Michel Humair
Michel Humair, né à Undervelier dans le canton du Jura en Suisse le et mort en France le [1] à Cesson (Seine-et-Marne)[2], est un peintre de la nouvelle École de Paris ayant vécu en France après son enfance en Suisse. Sa démarche a été qualifiée d'« impressionniste d'abstraction lyrique[3] ».
Naissance | |
---|---|
Décès | |
Nom de naissance |
Michel Georges Léon Jules Humair |
Nationalités | |
Activité | |
Lieu de travail |
Lausanne () |
Mouvement | |
Site web |
Biographie
modifierAprès des études de « dessinateur en publicité » à Lausanne, Michel Humair vient à Paris en 1947 où il s'inscrit à l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris et fréquente l'Académie de la Grande Chaumière à Montparnasse.
De 1968 à 1990, il partage son temps entre son atelier de la Butte-aux-Cailles à Paris et sa maison sur les bords de la Loire au Port Charbonnier, à côté de Langeais, où il retrouve le temps de vivre avec la nature.
Il s'installe ensuite dans un nouvel atelier à Aubervilliers et, dans la dernière décennie, au Nord de la Bourgogne, à Maillot près de Sens dans l'Yonne.
L'œuvre
modifierMichel Humair s'inspire d'abord des majestueux paysages suisses, hautes montagnes lumineuses, vallées et torrents, puis, après son installation à Paris en 1947, s'inscrit dans le courant non-figuratif à travers des toiles vigoureusement animées de rythmes dynamiques. Il y introduit une composante gestuelle qui le rapproche des peintres de l'abstraction lyrique.
Dans les années 1970 un graphisme cursif traverse ainsi les surfaces vigoureusement brossées qu'il articule[4] dans des harmonies de gris et de sables[5]. Sous une lumière d'ardoises, d'écorces et d'eaux vives, affleurent les bribes éparses d'une énigmatique calligraphie indistinctement minérale et végétale[6]. Michel Humair les rassemblera pour de monumentales compositions dans lesquelles les multiples superpositions des traces de son geste font entrevoir comme les palimpsestes de l'univers matériel[7].
À travers des évocations plus allusives[8] sa peinture se renouvelle tandis que sa palette s'éveille en rougeoyantes intensités[9]. Le signe plastique de la fenêtre commence d'y assurer une communication, en les associant régulièrement, entre espaces intérieur et extérieur. Il peut encadrer une vision incertaine, comme en contrebas, de murs et terrasses irradiés de clarté, la mer à l'horizon[10], ouvrir, plus tard, sur les fines lumières marines du Finistère[11] ou à l'inverse se teinter d'ombre au milieu d'un ruissellement printanier de glycines ou lilas.
À mi-chemin de la non-figuration et de l'abstraction la démarche évolutive de Michel Humair se nourrit sans cesse de ses rencontres, du plus proche quotidien au plus lointain. Les formes nerveusement déliées ou découpées de ses vases et bouquets[12] vacillent au bord des textures frémissantes familières au peintre.
Leur répondent les étendues lumineuses plus diffuses qu'Humair associe aux souvenirs des paysages qu'il découvre en Russie[13] puis aux voiles des felouques et aux sables solaires de la Vallée du Nil[14]. « À la recherche de nouveaux horizons, mes carnets de voyages m'ont permis, à six mois d'intervalle, de retrouver et de traduire mes émotions devant l'immensité de la Russie et la subtile coloration de l'Égypte », confie-t-il[15].
C'est ensuite autour de visions de Venise que ses toiles rougeoyantes conjuguent l'équilibre de leurs compositions, appuyées sur la stabilité des signes architecturaux qu'elles rassemblent librement, et la spontanéité du geste qui recrée la substance des façades[16].
Michel Humair apparaît, auprès de Bouqueton, Nallard, Maria Manton ou Aksouh avec qui il a souvent exposé en France et à l'étranger, l'un des peintres les plus significatifs de la deuxième génération de la nouvelle École de Paris.
Un Espace Michel Humair présentant ses peintures est inauguré le 25 juin 2022 à Bersac-sur-Rivalier, à 38 km au nord-est de Limoges.
Réception critique
modifier« Humair appartient à la seconde génération d'une abstraction qui privilégie le geste et le mouvement sous-jacents à une émotion fervente. (...) Celle-ci passe par la couleur et par ses contrastes, par les formes et par une matière sensuelle dont il exploite les richesses expressives au service de ce qu'il veut traduire : la vérité de son paysage. Sa perception émotionnelle immédiate brasse ses élans, ses attentes, ses goûts, que son pinceau épais et nerveux traduit par des inflexions amples, des flaques colorées impulsives, des mouvements animés aptes à produire des contrastes chromatiques. »
- Lydia Harambourg, Michel Humair, émotion du réel, dans La Gazette de l'Hôtel Drouot, (p. 160).
« Michel Humair peint ce qu'il voit avec les yeux de l'esprit, ou plutôt avec les yeux de la main. (...) Il peint le plus souvent des paysages et des natures mortes, des éléments : eau, sable, rocher, ciel. Il peint l'intérieur comme l'extérieur. L'objet peint se fond sur la toile en attente du regard qui en fait le révélateur. La peinture de Michel Humair est bien une peinture en attente, en suspension. Elle est paysage mental. »
- Bernard Ethuin-Coffinet, Une peinture en suspension, dans Michel Humair, Musées de Sens, 2006 (p. 9).
« Les voyages, à Venise, en Espagne, en Russie, en Égypte, ont nourris son œuvre, comme les bords de Loire où il aimait séjourner (...). Le bouillonnement des torrents, (...) l’éclair du poisson arraché à l’eau, se retrouvent dans ses premières toiles, comme par la suite la lumière d’Orient ou les brumes de la Neva. Les sables de la Loire, les ardoises de Touraine (...) l’inspiraient. Il s’identifiait aux paysages, à un être, à un vol d’oies cendrées qui se retrouvaient capturés dans ses tableaux. »
- Youri, Hommage à Michel Humair, Salon des Réalités Nouvelles, 2019.
Principales expositions
modifierExpositions personnelles
modifier- 1954, Lausanne, à l'Atelier
- 1972, Lausanne, galerie Unip Art Contemporain
- 1977, Lausanne, galerie Planque
- 1979, Paris, La Galerie
- 1980, Lausanne, galerie Planque
- 1981, Toulouse, galerie P.J. Meurisse; Paris, galerie Bellint
- 1983, Toulouse, galerie P.J. Meurisse; Lausanne, galerie Planque; Paris, galerie Bellint
- 1984, Bienne (Suisse), galerie Muck
- 1987, Bordeaux, galerie Chapon; Paris, galerie Bellint
- 1988, Cortaillod (Suisse), galerie Jonas; Genève, galerie Föex
- 1989, Ballens/Morges (Suisse), galerie Roch
- 1990, Paris, galerie Bellint
- 1991, Ballens/Morges (Suisse), galerie Roch
- 1993, Nancy, galerie Lillebonne; Paris, galerie Bellint; Charleville-Mézières, Point Art-Rencontres
- 1994, Amsterdam, galerie de Boer
- 1995, Ballens/Morges (Suisse), galerie Roch
- 1996, Paris, galerie Bellint
- 1997, Ballens/Morges (Suisse), galerie Roch
- 1998, Paris, galerie Bellint
- 2001, Achères, bibliothèque Paul Éluard; Lézat, galerie Anima
- 2006, Michel Humair, émotions du réel, exposition rétrospective, Sens, orangerie des Musées
- 2009, Veules-les-Roses, galerie L'Espace
- 2014, Paris, Michel Humair, Souvenirs de Russie, aquarelles, éditions L. Mauguin
Expositions collectives et salons
modifierÀ partir de 1949 Michel Humair a participé à une quarantaine d'expositions collectives à Paris (aux côtés notamment de Bertholle, Seiler ou Chu Teh-Chun), en province ainsi qu'en Suisse et aux Pays-Bas.
Il est invité régulièrement depuis 1960 au Salon des Réalités Nouvelles. Il a également participé au salon de Montrouge (1978-1979) et celui d'Issy-les-Moulineaux (1984) ainsi qu'aux expositions Le Temps de Voir organisées par Geneviève Thèvenot (1978, 1980 et 1985).
Ses peintures ont été présentées à la FIAC, Paris, de 1982 à 1984.
Il a également participé à l'Hommage à Geneviève Thèvenot, organisé par le Musée d'Art Moderne de Troyes en 1996.
Musées
modifier- Paris, Centre national des arts plastiques :
- Sans titre, 1976, acrylique sur toile, 74 × 58,5 cm, inventaire FNAC 32380 (1976)
- Bords de Loire, 1978, acrylique sur papier marouflé sur toile, 100 × 80,5 cm, inventaire FNAC 33316 (1979, Salon des Réalités Nouvelles 1979)
- Musée des beaux-arts de Tours
- Musée cantonal des beaux-arts de Lausanne
Bibliographie sélective
modifierCatalogues et articles
modifier: source utilisée pour la rédaction de cet article
- Paule Gauthier, Michel Humair, un impressionnisme d'abstraction-hybride, dans Cimaise no 164, Paris, avril-, p. 41-52.
- Henri Raynal, « Pêcheur et peintre, Michel Humair », in Arts PTT, déc. 1987, p. 7-18.
- Michel Humair, préface de Henri Raynal, 20 reproductions, Paris, Galerie Bellint, 1990 (en français et en anglais).
- Signature Paris 4, Aksouh, Delmas, Humair, texte de Marike van der Knaap (néerlandais), Bois-le-Duc, Borzo, 1999.
- Signature Paris 5, texte de Marike van der Knaap (néerlandais), Bois-le-Duc, Borzo, Borzo, 2001.
- Michel Humair, préface de Youri, Bibliothèque municipale d'Achères, 2001.
- Lydia Harambourg, Michel Humair, émotion du réel, dans La Gazette de l'Hôtel Drouot, Paris, (p. 160).
- Michel Humair, Émotions du réel, textes de Bernard Athuin-Coffinet, Geneviève Thèvenot et Youri, Sens, Musées de Sens, 2006 (ISBN 2-913909-21-3).
Film
modifierInterviews
modifier- Portraits d'artistes : Michel Humair, par Alphonse Layaz, Radio Suisse Romande, .
- L'atelier de Michel Humair, par Michel Chapuis, France Culture, .
Notes et références
modifier- « Disparition du peintre Michel Humair », sur Connaissance des Arts, (consulté le )
- État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970
- « Les commentateurs de l'œuvre de Michel Humair reprennent tous l'inusable et complexe formule : c'est un « impressionniste d'abstraction lyrique » », écrit Bernard Ethuin-Coffinet, éditeur de son exposition au musée de Sens en 2006, dans Michel Humair, Musées de Sens, 2006, p. 9.
- Nature morte aux cruches, 1970, 54 × 65 cm, reproduit dans Michel Humair, Musées de Sens, 2006, p. 8.
- Mes chinoiseries, 1975, 39 × 47 cm, reproduit dans Michel Humair, Musées de Sens, 2006, p. 6.
- Après la crue, 1986, reproduit dans Michel Humair, Paris, Galerie Bellint, 1990.
- Le Terreau de l'île, 1989, diptyque, 172 × 194 cm ; La Mare au diable, 1990, 101 × 101 cm, reproduits dans Michel Humair, Musées de Sens, 2006, p. 18-19 et 15.
- Intérieur, 1979 ; La Cheminée rose, 1988, 195 × 130 cm, reproduit dans Michel Humair, Musées de Sens, 2006, p. 17.
- Hommage à Ucello, 1989, 80 × 80 cm, reproduit en couverture dans Michel Humair, Bibliothèque municipale d'Achères, 2001 ; Quand les sables refleurissent, 1990, 193 × 92 cm ; La Roche rouge, 1998, 101 × 82 cm ; Soleil levant, 2003, 93 × 73 cm, reproduits dans Michel Humair, Musées de Sens, 2006, p. 12, 24 et 25.
- Recuerdo de Peniscola, 1987, 47,5 × 39,5 cm, reproduit dans Michel Humair, Musées de Sens, 2006, p. 22.
- La Terrasse de Kermoor I, 2004, 74 × 51 cm, II, 2004, 82 × 101 cm et III, 2004, 117 × 82 cm, reproduits dans Michel Humair, Musées de Sens, 2006, p. 32, 33 et 34.
- Roses de Noël, 2001, 55,5 × 41 cm ; Physalis, 2003, 56 × 39,5 cm ; Nature morte aux fleurs, 2005, 101 × 101 cm ; Vase aux trois fleurs, 2005, 37 × 19 cm; Vase aux quatre fleurs, 2005, 40 × 26 cm ; Roses de Noël I, 2004, 42 × 22,5 cm; Roses de Noël II, 2004, 42,5 × 29,5 cm, reproduit dans Michel Humair, Musées de Sens, 2006, en couverture et p. 41, 40, 44
- Immense Volga, 2003, 35 × 45,5 cm ; Sur la Neva I, 2003 ; II, 91 × 81 cm et III, 50 × 59 cm ; L'Eté russe, 2005, 22,5 × 16 cm, reproduits dans Michel Humair, Musées de Sens, 2006, p. 27, 26, 29 et 28.
- Vallée du Nil, 2004, 22 × 33 cm, reproduit dans Michel Humair, Musées de Sens, 2006, p. 16 ; Vers la vallée des pharaons, 40 × 40 cm, Égypte, 40 × 40 cm, Barrière du désert, 19 × 24 cm, reproduits dans Michel Humair, Bibliothèque municipale d'Achères, 2001.
- dans Michel Humair, aquarelles - Aksouh, huiles, galerie Édouard Roch, Ballens/Morges, 1999).
- Venise I, 2005, 131 × 90 cm, Venise II, 2005, 101 × 101 cm, Venise III, 2005, 34 × 34 cm, Venise IV, 2005, 131 × 90 cm, Venise V, 2006, 32,5 × 24 cm, reproduits dans Michel Humair, Musées de Sens, 2006, p. 36-39.
Liens internes
modifierLiens externes
modifier
- Site officiel
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :