Meurtre à Sasebo en 2004
Le meurtre commis à Sasebo en 2004 (佐世保小6女児同級生殺害事件, Sasebo shōroku joji dōkyūsei satsugai jiken )[1], également connu sous le nom de meurtre Nevada-tan, est le meurtre d'une écolière japonaise de 12 ans, Satomi Mitarai (御手洗 怜美, Mitarai Satomi ) , par une camarade de classe de 11 ans appelée « Girl A »[2][note 1].
Le meurtre s'est produit le 1er juin 2004 dans une école primaire de la ville de Sasebo dans la préfecture de Nagasaki. Le meurtrier a tranché la gorge et les bras de Mitarai avec un cutter[3].
Les réactions furent nombreuses, des mèmes sur internet firent leur apparition ainsi que des débats sur l'abaissement de l'âge de la responsabilité pénale au Japon. Le nom du tueur n'a pas été communiqué à la presse, il fut nommé "Girl A" (mais il a été accidentellement révélé), conformément aux procédures judiciaires japonaises interdisant l'identification des délinquants juvéniles[4]. Le bureau des affaires juridiques du district de Nagasaki a mis en garde les internautes contre la divulgation de ses photos[5]. Cependant, le nom de la jeune fille a été accidentellement révélé lors d'une émission de Fuji TV et des membres de la communauté Internet japonaise 2channel ont rendu publique son identité le 18 juin 2004, sur la base de l'analyse d'une image diffusée à la télévision[6],[7].
Meurtre
modifierLe 1er juin 2004, une écolière de 11 ans, surnommée "Girl A", a assassiné sa camarade de classe de 12 ans, Satomi Mitarai, dans une salle de classe vide pendant l'heure du déjeuner à l'école primaire d'Okubo à Sasebo, préfecture de Nagasaki[8]. La fille A est retournée dans sa classe, ses vêtements couverts de sang[9]. Le professeur des filles remarqua leur disparition, puis trouva le corps de la jeune fille et appela la police[10].
Après avoir été placée en garde à vue, la fille A aurait avoué le crime en disant "je suis désolée, je suis désolée" à la police[11]. Elle passa la nuit au poste de police, pleurant souvent et refusant de manger. La fille A n'a initialement mentionné aucun motif pour le meurtre[12]. Peu de temps après, elle a avoué à la police qu'elle et Mitarai s'étaient disputées à la suite de messages laissés sur Internet[13]. La fille A a affirmé que Mitarai l'avait calomniée [14] en commentant son poids et en la traitant de "goody-goody".
Le 15 septembre 2004, un tribunal de la famille japonais décida d'institutionnaliser la fille A, mettant de côté son jeune âge en raison de la gravité du crime[15]. Elle fut envoyée dans une maison de correction dans la préfecture de Tochigi[16]. Le tribunal de la famille de Nagasaki a initialement condamné la fille A à deux ans d'engagement involontaire, mais la peine a été prolongée de deux ans en septembre 2006, à la suite d'une évaluation psychologique[16]. Le 29 mai 2008, les autorités locales ont annoncé qu'elles ne demandaient pas de peine supplémentaire[17].
En raison de certains troubles (problème de communication et d'intérêts obsessionnels), la fille A a été diagnostiquée du syndrome d'Asperger[18] à la suite du meurtre.
Réactions
modifierLe meurtre a provoqué un débat au Japon sur la question de savoir si l' âge de la responsabilité pénale, abaissé de 16 à 14 ans en 2000 en raison des meurtres d'enfants de Kobe en 1997, devait être à nouveau abaissé[19]. La fille A était considérée comme une enfant normale et bien adaptée avant l'incident[20], ce qui a rendu le public plus anxieux[21].
Des membres de la Diète japonaise, tels que Kiichi Inoue et Sadakazu Tanigaki, ont été critiqués pour des commentaires faits à la suite du meurtre[22]. Inoue a été critiquée pour avoir qualifié la fille A de genki (vigoureux, vif), un mot aux connotations positives[23]. Tanigaki a été critiqué pour avoir qualifié la méthode de meurtre, l'égorgement, d'acte "viril"[24].
La fille A est devenue le sujet d'un mème Internet sur les communautés Web japonaises telles que 2channel. Elle a été surnommée "Nevada-tan" parce qu'une photo de classe montrait une fille qu'on croyait être elle portant un sweat-shirt de l'Université du Nevada à Reno[25], "-tan" étant une prononciation enfantine du suffixe honorifique japonais "-chan", généralement utilisé pour désigner les jeunes filles.
Akio Mori a cité ce cas à l'appui de sa théorie controversée du " cerveau du jeu "[26], qui a été critiquée comme n'étant rien de plus qu'une superstition[27]. La fille A aurait été fan de l'animation flash sur le thème de la mort "Red Room"[28], une affirmation utilisée à l'appui de la théorie. On savait également que la fille A avait lu le roman controversé Battle Royale et avait vu son adaptation cinématographique, qui se concentre sur de jeunes étudiants se battant jusqu'à la mort[29].
Lors de la remise des diplômes de l'école élémentaire d'Okubo le 18 mars 2005, les élèves ont reçu un album de fin d'études avec une page vierge en l'honneur de la mort de Mitarai. Sur cette feuille, ils pouvaient mettre des photos de Mitarai, la fille A ou des photos de classe contenant les deux filles[30]. Mitarai a reçu à titre posthume un certificat de fin d'études, que son père a accepté en son nom. La fille A a également reçu un certificat, car il en faut un au Japon pour entrer au collège. L'école pensait que cela l'aiderait à « se réintégrer dans la société[31] ».
Références
modifier- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Sasebo slashing » (voir la liste des auteurs).
- Girl A being a common pseudonym used for juvenile girls involved in criminal cases in Japan.
- (en) « Japanese schoolgirl kills classmate », sur The Sydney Morning Herald, (consulté le )
- (en) « Japanese girl accused of killing classmate », sur The Independent, (consulté le )
- (en) « Girl says internet spat prompted slaying », sur China Daily, (consulté le )
- (en) « Japanese girl stabbed to death in school », sur China Daily, (consulté le )
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- Haruto Satō, Hanzai Kogal, , 11, 46, 29
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- (en) « Sixth-grader kills her classmate, 12 », sur The Japan Times, (consulté le )
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- (en) James Brooke, « Internet Messages Cited In Girl's Killing », sur The New York Times, (consulté le )
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- (en) « 11-year-old killer institutionalized » [archive du ], sur The Japan Times, (consulté le )
- (en) « Girl who fatally stabbed classmate to have freedom restrictions lifted », sur Mainichi Daily News, (consulté le )
- (ja) Atsuko Kusanagi, 追跡!「佐世保小六女児同級生殺害事件」 [« Tracked down! (The case of the Homicide Committed by a Sasebo Elementary Grade 6 Girl Against Her Classmate) »], Japon, Kodansha, , 93–110, 214–228 (ISBN 4-06-213041-6), « 第七章 「コミュニケーション能力」と「エピローグ」 »
- Nicholas Watson, « Violent crime prompts debate over age of legal responsibility in Japan », Publique!, (consulté le )
- (en) « Japan stunned by schoolgirl stabbing », sur The Daily Telegraph, London, (consulté le )
- (en) Anthony Faiola, « Youth Violence Has Japan Struggling for Answers - 11-Year-Old's Killing of Classmate Puts Spotlight on Sudden Acts of Rage » [archive du ], sur The Washington Post, (consulté le ), A01
- (en) « Japan killing comments spark row », BBC News, (consulté le )
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- (en) « Nevada-tan », Know Your Meme (consulté le )
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- (en + ja) « 殺害手口、参考の可能性 ネットの物語掲載サイト » [archive du ], sur Nagasaki Shimbun, (consulté le ) Wayback Machine copy.
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