Mauricius
Maurice Vandamme, dit Mauricius, né à Paris le et mort dans la même ville le [1], est un anarchiste individualiste, antimilitariste et néomalthusien français.
Naissance | |
---|---|
Décès | |
Sépulture |
Cimetière du Père-Lachaise, Grave of Vandamme (d) |
Nom de naissance |
Maurice Frédéric Justin Vandamme |
Pseudonymes |
Mauricius, Lionnel d'Autrec |
Nationalité | |
Activités |
A travaillé pour | |
---|---|
Idéologie |
Durant un demi-siècle, il contribue à nombre de journaux de la presse libertaire dont L'Anarchie d'Albert Libertad et Ce qu'il faut dire de Sébastien Faure.
Biographie
modifierFils de Frédéric Joseph Vandamme et de Pauline Louvet, papetiers, Maurice Frédéric Justin Vandamme est né le 24 février 1886 dans le 18e arrondissement de Paris[2].
Quand en , Libertad crée le journal L'Anarchie, Mauricius en devient un des principaux collaborateurs, et en assumera avec André Lorulot la direction à la mort de Libertad[3].
Partisan des théories de Thomas Malthus revues par Paul Robin qui substitue à la chasteté volontaire la théorie de la sélection scientifique, Mauricius écrit dans L'Anarchie du : « Amour-libriste, je considérerais comme déraisonnable de laisser des soucis durables à mes éphémères compagnes. Parce qu’anarchiste je suis néomalthusien, comme je suis propre… »[4].
Le 23 avril 1949, il se marie avec Benoîte Lagrange dans le 9e arrondissement de Paris.
Il meurt, le 28 juin 1974, dans le 19e arrondissement de Paris. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (10e division).
Apologie de l'illégalisme
modifierEn , il publie dans L'Anarchie, sous le pseudonyme de Lionel, un véritable panégyrique de Jules Bonnot et de l'illégalisme qui lui vaut, le , une condamnation par défaut à cinq ans de prison et 3 000 francs d’amende. Arrêté, il fait appel et est acquitté en . Revenant sur cet épisode, au soir de sa vie, il a confié à Pierre-Valentin Berthier qui recueille ses mémoires : « Nombreux parmi nous étaient ceux qui pensaient que leurs exploits avaient fait plus de mal que de bien à la cause révolutionnaire, mais il n’était pas question de les désavouer ; d’abord parce que le régime de l’époque, hypocritement libéral, mais résolument affameur, faisait chaque jour vingt fois plus de victimes, ensuite parce que nous ne savions pas, au fond, si leurs actes n’avaient pas un résultat positif en obligeant aussi bien les prolétaires à reconnaître les tares du système que les bourgeois à réfléchir sur ses dangers »[5].
Antimilitariste
modifierDe 1911 à 1916, Mauricius vit avec Camille Durand à Brive-la-Gaillarde[6]. En , il fonde avec Sébastien Faure le journal libertaire pacifiste Ce qu'il faut dire dont il est le gérant sous son nom de Vandamme, du n° 1 jusqu’au n° 19 inclus daté du [7]. C'est lui qui fournit les fonds nécessaires à la publication[8].
Il contribue, à la fin de la guerre, au journal La Mêlée fondé par E. Armand.
Au pays des Soviets, neuf mois d'aventures
modifierMauricius fait partie du Groupe Péricat, une petite formation communiste essentiellement parisienne qui n'est pas reconnue par Moscou. Il décide quand même de se rendre en au premier congrès de l'Internationale communiste, sans mandat régulier. Il est ainsi un des premiers français à se rendre dans la Russie soviétique (il y rencontre Victor Serge), expérience dont il témoignera dans son livre : Au pays des Soviets, neuf mois d'aventures.
Amour libre
modifierEn 1922, il édite le journal Cupidon, ayant pour thème la sexualité révolutionnaire, ce qui lui vaut d'être condamné pour « outrages aux bonnes mœurs ».
Après avoir été assistant d'architecte, il obtient un doctorat ès sciences, et se consacre à la recherche médicale et aux propriétés thérapeutiques de l'ozone. Il crée un centre médical spécialisé sur ce sujet.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il noue des relations avec des membres du Parti socialiste clandestin et entre en liaison avec le réseau Libération-Nord, faisant de sa clinique un des points de rencontre fréquentés par la Résistance.
En mai 1968, il déclare être allé à la rencontre des étudiants insurgés, qui ravivent selon lui les idéaux portés par le mouvement individualiste libertaire qu’il ne renie pas au soir de sa vie.
Citation
modifier« Tous les hommes s’exploitent mutuellement et tous les hommes sont tour à tour exploiteurs et exploités […] Dans la société actuelle […] il n’y a pas d’intérêt de classe… pas de solidarité de classe… pas de lutte de classe », L’Anarchie, no 206, .
Œuvres
modifierOutre de très nombreuses collaborations à la presse libertaire ;
- À bas l’autorité. Suffrage universel ou Anarchie, Paris, s. d., (OCLC 21162061).
- L’Anarchisme, Paris, 1907.
- Le Rôle social des anarchistes, Paris, 1911.
- L’Apologie du crime, Paris, Édition des causeries populaires, 1912, (OCLC 21146599).
- Mon anarchisme : rapport présenté au Congrès de Paris, , Paris, L'Anarchie, (OCLC 21146673).
- Au Pays des Soviets, neuf mois d’aventures, Paris, Éditions Figuière, 1922, (OCLC 457507016).
- Les Profiteurs de la guerre, Paris, publication mensuelle de Ce qu'il faut dire, no 6, novembre-, (OCLC 21161970), texte intégral.
- Parus sous la signature de Lionnel d’Autrec et sous celle de Mauricius
- Bobechon, rajeunisseur de vaches, Éditions de l’Épi, 1922.
- Où est la vérité ?, Éditions du Loup,
- Sous le nom de C.V. d'Autrec
- Les Charlatans de la médecine, Éditions du Scorpion, 1954
- Ouvrage collectif
- E. Armand tel que je l’ai connu, in E. Armand, sa vie, son œuvre, La Ruche ouvrière, 1964.
- Articles
- L’eau de jouvence, La Revue anarchiste, n°5, , texte intégral.
- Variations sur la discipline, La Revue anarchiste, no 6, , texte intégral.
Bibliographie
modifier- Pierre-Valentin Berthier, Mauricius et la calomnie, Le Havre, Éditions du Libertaire, 2004, notice.
- Anne Steiner, Les en-dehors : anarchistes individualistes et illégalistes à la Belle époque, Montreuil, l'Échappée, 2008 (ISBN 978-2-915830-13-2).
- Anne Steiner, Rirette l'insoumise, Tulle, Mille Sources, 2013 (ISBN 978-2909744292).
- Jean Maitron, Le mouvement anarchiste en France, des origines à 1914, tome 1, Paris, Gallimard, 1992.
Audiovisuel
modifier- Anne Steiner, Les anarchistes, corpus individualistes, Dictionnaire biographique Maitron, Centre d'Histoire Sociale, , voir en ligne.
Notes et références
modifier- Acte de décès (avec date et lieu de naissance) à Paris 19e, n° 601, vue 1/31.
- « Visionneuse - Archives de Paris », sur archives.paris.fr (consulté le )
- L'Éphéméride anarchiste : notice biographique.
- Dictionnaire international des militants anarchistes : notice biographique.
- Dictionnaire des anarchistes, « Le Maitron » : notice biographique.
- « Archives départementales de la Corrèze », sur www.archinoe.fr (consulté le )
- Dictionnaire biographique, mouvement ouvrier, mouvement social : notice biographique.
- Jean Maitron, Le mouvement anarchiste en France, de 1914 à nos jours, tome 2, Paris, Gallimard, 1992, p. 16.
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifierLiens externes
modifier
- Ressource relative à la vie publique :
- Prix Mauricius 2009 - 1000 euros pour des recherches universitaires sur les courants sociaux et l’anarchisme.
- Amis et passionnés du Père-Lachaise.
Notices
modifier- Dictionnaire biographique, mouvement ouvrier, mouvement social : notice biographique
- Dictionnaire international des militants anarchistes : notice biographique
- L'Éphéméride anarchiste : notice biographique
- René Bianco, 100 ans de presse anarchiste : notice.
- Centre International de Recherches sur l'Anarchisme (Lausanne) : notice bibliographique