Martine Roy

activiste canadienne

Martine Roy est une activiste des droits LGBT, l'une des fondatrices de Fierté au travail Canada/Pride at Work Canada[1] et une ancienne militaire des Forces armées canadiennes. Elle fut l'une des initiatrices du recours collectif intenté en 2017 contre le Gouvernement fédéral concernant la Purge LGBT entreprise dans les années 1950 à 1990, dans les Forces armées canadiennes (FAC), la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et la Fonction publique fédérale[2], alors qu'ils identifiaient, interrogeaient, fouillaient et congédiaient les personnes suspectées d'être issues de la communauté LGBT[3].

Martine Roy
Biographie
Naissance
Vers Voir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Canadienne
Activités
Autres informations
A travaillé pour
Fondation Émergence, IBM, Fonds Purge LGBT,
Domaine
Activisme LGBT
Membre de

Elle est actuellement présidente du Fonds Purge LGBT et directrice régionale, développement des affaires LGBTQ2+ Québec & Est du Canada pour la Banque TD depuis 2020[4]. Elle a aussi été présidente de la Fondation Émergence jusqu'en 2015[5].

Martine est également l'une des 13 membres commissaire de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse[6].

En 2017, elle s’est vu décerner la Médaille de l’Assemblée Nationale du Québec[7],[8].

En décembre 2023, Martine Roy est nommée à l'Ordre du Canada[9] pour son activisme au sein de la communauté LGBT du Canada.

Implications

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Les Forces armées canadiennes

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Martine Roy est engagée dans les Forces armées canadiennes en 1983[10] à 19 ans[3],[11], elle en fut congédiée en décembre 1984[12],[13],[14], à 20 ans, alors qu'on la suspectait d'être homosexuelle.

Durant l'un des interrogatoires sur sa vie privée et sexuelle[15], Martine Roy affirme qu’on lui a fait miroiter que si elle disait la vérité, elle pourrait demeurer dans l’armée, elle avoue alors avoir déjà eu des rapports homosexuels[3]. Comme bon nombre de personnes LGBT, elle sera obligée de subir des traitements psychiatriques[16]. Deux mois après l'enquête, on l'informe de son congédiement, avec un 5D, soit un «licenciement déshonorable», en raison de sa déviance sexuelle[3],[15].

Elle tente de faire appel à la décision en 1985, sans succès: Votre aveu de vous être adonnée à plusieurs reprises à des pratiques homosexuelles me porte à conclure avec suffisamment de certitude que vous êtes homosexuelle selon l'OAFC 19-20 [17] et donc que votre libération est conforme à la politique actuelle des Forces canadiennes à l’égard des homosexuels, lui rétorque le général Gérard Charles Édouard Thériault dans une lettre dactylographiée[16],[18].

Elle commence à travailler chez IBM[2] en 1999, elle y restera 20 ans, elle dédiera sa carrière à sensibiliser le personnel et la direction aux réalités LGBT et à la promotion d’un milieu de travail inclusif[5]par la mise sur pied de groupes-ressources.

La Purge LGBT

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La Purge LGBT s'opère à l’époque où l’homosexualité est encore perçue comme un crime, un péché ou encore une maladie mentale. Ces discours entraînent des mesures d’épuration des personnes LGBT[16] dans la fonction publique canadienne, la Gendarmerie royale du Canada et les Forces armées canadiennes. Cette campagne, visant à identifier et à expulser les individus LGBT, communément appelée la «Purge LGBT», s’est poursuivie même après la décriminalisation "partielle" de l'homosexualité[19],[20] au Canada le 27 juin 1969[21],[22]. On estime que près de 9 000 membres LGBTQ des Forces armées canadiennes, de la GRC et de la fonction publique fédérale ont été victimes de mesures discriminatoires en raison de leur orientation sexuelle[23]. On parle notamment d'interrogatoires violents, d'enquêtes frauduleuses, de séjours en instituts psychiatriques, de fouilles, de démissions forcées et de licenciements[16].

Il faudra attendre l’année 1996 pour que la Loi canadienne sur les droits de la personne (LCDP) soit amendée afin d’inclure l’orientation sexuelle comme motif de distinction illicite[24], alors qu'au Québec, la Charte des droits et libertés de la personne est amendée en 1977 pour y inclure l’interdiction de la discrimination fondée sur la base de l’orientation sexuelle au Québec[22], soit vingt ans avant son homologue fédéral.

Le recours collectif et les excuses

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Ce sont plus de 700 survivants de la purge LGBT qui décideront de participer au recours collectif à l’échelle nationale contre le gouvernement du Canada[2]. Martine Roy sera l'une des initiatrices de ce recours collectif qui se conclura par des excuses du gouvernement fédéral[25] en novembre 2017 et par la création du Fonds Purge LGBT en octobre 2018[4],[3].

En tout, il y avait trois dossiers de recours: celui de Todd Ross en Ontario, celui de Martine Roy au Québec et celui d’Alida Satalic dans l’Atlantique, avant que ces derniers décident d’unir leurs forces avec un seul recours regroupant tous les membres à travers le Canada[3],[21].

Le recours visait à obtenir l’indemnisation de tous les employés actuels ou anciens des Forces armées canadiennes, du gouvernement du Canada ou des organismes fédéraux de la Couronne qui ont fait l'objet d'une enquête, ont été congédiés, arrêtés, sanctionnés ou menacés de sanction par le gouvernement du Canada en raison de leur orientation sexuelle, de leur identité de genre ou de leur expression de genre, entre le 27 juin 1969 et aujourd'hui[3].

C'est en juin 2018[26], qu'une entente de règlement accorde près de 145 millions de dollars, dont 110 millions pour dommages et intérêts destinés aux personnes touchées par la purge LGBT. Cette reconnaissance des torts causés aux populations LGBT sera accompagnée d’excuses officielles présentées par le premier ministre Justin Trudeau à la Chambre des communes le 28 novembre 2017[25], en présence de nombreuses victimes de la purge[16].

Selon les Forces armées canadiennes, 406 anciens militaires auraient reçu des lettres d’excuses personnalisées et signées par le grand patron de l’armée[18]. Ce n’est pas juste de changer les lois ou de s’excuser nationalement. Il faut changer la culture[18], plaide Martine Roy.

Le Fonds Purge LGBT

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Constitué en octobre 2018, le Fonds Purge LGBT est une société sans but lucratif émergeant du recours collectif intenté contre le gouvernement du Canada par des survivants de la Purge LGBT[16], ce Fonds a été érigé pour administrer une portion des sommes émanant du règlement[2].

En janvier 2019, le Fonds compte six administrateurs, soit les survivants: Michelle Douglas, Martine Roy, Todd Ross, Diane Pitre, Wayne Davis ainsi que l’avocat Douglas Elliott[2]. Si les victimes, voire les 700 demandeurs et demanderesses, ont reçu un montant en dommages et intérêts, le Fonds est également juridiquement tenu d’employer une enveloppe de 15 millions pour des projets de réconciliation et de commémoration[2].

Le Fonds Purge LGBT est notamment chargé de chapeauter la création d’un monument national à Ottawa[27],[28],[29] et d’une exposition du Musée canadien pour les droits de la personne à Winnipeg[30]. Il veillera par ailleurs à travailler à l’inclusion des personnes LGBTQ2 en milieu de travail fédéral, puis à soutenir des projets valorisant les archives LGBT[26].

La société devra cesser ses activités d’ici le 30 juin 2027, date à laquelle elle sera dissoute de façon permanente. Tous les fonds dont elle a la responsabilité devront avoir été utilisés avant cette date[2].

Documentaires et productions connexes

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  • Commémorer le 30e anniversaire de la fin de la Purge LGBT au Canada. [balado]. Réseau des Lesbiennes du Québec. 13 octobre 2022. 00:54:35[31].
  • Sex, Sin & 69, Réalisation : Sarah Fodey, Production : SandBay Entertainment, 80 min, 2019, Canada[32].
  • The Fruit Machine, Réalisation : Sarah Fodey, Production : SandBay Entertainment, 81 min, 2018, Canada[33].
  • Une fille de ma gang. Réalisation : Marilyn Burgess. Production : Marilyn Burgess et Groupe Intervention Vidéo (GIV), 20 minutes, 1989, Québec, Canada[34].

Articles connexes

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Sur les autres projets Wikimedia :

Notes et références

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  1. (en-US) « IBM - Excellence award: From discharged to in-charge, IBM volunteer is leader for inclusive workplace - United States », sur www.ibm.com, (consulté le )
  2. a b c d e f et g « À propos », sur LGBT Purge Fund (consulté le )
  3. a b c d e f et g «On m’a dit que j’étais une déviante sexuelle», sur TVA Nouvelles (consulté le )
  4. a et b Julie Vaillancourt, « Martine Roy : Donner au suivant », sur Fugues, (consulté le )
  5. a et b « Portraits 2020 – RLQ » (consulté le )
  6. « Membres | CDPDJ », sur Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (consulté le )
  7. « Martine Roy », sur MTL connecte (consulté le )
  8. Yves Lafontaine, « La fin d’une époque et de nouveaux défis pour Martine Roy », sur Fugues, (consulté le )
  9. Yves Lafontaine, « Des promotions LGBTQ à l'Ordre du Canada », sur Fugues, (consulté le )
  10. Christopher Nardi, « Guerre contre les gais: «cette purge a détruit des vies», disent d'anciens militaires », sur Le Journal de Montréal (consulté le )
  11. (en) « Connaissez-vous la purge LGBT? », sur HuffPost, (consulté le )
  12. « Martine Roy : La Fierté, c’est beaucoup plus qu’un défilé! », sur actualites.td.com (consulté le )
  13. Guillaume Bourgault-Côté, « Quand le Canada rejetait les homosexuels », sur Le Devoir, (consulté le )
  14. (en) By Tania Krywiak Produced for web by Amy Luft, « LGBT ban in the military: Ex-soldiers share their painful stories », sur Montreal, (consulté le )
  15. a et b « Capsule RLQ - Martine Roy - Activiste auprès de la communauté LGBT depuis 20 ans » (consulté le )
  16. a b c d e et f Vaillancourt J., Rivest K., et Antoine J. Archives lesbiennes - d'hier à aujourd'hui - Tome 1, Éditions saphiques du RLQ, 2022, (ISBN 978-2-9820765-1-8), 379 p.
  17. (en-CA) Teri Wood, « CFAO (OAFC) 19-20 », sur Rainbow Veterans of Canada, (consulté le )
  18. a b et c Zone Société- ICI.Radio-Canada.ca, « Purge LGBT : d'anciens militaires reçoivent des excuses de l’armée », sur Radio-Canada.ca (consulté le )
  19. « L’amendement de 1969 et la (dé)criminalisation de l’homosexualité | l'Encyclopédie Canadienne », sur www.thecanadianencyclopedia.ca (consulté le )
  20. Ici, lorsqu'on parle de "décriminalisation de l'homosexualité", on fait plutôt référence aux amendements apportés au Code criminel canadien concernant l'acte de sodomie, exécutée en privé, chez les adultes consentants de plus de 21 ans, ainsi qu'aux actes de grossières indécences.
  21. a et b Cours fédérale du Canada « Entente de règlement définitive dans le recours collectif entre Todd Edward Ross, Martine Roy et Alida Satalic et sa Majesté la Reine, 28 mars 2018, 227 p. https://lgbtpurgefund.com/wp-content/uploads/2019/08/Entente-de-R%C3%A8glement-D%C3%A9finitive.pdf
  22. a et b Admin Éducaloi, « Droits LGBTQ+: 6 dates clés au Québec et au Canada | Actualités juridiques », sur Éducaloi, (consulté le )
  23. (en-CA) « Braves, par accident : deux survivantes de la purge LGBTQ des Forces armées canadiennes honorées à la Faculté », sur Focus Law | Droit, (consulté le )
  24. Annette Nierobisz, Mark Searl et Charles Théroux, Les commissions des droits de la personne et les politiques publiques : rôle de la Commission canadienne des droits de la personne dans la reconnaissance du droit à l’égalité en matière d’orientation sexuelle au Canada, , 42 p. (lire en ligne), p. 10.
  25. a et b « Discours du premier ministre Justin Trudeau pour présenter des excuses aux Canadiens LGBTQ2 », sur Premier ministre du Canada, (consulté le )
  26. a et b « Le Fonds Purge – LGBT Purge » (consulté le )
  27. Patrimoine canadien, « Dévoilement du concept retenu pour le Monument national LGBTQ2+ », sur www.canada.ca, (consulté le )
  28. « Coup de tonnerre, le nouveau Monument national LGBTQ2+ », sur Le Droit, (consulté le )
  29. « Processus de vision du monument national », sur LGBT Purge Fund (consulté le )
  30. Zone Société- ICI.Radio-Canada.ca, « Le Musée canadien pour les droits de la personne veut faire connaître la purge LGBT », sur Radio-Canada.ca (consulté le )
  31. « Le Podcast du Réseau des lesbiennes du Québec | Commémorer le 30e anniversaire de la fin de la Purge LGBT au Canada | BaladoQuebec.CA », sur baladoquebec.ca (consulté le )
  32. « Sex, Sin & 69 | Full Documentary | Egale Canada » (consulté le )
  33. (en-US) « The Fruit Machine | A Film by Sarah Fodey » (consulté le )
  34. « GIV - Index », sur www.givideo.org (consulté le )