Michel Tachon

militant français

Michel Tachon est un militant antimilitariste, membre du Groupe d'action et de résistance à la militarisation (Garm) et de la rédaction de la Lettre des objecteurs, auteur d’articles et d’ouvrages notamment sur les bagnes de l’armée française et le complexe militaro-industriel.

Biographie modifier

Objecteur de conscience modifier

En automne 1968, Michel Tachon, alors qu’il effectue à Lyon le service civil imposé aux objecteurs de conscience, participe à une grève des objecteurs qui contestent leur statut d’affectés de défense soumis à la justice militaire[1],[2]. Arrêté comme déserteur en , il est interné quelques semaines à la prison militaire lyonnaise de Montluc[3]. À Lyon, le Groupe lyonnais de soutien aux « renvoyeurs » de livret militaire, futur Groupe d'action et de résistance à la militarisation, participe à la campagne nationale de soutien aux objecteurs[4] et en particulier à Michel Tachon. Dans ce cadre, en , certains de ses militants participent à une grève de la faim[5],[6] ou s’enchaînent publiquement [7].

Michel Tachon est membre de la rédaction de Lettre des objecteurs.

Les bagnes militaires modifier

Incarcérés avec Michel Tachon, des soldats venaient du bataillon disciplinaire du fort d'Aiton en Savoie. Là, pour se soustraire à des harcèlements physiques et mentaux insupportables, ils s’étaient automutilés, ce qui leur avait valu un emprisonnement avant leur renvoi à Aiton[8].

Michel Tachon recueille des témoignages sur le bagne et les publie dans la Lettre des objecteurs[9],[10], suscite des articles notamment dans Le Nouvel observateur[11], Le Canard enchaîné[12], L'Express Rhône-Alpes et La Vie lyonnaise[13]. Une campagne de dénonciation alerte l’opinion. Elle est répercutée par des personnalités, dont Michel Rocard[14] et Yves Le Foll[15] à l’Assemblée nationale et René Dumont au cours de sa campagne de candidat à l'élection présidentielle française de 1974[16], et obtient en 1972 quelques améliorations au fort d'Aiton[17],[18] avant sa fermeture. En , un dossier de 32 pages sur le sujet est édité par le Groupe d’action et de résistance à la militarisation (Garm). Il est actualisé et complété quelques mois plus tard par André Ruff, Gérard Simonnet et Michel Tachon dans Les Bagnes de l’armée française[19].

Délits d’opinion et de presse modifier

En 1973, quatre chefs d’inculpation sont signifiés à douze personnes : injures envers l'armée, incitation de militaires à la désobéissance, provocation à la désertion et à l'insoumission, incitation à autrui pour bénéficier du code du service national dans le but exclusif de se soustraire à ses obligations militaires. Ces inculpations visent des militants du Groupe d'action et de résistance à la militarisation, dont Michel Tachon, ainsi que Henri Leclerc, gérant de la SARL Imprimerie presse nouvelle qui a imprimé les tracts incriminés[20]. C’est la première fois depuis quatre-vingt-dix ans qu’un imprimeur va être jugé comme complice de diffuseurs d’imprimés. Les quatre tracts sont aussitôt réimprimés dans un numéro spécial de la Lettre des objecteurs[21]. Le , trois-cents personnes se massent pour assister à l’audience. L'éditeur François Maspero témoigne. La défense fait état de quatre cents lettres de soutien dont celles de Pierre Mendès France, de Daniel Mayer, président de la Ligue des droits de l’Homme[22]. Les prévenus sont condamnés à des amendes[23]. L'imprimeur est relaxé en appel[24].

Le complexe militaro-industriel modifier

En 1974, Michel Tachon publie avec Olivier Brachet et Christian Pons La France militarisée[25]. « Ce livre est le fruit d'une action et d'une réflexion collective au « Groupe d'action et de résistance à la militarisation » de Lyon. » Il traite des ventes d’armes de la France et de la militarisation de la société.

Articles connexes modifier

Notes et références modifier

  1. Auvray Michel, Objecteurs, insoumis, déserteurs : histoire des réfractaires en France, Paris, Stock, , 438 p. (ISBN 2-234-01652-5 et 9782234016521, OCLC 10810295, lire en ligne), p. 279
  2. Marcelle Padovani, « Armée : Les objecteurs ne se résignent jamais », L'Express,‎
  3. « Les objecteurs de conscience vont poursuivre et amplifier leur action », Le Progrès,‎
  4. Bernard Vandewiele, « L'objection est un combat politique », Témoignage chrétien,‎ , p. 9
  5. « Trois objecteurs de conscience lyonnais ont entamé une grève de la faim de sept jours », Le Monde,‎
  6. « Des objecteurs en prison », Le Nouvel Observateur,‎ , p. 6
  7. « Six Lyonnais se sont enchaînés dans la rue pour ne pas devenir « des militaires déguisés en civil » », Le Progrès,‎
  8. Rutebesc, Jo., Civils, irréductiblement ! : service civil et refus de servir, 1964-1969, etc., Saint-Georges-d'Oléron, les Éditions libertaires, , 396 p. (ISBN 978-2-919568-96-3 et 2919568965, OCLC 1034624779, lire en ligne), p. 270
  9. Michel Tachon, « Michel Tachon, objecteur gréviste puis relâché », Lettre des objecteurs (ancienne série) no 17,‎
  10. Michel Tachon, « Fort Aiton », Lettre des objecteurs (nouvelle série) no 5, 6, 8, 13 et 15,‎ de février 1971 à octobre 1972
  11. René Backmann, « Biribi en Savoie », Le Nouvel Observateur,‎
  12. Jérôme Gauthier, « Fort Aiton », Le Canard enchaîné,‎
  13. « Délinquants civils et délinquants militaires », La Vie lyonnaise,‎
  14. Michel Rocard, « Équipements militaires de la période 1971-1975 », Journal officiel de la République française, no 76 A.N.,‎ , p. 4147
  15. Yves Le Foll, « Service national », Journal officiel de la République française, no 41 (suite) A.N.,‎ , p. 2055
  16. René Dumont, A vous de choisir. La campagne de René Dumont, Paris, Jean-Jacques Pauvert, , 144 p., p. 75
  17. « M. Debré décide d'assouplir le régime du pénitencier de Fort-Aiton », Le Monde,‎
  18. « M. Debré prescrit une inspection inopinée chaque mois du camp disciplinaire d’Aiton », Le Monde,‎
  19. André Ruff, Gérard Simonnet et Michel Tachon, Les bagnes de l'armée française (Fort Aiton, c.i.l.a., etc.), Paris, François Maspero, coll. « Dossiers partisans », , 68 p.
  20. Jean-Marc Théolleyre, « Un imprimeur de tracts antimilitaristes va être jugé comme complice de ceux qui les ont diffusés », Le Monde,‎
  21. Lettre des objecteurs, Lyon (no supplément au 19), , 12 p.
  22. Jean-Marc Théolleyre, « L'imprimeur, outil de la pensée ou délinquant de droit commun ? », Le Monde,‎
  23. Jean-Marc Théolleyre, « Un imprimeur est jugé coupable de provocation à l'insoumission », Le Monde,‎
  24. J.-M. Th., « La cour d'appel de Lyon annule la condamnation d'un imprimeur de tracts antimilitaristes », Le Monde,‎
  25. Olivier Brachet, Christian Pons et Michel Tachon, La France militarisée : Ventes d'arme, Paris, Les éditions du Cerf, , 96 p.

Liens externes modifier