Michel Bourdais

artiste français
Michel Bourdais
Michel Bourdais à la Fête du livre de Saint-Etienne 2017
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Michel Bourdais, né en 1943 à Nantes (Loire-Atlantique), est un dessinateur, photographe, cinéaste, didacticien, pédagogue et auteur d’ouvrages divers.

Il est notamment connu pour ses dessins de Claude François, Charles Aznavour, Françoise Hardy, Guy Béart, Richard Anthony, Leny Escudero… mais aussi, pour ses réalisations, qui ont contribué à faire de la maîtrise de l’image un objectif général prioritaire des programmes officiels d’enseignement en France.

Biographie modifier

Années 1960-1970 modifier

Dès l’âge de seize ans, tout en préparant le baccalauréat, Michel Bourdais participe à des expositions de peintures et de dessins à Nantes et dans sa région.

En 1962, alors que sa tournée passe par Nantes, Charles Aznavour repère dans la vitrine de la galerie Courbet un portrait que Michel Bourdais a fait de lui et l’achète[1],[2]. L'année suivante, d’autres artistes feront de même, notamment Richard Anthony[3], Françoise Hardy, Leny Escudero

Arrivé à Paris, Michel Bourdais travaille pour le magazine Salut les copains. Claude François insiste alors pour qu'il lui dessine un portrait aussi réaliste que celui qu’il a réalisé pour Richard Anthony[4]. C’est pour Claude François le point de départ d’une longue réflexion sur l’image qu’il doit donner de lui, et il conserve ce tableau.

À la fin de 1964, Claude François demande à Michel Bourdais de représenter, sous forme de bande dessinée, les pas de danses dont il est le créateur. Durant une séance de travail, le dessinateur souffle au chanteur l’idée de monter un show avec des danseuses[5], et, sur le ton de la plaisanterie, dans des tenues inspirées de celles de certaines pin-up d'Alain Aslan[6]. Après un séjour de Claude François à Las Vegas, l’idée se précise. Les premiers essais ont lieu durant l’été 1966, mais en tenues de scène plus sages que les modèles d’Aslan et plus acceptables pour l’époque. Le chanteur ne finira par s’approcher des modèles d’Aslan de 1964 qu'après 1970.

En , lors du premier Olympia avec quatre Claudettes, Claude François fait du dessin réalisé par Michel Bourdais trois ans plus tôt le symbole de sa mutation artistique. Depuis cette date, ce dessin est resté célèbre[7],[8].

Durant cette même période, Michel Bourdais expérimente plusieurs domaines artistiques. Il est photographe d’artistes du show-biz[9],[10], comédien[11], assistant réalisateur stagiaire…

Il travaille sur les émissions, Bienvenue chez Guy Béart, réalisées par Raoul Sangla et diffusées à la télévision sur la première chaîne de l'ORTF[12]. C’est durant l'un des enregistrements qu’il dessine le portrait réaliste de Guy Béart, qui, par la suite, fut utilisé pour diverses illustrations[13].

Années 1970-1990 modifier

Au tout début des années 1970, alors que le concept d’interdisciplinarité n’est pas encore implanté dans les habitudes scolaires, il le matérialise en proposant aux collégiens la réalisation de films et de diaporamas. Mais ce qui retint surtout l’attention de l’institution scolaire, c’est que, dans cette démarche, il mit en évidence la nécessité de faire une distinction claire entre la tâche (le produit visible que les élèves réalisent et montrent) et les objectifs d'apprentissages et éducatifs qui sont primordiaux mais invisibles aux spectateurs, lors des projets fondés sur la fabrication d'images[14].

Il mit aussi en place une progression autour de la notion de point de vue dans ses différents sens : photographique, individuel, critique… Il ouvrit ainsi la possibilité de jouer de plusieurs langages : didactique, descriptif, polémique, poétique… L’objectif à long terme : que les jeunes puissent disposer de l’image comme moyen d’expression et percevoir « plus clairement le fonctionnement du monde dans lequel ils vivent et agissent. » Ce qui sera institutionnalisé dans les programmes scolaires de 1986[15],[16]. Depuis ces premières instructions, les programmes scolaires donnent une place importante au cinéma et à l'audiovisuel dans le cadre plus large de l'éducation à l'image[17].

Quelques réalisations modifier

  • 1971 : Une idée parmi tant d’autres. Film mêlant animation et prises de vues réelles[18], présenté en avant-première, aux journalistes, avant la projection de L’Albatros, film du réalisateur Jean-Pierre Mocky.
  • 1974 : Tourbillon[19]. Film programmé notamment au Centre Georges Pompidou en [20].
  • 1977 : Fatigue d’un jour[21]. Diaporama devenu, en 1979, point de référence du sujet d’étude : « Réflexion critique sur la constitution des disciplines », en Sciences de l’éducation, à l’Université Paris XIII[22].
  • 1979 : A cheval sur la barrière. Moyen métrage réalisé à Roissy-en-Brie (Seine-et-Marne), dans le cadre de la recherche-action (INRP) « De l’apprentissage d’une technique audio-visuelle à l’éveil du sens critique devant les mass media », soutenue par le FIC[23], et à laquelle participe FR3[24].

Conjointement à ce travail de recherche, Michel Bourdais continue de réaliser des dessins, des photos d’artistes du théâtre et du cinéma[25],[26].

En 1980, il est conseiller technique et photographe du téléfilm Le professeur jouait du saxophone, avec dans les principaux rôles : Bulle Ogier, Jacques Denis et Julie Jézéquel. Ce téléfilm fut diffusé le puis en 1984 sur FR3[27],[28],[29].

Années 1990 à aujourd'hui modifier

À partir de 1990, il écrit et coécrit de nombreux ouvrages de mathématiques et pédagogiques[30]. Parmi tous ses travaux pour l’enseignement il développe notamment une recherche sur le statut et le rôle des figures en géométrie élémentaire. Il différencie celles « objets réels » de celles « support pour aider au raisonnement » et montre leur influence sur la perception des problèmes posés et leurs résolutions. Il propose aussi des activités spécifiques pour apprendre, dans ces différentes figures, à séparer les informations essentielles des informations parasites. Compétence indispensable tant pour l’acquisition des concepts que pour la résolution des problèmes[31].

Durant toutes ces années il poursuit cependant ses activités de photographe et celles de conseil auprès des artistes[32],[33],[34].

Autres publications modifier

  • 2008 : Claude François à la recherche de son image ou l’histoire d’un dessin, Éditions Fan de toi (ISBN 978-2-356010-10-0).
  • 2017 : Ma vie en vert, du showbiz au chaudron, coécrit avec l’auteur-compositeur-interprète et producteur Monty, Éditions and Co (ISBN 978-2-916493-51-0).

Notes et références modifier

  1. Quotidien Presse-Océan, janvier 1963 : « "Expositions : Michel Bourdais." Alors qu'il n'en était qu'à ses premiers essais, il fit un portrait d'Aznavour (…) le chanteur enthousiasmé, lui acheta le portrait. »
  2. Revue Platine Magazine, no 151, mai 2008 : « L'expo se tient à deux pas du théâtre Apollo, où chantent les vedettes de passage. Justement, alors qu'Aznavour chante en ville, on met en vitrine le portrait que Michel a dessiné du petit Charles. Ce qui devait arriver arriva. Aznavour passe devant la galerie, voit son portrait et l'achète. »
  3. Richard Anthony, Quand on choisit la liberté…, éditions Florent Massot, octobre 2010, p. 116 : « Moi, j'ai fait comme Charles (Aznavour) parce que j'étais complètement conquis : je lui achetai le dessin (…). »
  4. Richard Anthony, Quand on choisit la liberté…, éditions Florent Massot, octobre 2010, p. 114-117
  5. Richard Anthony, Quand on choisit la liberté…, éditions Florent Massot, octobre 2010, p. 116 : « Lors d'une séance de dessin, Michel avait soufflé à Claude l'idée de monter un show avec des danseuses, qui devinrent les Clodettes. »
  6. Témoignage d'Aslan : « Que Claude François se soit inspiré un peu de mes pin-up pour créer les Clodettes n’a rien d’étonnant en soi, nous étions dans l’air du temps ! », Claude François à la recherche de son image ou l’histoire d’un dessin, éditions Fan de toi, 2008, op. cit., p. 105.
  7. Richard Anthony, Quand on choisit la liberté…, éditions Florent Massot, octobre 2010, p. 116 : « Ce portrait est resté célèbre car Claude avait voulu que le sien ait quelque chose de plus que le mien ! »
  8. Témoignage de Josette François, sœur de Claude François ; témoignage écrit de sa main : « C'est un dessin aussi réaliste qu'une photographie. L'expression de son regard donne vie au portrait. », Claude François à la recherche de son image ou l’histoire d’un dessin, éditions Fan de toi, 2008, op. cit., p. 96.
  9. Revue Platine Magazine, no 151, mai 2008 : Article Michel Bourdais, il a croqué Richard et Cloclo : « La revue (Salut Les Copains) l'engage comme homme à tout faire : coursier, documentaliste, photographe, dessinateur… »
  10. Hebdomadaire France Dimanche, no 3711, 13 au 19 octobre 2017, Interview du chanteur Monty : « J'ai écrit ce livre avec mon ami Michel Bourdais [rédacteur, photographe et conseiller artistique, ndlr] qui m'a accompagné tout au long de ma carrière, de 1963 à aujourd'hui, et qui me connaît par cœur. Peut-être mieux que moi. »
  11. https://www.lesarchivesduspectacle.net/?IDX_Spectacle=52549 : « La Ballade de la geôle de Reading,(…) Création en octobre 1964 : Théâtre de la Cité, (Villeurbanne), (…) Interprétation : Michel Bourdais, Michel Joubert, Roland Guénoun. »
  12. Bienvenue chez Guy Béart, Marcelle Michel, Le Monde, 1 novembre 1966.
  13. Utilisation du dessin de Guy Béart, réalisé par Michel Bourdais en 1966, pour le visuel de l'album Guy Béart, Hier et à jamais, Label: Sound and vision, date de sortie : 18 décembre 2015, ASIN: BO1AQSAZEQ
  14. Avant-propos du film Tourbillon: « Le film n'est que la partie visible d'un projet d'année expérimental. Les objectifs éducatifs y étant primordiaux mais restent naturellement invisibles au spectateur. »
  15. Programmes et instructions du 12 décembre 1985, Livre coédité par le CNDP et Le Livre de Poche, op. cit., p. 19 : « Les élèves doivent apprendre à maîtriser ces trois moyens d’expression et de communication que sont l’écrit, l’oral et l’image. »
  16. Programmes et instructions du 12 décembre 1985, op. cit., p. 19 : « Au cours de sa scolarité, l’élève participe à un montage audiovisuel ou à la production d’un document filmé. Ainsi, les élèves apprennent progressivement à mieux maîtriser l’image, à l’utiliser eux-mêmes comme moyen d’expression. Ils perçoivent ainsi plus clairement le fonctionnement des signes du monde dans lequel ils vivent et agissent. Leur pouvoir d’en juger se trouve accru. »
  17. Bulletin officiel de l'éducation nationale, no 11, 26 novembre 2015, : « Les élèves explorent la pluralité des démarches et la diversité des œuvres à partir de quatre grands champs de pratiques : les pratiques bidimentionnelles, les pratiques tridimentionnelles, les pratiques de l'image fixe et animée, les pratiques de la création artistique numérique (...) dans le cadre de projets pédagogiques transversaux ou de démarches interdisciplinaires. »
  18. Revue Education 2000, no 11, décembre 1978, p. 61 : « Ils se mirent enfin d'accord pour raconter l'histoire d'un enfant à la recherche d'un scénario, d'où le titre : Une idée parmi tant d'autres. Ce choix offrit le double avantage de se mettre eux-mêmes en scène et d'employer les maquettes déjà terminées. »
  19. Revue Sonovision, no 212, janvier 1979 : « Michel Bourdais poursuit depuis longtemps des pratiques audiovisuelles qui ont porté leurs fruits. Tourbillon - c'est le titre du film réalisé par des jeunes de Bagnolet - va amener la cristallisation du problème. »
  20. Programme du Carrefour des pratiques audiovisuelles régionales http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc962998/ca19851792.
  21. Revue Education 2000, no 7, septembre 1977, p. 63 : « Fatigue d'un jour. S'il (le diaporama) peut retenir l'attention, c'est d'abord parce qu'il représente une tentative réussie de communication d'un groupe (élèves) à un autre groupe (parents). La lecture du texte accompagné de quelques photos ne saurait remplacer la projection. »
  22. Revue Le français aujourd’hui, 2e supplément au no 45, mars 1979, « Suzanne Citron professeur d'histoire - Sciences de l'éducation à Paris XIII : Réflexion critique sur la constitution des disciplines. Le point de départ de S.Citron a été le montage de M.Bourdais, ressenti comme un "cri", et qui oblige à s'interroger sur l'école qui impose ce découpage et cette vision du monde. »
  23. Revue Sonovision, no 212, janvier 1979, pages 29 et 30, Article L'audiovisuel ou le dialogue retrouvé : « Le titre évoque bien la difficulté qu'il y a à vivre l'adolescence : A cheval sur la barrière.(...) Avec l'aide du FIC et de l'INRP (...) »
  24. https://www.worldcat.org/title/sequences-de-lapprentissage-dune-technique-audio-visuelle-a-leveil-du-sens-critique-devant-les-mass-media-la-chronique-dune-experience-au-college-de-roissy-en-brie-1978-1980/oclc/491961345, sommaire, sixième séquence, pages 96 à 103 : « On finit le film... Et l'on fait de la télévision avec FR3. »
  25. « Michel Bourdais », sur Les Archives du Spectacle (consulté le ).
  26. Hebdomadaire Elle 8 juin 1981,p. 49 : « Bulle Ogier et Jacques Denis ©Bourdais. »
  27. Le professeur jouait du saxophone sur php88.free.fr
  28. Quotidien Presse-Océan, no 12.945, mardi 2 juin 1981, p. 22, présentation d'une interview de Michel Bourdais : « Mercredi, FR3 présentera une production de sa station de Lyon Le professeur jouait du saxophone, réalisation de Bernard Dumont, associé à Pierre Maintinieux, coauteur du scénario et à Michel Bourdais, conseiller technique.(...) En compagnie de Michel Bourdais, nantais d'origine,(...) nous pouvons essayer de mieux comprendre les aspects pédagogiques du professeur jouait du saxophone. »
  29. Quotidien Presse-Océan, no 12.946, mercredi 3 juin 1981, p. 19, Programme de Télévision « FR3, 20h55, Le professeur jouait du saxophone. Une production de FR3 Lyon réalisée par Bernard Dumont, sur un scénario de Pierre Maintigneux et Bernard Dumont. Conseiller technique : Michel Bourdais. »
  30. https://www.idref.fr/030682258 : « 30 références liées »
  31. Michel Bourdais, Livret d’exploitation pédagogique, éditions Hachette-Livre, 2000 (ISBN 2-01-12-5223-7) : « Les figures considérées ont une fonction d’illustration et une fonction heuristique qui aide à trouver. Dans la fonction d’illustration, l’élève doit apprendre à « lire » la figure : codages, désignations et mesures. Il doit aussi savoir convertir un texte en une figure sans y introduire d’informations parasites et, inversement, convertir une figure en un texte (descriptif ou suite d’instructions). Dans la fonction heuristique, l’élève doit décomposer une figure en sous-figures pour pouvoir utiliser les propriétés des objets élémentaires qui la composent ; dans le même temps il doit garder un peu de recul avec cette figure pour accepter la démonstration comme preuve contre ce qu’il perçoit ou ce qu’il croit « voir ». (…) La représentation d’un objet géométrique ne doit pas se confondre avec l’objet géométrique lui-même. (…) La figure est-elle un objet réel que le problème demande d’étudier ? Est-elle juste un support pour aider au raisonnement ? Les énoncés des problèmes doivent permettre de répondre sans ambiguïté à ces questions. »
  32. L’Équipe Mag, no 11471, 25 septembre 2010, p. 99 : « Jacques Monty, c’est lui le plus fort ©Bourdais. »
  33. La Montagne (journal), vendredi 12 avril 2019, p. 20 : « Le livre et la chanson. Photo Michel Bourdais. »
  34. Quotidien Le Parisien, lundi 22 juillet 2019 « Elles se battent pour qu’on ne les oublie pas. Photo Michel Bourdais »

Liens externes modifier