Mehmed Handzić

journaliste bosnien

Hadji Mehmed Handžić, né le à Sarajevo, et mort le dans la même ville, est un érudit musulman, théologien, journaliste et homme politique bosniaque. Handžić est le chef du mouvement de renouveau islamique en Bosnie et le fondateur de l'association religieuse El-Hidaje. Il fut l'un des auteurs de la Résolution des musulmans de Sarajevo et président du Comité de salut national.

Mehmed Handžić
Biographie
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Organisation
El-Hidaje
Religion

Handžić est né à Sarajevo, où il effectue ses études primaires et secondaires. Il s'inscrit ensuite à l'Université Al-Azhar en Égypte, où il écrit ses premiers ouvrages. Après avoir obtenu son diplôme d'Al-Azhar, il retourne en Bosnie, où il devient professeur puis directeur de la Médersa de Gazi Husrev-bey. En 1936, il cofonde l'association El-Hidaje, qui regroupe des intellectuels du courant revivaliste. Il devient ensuite rédacteur en chef du journal de l'association et en est élu président en 1939.

Sa carrière politique commence avec sa candidature aux élections législatives yougoslaves de 1938. Un an plus tard, il participe à la création du Mouvement pour l'autonomie de la Bosnie-Herzégovine et rejoint sa direction. Lorsque les puissances de l'Axe envahissent la Yougoslavie en avril 1941, elles établissent un gouvernement fantoche (État indépendant de Croatie) auquel Handžić prête allégeance. Il retire son soutien quelques mois plus tard et initie l'adoption de la Résolution des musulmans de Sarajevo, condamnant les crimes de guerre commis par l'État indépendant de Croatie. Handžić devient ensuite président du Conseil de Salut National, créé pour organiser la défense et l'aide aux musulmans de Bosnie. Il meurt le lors d'une opération médicale de routine à l'hôpital de Koševo.

Jeunesse et éducation

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Mehmed Handžić naît en 1906 à Sarajevo, au sein d'une influente famille bosniaque[1]. Il reçoit son éducation primaire au sein de sa famille et dans un mekteb local. La Société Gajret (en) lui accorde une bourse pour des études de médecine, en reconnaissance de son statut de meilleur élève de sa promotion au Lycée musulman[1]. Cependant, en 1926, il choisit de s'inscrire à l'université al-Azhar en Égypte, où il est considéré comme l'un des meilleurs étudiants et souvent appelé « cheikh ». De nombreux professeurs de l'université sollicitent ses avis sur diverses questions[1].

Handžić se distingue dans les domaine de la science du hadith et de la tradition islamique. Il rédige en arabe l'ouvrage Al Jewhar al asna fi tarajim 'ulama' wa shu'ra' al-Bosna pendant ses études à Al-Azhar. Cet ouvrage, qui traite des réalisations intellectuelles des Bosniaques dans l'histoire[1], est publié en plusieurs éditions et traduit en bosnien par le professeur Mehmed Kico[2]. Pendant son séjour à Al-Azhar, Handžić est en contact avec les Frères musulmans, ce qui lui fait développer une vision plus politique de l'islam que la plupart des oulémas bosniaques[3]. Il obtient son diplôme en droit islamique en 1931, puis effectue le pèlerinage du Hajj avant de retourner en Bosnie[1].

Carrière académique

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Couverture de Al Jewhar al asna fi tarajim 'ulama' wa shu'ra' al-Bosna, une œuvre en arabe rédigée par Handžić lors de ses études au Caire [4].

Handžić devient professeur à la médersa de Gazi Husrev-bey, dont il est nommé directeur en 1932[5]. Il y enseigne la langue arabe ainsi que les disciplines du tafsir, du hadith et du fiqh[6]. En parallèle, il collabore avec plusieurs journaux islamiques et s'investit dans diverses activités au sein des associations musulmanes en Bosnie[2]. En 1931 ou 1932, il initie la réouverture d'une khanqah à Bentbaša[7]. En 1933, il est élu au comité de l'organisation caritative musulmane Merhamet. L'année suivante, il rédige un livret intitulé Vasijjetnama (en français : Testament) et en fait don de tous les revenus à Merhamet[6].

En 1937, Handžić devient conservateur en chef de la bibliothèque Gazi Husrev-beg[5], où il crée un nouveau catalogue et examine 3 240 manuscrits[6]. En 1939, il est nommé professeur à l'École supérieure de théologie islamique de la charia, où il enseigne le fiqh et le tafsir[6].

Handžić est également le leader d'un mouvement de renouveau islamique en Bosnie, qui cherche à revenir à ce qu'il considère comme l'islam traditionnel, s'opposant à une interprétation libre du Coran ou à une acceptation facile de la modernité européenne. Le 8 mars 1936, Handžić fonde, avec ses associés, l'association El-Hidaje (Le Droit Chemin), qui rassemble des savants religieux, des müderris, des imams et d'autres intellectuels du courant réformiste[6],[5],[8]. L'association lance également un journal du même nom en décembre 1936, dont Handžić devient rédacteur en chef en août 1937[9]. Il est élu président de l'association en 1939[5]. Sous sa direction, El-Hidaje passe d'une organisation représentant le corps des oulémas[10], en la principale organisation du mouvement de renouveau islamique, destinée à rassembler tous les musulmans de Bosnie[3].

Œuvres écrites

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La majorité des travaux de Handžić portent sur la tradition et l'éthique islamiques. À la fin des années 1930, il rédige plusieurs courts commentaires coraniques en arabe. En 1941, il écrit un manuel intitulé Introduction à la science du Tafsīr[N 1]. Ce manuel est toujours utilisé comme ouvrage principal pour les matières liées au tafsir dans les lycées religieux de Bosnie[11].

Notes et références

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  1. Bosnien: Uvod u tefsirsku nauku

Références

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  • a b c d et e Fazlic 2015, p. 433.
  • a et b Karić 2016, p. 389.
  • a et b Bougarel 2017, p. 49.
  • Busuladžić 1942, p. 175.
  • a b c et d Bougarel 2017, p. 48.
  • a b c d et e Fazlic 2015, p. 434.
  • Algar 1994, p. 266.
  • Karić 2016, p. 390.
  • Cetin 2010, p. 77.
  • Bougarel 2017, p. 22.
  • Mekić 2016, p. 75.
  • Bibliographie

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    Ouvrages

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    • Xavier Bougarel, Islam in inter-war Europe, New York, Columbia University Press, (ISBN 9780231701006, lire en ligne), « Farewell to the Ottoman Legacy? Islamic Reformism and Revivalism in Inter-war Bosnia-Herzegovina »
    • Xavier Bougarel, Islam and Nationhood in Bosnia-Herzegovina: Surviving Empires, Bloomsbury Academic, (ISBN 9781350003590, lire en ligne)
    • Marko Attila Hoare, The Bosnian Muslims in the Second World War: A History, New York, Oxford University Press, (ISBN 9780199327850, lire en ligne)
    • David Motadel, Islam and Nazi Germany's War, Harvard University Press, (ISBN 9780674724600, lire en ligne)
    • Sejad Mekić, A Muslim Reformist in Communist Yugoslavia: The Life and Thought of Husein Đozo, Taylor & Francis, (ISBN 9781315525839, lire en ligne)

    Articles

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    • (bs) Enes Karić, « Mehmed Handžić − alim koji je širio povjerenje u tradiciju », Godišnjak Bošnjačke zajednice kulture »Preporod«, no 1,‎ , p. 389–392 (lire en ligne)
    • Onder Cetin, « 1941 Resolutions of El-Hidaje in Bosnia and Herzegovina as a Case of Traditional Conflict Transformation », European Journal of Economic and Political Studies, vol. 3, no 2,‎ (lire en ligne)
    • Hamid Algar, « Persian literature in Bosnia-Herzegovina », Journal of Islamic Studies, vol. 5, no 2,‎ , p. 254–267 (DOI 10.1093/jis/5.2.254, lire en ligne)
    • (it) Mustafa Busuladžić, « Lo scrittore Hadži Mehmed Handžić di Sarajevo », Oriente Moderno, Istituto per l'Oriente C. A. Nallino, vol. 22, no 4,‎ , p. 171–178 (JSTOR 25811096, lire en ligne)
    • David Motadel, « The 'Muslim Question' in Hitler's Balkans », The Historical Journal, Cambridge University Press, vol. 56, no 4,‎ , p. 1007–1039 (DOI 10.1017/S0018246X13000204, JSTOR 24528859, S2CID 155659793, lire en ligne)
    • Hazim Fazlic, « Modern Muslim Thought in the Balkans: The Writings of Mehmed ef. Handžić in the El-Hidaje Periodical in the Context of Discrimination and Genocide », Journal of Muslim Minority Affairs, vol. 35, no 3,‎ , p. 428–449 (DOI 10.1080/13602004.2015.1081790, S2CID 143308974, lire en ligne)