Max Weber

philosophe, sociologue, historien et économiste allemand
Max Weber
photo en noir et blanc d'un homme de 30 ans barbu en veste et chemise, cheveux peignés.
Max Weber en 1894.
Nom de naissance Maximilian Carl Emil Weber
Naissance
Erfurt, Drapeau de la Prusse Royaume de Prusse
Décès (à 56 ans)
Munich, Drapeau de la république de Weimar République de Weimar
Nationalité allemande
Conjoint Marianne Weber
Domaines Économie et sociologie
Formation Université de Heidelberg
Directeur de thèse Levin Goldschmidt
A influencé Raymond Aron, Pierre Bourdieu, Norbert Elias, Michel Foucault, Jürgen Habermas, Robert Merton, Talcott Parsons
Œuvres principales Économie et Société
L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme

Max Weber [maks vebɛʁ][1] (en allemand [maks ˈveːbɐ][2]), né le et mort le (56 ans), est un économiste et sociologue allemand originellement formé en droit.

Considéré comme l'un des fondateurs de la sociologie, il porte ses interrogations sur les changements opérés sur la société avec l'entrée dans la modernité. On lui doit notamment des analyses complexes du capitalisme industriel, de la bureaucratie et du processus de rationalisation en Occident.

Contrairement à Émile Durkheim, considéré lui aussi comme un père de la sociologie, Weber a peu enseigné et n'a pas fait école de son vivant. Et à la différence de Karl Marx, il aborde le capitalisme non pas « de l'extérieur » (en analysant ses composantes économiques) mais « de l'intérieur », en passant au crible les motivations de ses promoteurs et en recourant pour cela à une méthode qu'il qualifie de « compréhensive ». Selon lui, avant de devenir un système économique, le capitalisme est une éthique. C'est pourquoi, estime-t-il, pour analyser ce système, il importe d'étudier d'abord cette éthique, qu'il appelle « l'esprit du capitalisme ». Ce concept est central dans son ouvrage L'Éthique protestante et l'Esprit du capitalisme, une œuvre fondatrice de la sociologie moderne.

En marge de son travail de recherche, Weber s'est engagé dans l'action politique, contribuant notamment à la rédaction de la Constitution de Weimar pour la république de même nom en 1919.

Après sa mort, son épouse, née Marianne Schnitger, également sociologue et connue pour ses positions féministes, a fait publier ses derniers manuscrits. Son œuvre n'a été traduite en France qu'à partir de 1959. Elle connaît aujourd'hui une réputation internationale.

Introduction : approche, objets d'étude, œuvre, thèmes et concepts modifier

Max Weber - Wissenschaft als Beruf 1919
Max Weber - Politik als Beruf 1919

Max Weber est considéré comme le fondateur de la sociologie compréhensive[3]. Son article Essai sur quelques catégories de la sociologie compréhensive (1913)[4], abordait les difficultés de l'interprétation du sens de l'activité humaine[5]. Pour Max Weber, le sens subjectivement visé par un acteur à l'égard d'autrui est au coeur de sa sociologie[6]. Autrement dit, dans cette perspective, il faut comprendre également l'action du point de vue du sens et des valeurs et pas uniquement à partir des seules causes et contraintes extérieures[3]. Ainsi, il se distingue de l'approche d'Émile Durkheim qui s'intéresse aux « fait sociaux » : collectifs, extérieurs et contraignants[6].

Max Weber a abordé une diversité d'objets d'étude: les rapports entre l'économique et le social, l'analyse des formes de pouvoir, la sociologie comparée des religions, la rationalité des comportements, la bureaucratisation des sociétés modernes, la science et le politique, …[3]. De plus, comme l'indique la philosophe Catherine Colliot-Thélène, « Weber est issu d'un milieu académique très différent du nôtre » ce qui rend difficile de le ranger dans une discipline en particulier[7]. En effet, les sociologues Jean-Pierre Durand et Robert Weil rappellent que plusieurs disciplines lui sont familière : sociologie, histoire, économie politique, science politique, …[8].

L’œuvre de Max Weber est diverse et éparse : elle ne consiste moins en livres qu'en articles, rassemblés en volumes après sa mort pour la plupart[9]. Le sociologue Raymond Aron propose un classement thématique : (1) les études de méthodologie, de critique et de philosophie (ex : Essais sur la théorie de la science) ; (2) les ouvrages historiques ; (3) les travaux de sociologie de la religion (ex : L'Éthique protestante et l'Esprit du capitalisme) ; (4) le traité de sociologie générale (Économie et société)[10]. La philosophe Catherine Colliot-Thélène proposera une classification assez proche : (1) ses enquêtes ; (2) ses travaux historique de l'Antiquité ; (3) ses textes méthodologiques ; (4) ses travaux de sociologie des religions ; (5) ses textes politiques[11]. On retient généralement deux œuvres clés : L'Éthique protestante et l'Esprit du capitalisme (1905) et Économie et société (1922)[12],[9]. La première est une recherche sur la singularité culturelle de la civilisation occidentale moderne : le capitalisme [13]. En résumé, il défend l'idée d'une source religieuse (protestantisme) de la rationalisation économique (capitalisme)[14], ou plus précisément d'une « affinité élective », c'est-à-dire une adéquation significative, entre ethos calviniste et un esprit capitaliste[15],[16]. La seconde est un ouvrage posthume qui rassemble des écrits divers concernant notamment des conceptes fondamentaux de la sociologie[17]. Il expose ainsi une série de définition concernant des notions générales : l'action sociale, la communalisation et socisation, la rationalité formelle et la rationalité matérielle de l'économie, les types de dominations (légale-rationnelle, traditionnelle, charismatique), …[18].

Un des thèmes majeurs de Max Weber est la rationalité et le processus de rationalisation[19],[20],[21],[22],[23],[24],[25]. Dans sa conception diachronique, la rationalisation vise à rendre compte de la spécificité de l'Occident où s'est développé une forme particulière de rationalisme permettant la maîtrise croissante du monde : dans la modernité il n'y a plus de puissances mystérieuses et imprévisibles interférant dans la vie sociale, celle-ci devient matière et prévisible[26]. Dans sa conception synchronique, la rationalisation fait référence à la société moderne : elle se caractérise par une expansion de la rationalité dans toutes les sphères de la vie sociale (économie, droit, administration, science, art, etc.), et par le fait que les acteurs sociaux sont orientés moins par les actions rationnelles par rapport aux valeurs que par les actions rationnelles par rapport aux fins[27].

Max Weber à proposer une pluralité de concepts, parmi lesquels : l'idéal-type, les types de l'action sociale (rationnelle en finalité, rationnelle en valeur, traditionnelle, affectuelle), les types de domination (légale-rationnelle, traditionnelle, charismatique), la cage de fer , communalisation et sociation, la buraucratisation, le désenchantement, la neutralité axiologique ou impératif de non-imposition des valeurs[28],[29],[30],[31],[32],[33],[34].

Biographie modifier

Famille modifier

Max Weber et ses frères en 1879.
Max Weber en 1878
Marianne Weber née Schnitger.
Max Weber et sa femme Marianne en 1893.

Karl Emil Maximilian Weber, aîné de huit enfants, naît dans une famille de la bourgeoisie protestante. Un de ses frères cadets (né en 1868), Alfred Weber, devient également un éminent sociologue et économiste[35]. Son père (également Max), initialement haut fonctionnaire, sera élu député du Parti libéral-national au Reichstag après l’unification allemande[réf. souhaitée]. Sa mère (Hélène, née Fallenstein), d'origine huguenote par sa famille maternelle (Les Souchay), était une femme cultivée et profondément croyante[35]. Max Weber grandit ainsi dans un milieu riche et cultivé : son père était l'héritier d'une famille d'industriels, sa mère était issue de la bourgeoisie intellectuelle. À partir de 1869, la famille s’installa à Berlin[réf. souhaitée]. Dès l'âge de 12 ans, le jeune Max Weber était un lecteur de Spinoza, Schopenhauer, Kant, Cicéron, Machiavel, etc. ce qui témoigne qu'une précocité intellectuelle[36]. À côté de ses études, le jeune Max Weber a également bénéficié de l'influence formatrice du milieu d'hommes politiques et de savants de premier plan qu'invitait son père à la maison[35].

Il se marie en 1893 avec une parente de sa mère, Marianne Schnitger. Sa femme, historienne du droit et fortement engagée dans les mouvements féministes[35], fut une actrice de la vie intellectuelle et politique allemande, jusqu'à sa mort en 1954. Elle eut un rôle décisif dans l'édition de l'œuvre de Max Weber, supervisant notamment la publication du très grand nombre d'écrits posthumes de son mari, en particulier son opus magnum, Économie et Société. Elle écrit également une importante biographie de Max Weber. Leur mariage fut bâti sur une complicité intellectuelle constante, mais le couple demeura sans enfant. Il appelle son épouse sa « camarade » (Gefährtin) mais lui impose cependant la chasteté, alors qu'il a plusieurs maîtresses : Mina Tobler (de) et Else von Richthofen[37].

Formation modifier

Après l’obtention de son Abitur (équivalent du baccalauréat), il s’inscrivit en droit à la faculté d’Heidelberg[réf. souhaitée]. Outre les cours de droit, il y suivit des cours d’économie politique, de philosophie, d’histoire et de théologie[réf. souhaitée]. C’est à cette même période que Weber perdit sa timidité : membre d'une corporation d'étudiant, il se livra à des duels, participa à des beuveries, tout en s'endettant. En 1883, à 19 ans, Max Weber partit pour Strasbourg afin de faire son service militaire[réf. souhaitée]. Il y trouva une seconde famille. Weber, hébergé par sa tante (sœur de sa mère), entra en effet dans une relation d'échange intellectuel durable avec le mari de cette dernière, l’historien Hermann Baumgarten, en qui il put sans doute trouver une autre figure d'identification que celle de son père[réf. souhaitée]. À la différence de ce dernier, H. Baumgarten était un libéral hostile au compromis avec la politique de Bismarck[réf. souhaitée]. En 1884, il reprend ses études à Berlin, sous la pression de sa famille qui souhaite le séparer des Baumgarten. Il vit dans la maison familiale les huit années suivantes, à l'exception des périodes d'exercice militaire et d'un bref séjour à l'université de Göttingen en 1886 où il obtient sa licence en droit[réf. souhaitée]. Devenu un travailleur acharné, Weber se spécialise en histoire du droit, tout en poursuivant un cursus conduisant vers une carrière d'avocat[réf. souhaitée]. Max Weber obtint son doctorat en 1889, sous la direction du professeur Levin Goldschmidt (de)[réf. souhaitée], avec une thèse portant sur l'histoire des sociétés commerciales dans les villes italiennes du Moyen Âge ; et en 1891 il achève sa thèse d'habilitation en droit, L’importance de l’histoire agraire romaine pour le droit public et privé (Die römische Agrargeschichte in ihrer Bedeutung für das Staats- und Privatrecht)[38],[39]. Ces années furent décisives dans la formation de Max Weber à un autre titre : il commença à s'intéresser aux problèmes sociaux de son époque et rejoignit, en 1888, l'Association de politique sociale, association formée par des économistes issus de l'École historique et pour qui la réflexion économique devait jouer un rôle décisif dans le traitement des problèmes socio-économiques de la jeune nation allemande[réf. souhaitée]. En 1892, le Verein engagea une étude sur la « question polonaise », c'est-à-dire sur l'afflux d'une importante immigration de travailleurs agricoles polonais à l'Est de l'Allemagne. Max Weber dirigea l'enquête et rédigea son rapport final[40]. Ce dernier fut salué comme une étude empirique de la plus grande importance et conféra à Weber une utile réputation de spécialiste des problèmes agricoles.

Professeur d'université modifier

Max Weber

À 29 ans, en 1893, Max Weber accède au poste de professeur de l’histoire de droit romain et de droit commercial à la faculté de Berlin.

En 1894, Max Weber est nommé à une chaire d’économie politique à l'université de Fribourg. Il y prononce en sa leçon inaugurale, « L’État national et la politique économique », qui fait sensation. Max Weber y exprime son nationalisme de manière enflammée, soutenant l'impérialisme allemand et affirmant la primauté des valeurs germaniques pour un théoricien allemand de l'économie politique. Max Weber n'a pas cessé de soutenir la politique de puissance de l'Allemagne réunifiée. Il changea toutefois, au fil de sa vie publique, souvent de position politique. À la fin de sa vie, il soutient une démocratisation du régime, sous la forme d'un régime parlementaire, seul apte, pour lui, à sélectionner des leaders politiques charismatiques. Comme l'écrit R. Aron, « Weber fut un national-libéral, mais il n'était pas libéral au sens américain, il n'était même pas à proprement parler un démocrate au sens que Français, Anglais ou Américains donnaient ou donnent à ce terme. Il mettait la grandeur de la nation et la puissance de l'État au-dessus de tout »[41].

Dépression et interruption de sa carrière modifier

Max Weber en 1917.
Max Weber en 1919

En 1897, quelques mois après la mort de son père, avec qui il avait rompu peu de temps auparavant à la suite d'une violente dispute, il est atteint d’une grave dépression nerveuse. Cette crise dura près de cinq ans et eut d'importantes conséquences sur la vie de Max Weber : elle le contraint à interrompre durablement ses activités de professeur, et à suspendre pour un temps son travail de recherche. Weber part alors se reposer au bord du lac Léman sur les conseils de son médecin. Il reprend ses cours un an plus tard mais fait une rechute en 1899. Il repart alors une seconde fois en voyage : il visite la Corse, l’Italie et la Suisse. Max Weber ne surmonte sa dépression qu'en 1903. Reprenant alors ses activités intellectuelles, il réoriente ses recherches vers la sociologie : il prend, avec Edgar Jaffé et Werner Sombart, la direction des Archiv für Sozialwissenschaft und Sozialpolitik, qui devient la première revue de sociologie allemande. C'est dans cette revue qu'il publie la plupart de ses travaux de sociologie, à commencer par L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme dont la première partie paraît dès 1904. En 1909, il fonde la Société allemande de sociologie (Deutsche Gesellschaft für Soziologie) avec Ferdinand Tönnies et Georg Simmel, dont il démissionne en 1912[réf. souhaitée]. Face à sa fragilité nerveuse, Weber, aidé en cela par un héritage, renonce toutefois à enseigner. Il ne retrouve l'enseignement que plus de 10 ans plus tard, après la guerre.

Première Guerre mondiale modifier

Tombe de Max et Marianne Weber au Bergfriedhof (de) de Heidelberg.

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, Weber, qui a 50 ans, demande à être rappelé comme officier de réserve. Il s’occupe alors, mais seulement durant une courte période, de la gestion de huit hôpitaux de la région d’Heidelberg. Il entame alors une période d'intense activité intellectuelle. C'est, en effet, durant la guerre que Weber débute la rédaction de son vaste projet de sociologie comparée des religions mondiales. Il publie ainsi, sous forme d'articles, dans les Archiv für Sozialwissenschaft und Sozialpolitik, en 1916 Confucianisme et Taoïsme, en 1916-1917 Hindouisme et Bouddhisme, et en 1917-1918 Le Judaïsme antique.

En 1918, après avoir refusé la défaite et appelé à la résistance, Weber fait partie de la délégation allemande qui signe le traité de Versailles. Il participe également à la commission chargée de rédiger la nouvelle Constitution du Reich. Au milieu de l'agitation révolutionnaire de 1918, Max Weber est l’un des membres fondateurs du Parti démocrate allemand. Pendant cette même période, le Frankfurter Zeitung publie une série d’articles de Weber sur la politique allemande regroupés sous le titre « Le parlement et le gouvernement dans une Allemagne réorganisée ».

En 1918, il part pour Vienne où un poste temporaire d’enseignement d’économie l’attend. Il revient à Munich en 1919 pour occuper la chaire de sociologie que l’université de Munich a créée spécialement pour lui. Weber, à l'invitation de l'association libre des étudiants, y prononce deux conférences, qui ont une influence durable : « Le Métier et La Vocation du Savant » en 1917 et « Le Métier et la Vocation du Politique » en 1919.

Mort modifier

Ayant contracté la grippe de 1918, Max Weber meurt en 1920, à l’âge de 56 ans, d'une pneumonie. Avec lui s'éteint la première génération de sociologues, puisque Émile Durkheim et Georg Simmel sont décédés peu de temps auparavant (respectivement en 1917 et 1918).

Au moment de sa mort, Weber est sur le point de conclure son grand projet de sociologie comparative des religions : il regroupe, en 1920, les grands textes de ce projet (notamment L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme), jusque-là uniquement parus en revue, dans un vaste Recueil de sociologie des religions, dont la moitié paraît après sa mort. Toutefois, Weber laisse une part importante de son œuvre à l'état de manuscrit (à commencer par Économie et Société), ou d'articles publiés seulement en revue (notamment ses textes d'épistémologie).

La sociologie compréhensive de Max Weber modifier

Définition de la sociologie modifier

Max Weber Economy and Society 1978

Un passage du livre (posthume) de Max Weber, à savoir Économie et société, propose une définition de la sociologie[42] :

« Nous appelons sociologie (au sens où nous entendons ici ce terme utilisé avec beaucoup d’équivoques) une science qui se propose de comprendre par interprétation l’action sociale et par là d’expliquer causalement son déroulement et ses effets. Nous entendons par “action” un comportement humain (peu importe qu’il s’agisse d’un acte extérieur ou intime, d’une omission ou d’une tolérance), quand et pour autant que l’agent ou les agents lui communiquent un sens subjectif. Et par action “sociale”, l’action qui, d’après son sens visé par l’agent ou les agents, se rapporte au comportement d’autrui, par rapport auquel s’oriente son déroulement »

D'abord, Weber défini ce qu'est une action sociale et ce qui n'en est pas[43] : l’action sociale s’oriente par rapport au comportement passé, présent ou attendu d’autrui. N'est pas une action sociale : l’activité par rapport à un objet matériel ou bien une activité intime et personnelle (exemples : contemplation, prière) ; l’interaction non orientée entre deux individus (comme la collision entre deux cyclistes) ; une activité uniforme (tout le monde ouvre son parapluie), une activité influencée/déterminée par autrui (un mouvement de foule), une simple imitation.

Ensuite, Weber insiste sur le sens que les acteurs donnent à leur action[43]. Autrement dit, toute activité sociale est définie comme un comportement auquel l’acteur attribue un sens subjectif[6],[44]. Cette définition de l'action sociale, correspond à ce que le sociologue Guy Rocher désigne par « la définition subjective de Max Weber »[45] ; elle se distingue de la définition objective d’Émile Durkheim[46].

Comprendre et par là expliquer modifier

Dans son ouvrage consacré à Max Weber, la philosophe Catherine Colliot-Thélène met en garde « lire la méthodologie wébérienne à travers l'opposition [...] entre "expliquer" et "comprendre" »[47]. En effet, pour Max Weber, comprendre l'action sociale en fonction du sens subjectif qui la structure permet d'expliquer à la fois son déroulement et ses effets[48],[6] : « Nous appelons sociologie [...] une science qui se propose de comprendre par interprétation l’activité sociale et par là d’expliquer causalement son déroulement et ses effets. (Max Weber, Économie et société, 1971, Plon, p.4) ». Dans leur manuel Histoire des pensées sociologues, les sociologues Jean-Pierre Delas et Bruno Milly soulignent que cette approche (qui prend en compte la subjectivité des acteurs) se distingue de celle d'Émile Durkheim [6].

Typologie des déterminants de l'action sociale modifier

L'action sociale est au cœur de l'objet d'étude de la sociologie wébérienne. Dans leur manuel Histoire des pensées sociologues, les sociologues Jean-Pierre Delas et Bruno Milly présentent Max Weber comme « sociologue de l'activité sociale »[49] et la philosophe Catherine Colliot-Thélène, dans son ouvrage La Sociologie de Max Weber, cite un passage du livre (posthume) de Max Weber, à savoir Économie et société, dans lequel il mentionne l'action sociale[42] :

« Nous entendons par “action” un comportement humain (peu importe qu’il s’agisse d’un acte extérieur ou intime, d’une omission ou d’une tolérance), quand et pour autant que l’agent ou les agents lui communiquent un sens subjectif. Et par action “sociale”, l’action qui, d’après son sens visé par l’agent ou les agents, se rapporte au comportement d’autrui, par rapport auquel s’oriente son déroulement »

Weber insiste sur le sens que les acteurs donnent à leur action[43]. Autrement dit, toute activité sociale, c'est-à-dire un comportement auquel l’acteur attribue un sens subjectif, peut être comprise comme un des quatre types idéaux de détermination de l'action sociale (ou comme une de leur combinaison), c’est-à-dire de « motivations subjectives » de celle-ci[6],[44],[50],[51],[52].

  1. L’action rationnelle en finalité (zweckrational) ou « téléologiquement rationnelle » : l’acteur conçoit un but précis et combine des moyens logiques pour y parvenir. Weber n’exclut pas les actions rationnelles du point de vue de l’acteur, mais jugées irrationnelles par l’observateur[53]. Elle correspond aux types d'action pour lesquels l'acteur détermine rationnellement à la fois les moyens et les buts de son action. Un chef d'entreprise efficace agit en fonction de ce type de rationalité : il ne se soucie pas des conséquences morales de ses actes (licenciements, par exemple), seule lui importe l'efficacité de ses actions. Une action est rationnelle parce que, pour l'acteur, les moyens choisis sont les plus efficaces pour atteindre les buts qu'il se donne. Ainsi, s'il considère qu'il a plus de chances de réussir un examen en dansant une danse pour lui porter chance qu'en révisant ses cours, un candidat au dit examen agit rationnellement de ce point de vue. Le jugement de l'observateur n'entre pas en ligne de compte pour juger de la rationalité de l'action.
  2. L’action rationnelle en valeur (wertrational) ou « axiologiquement rationnelle »[53] : « Agit d’une manière purement rationnelle en valeur celui qui agit sans tenir compte des conséquences prévisibles de ses actes, au service qu’il est de sa conviction portant sur ce qui lui apparaît comme commandé par le devoir, la dignité, la beauté, les directives religieuses, la piété ou la grandeur d’une « cause », quelle qu’en soit la nature »[54]. Elle correspond aux actions par lesquelles un acteur cherche à accomplir une valeur. L'acteur ne se soucie pas des conséquences que peut avoir son action — seul lui importe l'accomplissement des exigences nées de la valeur qui est, pour lui, fondamentale. Un homme prêt à affronter un duel pour sauver son honneur, au prix possible de sa mort ; un capitaine de navire ne le quittant qu'en dernier lors d'un naufrage ; un chrétien prêt à se retirer de la vie dans un monastère ; sont autant d'exemples de ce type d'actions construites par la recherche de l'accomplissement d'une valeur. La spécificité de l'analyse de Weber est qu'il insiste sur le fait que si le but de ce type d'action (la valeur) est rationnel, les moyens choisis par l'acteur ne le sont pas : c'est en cela que l'action est rationnelle en valeur et non en finalité.
  3. L’action affectuelle : l’action immédiatement déterminée par des affects ou des émotions, tels que la vengeance, la jouissance, le dévouement.
  4. L’action traditionnelle : C’est « une manière morne de réagir à des excitations habituelles, qui s’obstine dans la direction d’une attitude acquise autrefois »[55]. Elle correspond aux types d'actions quasi « réflexes », « mécaniques » qui sont le produit de l'habitude, et où le sens et les motifs constitutifs de l'action ont, pour ainsi dire, disparu par répétition. Paradoxalement, Weber, qui fait du sens, au moins relativement conscient, le déterminant de l'action, indique que ce type d'action, où le sens a disparu, est le plus courant. L'action traditionnelle renvoie au « poids de l'éternel hier », ce qu'on fait parce qu'il en a toujours été ainsi.

Le sociologue Philippe Riutort précise que les actions réelles peuvent être dans la pratique une combinaison des quatre idéaux-types : « s'arrêter brusquement en voiture lorsque le feu vire au rouge peut découler d'un sentiment de peur de l'accident (action affective), d'une habitude intériorisée (action traditionnelle), d'un souci de respecter les règles de conduite automobile (action rationnelle en valeur), d'une crainte d'une amende (action rationnelle en finalité) »[56].

Cette définition de l'action sociale, correspond à ce que le sociologue Guy Rocher désigne par « la définition subjective de Max Weber »[45]. Elle se distingue de « la définition objective d’Émile Durkheim »[46]. Ces types d'actions prennent forme dans un cadre politique par l'opposition entre l'éthique de responsabilité (Verantwortungsethik) et l'éthique de conviction (Gesinnungsethik)[57]. L'éthique de responsabilité vise à mettre en adéquation les moyens avec les fins afin d'être le plus efficace possible, tandis que l'éthique de conviction insiste sur la cohérence totale entre l'action et les valeurs[58].

« L'idéal-type » modifier

Les idéaux-types - également qualifiés de « tableaux de pensée » ou d'« utopies »[59],[60] - sont une reconstruction stylisée de la réalité à partir de traits jugés significatifs, où il s'agit de distinguer plusieurs situations ou logiques typiques distinctes[61]. Par exemple, dans L'Éthique protestante et l'Esprit du capitalisme, le puritain dont parle Weber n'est ni un puritain réel en particulier, ni une incarnation moyenne ; il est le puritain-type qui existe s'il n'était que puritain et rien d'autre, comme si l'intégralité de son existence était soumise à la logique puritaine[62].

Max Weber explique dans Essais sur la théorie de la science qu'on obtient un[61],[63],[64] :

« idéal-type en accentuant unilatéralement un ou plusieurs points de vue et en enchaînant une multitude de phénomènes donnés isolément, diffus et discrets, que l'on trouve tantôt en grand nombre, tantôt en petit nombre, et par endroits pas du tout, qu'on ordonne selons les précédents points de vue choisis unilatéralement, pour former un tableau de pensée homogène (einheitlich). On ne trouvera nulle part empiriquement un pareil tableau dans sa pureté conceptuelle : il est une utopie. »

La philosophe Catherine Colliot-Thélène, indique que l'idéal-type « possède une valeur heuristique : en réduisant la complexité du réel, il permet d'isoler les consécutions causales à expliquer [...] ; en forçant la rationnalité des logiques de l'action, il donne les moyens de cette explication »[65]. Ainsi, plusieurs typologies peuvent être construites à partir d'un même champ d'investigation empirique (par exemple : la modernité, le capitalisme, etc.), variant selon les scientifiques (par exemple : Marx, Weber, Durkheim, etc.) ou les disciplines (par exemple : sociologie, histoire, économie, etc.)[59]. Il proposera par exemple quatre types idéaux pour rendre compte des conduites sociales : l’action rationnelle en finalité, l’action rationnelle en valeur, l’action affectuelle et l’action traditionnelle[56].

Approche méthodologique de Max Weber modifier

L'épistémologie (c'est-à-dire la réflexion sur la science) de Max Weber est d'une très grande sophistication et complexité. On ne rendra compte ici que de quelques-uns de ses éléments.

Les « sciences de la culture » modifier

Heinrich Rickert
Wilhelm Dilthey

Selon les contextes, Max Weber qualifie l'histoire et la sociologie comme de « sciences de la culture », de « sciences historiques », de « sciences empirique de l'action » (en opposition aux siences « dogmatique », telle que la théorie juridique, la logique et l'esthétique), ou encore de « sciences de la réalité »[66]. Comme le souligne les sociologues Jean-Pierre Durand et Robert Weil, Max Weber publie son article L'objectivité de la connaissance dans les sciences et la politique sociale (1904) dans un contexte de « conflit des méthodes »[67]. Il emprunte au philoshophe allemand néokantien Heinrich Rickert les notions de culture et de valeur, la distinction entre sciences nomologiques (phénomènes observables via des lois) et sciences historiques (alors que le philosophe allemand Wilhelm Dilthey distingue les sciences de l'esprit et de sciences de la nature), la Wertbeziehung (« rapport aux valeurs »)[68]. Comme le note le sociologue Raymond Aron, pour Max Weber, « les caractères originaux [des sciences de l'histoire et de la société] sont au nombre de trois : elles sont compréhensives, elles sont historiques et elles portent sur la culture. »[69]. Pour Max Weber, il s'agit « d'explorer scientifiquement » la signification culturelle générale de la structure économico-sociale de la vie collective humaine et de ses formes historiques d'organisation[67]. Selon la philosophe Catherine Colliot-Thélène, pour Max Weber, l'histoire correspond à une science causale (démonstration et méthodologie rigoureuse) et une science du particulier (dans le sens où elle s'intéresse à une « configuration réelle, donc singulière, de la vie culturelle et sociale qui nous environne »)[66]. Il écrira, non sans ironie : « Pourquoi en effet s'intéresser à l'"histoire", si celle-ci se contente de montrer que, au fond, "tout à déjà existé" ? »[70]. En découle une critique à l'égard du positivisme[67],[6] et du monisme naturaliste[71]. Plus généralement, il exprimera un rejet des explications monocausale, qu'elles soit idéalistes ou matérialistes/déterministes[3],[72]. Ainsi, la sociologie wébérienne n'est pas seulement actionniste (relative à l'action sociale) et compréhenvise, elle est également historique, comparatiste, contextuelle et multicausale[73].

La causalité modifier

Max Weber considère que la compréhension de l'action des agents sociaux permet de fournir une explication des phénomènes sociaux[28]. Le sociologue Alexis Trémoulinas, souligne que l'ouvrage L'Éthique protestante et l'Esprit du capitalisme illustre la nature de la causalité envisagée par Weber[74] : « Weber a bien identifié un lien causal, non pas entre protestantisme et capitalisme mais enttre éthique protestante et esprit du capitalisme ». Le sociologue Stephen Kalberg souligne que si « Weber s'attache à déterminer des liens causaux entre phénomènes historiques, [...] cette démarche ne se réduit pas à l'identification de facteurs culturels tels que les valeurs »[74]. L'imputation causale chez Max Weber est à la fois multiple, contextuelle et adéquate[75]. Mutiple dans le sens où plusieurs causes interviennent (causes nécessaires, causes facilitantes, etc.). Contextuelle dans la mesure où ces causes ne sont pertinentes que pour une situation historique particulière. Adéquate au sens où elle se distingue de la causalité accidentelle. Le sociologue Alain Caillé résumera l'approche de Weber de la façon suivante : « Ce que son comparatisme historique [...] fait admirablement comprendre, c'est que le poids des facteurs causaux est constament changeant et que chaque configuration historique déterminée constitue le lieu d'un entrelacs de causalités partielles et potientiellement réversibles, puisque ce qui est cause à tel moment ou en tel lieu cesse de l'être à d'autres ou devient effet »[76]. Ainsi, la sociologie wébérienne n'est pas seulement actionniste et compréhenvise, elle est également historique, comparatiste, contextuelle et (multi)causale[73].

« Jugements de valeurs » et « rapports aux valeurs » : la neutralité axiologique modifier

La neutralité axiologique pose un certain nombre de problèmes épistémologiques, sur lesquels Max Weber a apporté une réflexion décisive. Si les sciences sociales ont pour objet la culture, elles sont, par ailleurs, constituées elles-mêmes dans le cadre d'une culture, c'est-à-dire de valeurs. Dès lors, comment peuvent-elles échapper aux évaluations normatives, fondées sur des valeurs, sur leur objets et prétendre à l'objectivité ?

Pour surmonter ce problème, Weber opère la distinction entre « jugements de valeurs » et « rapports aux valeurs ». Alors que les premiers sont subjectifs et ne doivent pas avoir de place dans le travail scientifique (à l'exception du moment où le chercheur choisit son objet, en raison de la valeur qu'il lui accorde), le « rapport aux valeurs » signifie que l'analyse d'une réalité sociale doit tenir compte de la place occupée par les valeurs dans la société analysée, sans porter de jugement normatif sur celles-ci. L'activité scientifique n'est elle-même orientée par aucune valeur, à l'exception de celle de la vérité : c'est le concept de neutralité axiologique.

Controverse autour de la traduction du mot Wertfreiheit modifier

Dans une ré-édition des essais de Max Weber sur la vocation de savant, Isabelle Kalinowski approfondit la question de la « Wertfreiheit », souvent traduite de manière inadéquate par « neutralité axiologique ». Elle éclaire d'abord le malentendu voulant que Weber ait prôné une absence totale d'engagement de la part des chercheurs. En réalité, Weber a oscillé toute sa vie entre la politique et la science, s'impliquant activement dans les deux domaines par ses publications politiques, ses contributions journalistiques, son rôle dans la création du parti démocratique allemand (DDP) et son influence sur la constitution de la République de Weimar :

Le juste milieu n’est pas le moins du monde une vérité plus scientifique que les idéaux les plus extrêmes des partis de droite ou de gauche. Nulle part l’intérêt de la science n’est à la longue davantage nié que là où on se refuse à voir les faits désagréables et la réalité de la vie dans sa dureté[77].

Dans cette optique, la notion de « neutralité axiologique », loin d'être fidèle à Weber, est le résultat d'une traduction problématique de « Wertfreiheit », utilisée dans les années 1960 comme un outil pour écarter les engagements politiques jugés trop radicaux, notamment pour discréditer les marxistes. Cette interprétation abusive s'écarte de l'intention originelle de Weber, qui visait à critiquer les enseignements teintés d'un conservatisme ou d'un nationalisme exacerbé. Selon Kalinowski, il ne s'agit pas de voir la « Wertfreiheit » comme un débat entre neutralité et engagement, selon Julien Freund (le traducteur original du recueil d'essais), mais plutôt comme la distinction entre propagande et ce qu'elle nomme « non-imposition des valeurs ». Le cœur de la question réside donc dans l'usage déloyal des valeurs par ceux qui, profitant de leur autorité académique, les présentent de manière biaisée[78],[79].

Dans Le danger sociologique, Gérald Bronner défend à nouveaux frais le concept de Wertfreiheit, en le traduisant par neutralité axiologique[80]. Ce livre a suscité des critiques diverses dans le monde académique[78],[81],[82].

Quelques thèmes développés par Max Weber modifier

Rationalisation modifier

Weber accorde une grande importance au processus de rationalisation du monde[83]. Pour lui, les principales civilisations du monde ont connu un processus de rationalisation, par lequel les actions et les représentations des hommes sont devenues plus systématiques et méthodiques. Toutefois, il lui semble que ce processus ait connu une direction spécifique en Occident.

Pour Weber, le monde occidental se caractérise, en effet, par une rationalisation orientée vers l'action pratique dans le monde, c'est-à-dire par une volonté de contrôle et de domination systématique de la nature et des hommes. Au cœur de ce rationalisme de l'action pratique, se trouve le capitalisme moderne, c'est-à-dire le système économique apparu en Occident à la fin du Moyen Âge, qui constitue, pour Weber, l'organisation économique la plus puissante et la plus rationnelle (au sens de la rationalité en finalité) dans la production de biens matériels.

Toutefois, si le rationalisme économique est la puissance dominante au sein de ce processus de rationalisation, celui-ci affecte l'ensemble des sphères de l'action, à commencer par les actions sociales élémentaires. En effet, pour Weber, la rationalisation a pour conséquence le développement des actions de type rationnelle en finalité, où buts et moyens sont sélectionnés en fonction de leur seule efficacité -et non de leur contenu moral, par exemple. Cela tend à rendre les relations sociales à la fois impersonnelles, instrumentales et utilitaires : dans leurs relations, les acteurs ne se considèrent que comme des moyens impersonnels dans la poursuite de fins.

Fortement lié à ce processus de rationalisation, est le phénomène de désenchantement du monde : pour Weber, le monde occidental se caractérise par la disparition de la croyance en la magie et, plus largement, par l'effacement de la croyance dans l'action de Dieu dans le monde. Les événements du monde sont considérés comme le pur produit de forces physiques, dont la compréhension est, en principe, toujours accessible à l'homme. Le monde en vient ainsi à être considéré comme dépourvu de sens, étant un pur mécanisme physique sans intention. Le désenchantement du monde a comme effet une vacance du sens[84] : la signification fondamentale du monde, de l'existence, a disparu pour l'homme moderne.

Dans son analyse du processus de rationalisation de l'Occident moderne, Weber insiste sur le fait que la transformation des dispositions mentales, ou ethos, des acteurs a joué un rôle crucial. La rationalisation de l'action naît avant tout de la modification des principes d'action (notamment éthiques) gouvernant la conduite de vie des hommes (comme le rappelle la citation de l'« Avant-propos » supra). Ainsi, dans son analyse de la naissance du capitalisme, Weber fait peu de place à la modification des moyens de production (ce qui constitue l'analyse de Marx) : pour lui, le capitalisme est principalement né de l'apparition d'une nouvelle éthique économique, trouvant son origine dans la religion protestante.

Capitalisme modifier

Couverture de l'édition originale de L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme.
John Calvin

Pour Max Weber, le capitalisme moderne, c'est-à-dire le capitalisme d'entreprises fondées sur l'utilisation rationnelle du travail libre (du salariat), est apparu en Occident grâce à un ensemble de pré-conditions structurelles : en particulier, la présence d'une classe rationnelle constituée par la bourgeoisie libre de la ville médiévale a occupé une place essentielle. Toutefois, pour Weber (en cela il s'oppose à Marx), les principales causes de l'émergence du capitalisme sont davantage éthiques et psychologiques que techniques ou économiques. Il estime ainsi que ce qui a été décisif dans la diffusion du capitalisme fut l'apparition d'une nouvelle morale économique, que Weber nomme « esprit du capitalisme ». Dans ce nouvel ethos économique, la conduite de vie des acteurs est dirigée par le principe selon lequel la finalité de l'existence est le travail dans le cadre d'une profession : le travail devient une fin en soi. C'est une fois que les acteurs eurent incorporé ce nouvel habitus, ou « esprit », que le capitalisme a trouvé sa force d'expansion fondamentale. « Le problème majeur de l'expansion du capitalisme moderne n'est pas celui de l'origine du capital, c'est celui du développement de l'esprit du capitalisme »[85].

Weber pense que l'origine de cet esprit se trouve dans l'ascèse du travail dans le monde qui a été au centre du protestantisme calviniste, et plus largement puritain. En effet, dans le puritanisme, le travail est la plus haute tâche que peut accomplir l'homme pour la gloire de Dieu et, surtout, le fidèle peut trouver dans sa réussite professionnelle la confirmation de son statut d'élu de Dieu. Weber estime que c'est dans la sécularisation de cette ascèse, en affinité élective avec l'« esprit du capitalisme », que le capitalisme a trouvé la force de vaincre le « monde de forces hostiles » qui s'opposait à lui.

Si les historiens de l'économie et les sociologues s'accordent sur la rupture intervenue au XVIe siècle avec les principes traditionnels de l'action économique telle que définie par la lecture thomiste d'Aristote, et reconnaissent l'apport des analyses de Weber[Note 1], ses conclusions historiques furent rapidement contestées. Ainsi, Werner Sombart a beaucoup insisté dès les années vingt sur l'influence juive, qui pouvait se manifester avec l'esprit de la Renaissance et la tolérance nouvelle à leur égard[86].

Peu avant sa mort, Weber en vient à considérer que le capitalisme installe, de façon cynique, une « cage d'acier » pour régir en vue du seul profit tous les aspects de la vie[87].

Sociologie de la religion modifier

Symboles représentant les différentes religions : Chrétiens, musulmans, hindous, bouddhistes, Juifs, Baha'is, Eckistes, Sikhs, Jains, Wiccans, UU's, Shintoïstes, Taoïstes, Thélémites, Tenrikyoïstes, Zoroïstes, Taoïstes, Thélémites, Tenrikyoïstes, Zoroastriens

Dans L'Éthique protestante et l'Esprit du capitalisme, Confucianisme et Taoïsme, Hindouisme et Bouddhisme, Le Judaïsme antique, Max Weber développe une véritable sociologie de la religion. Un recueil de textes sur ce thème, Sociologie des religions, a été publié par Gallimard en 1996.

Les trois principaux thèmes auxquels il s'intéresse sont la portée des idées religieuses sur les activités économiques, les rapports entre hiérarchies sociales et idées religieuses, et les caractéristiques spécifiques de la civilisation occidentale.

Son objectif était de trouver une explication aux évolutions différentes des cultures occidentales et orientales. Après ses recherches, Weber en vint à penser que les idées religieuses puritaines (et plus largement chrétiennes) avaient eu une portée considérable sur le développement du système économique en Europe et aux États-Unis, mais fit remarquer qu'elles n'avaient pas été les seules causes du développement. Les autres facteurs remarquables signalés par Weber sont le rationalisme de la recherche scientifique, les progrès conjoints des mathématiques, de l'enseignement universitaire et du droit, et l'esprit d'entreprise. Il conclut en écrivant que l'étude de la sociologie de la religion doit conduire à une meilleure compréhension d'un des principaux aspects de la civilisation occidentale, à savoir une certaine émancipation de l'explication magique du monde, un « désenchantement du monde » ; un chemin suivi entre autres par Marcel Gauchet, notamment dans Le Désenchantement du monde (1986).

Groupes sociaux modifier

Max Weber aborde les groupes sociaux par ce qu'ils ont de complémentaire. Au lieu de parler de communautés locales ou de sociétés générales, il montre les sentiments subjectifs grâce auxquels les humains construisent des communautés, et les règles rationnelles qui organisent les sociétés. Il appelle les premiers la communalisation et les seconds la sociation. Il établit que la majorité des liens sociaux sont mus de ces deux dynamiques. Par exemple, il existe une continuité entre le Moyen Âge et l'époque moderne, par des groupes tels que les guildes, les confréries, qui développent aussi bien les aspects de contrats, de défense des intérêts individuels (la sociation), et l'établissement de fraternités par des promesses personnelles (la communalisation). Il le décrit dans le cas de groupes tels les communautés monastiques et les unions jurées, et on retrouve ces développements dans La Ville, son ouvrage publié à titre posthume. Les villes occidentales sont des associations institutionnelles de bourgeois (communalisation), capable de former des juridictions (sociation)[88].

Réception et héritage modifier

Un quai tout blanc presque vide bordé d'une rangée de piliers.
La station Place Max-Weber du métro de Munich. Avril 2013.
Plaque commémorative Berlin

Réception de son œuvre modifier

La réception de l'œuvre de Max Weber n'a été que progressive, particulièrement en France. Sa stature ne s'impose, en Allemagne, qu'une dizaine d'années après sa mort, de même qu'aux États-Unis, notamment grâce au sociologue Talcott Parsons qui s'inspire de Weber dans sa théorisation de l'action sociale et qui traduit L'Éthique protestante et l'Esprit du capitalisme en anglais.

En France, la domination de l'école durkheimienne avant la première guerre mondiale, puis, après guerre, la prégnance de la pensée marxiste, permettent d'expliquer la lenteur de la réception d'une œuvre qui était, pour une large part, en opposition avec ces deux courants de pensée. C'est essentiellement à Raymond Aron que l'on doit (en majeure partie grâce à son ouvrage La sociologie allemande contemporaine paru en 1935) la découverte, en France, de Max Weber. Depuis, l'œuvre n'a cessé d'exercer son influence sur l'ensemble de la sociologie française : ainsi, des figures aussi opposées que celle de Raymond Boudon et de Pierre Bourdieu s'en réclament. Les traductions françaises, longtemps lacunaires et de mauvaise qualité, ont connu, depuis la décennie 2000, un fort développement, notamment sous l'impulsion du traducteur Jean-Pierre Grossein qui a proposé, en 2003, une nouvelle traduction de L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme. On peut voir, dans cette activité éditoriale, l'importance toujours croissante et l'actualité jamais démentie d'une pensée sociologique de premier plan.

Influences philosophiques modifier

Karl Marx

La philosophie contemporaine, notamment l'École de Francfort, a été marquée par sa caractérisation de la modernité comme rationalisation de la vie.

Par les travaux de Catherine Colliot-Thélène, les lectures de Weber ne sont plus perçues comme anti-Marx. On sait que Weber a en effet lu Marx. Dans son Max Weber et l’Histoire, elle cite entre autres une confidence faite par Max Weber peu avant sa mort à un de ses amis : « La sincérité d’un intellectuel aujourd’hui, singulièrement d’un philosophe, peut se mesurer à la façon dont il se situe par rapport à Nietzsche et à Marx. Celui qui ne reconnaît pas que sans le travail de ces deux auteurs, il n’aurait pu mener à bien une grande partie de son travail se dupe lui-même et dupe les autres. Le monde intellectuel dans lequel nous vivons a été en grande partie formé par Marx et Nietzsche. ». Le chapitre 2 de cet ouvrage fait le point sur « Max Weber et le marxisme ». On trouve déjà chez Bourdieu cette idée que Weber peut être lu comme une prolongation de Marx[89].

Sa sociologie politique, en particulier sa définition de l'État moderne comme groupement politique détenant le monopole de la violence physique légitime, exerce toujours une influence considérable sur la pensée politique moderne.

Héritage modifier

Logo de l'Association internationale de sociologie

En 1998, l'Association internationale de sociologie a classé Économie et société 1er et L'Éthique protestante et l'Esprit du capitalisme 4e sur la liste des livres de sociologie les plus importants du XXe siècle[90].

Œuvres modifier

Selon l'ordre chronologique de leur édition en français :

  • Le Savant et le Politique (1917 et 1919), préface de Raymond Aron et traduction par Julien Freund, Plon, 1959; nouvelle traduction par Catherine Colliot-Thélène (également auteur de la préface et des notes), La Découverte/poche 2003 ; nouvelle traduction de la seule conférence "Politik als Beruf" par Olivier Mannoni dans Max Weber, Faire de la politique, Payot, coll. "Petite Bibliothèque Payot", 2024.
  • L'Éthique protestante et l'Esprit du capitalisme (1904-1905), traduction par Jacques Chavy, Plon, 1964 ; nouvelles traductions par Isabelle Kalinowski, Flammarion 2000 ; Jean-Pierre Grossein, Gallimard 2003.
  • Essais sur la théorie de la science (1904-1917), traduction partielle par Julien Freund, Plon, 1965; édition de poche, Pocket, 1992.
  • Le Judaïsme antique (1917-1918), traduction par Freddy Raphaël, Plon, 1970 - rééd. Flammarion, 2010
  • Max Weber (trad. Julien Freund), Économie et Société : Les Catégories de la sociologie, Paris, Plon, (réimpr. 1995 et 2003) (1re éd. 1921 posthume), XXII-651 p. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • La ville (extrait du tome 2 d'Économie et société), traduction par Philippe Fritsch, Aubier, 1982. L'intégralité du tome 2 est éditée chez Pocket en 2003 (sous-titre : L'organisation et les puissances de la société dans leur rapport avec l'économie), rééd. Les Belles lettres, 2013 et La Découverte, 2014.
  • Histoire économique générale (posthume, 1923), traduction Christian Bouchindhomme, Gallimard, 1991.
  • Sociologie des religions, textes choisis, traduits et introduits par Jean-Pierre Grossein, Gallimard, 1996
  • Sociologie de la musique. Les fondements rationnels et sociaux de la musique (posthume 1921), traduction Jean Molino et Emmanuel Pedler, Anne-Marie Métailié, 1997.
  • Économie et société dans l'Antiquité (1909), introduction de Hinnerk Bruhns, traduction par Catherine Colliot-Thélène et Françoise Laroche, La Découverte, 1998.
  • Confucianisme et taoïsme (1916), traduction par Catherine Colliot-Thélène et Jean-Pierre Grossein, Gallimard, 2000.
  • Hindouisme et bouddhisme (1916), traduction par Isabelle Kalinowski et Roland Lardinois, Flammarion, 2003.
  • Rudolf Stammler et le Matérialisme historique - Aux origines de la sociologie wébérienne, traduction Michel Coutu, Éditions du Cerf, 2003
  • Œuvres politiques (1895-1919), présentation par Elisabeth Kauffmann, introduction de Catherine Colliot-Thélène, traduction par Elizabeth Kauffmann, Jean-Philippe Mathieu et Marie-Ange Roy, Albin Michel, 2004.
  • Sociologie de la religion, traduit et présenté par Isabelle Kalinowski, Champs-Flammarion, 2006.
  • Sociologie du droit, préface de Philippe Raynaud, traduction Jacques Grosclaude, P.U.F., 2007; réédition Quadrige, 2013.
  • La Bourse (trad. Pierre de Larminat), Paris, Allia, , 160 p. (ISBN 9791030410327)
  • Sur le travail industriel, traduction inédite par Paul-Louis van Berg, Editions de l’Université de Bruxelles, 2012.
  • La Domination (1914), traduction inédite par Isabelle Kalinowski, Paris, La Découverte, 2014
  • Concepts fondamentaux de sociologie, textes choisis, traduits et introduits par Jean-Pierre Grossein, Gallimard, 2016. (ISBN 978-2-07-078528-5)
  • Les Communautés, traduction Catherine Colliot-Thélène et Élisabeth Kauffmann, Paris, La Découverte, 2019.
  • L'"Esprit" du capitalisme, suivi de : Le fantôme dans la machine financière (par Arjun Appadurai), Paris, Payot, coll. "Petite Bibliothèque Payot", 2019.
  • Faire de la politique (1919), traduction par Olivier Mannoni, Paris, Payot, coll. "Petite Bibliothèque Payot", 2024.

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Ainsi l'historien Pierre Chaunu écrit-il dans L'Aventure de la Réforme (Bruxelles, Complexe, 1991, p. 157) : « Qui contestera la thèse de Max Weber ? Qui niera que la carte de la Réforme décalque celle de la révolution industrielle, des hautes performances intellectuelles, des économies florissantes, des États de droit ? »

Références modifier

  1. Prononciation en français de France retranscrite selon la norme API.
  2. Prononciation en allemand standard (haut allemand) retranscrite selon la norme API.
  3. a b c et d Lallement (2000), p. 183.
  4. Delas et Milly (2015), p. 180.
  5. Durand et Weil (1997), p. 64.
  6. a b c d e f et g Delas et Milly (2015), p. 181.
  7. Colliot-Thélène (2014), p. 11.
  8. Durand et Weil (1997), p. 56.
  9. a et b Colliot-Thélène (2014), p. 16-17.
  10. Aron (1967), p. 499.
  11. Colliot-Thélène (2014), p. 16-32.
  12. Delas et Milly (2015), p. 188-197.
  13. Campenhoudt et Marquis (2000), p. 138.
  14. Campenhoudt et Marquis (2000), p. 140-142.
  15. Campenhoudt et Marquis (2000), p. 148.
  16. Delas et Milly (2015), p. 189.
  17. Delas et Milly (2015), p. 192.
  18. Colliot-Thélène (2014), p. 27.
  19. Colliot-Thélène (2014), p. 61.
  20. Delas et Milly (2015), p. 196.
  21. Riutort (2020), p. 55-62.
  22. Martuccelli (1999), p. 193 et suivantes.
  23. Campenhoudt et Marquis (2000), p. 138 et suivantes.
  24. Lallement (2000), p. 199.
  25. Durand et Weil (1997), p. 62.
  26. Martuccelli (1999), p. 187.
  27. Martuccelli (1999), p. 188.
  28. a et b Colliot-Thélène (2014).
  29. Delas et Milly (2015).
  30. Riutort (2020).
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  38. Colliot-Thélène (2014), p. 12 et 18.
  39. Meir (2016), p. 251-252.
  40. Max Weber, « Enquête sur la situation des ouvriers agricoles à l'Est de l'Elbe. Conclusions prospectives », Actes de la recherche en sciences sociales, no 65,‎ , p. 65-68
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  42. a et b Colliot-Thélène (2014), p. 27 et 50.
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  78. a et b Roland Pfefferkorn, « L’impossible neutralité axiologique: Wertfreiheit et engagement dans les sciences sociales », Raison présente, vol. N° 191, no 3,‎ , p. 85–96 (ISSN 0033-9075, DOI 10.3917/rpre.191.0085, lire en ligne, consulté le )
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  80. Gérald Bronner et Étienne Géhin, Le danger sociologique, PUF, (ISBN 978-2-13-075024-6)
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  83. Françoise Mazuir, Le processus de rationalisation chez Max Weber, Sociétés, no 86, De Boeck, 2004
  84. « Le désenchantement du monde, ce n'est pas donc pas seulement la négation de l'interférence du surnaturel dans l'ici-bas, mais aussi : la vacance du sens », C. Colliot-Thélène, Max Weber et l'histoire, PUF, 1990, p. 66.
  85. L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme, Pocket, 1990, p. 71.
  86. Werner Sombart, Les juifs et l'activité économique, trad. Jankélévitch, 1923, Payot depuis Die Juden und das Wirtschaftsleben (1911)
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  88. Otto Oexle et Florence Chaix, « Les groupes sociaux du Moyen Âge et les débuts de la sociologie contemporaine », Annales, vol. 47, no 3,‎ , p. 751-765 (DOI 10.3406/ahess.1992.279071, lire en ligne, consulté le )
  89. Compte-rendu de l’intervention de Florence WEBER Histoire des usages français de Max Weber, 18 avril 2006
  90. (en) « Books of the century », sur International Sociological Association, (consulté le )

Voir aussi modifier

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Il existe une catégorie consacrée à ce sujet : Max Weber.

Bibliographie modifier

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Principales références utilisées pour la rédaction de cet article modifier

  • [Aron 1967] Raymond Aron, Les Étapes de la pensée sociologique, Paris, Gallimard, , 663 p. (ISBN 978-2-07-029518-0). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • [Campenhoudt et Marquis 2020] Luc Campenhoudt et Marquis Nicolas, Cours de sociologie, Paris, Dunod, , 2e éd., xii+351 (ISBN 9782100793075, SUDOC 244866546). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • [Colliot-Thélène 2014] Catherine Colliot-Thélène, La sociologie de Max Weber, Paris, Nathan, , 125 p. (ISBN 978-2-7071-7825-1). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • [Delas et Milly 2021] Jean-Pierre Delas et Bruno Milly, Histoire des pensées sociologiques., Paris, Armand Colin, , 5e éd., 573 p. (ISBN 978-2-200-62803-1). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • [Durand et Weil 1997] Jean Pierre Durand et Robert Weil, Sociologie contemporaine, Paris, Vigot, , 775 p. (ISBN 9782711419982). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • [Fondu 2020] Guillaume Fondu, Découvrir Weber., Paris, Les Éditions sociales, , 198 p. (ISBN 978-2-35367-069-7). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • [Lallement 2000] Michel Lallement, Histoire des idées sociologiques : des origines à Weber, Paris, Nathan, , 2e éd., 238 p. (ISBN 978-2-09-191074-1). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • [Martuccelli 1999] Danilo Martuccelli, Sociologies de la modernité : L'itinéraire du XXe siècle, Paris, Gallimard, , 709 p. (ISBN 978-2-07-041050-7). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • [Riutort 2020] Philippe Riutort, Les classiques de la sociologie, Paris, PUF, , 258 p. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • [Rocher 1968a] Guy Rocher, Introduction à la sociologie : 1. L'action sociale, Paris, Editions H.M.H, , 187 p. (ISBN 978-2-02-000588-3). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • [Trémoulinas 2006] Alexis Trémoulinas, Sociologie des changements sociaux, Paris, La Découverte, coll. « Repères », , 121 p. (ISBN 978-2-7071-4628-1). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.

Autres références modifier

Ouvrages en français sur Max Weber modifier

  • Raymond Aron, La Sociologie allemande contemporaine (1935), PUF, 2007 (ISBN 978-2-13-055000-6).
  • François Bafoil, Max Weber. Réalisme, rêverie et désir de puissance, Hermann, 2018.
  • Catherine Colliot-Thélène, La sociologie de Max Weber, Paris, Nathan, , 125 p. (ISBN 978-2-7071-7825-1). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Catherine Colliot-Thélène, Max Weber et l'histoire, PUF, 1990.
  • Catherine Colliot-Thélène, Le Désenchantement de l’État: de Hegel à Max Weber, Paris, Éditions de Minuit, coll. « Philosophie », 1992, 270 p. (ISBN 2-7073-1430-7).
  • Catherine Colliot-Thélène, Études wébériennes, PUF, 2001.
  • Annette Disselkamp, L’Éthique protestante de Max Weber, PUF, 1994.
  • Guillaume Fondu, Découvrir Weber., Paris, Les Éditions sociales, , 198 p. (ISBN 978-2-35367-069-7). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Julien Freund, Sociologie de Max Weber, PUF, 1966.
  • Wilhelm Hennis, La Problématique de Max Weber, PUF, 1996 (ISBN 2-13-046650-8).
  • Monique Hirschhorn, Max Weber et la sociologie française,Paris, L'Harmattan, 1988.
  • Dirk Kaesler, Max Weber. Sa vie, son œuvre, son influence, Fayard, 1996.
  • Stephen Kalberg, La Sociologie historique comparative de Max Weber , trad. Hervé Maury révisée par Alain Caillé, Paris, La Découverte/M.A.U.S.S., 2002.
  • Michel Lallement, Tensions majeures. Max Weber, l'économie, l'érotisme, Paris, Gallimard, 2003.
  • Michael Löwy, Max Weber et les paradoxes de la modernité, (dir.), Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Débats philosophiques », 2012. (ISBN 978-2-13-058783-5)
  • Michael Löwy, La Cage d'acier : Max Weber et le marxisme wéberien, Paris, éditions Stock, coll. « Un ordre d'idées », 2013. (ISBN 978-2-234-07022-6)
  • Karl Löwith, Max Weber et Karl Marx, trad. Marianne Dautrey, Paris, Payot, 2009. (ISBN 978-2-228-90487-2)
  • Jérôme Maucourant, « Max Weber et le néomodernisme », Cahiers du centre de recherches historiques, 2004, (consulté le 18 mars 2023)
  • Philippe Raynaud, Max Weber et les dilemmes de la raison moderne, Paris, Presses Universitaires de France, 1987.
  • Jean-Marie Vincent, Max Weber ou la démocratie inachevée, Paris, Le Félin, 1998 ; rééd. 2009. (ISBN 978-2-86645-705-1)

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