Massacre de Saklaouiya

Massacre de Saklaouiya
Date 1er
Lieu Saklaouiya, près de Falloujah
Victimes Civils irakiens sunnites
Morts 49 à 300[1],[2]
Disparus 900[3]
Auteurs Hachd al-Chaabi
Guerre Seconde guerre civile irakienne
Coordonnées 33° 23′ 47″ nord, 43° 41′ 00″ est
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Massacre de Saklaouiya
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Massacre de Saklaouiya

Le massacre de Saklaouiya a lieu en pendant la quatrième bataille de Falloujah, lors de la seconde guerre civile irakienne.

Prélude modifier

Le , une vaste offensive est lancée par l'armée irakienne et les milices chiites des Hachd al-Chaabi contre la ville de Falloujah, tenue par l'État islamique depuis . Rapidement, les combats gagnent Saklaouiya, une localité située au nord-ouest de Falloujah[4], que les djihadistes de l'EI avaient pris le , au terme d'une sanglante bataille où l'armée irakienne avait perdu 400 à 600 hommes, tués ou portés disparus[5]. Début , un charnier contenant environ 400 corps, principalement des militaires mais aussi des civils, tués de fin 2014 à début 2015, est découvert à Saklaouiya[6],[7],[8].

Déroulement modifier

Le , les forces irakiennes atteignent les abords de Saklaouiya[3],[9]. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH), 8 000 civils sunnites, dont 1 500 hommes et adolescents, sortent alors du village et se portent à la rencontre de ce qu'ils croient être des soldats de l'armée irakienne, qui leur assurent par haut-parleur qu'ils n'ont rien à craindre[3]. Cependant ces derniers s'avèrent être des hommes des Kataeb Hezbollah, une des principales milices chiites des Hachd al-Chaabi[3]. Les miliciens séparent alors les hommes des femmes et des enfants, ces derniers sont conduits au camp militaire d'Amriyat al-Fallouja (en), tenu par l'armée[3]. En revanche les hommes et les jeunes garçons de plus de 14 ans sont transportés vers divers lieux des environs de Falloujah : des bâtiments, des garages ou des magasins abandonnés[3],[10]. Leurs documents d’identité, leurs téléphones, leurs bagues et leurs objets de valeur sont confisqués[10]. Plusieurs sont exécutés sommairement ou torturés à mort, certains sont décapités, au moins deux sont brûlés selon le HCDH[3],[9]. Les autres sont entassés dans des locaux sans eau ni nourriture[3],[9].

Selon Amnesty International, une partie des captifs sont conduits dans la nuit du à « la maison jaune » (al-beit al-asfar) : « Ils ont été soumis à des actes de torture et d’autres mauvais traitements, privés de nourriture et d’eau et empêchés d’utiliser les sanitaires. Des survivants ont déclaré qu’ils avaient été frappés sur tout le corps et la tête à l’aide de câbles et de barres métalliques, de pelles et de bâtons, et qu’ils avaient vu d’autres détenus mourir des suites d’actes de torture, et que d’autres avaient été emmenés dans la nuit et qu’ils ne les avaient jamais revus »[10].

Le , les captifs sont séparés en deux groupes, 605 civils peuvent rejoindre les femmes et les enfants à Amriyat al-Fallouja, en revanche l'ONU affirme un mois plus tard être toujours sans nouvelle du second groupe, constitué d'environ 900 personnes[3],[9].

Les deux milices les plus impliqués dans ces exactions sont les Kataeb Hezbollah et l'Organisation Badr[11].

Bilan humain modifier

Quelques jours après les tueries, des habitants accusent les Hachd al-Chaabi d'avoir massacré environ 300 civils sunnites à Saklaouiya[12],[13],[2].

Le , Amnesty International dénonce les cas tortures, puis affirme le qu'au moins 49 personnes ont été tuées ou torturées à mort à Saklaouiya selon des responsables de la province d'Anbar et que 653 hommes et garçons ont été soumis à une disparition forcée[14],[1]. Human Rights Watch dénonce également les exactions le et affirme que 17 hommes de la tribu des Joumaïla ont été exécutés dans la localité de Sajar, au nord-est de Falloujah[11].


Selon Georges Malbrunot, envoyé spécial du Figaro, en plus des 49 morts relevés par Amnesty International, 17 membres de la tribu des al-Mahamdah ont été exécutés le dans le quartier d'al-Bousdera. Il indique également qu'une trentaine de miliciens chiites auraient été arrêtés après les tueries[15].

Début juillet, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme affirme avoir les noms de 643 des 900 disparus et indique que selon des responsables locaux, au moins 49 personnes ont été tuées par les miliciens chiites[3],[9],[16].

Liens externes modifier


Références modifier

  1. a et b « Irak : après la libération de Falloujah », Amnesty International,
  2. a et b (en) Alex MacDonald, « '300 civilians executed' by Iraqi militias during Fallujah fighting: Activists », Middle East Eye,
  3. a b c d e f g h i et j OLJ avec AFP, « L'Onu inquiète du sort de 900 civils enlevés par le Hezbollah irakien », L’Orient-Le Jour,
  4. France 24, « Irak - Quelle est la situation à Falloujah et quelle est la symbolique de cette ville ? » [vidéo], sur youtube,
  5. Raheem Salman, Ahmed Rasheed et Yara Bayoumy, « L'armée irakienne assiégée par l'État islamique dans l'Ouest »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), Reuters,
  6. « Irak : découverte d'un charnier près de Falloujah », France 24 avec AFP,
  7. « Irak : 400 corps découverts dans un charnier près de Falloujah », Xinhua,
  8. « Irak: un charnier contenant des centaines de corps découvert près de Fallouja », RFI,
  9. a b c d et e « L’ONU accuse une milice chiite irakienne d’enlèvements et de décapitations à Falloujah », MEE avec agences,
  10. a b et c « Il y a un an, 643 hommes disparaissaient en Irak », Amnesty International,
  11. a et b Louis Imbert, « Les milices chiites irakiennes accusées d’exactions à Fallouja », Le Monde,
  12. « Iraqi Shia militia accused of executing 300 civilians north Fallujah »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), ARA news,
  13. (en) Abdulla Hawez, « Iraq’s Shia Militias Accused of War Crimes in Fight Against ISIS », The Daily Beast,
  14. « Irak. Les autorités doivent contrôler les agissements des forces alors que des allégations font état de tortures et de morts en détention », Amnesty International,
  15. Georges Malbrunot, « Autour de Faloudja, au cœur de la traque aux djihadistes », Le Figaro,
  16. « Irak: 740 hommes et garçons portés disparus », Le Figaro avec AFP,