbres bleu turquin, localisation Corse ; Haute-Corse ; Santo-Pietro-di-Venaco
  11. Rap-Saint-Béat
  12. [lire en ligne] Le marbre de Saint-Béat, production, exploitation, reportage de Jean-François Peyrucat pour « Solutions »
  13. SOST : Carrière de Sur Google Earth [1]
  14. Journal du génie civil, des sciences et des arts, Volume 5, Alexandre Corréard,
  15. « saillon.ch/fr/index.php?option… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  16. Same as Bardiglio.” (from “List of the World’s Marbles”, Throvgh The Ages, mag., Nat. Assoc. of Marble Dealers/MIA) Source : http://quarriesandbeyond.org/name_and_origion/name_and_origin.html
  17. « Le Filfila renferme encore d'autres variétés de marbres de nuances diverses : marbres bleu turquin et fleuri, noirs, jaunes et rouges, blancs à veines jaunes et rouges en plus de son célèbre marbre blanc » Itinéraire historique et descriptif de l'Algérie ... - Louis Piesse - 1862. Lire aussi sur Gallica, Souvenirs d'un voyage en Algérie. Les monts Fel-Fela et leurs carrières de marbre blanc / J. Béliard (Paris)-1854 puis, SKIKDA, les carrières de marbre de Fil fila
  18. L’usine de marbre sera bientôt opérationnelle
  19. « C'est dans la formation schisteuse que se trouvent les calcaires qui ont fourni aux anciens les beaux marbres de Numidie. La roche dominante est un schiste talqueux luisant, dont les couleurs habituelles sont le blanchâtre, le vert et le bleu ; il ne se présente pas en couches régulières, mais en feuillets contournés et coupés par une infinité de fissures qui les traversent dans tous les sens, et qui sont remplies de quartz blanc et de fer oxydé. Le calcaire, subordonné ou enclavé dans ce schiste, est d'une texture saccharoïde, c'est-à-dire imitant le sucre dans sa cassure, ou d'une texture sublamellaire ; sa couleur est tantôt un beau blanc, ou bien le gris et le bleu turquin. Il forme souvent des masses considérables parfaitement stratifiées : dans la montagne de Boudjirah, à l'ouest d'Alger, sa puissance est au moins de 150 mètres »Précis de la géographie universelle: (1835. 608 p.) Par Conrad Malte-Brun
  20. Sitifis : Sétif [2] [3] [4] [5]
  21. La nymphée de Tipasa, vaste fontaine en demi-cercle où l'eau retombait en cascade
  22. architectural-antiques-resources

Annexes modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

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Bibliographie modifier

  • Identification des Marbres, Jacques Dubarry de Lassale, Editions H. Vial, 2001.