Max Dessoir

historien de l'art, philosophe, médecin, psychologue allemand
Max Dessoir
Portrait de Max Dessoir
Max Dessoir vers 1935.
Biographie
Naissance
Berlin
Décès
Königstein im Taunus
Nationalité Allemande
Père Ludwig DessoirVoir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint Susanne Dessoir (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Thématique
Formation Université Humboldt de Berlin et université de WurtzbourgVoir et modifier les données sur Wikidata
Profession Philosophe, historien de l’art (en), psychologue, professeur d'université (d) et psychiatreVoir et modifier les données sur Wikidata
Employeur Université Humboldt de BerlinVoir et modifier les données sur Wikidata

Max Dessoir (né Max Dessauer le à Berlin et mort le à Königstein im Taunus) est un philosophe, médecin, psychologue et historien de l'art allemand.

Biographie modifier

Le père de Max Dessoir était l'acteur Ludwig Dessoir. Max Dessoir reçut son doctorat de philosophie en 1889 à Berlin et son doctorat de médecine en 1892 à Wurtzbourg. En 1897, il obtint une chaire de professeur en psychologie à l'université Humboldt de Berlin. Ses principaux sujets d'enseignement étaient l'esthétique et la psychologie. Il dut cesser de professer en 1933 lorsque les nazis le bannirent de l'enseignement ; en l'interdisant aussi de publication en 1940, ils le privèrent de toute activité. Il se retira alors à Königstein.

Il avait épousé en 1889 la chanteuse de lieds et d'oratorios Susanne Triepel (en). Dans ses mémoires, Dessoir se qualifie lui-même de quarteron de Juif.

Travaux modifier

Esthétique modifier

Tenu pour un philosophe néo-kantien, Max Dessoir fonda et édita durant plusieurs années le Zeitschrift für Ästhetik und allgemeine Kunstwissenschaft, « Revue d'esthétique et de connaissance générale de l'Art » et il publia l'ouvrage Ästhetik und allgemeine Kunstwissenschaft, « Esthétique et connaissance générale de l'Art » dans lequel il postula cinq formes esthétiques primitives : le Beau, le Sublime, le Tragique, le Laid et le Comique. Il œuvra pour la création d'une Esthétique scientifique.

Psychologie modifier

Dans la ligne de pensée de Frederick Myers puis, à un moindre titre, de Pierre Janet, Dessoir publie en 1890 Der Doppel-Ich « Le double-Moi », décrivant l'esprit comme divisé en deux instances, chacune disposant de ses propres liens associatifs[1] – sa propre chaîne mémorielle[2]. Il considère qu'une sous-conscience émerge lors d'épisodes tels que les rêves, l'hypnose et le dédoublement de la personnalité[3]. Ses idées furent reprises par Freud et développées par Otto Rank dans son étude sur le Doppelgänger[4].

Dans un article de 1884, Dessoir publia une description de l'évolution de l'instinct sexuel, de l'indifférenciation à la différenciation, qui fut développée par Albert Moll[5]. Freud fit siennes les idées de Dessoir dans Trois essais sur la théorie de la sexualité[6].

L'invention de la parapsychologie modifier

Dessoir porta un grand intérêt aux phénomènes psychologiques anormaux, rares mais non pathologiques. En 1917, il publia Vom Jenseits der Seele, « De ce côté-ci de l'âme », réédité six fois de 1930 à 1968, où il s'impliquait fortement pour l'étude des phénomènes psychologiques anormaux et l’idéalisme magique[7],[8],[9].

Il analysa de façon méthodique et critique les nombreuses séances spirites auxquelles il avait assisté. Il désirait fonder une discipline psychologique qui étudierait ces phénomènes d'une façon rationnelle, dégagée du spiritisme, de la théosophie, de l'occultisme et de l'anthroposophie de Rudolph Steiner. Parmi les phénomènes ignorés par la psychologie classique que Dessoir entendait étudier, on compte :

Pour présenter ses idées, il usa d'un artifice rhétorique : il publia sous le pseudonyme de Ludwig Brunn, deux articles : « Le fétichisme en amour », Deutsches Montagsblatt, Berlin, , puis « Le prophète » dans la revue Sphinx de . Ces deux articles soutenaient les thèses positivistes de Cesare Lombroso : les phénomènes psychiques sont soit normaux, soit pathologiques et il n'y a pas de place pour une qualification intermédiaire ; ainsi, on ne peut distinguer entre le génie et le fou criminel : tous deux sont des cas pathologiques.

Dessoir répondit à ces articles qu'il avait lui-même écrits dans la revue Sphinx de [10],[11],[12],[13]. C'est dans cette publication qu'il diffusa le terme parapsychologie qu'il utilisait dans sa correspondance depuis 1887 :

«  Le mot n'est pas joli, mais d'après moi il a l'avantage d'étiqueter de façon concise un domaine auparavant sans nom à mi-chemin entre le normal et l'anormal ou pathologique, et, après tout, on ne demande pas plus à un tel néologisme qu'une utilité pratique.

Nous dirons donc que la parapsychologie envisage trois sortes de manifestations : celles que l'on considère comme des écarts à la norme, au-dessus ou au-dessous de celle-ci, ou celles se trouvant dans une zone frontière entre les deux et qui peuvent dériver vers les unes ou vers les autres.  »

— Max Dessoir, in Sphinx, juillet 1889[14]

Œuvres modifier

Mémoires de Dessoir, Stuttgart, 1947.

Les textes de Max Dessoir sont encore hors du domaine public. Toutefois, certains sont déjà disponibles en ligne.

  • Das Doppel-Ich, Ernst Günthers Verlag, Leipzig 1896. Traduction française « Le double-moi » lisible sur ce site : Histoire de la folie ;
  • Geschichte der neueren deutschen Psychologie, Duncker, Berlin 1902. « Histoire de la psychologie allemande », nombreuses revues et critiques disponibles sur le web ;
  • Das Unterbewusstsein. « L'inconscient ». Secrétariat du Congrès international de psychologie, Paris, 1909. Résumé critique lisible sur Gallica.
  • Abriss einer Geschichte der Psychologie, Winter, Heidelberg 1911. « Esquisse d'une histoire de la psychologie ».
  • Kriegspsychologische Betrachtungen, Hirzel, Leipzig 1916. « Considérations sur la psychologie de guerre ».
  • Vom Diesseits der Seele, Psychologische Briefe, Dürr & Weber, Leipzig 1923. « De ce côté-ci de l'âme, lettres psychologiques », texte hors du domaine public.
  • Ästhetik und allgemeine Kunstwissenschaft, in den Grundzügen, Ferdinand Enke, Stuttgart 1923. « Fondements de l'esthétique et de l'histoire de l'art »
  • Beiträge zur allgemeinen Kunstwissenschaft, Ferdinand Enke, Stuttgart 1929. « Contributions à la science générale de l'art ».
  • Einleitung in die Philosophie, Ferdinand Enke, Stuttgart 1946. « Introduction à la philosophie ».
  • Buch der Erinnerung. Ferdinand Enke, Stuttgart 1947. « Mémoires ».

Publications posthumes modifier

  • Die Rede als Kunst, Erasmus-Verlag, München 1948. « L'art du discours ».
  • Psychologische Briefe, Wedding-Verlag, Berlin 1948. « Lettres psychologiques ».
  • Das Ich, der Traum, der Tod, Ferdinand Enke, Stuttgart 1951. « Le Moi, le Rêve, la Mort ».
  • Die Geschichte der Philosophie, Fourier, Wiesbaden 1981, (ISBN 3-921695-51-1). « L'histoire de la philosophie ».
  • Vom Jenseits der Seele, die Geheimwissenschaft in kritischer Betrachtung, Löwit, Wiesbaden 1979. « De ce côté-ci de l'âme, les sciences occultes dans une réflexion critique ».

Notes et références modifier

  1. Henri Ellenberger, The Discovery of the Unconscious (1970) p. 145.
  2. Albert Moll, Hypnotism (2004) p. 239.
  3. Ellenberger, p. 145-6.
  4. Otto Rank, The Double (1971).
  5. Ellenberger, p. 302-3.
  6. Sigmund Freud, On Sexuality (PFL 7) p. 152-3.
  7. Selon Novalis : Système qui admet que l'homme peut entrer avec l'univers dans le rapport de sympathie et d'action directe où il se trouve avec son propre corps. Voir le site du Centre National De ressources Textuelles et Lexicales.
  8. Voir Théurgie.
  9. Dessoir: Vom Jenseits der Seele, 1930.
  10. L'ensemble de l'affaire est résumé, avec la réponse de Dessoir dans Sphinx, par Pascal Le Maléfan dans la revue Frénésie no 10 (juin 1992).
  11. Ludwig Brunn, pseudonyme de Dessoir, posa longtemps un problème d'identification aux spécialistes du domaine qui s'interrogeaient sur cet obscur psychologue. La supercherie avait été dévoilée par Albert Moll dès 1893, mais oubliée. La redécouverte du pot-aux-roses n'eut lieu qu'en 1987 grâce à une publication du chercheur allemand Gerd Hövelman.
  12. Hövelmann G.H. (1987), Max Dessoir and the origin of the word "parapsychology" ; Journal of the Society for Psychical Research, 54, 61-63.
  13. Hövelmann G. (2007), The Many Faces of a Parapsychological Pioneer: Max Dessoir (1867-1947) [Abstract] ; Psypioneer, 3(9), 190-191.
  14. Traduction française de Pascal Le Maléfan, revue Frénésie no 10 (juin 1992).

Annexes modifier

Articles connexes modifier

Bibliographie modifier

  • Dietrich Heinrich Kerler : Die auferstandene Metaphysik, Hans Driesch, …, Dessoir, …, Eine Abrechnung ; (Kerler, Ulm 1921) ; « La métaphysique ressuscitée, Hans Driesch, …, Dessoir, …, Un bilan » ;
  • Christian Herrmann : Max Dessoir, Mensch und Werk ; (Ferdinand Enke, Stuttgart, 1929) ; « Max Dessoir, l'homme et l'œuvre » ;
  • Deutscher Wirtschaftsverlag, AG (Hg.): Reichshandbuch der Deutschen Gesellschaft, vol. 1, Berlin, 1931 ; « Max Dessoir dans Manuel du Reich de l'histoire allemande » ;
  • Gertrud Jung, Dessoir, Max in Neue Deutsche Biographie vol. 3 ; (Duncker & Humblot, Berlin 1957, (ISBN 3-428-00184-2)) ;
  • Adolf Kurzweg : Die Geschichte der Berliner "Gesellschaft für Experimental-Psychologie" mit besonderer Berücksichtigung ihrer Ausgangssituation und des Wirkens von Max Dessoir. Thèse, Berlin 1976. « Histoire de la "Societé de psychologie expérimentale" de Berlin avec des développements particuliers sur sa situation initiale et sur l'action de Max Dessoir » ;
  • Rudolf Steiner : Von Seelenrätseln, Anthropologie und Anthroposophie, Max Dessoir über Anthroposophie ; (Rudolf-Steiner-Verlag, Dornach 1983, (ISBN 3-7274-6370-8)) ; « Les énigmes de l'âme ; de l'anthropologie à l'anthroposophie - Max Dessoir et l'anthroposophie » ;
  • Walther Amelung : Es sei wie es wolle, es war doch so schön – Lebenserinnerungen als Zeitgeschichte. (Frankfurt/Main, 1984, (ISBN 978-3980095105)) ; « Cela fut comme cela put, il faisait si beau - Mémoires de l'histoire contemporaine »
  • Pascal Le Maléfan : Naissance du parapsychologique chez Max Dessoir, philosophe et médecin (1867-1947), (Revue Frénésie n° 10, ).
  • Annette Dorgerloh : Das Künstlerehepaar Lepsius. Zur Berliner Porträtmalerei um 1900 ; Berlin, 2003 ; « Le couple d'artistes Lepsius - Sur les portraitistes berlinois en 1900 » ;
  • Nico Thom : Zwischen Idealismus und Psychologismus – Max Dessoirs Theorie der Ästhetik und allgemeinen Kunstwissenschaft ; (Grin, München, 2010, (ISBN 978-3-640-77783-9)) ; « Entre idéalisme et psychologisme - Sur la théorie esthétique générale de Max Dessoir ».
  • (en) Martin Grunwald, Human Haptic Perception: Basics and Applications, Springer Science & Business Media, , 676 p. (ISBN 9783764376116, lire en ligne), p. 21 à 23.
  • Pascal Le Maléfan, Naissance du parapsychologique chez Max Dessoir, philosophe et médecin (1867 – 1947) ; revue Frénésie, Paris, no 10, , pp. 237-248.

Liens externes modifier