Matko Laginja

homme politique croate
Matko Laginja
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Ban de Croatie (en)
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Matko Laginja (né à Klana le , mort à Zagreb le ), est un juriste et homme politique croate. Appelé le « père de l'Istrie », il s'est battu pendant trois décennies pour sa renaissance nationale, y compris en tant que Ban de Croatie.

Le monument à Matko Laginja dans son village natal de Klana.
Érigé en 1953 par « Le Peuple » d'Istrie, il l'y présente comme un « Combattant pour les Droits du Peuple Travailleur ».
Pour sa part, le monument érigé en 1970 par le "Club des étudiants d'Istrie" sur sa tombe au cimetière de Mirogoj à Zagreb le présente comme le "Père de l'Istrie"

Biographie modifier

Matko Laginja avait reçu son Doctorat en Droit de l'université de Graz, en Autriche. De 1900 à 1915 il est avocat à Pula, puis à Zagreb à partir de 1915. L'un des chefs du Mouvement national croate en Istrie, il fut membre de son Assemblée régionale de 1883 à 1914. Il fut un temps député au Conseil impérial de Vienne, puis Président du Parti croate du droit d'Ante Starčević. Il avait en effet adopté assez tôt son programme politique indépendantiste, créant en Istrie son parti avec Vjekoslav Spinčić et Matko Mandić et s'y opposant au nationalisme italien.

Le patriote croate Ivan Cukon a d'ailleurs travaillé quelque temps comme stagiaire dans son cabinet[1].

En 1917, cependant, il avait soutenu la Déclaration de Mai qui réclamait l'unification des Croates, des Slovènes et des Serbes au sein de l'Empire austro-hongrois[2]. Il s'occupait alors à Zagreb de résoudre le problème des émigrants croates d'Istrie[3]. Le , le Conseil national des Slovènes, des Croates et des Serbes le nomme à la Commission pour l'Istrie de l'État des Slovènes, Croates et Serbes.

L'intérêt de Matko Laginja pour la question de l'Istrie ne fut pas ébranlé par le procédé du gouvernement du royaume des Serbes, Croates et Slovènes lorsque celui-ci supprima la Commission six mois plus tard, le . En 1919 et 1920, avec trois autres personnalités, il représentait l'Istrie à la Mission nationale provisoire (Privremeno Narodno Predstavništvo) du royaume des Serbes, Croates et Slovènes lorsque celui-ci fixa sa frontière avec l'Italie[4]. Puis il présida le Conseil consultatif pour la résolution de la question de Fiume auprès du gouvernement de Belgrade, mais sans y avoir de réelle influence[5].

De février à décembre 1920, Matko Laginja est Ban de Croatie et de Slavonie, sans beaucoup de pouvoir effectif. Il est élu à l'Assemblée Constituante, qu'il abandonne le 1er juin 1921 avec une dizaine de députés, avec une déclaration anti-centraliste, en faveur d'une fédération[6]. Puis il se retire de la vie politique.

Il écrivait pour les journaux Naša sloga (Trieste)[7] et Pravo (Zadar).

Il a son monument dans sa ville natale de Klana, ainsi qu'à Zagreb sur sa tombe au cimetière de Mirogoj.

Dans la ville balnéaire d'Opatija sur la côte est de l'Istrie, une partie de la Promenade de bord de mer porte son nom : la Šetalište Matka Laginje y poursuit, au nord, la Šetalište Franza Jozefa I° ("Promenade François-Joseph 1er").

Œuvres modifier

  • Hrvatske narodne pjesme, što se pjevaju po Istri i Kvarnerskih otoci (Chansons populaires croates, que l'on chante en Istrie et aux îles du Kvarner), éd. Naša sloga, 1880.
  • Kastavski ustav (1400–1661) (La Constitution de Kastav, 1400-1661), éd. Pravo, 1873-1874.
  • Kastav grad i općina (La ville et la municipalité de Kastav), 1883.
  • Österreich und die kroatische Frage (L'Autriche et la question croate), 1883.

Notes et références modifier

  1. Cf. Armando Černjul, "Obljetnice Dr. Ivan Cukon: Neustrašivi borac za prava istarskih Hrvata" ("Anniversaire d'Ivan Cukon, combattant infatigable pour les Droits des Croates d'Istrie"), Parentium, 8 novembre 2008, mis en ligne le 13 avril 2011 (hr)
  2. Le 30 mai 1917, Anton Korošec, député croate au Parlement de Vienne, y avait fait une proclamation dite Déclaration de Mai demandant l'unification de tous les Slaves du sud de la monarchie en une unité autonome, aux dépens aussi bien de la Cisleithanie (l'Autriche) que de la Transleithanie (la Hongrie) : c'était une idée envisagée par l'archiduc François-Ferdinand héritier du trône, qui fut assassiné pour cela par des fanatiques serbes le 28 juin 1914 à Sarajevo
  3. Entre le et le 1er décembre 1921, l'Istrie a perdu 15,1 % de sa population, passant de 404 309 suivant la dernière estimation austro-hongroise à 343 401 d'après le premier recensement fait par l'état italien à l'issue de son annexion après la Première Guerre mondiale. On doit la première vague d'émigration à la crise économique provoquée par la guerre, puis à son issue la seconde au départ des quelque 20 000 fonctionnaires et marins de l'ex-base navale austro-hongroise de Pula, la troisième à celui des non-italiens, principalement croates, du fait de l'annexion par l'Italie, assez rapidement doublée du nationalisme agressif des fascistes
  4. Le traité de Rapallo du 12 novembre 1920 entre le royaume des Serbes, Croates et Slovènes et le royaume d'Italie livrait à l'Italie la plus grande partie de l'Istrie avec Trieste et les îles de Cres (Cherso en italien) et Lošinj (Lussino), plus Lastovo (Làgosta) et la ville de Zadar (Zara) sur la côte dalmate ; en Istrie, une partie de la commune de Kastav (Castua) restait au royaume SHS et Fiume était censée devenir un état libre, mais fut finalement rattachée à l'Italie par le traité de Rome du 27 janvier 1924
  5. "Matko Laginja", Istarska enciklopedija (hr)
  6. Une Constitution centraliste, la première du royaume SHS, fut finalement votée le 28 juin 1921, d'où son nom de Constitution de Vidovdan, grand jour pour le nationalisme grand-serbe où, suivant le calendrier julien de l'Église Orthodoxe serbe on commémore la première bataille de Kosovo du 15 juin 1389 : ce vote, qui faisait fi de la référence à une majorité qualifiée de la déclaration de Corfou, engendra l'amertume chez les Croates qui voulaient un état fédéral, et dont la Constitution niait de facto l'identité politique en tant que royaume millénaire
  7. Naša sloga fut le premier journal croate publié en Istrie, d'abord à Trieste de 1870 à 1899 puis à Pula de 1899 à 1915

Liens externes modifier