MindGeek

multinationale spécialisée dans la distribution et la production de contenu numérique, notamment pornographique

Aylo, anciennement connue sous le nom de MindGeek, est une entreprise multinationale de publication internet spécialisée dans la pornographie qui est propriétaire de nombreux sites comme Pornhub, RedTube et Youporn, ainsi que les studios de production Brazzers, Digital Playground, Men.com, Mofos, Reality Kings et Sean Cody (en)[1]. Elle a été créée par Fabian Thylmann.

Aylo
logo de MindGeek

Création 2004
Fondateurs Fabian Thylmann
Personnages clés Feras Antoon
David Marmorstein Tassillo
Forme juridique Société à capitaux privésVoir et modifier les données sur Wikidata
Siège social Luxembourg
Direction Feras Antoon (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Actionnaires Feras Antoon (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activité Pornographie
Produits Production et distribution de films pornographiques
Distribution numérique
Streaming
Publicité en ligne
Site web aylo.comVoir et modifier les données sur Wikidata

Chiffre d'affaires 400 millions de $ (2015)

Selon plusieurs enquêtes, MindGeek serait la plus grande entreprise du monde de l'industrie pornographique et serait établie principalement à Montréal[2].

Domiciliée juridiquement au Luxembourg[pas clair][3],[4], elle a également des bureaux à Hambourg, Londres, Los Angeles, Miami, Houston et Nicosie[5],[4].

Elle est détenue principalement par Bernard Bergemar[6].

Histoire modifier

Dans les années 1990, Fabian Thylmann a créé NATS (Next-Generation Affiliate Tracking Software) qu'il a utilisé pour faire de la publicité à teneur pornographique sur différents sites internet[7]. En 2006 Thylmann vend ses parts dans l'entreprise et rachète le site Privat Amateure. Entre 2006 et 2010, Thylmann rachète trois autres sites : MyDirtyHobby, Webcams et Xtube (en)[8].

En , les services secrets d'Atlanta auraient saisi 6,4 millions de dollars dans deux comptes appartenant à Mansef d'après le New York magazine pour blanchiment d'argent. En 3 mois, plus de 9 millions de dollars sont transférés vers deux comptes en Israël. Des accords sont trouvés avant le procès et une amende est payée par le groupe[9].

En , Fabian Thylmann rachète Mansef, qui appartient à Stefan Manos et Yuissem Youssef[9], et Inerhub, propriétaires de Brazzers et Pornhub. Il change alors le nom de l'entreprise en Manwin (le nom de domaine Manwin.com ayant été enregistré trois ans plus tôt)[3]. La même année, Thylmann rachète le site WebCams.com.

En , une épidémie de syphilis a ravagé l'industrie porno, alors qu'ironiquement, l'entreprise a lancé une campagne contre la Measure B (en), une loi qui aurait obligé l'usage de préservatifs durant le tournage d'un film porno[10]. L'entreprise aurait cependant aussi exigé des vaccins et proposé de les prendre en charge, et aurait lancé un fonds de subvention pour couvrir les frais de dépistages des infections sexuellement transmissibles des artistes[11].

Le , Die Welt publie une enquête présentant les rouages du groupe Manwin, comment il s'est construit et comment il contrôle ses entreprises, en expliquant qu'il s'agit du plus important groupe de porno au monde et qu'elle est basée au Luxembourg[12].

En , Fabian Thylmann est arrêté à son domicile de Bruxelles et poursuivi pour évasion fiscale[13].

Mike South, journaliste, dévoile en 2013 que l'entreprise Manwin a obtenu un financement de 168 millions de dollars de la part de Fortress Investment Group. Cet investissement fait partie d'une série d'investissements de la part de Colbeck Capital[14].

Le 18 octobre 2013, Fabien Thylmann cède ses parts dans Manwin à l'actuelle équipe dirigeante de l'entreprise, composée de Feras Antoon et David Tassilo, pour 100 millions de dollars (73 millions d'euros)[15][réf. à confirmer]. Lors de la fusion de Manwin et du groupe RedTube, le groupe Manwin change de nom et devient MindGeek.

En , le documentaire Pornocratie d'Ovidie interroge le journaliste Lars Marten Nagel de Die Welt qui présente le résultat de l'enquête effectuée de janvier à , et explique les ramifications du groupe. Les journalistes Nate Glass et Lars Marten Nagel expliquent que si Fabian Thylmann est la tête visible du groupe, directeur général et propriétaire, d'autres personnes ont nécessairement donné l'argent pour financer les achats. Le fait que la majorité des employés et le siège étaient en et sont toujours en à Montréal et non à Bruxelles là où se trouve Thylmann, et des transactions bancaires remontant à Chypre incite Nate Glass à penser que les véritables dirigeants sont deux anciens banquiers de Goldman Sachs à la bourse de Wall street de New York. Le journaliste Roy Klabin y explique que les personnes du milieu porno qui ont accepté de parler de MindGeek ont été menacés voire mis sur liste noire, rendant difficile l'obtention de témoignages sur MindGeek.

En , l'enquête du journaliste Maxime Bergeron dans le documentaire Montréal XXX réalisé par Frédéric Nassif affirme que MindGeek serait la plus grande entreprise du monde de l'industrie pornographique et serait établie principalement à Montréal[2].

Le 16 mars 2023, le fonds d'investissement canadien Ethical Capital Partners annonce le rachat de MindGeek pour un montant non divulgué[16]. À la suite de ce rachat, MindGeek devient Aylo[17].

Régie publicitaire et malware modifier

MindGeek dispose de son propre réseau publicitaire (TrafficJunky) et affiche chaque jour des milliards de publicités[18]. Les recherches de Conrad Longmore, reprises dans un article de la BBC de 2013 indiquent qu'environ 12,7 % des affichages publicitaires sur Pornhub sont dangereux, ce que conteste MindGeek (alors Manwin)[19].

Controverses modifier

Soupçons de délit d'initié modifier

En mars 2013 plusieurs salariés de MindGeek ont été entendus dans le cadre d'une enquête de l’Autorité des marchés financiers du Québec concernant le PDG de l'entreprise de jeux-vidéo Amaya Inc pour délit d'initié. Plusieurs salariés de MindGeek ont été accusés d'avoir bénéficié d'une fuite d'informations[20].

Non-respect du droit d'auteur modifier

MindGeek est régulièrement accusé d'être lié à la mafia et d'avoir, dès ses premiers balbutiements, volé le contenu produit par des dizaines de studios installés sur le marché pornographique[21]. Ce contenu, souvent gratuit et piraté, est mis à disposition des mineurs sans aucune vérification d'âge et/ou d'identité.

GirlsDoPorn modifier

Dans une action judiciaire, 50 femmes victimes de GirlsDoPorn, site fermé pour trafic d'êtres humains, ont engagé la responsabilité de MindGeek, étant donné que celle-ci aurait continué un partenariat tout en connaissant les activités illégales[22]. Cette action a été suivie d'un accord confidentiel[23].

Évasion fiscale, monopole et dégradation des conditions de travail modifier

En , Canal+ diffuse le documentaire Pornocratie réalisé par Ovidie.

Ce documentaire retrace la prise de contrôle de l'industrie du porno par le groupe MindGeek, dont elle brosse un portrait à charge, avec comme vitrine le site Pornhub : le film décrit notamment la manière dont la consommation gratuite sur Internet a entraîné une chute des revenus, l'uberisation du X et la dégradation des conditions de travail des acteurs et actrices contraints à des pratiques de plus en plus extrêmes[13],[24],[25],[26].

Dans Pornocratie, un journaliste de Die Welt explique que son enquête en a révélé que les bureaux de Mindgeek étaient des bâtiments vides destinés à servir de façade à une « organisation mafieuse » rachetant sous la menace un grand nombre de petites compagnies[27]. Mike South, interrogé par les services secrets après la saisie de deux comptes de Manwin pour blanchiment d'argent à Atlanta, indique qu'une source de Manwin Fortress Investment Group aurait investi dans l'entreprise dans le cadre d'un prêt de 350 millions de dollars de Colbeck Capital en faveur de Manwin, qui a servi à acheter Digital Playgrounds, Babes.com, RedTube bien que peu d'entreprises rachetées génèrent du profit. Mark South avance dans le documentaire que la raison serait que ces sites servent à générer pour d'autres entreprises du groupe du trafic, qui eux-mêmes généreront du trafic pour les sites du groupe, l'ensemble est très difficile à tracer, et permettrait ainsi de blanchir de l'argent[9]

À l'occasion de la sortie du documentaire, sa réalisatrice déclare qu'avec MindGeek le droit à l'oubli n'existe pas et que la condition des actrices s'est aggravée en tournant des scènes deux fois plus hard pour moitié moins d'argent[28].

Le film a été sélectionné par de nombreux festivals de films documentaires tels que SXSW à Austin, CPH:DOX à Copenhague, BAFICI à Buenos Aires, DOXA à Vancouver, DOK.fest à Munich, DOCVILLE à Louvain, Way out West à Göteborg.

Viols de mineurs modifier

En 2021, le groupe est mis en cause pour avoir hébergé des vidéos de viols de mineurs[4],[29],[30].

Lianna McDonald, directrice du Centre canadien de protection de l'enfance, indique que leur robot d'indexation Arachnid a identifié au moins 193 cas de pornographie juvénile sur les plateformes de MindGeek[31] dont 66 images d'enfants prépubères et 74 cas concernants des victimes vraissembablement agés entre 11 et 14 ans. Elle indique qu'il est difficile de prendre au sérieux le témoignage de MindGeek indiquant que tous les contenus sont examinés par des modérateurs[31].

Outre le contenu illégal modéré trop lentement, MindGeek tolèrerait des vidéos employant différents termes destinés à attirer un public pédophile. Selon le New York Times, il aurait par exemple été possible de trouver 155 000 vidéos en cherchant "13yo" (signifiant 13 ans)[29].

Blocage des paiements modifier

En , PayPal refuse les paiements pour Mindgeek[32].

En , les sociétés Visa et Mastercard interdisent les transactions par leurs intermédiaires pour la régie publicitaire de Mindgeek[32]. « Durant cette suspension, les cartes Visa ne pourront pas être utilisées pour acheter de la publicité sur tout site appartenant à Mindgeek, dont Pornhub et les autres sites affiliés »[33].

Gestion des données personnelles modifier

En , des personnes issue de l'activisme et la recherche portent plainte contre Pornhub, propriété de Mindgeek, qui violerait le Règlement général sur la protection des données européen (RGPD) sur plusieurs règles. Le site ne permet pas de refuser simplement les cookies. L'algorithme attribue aussi une préférence sexuelle, qui est une donnée sensible, sans demander d'avis. Les cookies sont par ailleurs partagées avec Google analytics mais aussi TrafficJunky, une plateforme de publicité en ligne appartenant à Mindgeek)[34].

Principaux sites de MindGeek modifier

Alexa rank[35]
(25 February 2017)
Domain
40 pornhub.com
194 redtube.com
236 youporn.com

Liens externes modifier

Documentaire modifier

  • Pornocratie[9] (), 85 min, réalisé par Ovidie, produit par Magnéto Presse. Diffusion Canal +

Références modifier

  1. David Auerbach, « Vampire Porn » [archive du ], sur Slate, (consulté le )
  2. a et b Silvia Galipeau, « Porno: Montréal au cœur d’une industrie qui brasse des milliards », La Presse,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. a et b Benjamin Wallace, « The Geek-Kings of Smut » [archive du ], sur New York Magazine, (consulté le ), p. 5
  4. a b et c « Derrière Pornhub et YouPorn, le géant canadien du porno en ligne MindGeek dans la tourmente », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. « MindGeek (page d'accueil) » [archive du ], sur mindgeek.com, MindGeek (consulté le )
  6. Allana Akhtar, « Pornhub is owned by a mysterious businessman through a 'complex network of subsidiaries' that have kept his identity a secret until now, according to a new report », sur Business Insider France, (consulté le )
  7. Emma Reynolds, « 'King of Porn' arrested on charges of avoiding paying tax on the £60million profits from his online sex empire » [archive du ], sur Daily Mail Online, (consulté le )
  8. Uwe Buse, « Harnessing the Internet: The German Porn King's Revolutionary Model » [archive du ], sur Spiegel Online International, (consulté le )
  9. a b c et d « Pornocratie », sur Magneto, (consulté le )
  10. Maxime Bergeron, « Porno et impôts - L'énigme Mindgeek, du Luxembourg à Montréal », La Presse,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le ).
  11. (en) Adrian Chen, « The King of Porn Gossip: Meet Mike South, the Man Who Got to the Bottom of The Industry’s Syphilis Outbreak », sur gawker.com, (version du sur Internet Archive)
  12. (de) Von Florian Flade et Lars-Marten Nagel, « Das Porno-Imperium – Ein Deutscher erregt die Welt », Die Welt, (consulté le )
  13. a et b Fabien Randanne, « «Pornocratie»: Après le documentaire d'Ovidie, vous ne regarderez plus PornHub comme avant », sur 20minutes.fr, .
  14. Stephen des AulnoisStephen des Aulnois, « Fabian Thylmann revend Manwin à Manwin », sur letagparfait.com, (consulté le )
  15. « Mindgeek, la maison mère de Pornhub, rachetée par le fonds d'investissement canadien Ethical Capital Partners », sur lefigaro.fr, (consulté le )
  16. Vincent Mannessier, « Face aux critiques, la société mère de Pornhub doit changer de nom » Accès libre, Clubic, (consulté le )
  17. Manwin Taps RiskIQ to Scan for Malvertisements.
  18. Top porn sites 'pose growing malware risk' to users - Dave Lee - Technology reporter, BBC News
  19. André Dubuc, « Le géant internet du porno MindGeek acheté par une firme de capitaux d’Ottawa », La Presse,‎ (lire en ligne, consulté le )
  20. « L’empire impénétrable du porno », sur Libération.fr, (consulté le )
  21. "50 women have joined lawsuit involving San Diego-based porn site" - Fox5 San Diego
  22. "'Girls Do Porn' Victims Reach Settlement With Pornhub" - Vice
  23. L'ex-actrice porno Ovidie sort une enquête à charge sur l'ubérisation du X, Huffington Post, 11 janvier 2017
  24. « Ovidie : «On a atteint un stade de violence inouïe dans le porno» », sur Figaro Live, (consulté le )
  25. Renaud Machart, « Cinq documentaires à découvrir en replay », Le Monde, (consulté le )
  26. « Ne ratez pas : "Pornocratie, les nouvelles multinationales du sexe" », sur TéléObs, (consulté le )
  27. Le JDD, « Ovidie dévoile la face obscure des multinationales du porno », sur lejdd.fr (consulté le )
  28. a et b (en-US) Nicholas Kristof, « Opinion | The Children of Pornhub », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  29. Zone Société- ICI.Radio-Canada.ca, « Une croisade chrétienne pour fermer Pornhub », sur Radio-Canada.ca (consulté le )
  30. a et b Chambre des communes Canada - Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique - Témoignages - 22 février 2021
  31. a et b Florent David, « Pornhub n'accepte désormais plus que les paiements en crypto-monnaies pour son service Premium », sur clubic.com, (consulté le )
  32. https://www.mastercard.com/news/press/2022/august/mastercard-statement-reinforcing-adult-content-standards/
  33. Vincent Mannessier, « On ne peut même plus faire confiance aux sites porno : Pornhub accusé de violer le RGPD », sur Clubic, (consulté le )
  34. « Bulk Alexa rank checker », BulkSeoTools.com Bulk Alexa Rank Checker, (consulté le )