Martin Sandberger (né à Berlin le - mort à Stuttgart le [1]) est un Standartenführer-SS (colonel) qui commanda le Sonderkommando 1a de l'Einsatzgruppe A dirigé par le Brigadeführer Stahlecker. Colonel SS, Martin Sandberger est également chef de la Sicherheitspolizei et du SD en Estonie, et joue donc un rôle significatif dans l'extermination des Juifs dans les États baltes. Il exerce aussi en Italie, organisant la déportation des Juifs vers Auschwitz. Martin Sandberger est condamné à mort lors du procès des Einsatzgruppen à Nuremberg en 1948, mais sa peine est commuée en prison à perpétuité en 1952. Il est libéré en 1958 par le Comité des grâces. Il exerce alors à nouveau comme juriste pour l'entreprise Lechler (en), franchissant les échelons de la hiérarchie jusqu'à en être l'un de ses dirigeants[1].

Martin Sandberger
Martin Sandberger photographié par l'armée américaine le .
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Personnes liées
Walter Schellenberg (collègue), Ernst Kaltenbrunner (collègue), Eugen Steimle (collègue)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Jeunesse et ascension

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Fils d'un directeur d'IG Farben[1], il étudie le droit à Munich, Cologne, Fribourg et Tübingen[2].

En 1931, âgé de 20 ans, il adhère au NSDAP et à ses sections spéciales, les SA, devenant alors un leader nazi du mouvement étudiant à Tübingen. Le , avec son camarade Erich Ehrlinger, qui sera plus tard aussi responsable d'un Einsatzkommando en 1941, il hisse le drapeau nazi devant le bâtiment principal de l'Université de Tübingen[3].

Docteur en droit en 1935[4], il devient inspecteur d'université grâce à son emploi de permanent à l'Union des étudiants nationaux-socialistes. En 1936, il adhère à la SS ainsi qu'à sa police spéciale, la SD, à Württemberg, étant sous les ordres de Gustav Adolf Scheel. Il gravit rapidement les échelons dans la hiérarchie, devenant Sturmbannführer-SS (major) dès 1938.

Parallèlement, il travaille comme juge adjoint pour le Ministère de l'intérieur du Wurtemberg, et devient conseiller du gouvernement en 1937[2].

Seconde Guerre mondiale

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Le , après le début de la campagne de Pologne, le Reichsführer Himmler le nomme chef du Bureau d'immigration central du nord-est (Einwandererzentralstelle Nord-Ost), chargé de l'« évaluation raciale » (rassische Bewertung). Sandberger est ensuite nommé chef du Sonderkommando 1a (ou Einsatzkommando) en , qui dépendait de l'Einsatzgruppe A dirigé par Stahlecker[2]. Il voyage avec celui-ci durant les deux premières semaines de l'invasion de l'URSS. Il gère par ailleurs depuis des affaires pour le RSHA et dirige l'organisation du cursus scolaire (Lehrplangestaltung der Schulen).

Selon ses déclarations lors du procès des Einsatzgruppen en 1948, il a appris l'existence de l'ordre du Führer ordonnant l'extermination des Juifs de Bruno Streckenbach, officier du RSHA IV (la section où travaillait Adolf Eichmann, chargée des « affaires juives »)[5],[6]. Outre un discours public à ce sujet, Streckenbach lui a donné des instructions personnelles pour l'« élimination des Juifs, Tsiganes et fonctionnaires communistes (...) et tout autre élément pouvant mettre en danger la sécurité[7] ».

Mission en Estonie

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Sandberger entre à Riga avec les Einsatzkommandos la et 2, qui participent à l'incendie des synagogues et aux massacres aux côtés du Sonderkommando Arājs. Il est en Estonie avec pour mandat clair, selon ses déclarations lors de son procès, d'appliquer l'ordre du Führer d'extermination des « ennemis du Reich[5] ». Le , il promulgue un ordre général pour l'internement des Juifs. 450 d'entre eux sont transférés au camp de concentration de Pskov puis assassinés. Le , il devient commandant de la Sicherheitspolizei et du SD pour l'Estonie[2].

Italie et chef du service de renseignements extérieurs

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De retour en Allemagne en [2], il est nommé à l'automne chef de la Gestapo à Vérone, où il organise la déportation vers Auschwitz.

En , il est nommé à la tête du Bureau des Renseignements extérieurs du RSHA (VI-A, Organisation des Auslandsnachrichtendienstes), répondant directement de ses actes devant Walter Schellenberg et gardant le compte interne de l'organisation[8]. En tant que premier assistant de Schellenberg, il lui sert d'homme de liaison avec Himmler[9].

Après-guerre

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Son accès à des informations hautement classifiées le pousse à tenter d'empêcher ou au moins à retarder son inculpation lorsqu'il est détenu comme prisonnier de guerre par les Britanniques[10].

Mais, avec la découverte de documents concernant les Einsatzgruppen, le rôle criminel de Sandberger devient apparent aux yeux des Alliés, et il est inculpé pour crimes contre l'humanité, crimes de guerre et appartenance à une organisation criminelle (la SS) lors du procès des Einsatzgruppen à Nuremberg en 1948. Le tribunal considère notamment que Sandberger était responsable des forces auxiliaires estoniennes et qu'il a volontairement appliqué l'ordre du Führer ordonnant l'extermination des Juifs, Tziganes, communistes, handicapés, etc[2].

Le juge Michael Musmanno le reconnaît ainsi coupable de ces trois chefs d'accusation en [11], ce qui lui vaut la peine capitale par pendaison[12].

Malgré des pressions politiques, cette sentence est confirmée en 1949 par le général Lucius D. Clay[10] mais elle est commuée en 1951 en emprisonnement à perpétuité par un conseil réuni sous l'autorité de John J. McCloy, Haut Commissionnaire des États-Unis pour l'Allemagne et chargé à ce titre de la dénazification[10],[13]. Le sénateur américain William Langer (en), du Dakota du Nord, a notamment poussé McCloy en ce sens, un grand nombre de ses électeurs étant d'origine allemande tandis qu'il pensait lui-même que juger des nazis autres que les chefs suprêmes aurait été contraire à la tradition juridique américaine et aurait aidé le communisme[11].

Par ailleurs, le père de Sandberger, à la retraite de ses fonctions de direction à IG Farben, compagnie elle-même fortement impliquée dans le nazisme, fait appel à Theodor Heuss, président fédéral d'Allemagne et ami de celui-ci[1],[14]. Theodor Heuss lui-même contacte l'ambassadeur américain James B. Conant en lui demandant de gracier l'ex-Standartenführer. D'autres politiques influents se prononcent en sa faveur, dont Carlo Schmid, vice-président du parlement et ancien professeur de Sandberger à Tübingen[1],[14] ; Gebhard Müller, ministre-président du Bade-Wurtemberg[1]; Wolfgang Haußmann (de), ministre de la Justice[15], et Martin Haug (de), Landesbischof (en). La pression politique aidant, ainsi que le temps et les conditions de la guerre froide, il ne reste à la fin de l'année 1957 plus que quatre criminels de guerre nazis en prison en RFA, dont Sandberger. Il est libéré le de la prison de Landsberg[14].

Il reprend alors son activité de juriste pour l'entreprise Lechler, spécialiste des techniques de pulvérisation, en devenant l'un de ses dirigeants[1]. Lorsque le Centre national d'enquêtes sur les crimes de guerre nazis de Ludwigsburg tente de le faire rejuger en 1970, son avocat Fritz Steinacker, qui avait défendu Josef Mengele, fait valoir le principe de la chose jugée, empêchant toute nouvelle poursuite. Bien que la publication des archives du bloc de l'Est après la chute du mur de Berlin ait apporté de nouveaux éléments dans le dossier Sandberger, ceux-ci ne furent pas considérés suffisants pour justifier un nouveau procès. Sandberger n'a jamais exprimé publiquement de remords concernant les crimes commis lorsqu'il était en Estonie et en Italie. Il a fini les dernières années de sa vie dans l'une des meilleures maisons de retraites d'Allemagne[16].

Références

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  1. a b c d e f et g « Mort d'un nazi », LExpress.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. a b c d e et f Trials of War Criminals before the Nuremberg Military Tribunals under Control Council Law No. 10, Nuernberg, October 1946 - April 1949, Volume IV, ("Green Series) (the "Einsatzgruppen case"), at pages 532 to 536 ("Einsatzgruppen judgment") (also available at Mazel library (well indexed HTML version))
  3. (en) Michael Wildt, Generation of the Unbound : the Leadership Corps of the Reich Security Main Office, Göttingen, Niedersachs, Wallstein, coll. « Search and Research » (no 3), , 32 p. (ISBN 978-3-8353-0290-7 et 978-9-653-08162-8, OCLC 254568241, lire en ligne), p. 13.
  4. Browder, George C, Hitler's Enforcers, at page 222.
  5. a et b Andrew Ezergailis 1996, p. 204-205
  6. Andrew Ezergailis 1996, p. 149
  7. Einsatzgruppen trial transcript, 1947-1948, volume 6, pages 2143-2176, as excerpted and republished in Ezergailis, The Holocaust in Latvia, at page 205.
  8. David Kahn 2000, p. 263-264
  9. « Trials of German Major War Criminals: Volume 11 », sur www.nizkor.org (consulté le )
  10. a b et c Richard Breitman et Norman J. W. Goda 2005, p. 146-147
  11. a et b (en) Ronald Smelser et Edward J. Davies II, The myth of the Eastern Front : the Nazi-Soviet war in American popular culture, Cambridge New York, Cambridge University Press, , 327 p. (ISBN 978-0-521-83365-3 et 978-0-521-71231-6, OCLC 237148298, lire en ligne)
  12. Einsatzgruppen judgment, at page 587
  13. (en) « Records of the Central Intelligence Agency (RG 263) », National Archives,‎ (lire en ligne, consulté le )
  14. a b et c (en) Norbert Frei (trad. Joel Golb), Adenauer's Germany and the Nazi past : the politics of amnesty and integration, New York, Columbia University Press, , 479 p. (ISBN 978-0-231-11882-8, OCLC 845478950, lire en ligne), p. 226 à 229.
  15. Notice biographique
  16. Michel Verrier, « Derniers jours paisibles à Stuttgart pour Martin Sandberger, criminel de guerre nazi », sur www.michel-verrier.com, (consulté le )

Annexes

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Bibliographie

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Sources judiciaires

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Liens externes

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Source originale

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