Merlin (roman)

roman arthurien en vers de Robert de Boron

Merlin est un roman écrit à la fin du XIIe siècle et au début du XIIIe siècle, attribué à Robert de Boron, racontant la naissance diabolique et la vie de Merlin. L'œuvre se compose d'un poème en vers incomplet et de son adaptation en prose.

Merlin
Image illustrative de l’article Merlin (roman)
Merlin dictant ses prophéties à Blaise,
enluminure du XIIIe siècle.

Auteur Robert de Boron
Pays France
Genre roman
Version originale
Langue ancien français
Version française
Date de parution XIIIe siècle
Chronologie

Un fragment d'une version primitive, longue de 502 vers, nous est connu par un manuscrit de la fin du XIIe siècle, interrompu au milieu d'une phrase, gardé à la Bibliothèque nationale de France (cote fr. 20047)[1], qui contient aussi l'intégralité du texte de Joseph d'Arimathie. Contrairement à celui-ci, Merlin n'est pas signé.

Le roman en prose, rédigé au début du XIIIe siècle est directement inspiré de ce poème, mais son attribution à Robert de Boron est incertaine. Il fait partie, avec Joseph d'Arimathie et le Perceval en prose, d'une trilogie appelée « Petit cycle du Graal ». Il est connu par plusieurs manuscrits conservés en France et à l'étranger[2],[3].

Le Merlin de (pseudo-)Robert de Boron a fait l'objet de deux suites, dites « suite historique » et « suite romanesque » (ou « suite Huth »), destinées à le raccrocher au Lancelot-Graal[4].

Histoire

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Le récit raconte la vie et l’œuvre de Merlin. Il débute par sa naissance diabolique : l'enchanteur y est décrit comme le fils d'un incube (assimilé à Satan) et d'une vierge[5]. Le roman introduit la figure de Blaise, scribe et confident de Merlin après avoir été le confesseur de sa mère. Merlin dicte à Blaise le Livre du Graal. Merlin use ensuite de son don de prophétie auprès des rois bretons Vortigern et Uther Pendragon. Pour ce dernier, Merlin crée la Table ronde, en souvenir de la Table de la Cène et de celle fondée par Joseph d’Arimathie, et choisit les chevaliers qui y siègent[6]. Il métamorphose Uther pour abuser d’Ygerne et concevoir Arthur, puis confie l'enfant à Antor. Arthur obtient son trône en tirant une épée d'une enclume posée sur un socle en pierre. Le magicien y rencontre Viviane, dont il tombe éperdument amoureux. Il lui enseigne la magie, qu'elle finira par utiliser contre lui. Merlin se retrouve enfermé pour l'éternité.

Robert de Boron s'inspire de différentes sources plus anciennes, sans réadapter directement Wace ni Geoffroy de Monmouth[7]. Il est celui qui donne véritablement toute son importance au personnage dans le cycle arthurien[8], et qui lie les deux traditions britanniques, celle de l'enfant prophète sans père et celle de l'homme sauvage[5].

Références

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  1. Richard O'Gorman, « La tradition manuscrite du Joseph d'Arimathie en prose de Robert de Boron », Revue d'Histoire des Textes, no 1,‎ , p. 145-181 (ISSN 2507-0185)
  2. Alexandre Micha, « Les manuscrits du Merlin en prose de Robert de Boron », Romania, vol. 79, no 313,‎ , p. 78-94 (lire en ligne)
  3. Alexandre Micha, « Les manuscrits du Merlin en prose de Robert de Boron (suite) », Romania, vol. 79, no 314,‎ , p. 145-174 (lire en ligne)
  4. La suite du roman de Merlin (trad. Stéphane Marcotte), Paris, Honoré Champion, , 944 p. (ISBN 978-2-7453-1178-8).
  5. a et b Nicolas Koberich, Merlin, l'enchanteur romantique, Paris, L'Harmattan, coll. « Littératures comparées », , 472 p. (ISBN 978-2-296-06762-2 et 2-296-06762-X, lire en ligne)
  6. (en) Peter Goodrich et Norris J. Lacy, Merlin : A Casebook, vol. 7 de Arthurian Characters and Themes Series, Garland Science, , 400 p. (ISBN 0-203-50306-6 et 9780203503065)
  7. Claude Letellier et Denis Hüe, Le Roman de Brut, entre mythe et histoire, vol. 47 de Medievalia, Paradigme, 2003, (ISBN 2868782396 et 9782868782397), p. 83
  8. Philippe Walter, Merlin ou le savoir du monde, Paris, Imago, , 198 p. (ISBN 2-911416-40-6 et 978-2911416408)

Bibliographie

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  • Paulin Paris, Les Romans de la Table ronde, vol. 2 : Merlin, Artus, Paris, Léon Techener, (lire en ligne)
  • Gaston Paris et Jacob Ulrich, Merlin, roman en prose du XIIIe siècle, Librairie Firmin Didot, , 396 p. (lire en ligne)
    avec la mise en prose du poème de Merlin de Robert de Boron d'après le manuscrit appartenant à M. Alfred H. Huth.
  • Daniel Poirion (dir.) et Philippe Walter (dir.), Le livre du Graal : Joseph d'Arimathie - Merlin - Les Premiers Faits du roi Arthur, t. 1, Paris, Gallimard, coll. « La Pléiade », , 1918 p. (ISBN 2-07-011342-6 et 978-2070113422)
    contient le texte original en ancien français et la traduction.
  • Le Roman de l'Estoire dou Graal (Le roman de l'histoire du Graal) (1190-1199), Paris, William A. Nitze, coll. « Classiques Français du Moyen Âge »,
  • Robert de Boron, Merlin : roman du XIIIe siècle, Genève, Droz, coll. « Textes Littéraires Français » (no 281), (1re éd. 1979), LXXIV - 342 p. (ISBN 978-2-600-00428-2, lire en ligne)
    les versions en vers et en prose éditées par Alexandre Micha.
  • Alexandre Micha, Étude sur le Merlin de Robert de Boron : roman du XIIIe siècle, vol. 151 de Publications romanes et françaises, Droz, , 239 p. (ISBN 2-600-00447-5 et 9782600004473, ISSN 0079-7812, lire en ligne)
  • Histoire de Merlin de Robert de Boron, 16 miniatures de la main du maître de Charles de Francepour Jean-Louis de Savoie, vers 1481-1482, complété vers 1482-1486 de 20 miniatures inachevées par Jean Colombe, vers 1482-1486, BNF, Fr.91