Maurata, mort après 1862 en tant qu'esclave au sein des exploitations de guano des îles Chincha, est un ariki (roi) de l'île de Pâques. On le désigne souvent comme étant le dernier bien que la monarchie persiste au travers des enfants de son oncle Tepito.

Biographie

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Maurata est un descendant héréditaire du clan Miru du titre d'ariki puisqu'il est le fils de Kaimakoi-iti[1]. La monarchie des ariki est, lors de son règne, encore intimement connectée à ses caractéristiques spirituelles et en fait une personnalité légendaire dans la culture rapanui[1].

Dans les années 1850, le titre d'ariki a toutefois beaucoup perdu de son importance comme en témoigne un incident survenu entre les deux clans principaux, les Ngaure et les Miru. La défaite de ces derniers soumet Nga'ara, l'ariki en fonction, son fils Kaimakoi et son petit-fils Maurata à la captivité. Ils ne seront libérés que quelques années plus tard[1],[2].

Son règne connait une importante chute démographique de l'île qui passe d’environ 2 500 personnes au début du XIXe siècle à seulement 111 en 1877[3]. L'une des principale cause sont les raids des marchands d’esclaves armés opérant à partir de Callao au Pérou, qui, de 1859 à 1863, capturent les habitants après les avoir attirés par la musique et des présentations de tissus, et déportent environ 1500 d’entre eux pour les vendre aux sociétés péruviennes exploitant le guano des îles Chincha[4].

Selon Métraux, la société matamua est largement déstructurée par la capture et le massacre en 1861 des ariki, des prêtres et du clan Miru (revendiquant descendre de Hotu Matu'a). Son père, Kaimakoi, et Maurata sont capturés en 1862 et la situation est telle que la mémoire identitaire des autochtones est en grande partie perdue[3],[5].

Il meurt au sein des exploitations de guano des îles Chincha[1].

Son oncle, Tepito, permet au titre de noblesse des ariki de persister au sein d'une nouvelle branche dynastique. Son petit-fils, Atamu Tekena portera également le nom de Maurata en mémoire du dernier roi descendant de Hotu Matu'a[1]. En 1914, lors de l'expédition Mana, Katherine Routledge récolte le témoignage de Kaitae, un vieil homme qui se disait proche « du dernier roi : Maurata »[6].

Sachant que son père, Kaimakoi, fait également partie des esclaves captés lors des raids péruviens, Maurata n'est initialement pas listé parmi les rois de l'Île de Pâques[7]. Les témoignages récoltés en 1914 ont permis de reconstruire cette période de trouble[6].

Notes et références

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  1. a b c d et e Alfred Metraux, « THE KINGS OF EASTER ISLAND: Kingship », The Journal of the Polynesian Society, vol. 46, no 2(182),‎ , p. 41–62 (ISSN 0032-4000, lire en ligne, consulté le )
  2. W. W. Thorpe, « AN INSCRIBED WOODEN GORGET FROM RAPANUI (Easter Island) », The Journal of the Polynesian Society, vol. 33, no 3(131),‎ , p. 149–150 (ISSN 0032-4000, lire en ligne, consulté le )
  3. a et b Alfred Métraux : Introduction à la connaissance de l'Île de Pâques : résultats de l'expédition franco-belge de Louis-Charles Watelin en 1934, Éd. du MNHN, Paris 1935.
  4. (es) Islas Chincha, ínsulas guaneras peruanas por excelencia - [1] consulté le 16.10.2013.
  5. Christine Pérez, « Les Polynésiens victimes de la razzia de "négriers" péruviens et emmenés en esclavage au Pérou (1861-1863) », Actes du Groupe de Recherches sur l’Esclavage depuis l’Antiquité, vol. 26, no 1,‎ , p. 209–253 (lire en ligne, consulté le )
  6. a et b Werner Wolff, « The Mystery of the Easter Island Script », The Journal of the Polynesian Society, vol. 54, no 1,‎ , p. 1–38 (ISSN 0032-4000, lire en ligne, consulté le )
  7. E. Tregear, « Easter Island », The Journal of the Polynesian Society, vol. 1, no 2,‎ , p. 95–102 (ISSN 0032-4000, lire en ligne, consulté le )