Ministère de la Guerre (Prusse)

ministère prussien

Le ministère de la Guerre de Prusse (en allemand : Preußisches Kriegsministerium) était l'autorité suprême de l'Armée prussienne basée à Berlin. Noyau central de l'administration de l'Armée, le ministère existe de 1808 jusqu'à la défaite de l'Allemagne dans la Première Guerre mondiale et la fin des armées impériales lors de la révolution allemande de 1918-1919, après qu'il est remplacé par le ministère de la Reichswehr.

Le bâtiment de l'ancien ministère de la Guerre, Leipziger Straße (1923).

Jusqu'en 1919, le siège du ministère se situe au no 5 de la Leipziger Straße à Berlin, à côté de la Chambre des seigneurs de Prusse.

Histoire modifier

Le ministère est constitué sous le règne du roi Frédéric-Guillaume III le . Après la défaite totale que les forces de l'Armée prussienne essuyèrent aux batailles d'Iéna et d'Auerstaedt livrées en 1806, et les traités de Tilsit signés en juillet 1807, le quartier-maître général Gerhard von Scharnhorst a été nommé le chef de l'un des deux départements du ministère (Kriegsdepartement). Sur pression des Français, le roi ne souhaitait pas le désigner ministre.

Dans le cadre des Réformes prussiennes, Scharnhorst et les autres membres de la division, dont August von Gneisenau, Karl von Grolman, Hermann von Boyen et Carl von Clausewitz, il réforme l'Armée de fond en comble. Les réformistes ont transformé les mercenaires en armée de métier et en milice ; ainsi, ils jettent progressivement les bases en vue du déploiement de la Landwehr en 1813. À la demande des autorités françaises, Scharnhorst fut contraint de démissionner « pour la forme » du cabinet de la Guerre en , mais n’en demeura pas moins chef d’État-major. Sous l'égide de son successeur Hermann von Boyen, le service personnel obligatoire fut introduit au royaume de Prusse.

Pendant la révolution de Mars, le , l'ancien gouverneur de Berlin Ernst von Pfuel est nommé ministre-président et ministre de la guerre de Prusse. Toutefois, son décret militaire de , dans lequel il déclare qu'un officier prussien ne peut d'aucune manière manifester son opposition à la constitution, lui vaut une forte rancune parmi ces derniers. Le roi Frédéric-Guillaume IV lui renvoie la responsabilité des décisions de l'assemblée nationale en octobre, dans lesquelles elle met fin à la noblesse, aux ordres et à la mention de « par la grâce de Dieu » dans le titre royal. Il lui reproche de ne pas avoir réussi à résister à ces décisions, en conséquence Pfuel doit présenter sa démission le 1er novembre.

La nomination d'Albrecht von Roon comme ministre au sein du cabinet d'Otto von Bismarck en décembre 1859, à l'instigation du prince-régent Guillaume, a été déterminante pour les victoires de la Prusse dans la guerre des Duchés, la guerre austro-prussienne et la guerre franco-prussienne, et finalement pour l'unification allemande en 1871.

Karl von Einem, ministre de 1903 à 1909, est l'instigateur du développement de l'artillerie de campagne et de l'utilisation de la mitrailleuse au sein de l'armée allemande. Au cours de son mandat, en 1907, il fait condamner à un an et demi de prison Karl Liebknecht pour la parution de son livre Militarisme et anti-militarisme sur l'accusation de complot en vue de commettre une trahison. À la veille de la Première Guerre mondiale, le ministre Josias von Heeringen s'oppose à l'augmentation du nombre de troupes comme prévu par le chef de l'état-major Helmuth Johannes Ludwig von Moltke et le colonel Erich Ludendorff. Sous son successeur Erich von Falkenhayn, nommé en 1913, l'Armée prussienne entra en guerre.

Hermann von Stein, ministre du 29 octobre 1916 au 9 octobre 1918, termine la guerre recevant en réalité ses ordres de Ludendorff ; son successeur Heinrich Schëuch devient administrateur d'une cause perdue. Le , Walther Reinhardt est nommé le dernier ministre de la Guerre de Prusse ; son mandat a expiré le .

Ministres de la Guerre de Prusse modifier

Portrait du général von Scharnhorst, vers 1813.
Albrecht von Roon, vers 1870.

Voir aussi modifier