Ministère du Temps libre
Le ministère du Temps libre est un ancien ministère français qui a fait partie entre 1981 et 1984 des trois gouvernements de Pierre Mauroy, entérinant en cela la volonté du président de la République nouvellement élu, François Mitterrand. Son périmètre reprend ceux habituellement confiés aux ministres chargés du Tourisme et de la Jeunesse et des Sports.
Historique
modifierLes années 1930, Léo Lagrange et le Front populaire seront les sources d'inspiration du ministère du « Temps libre ».
André Henry, ancien instituteur et syndicaliste, sera ainsi le premier ministre du Temps libre. Sa mission sera « de conduire par l'éducation populaire, une action de promotion du loisir vrai et créateur et de maîtrise de son temps »[1],[2].
Soumis à la fois à l’improvisation qui présidait à l'installation du nouveau pouvoir, mais en même temps issu de toute une réflexion menée préalablement par la gauche, ce ministère au nom étrange a tenté de faire bouger « les choses » dans le domaine du loisir social et créateur de liberté[réf. nécessaire]. Selon les propos d'André Henry, rapportés lors d'une interview au magazine Marianne en 2017, l'idée était de « donner l'idée, le cap puis se reposer sur les collectivités et le tissu associatif très dense en France »[3]. La politique de ce ministère devait être complémentaire à l'action de la gauche visant à la réduction du temps de travail par l'abaissement de l'âge à la retraite et la réduction de la durée hebdomadaire de travail.
Son organisation tricéphale (André Henry, le ministre ; Edwige Avice, sa ministre déléguée à la Jeunesse et aux Sports ; et François Abadie, son secrétaire d'État au Tourisme) n'a pas facilité sa mise en place et son organisation[réf. nécessaire].
Toutefois, en écho permanent à l'action de Léo Lagrange, André Henry a entrepris de mobiliser son administration au service d'un idéal qui très vite s'est heurté à une quadruple difficulté : des médias hostiles et sarcastiques à l'appellation du « temps libre » (Coluche qualifiant notamment le « ministre du temps perdu à un fric fou » lors de son discours aux César en 1984)[4],[3],[5], une organisation administrative peu favorable à l'innovation, des associations méfiantes et des réalités économiques qui prirent rapidement le dessus à toute considération sociale (tournant de la rigueur sous Jacques Delors, chômage de masse). C'est ainsi que les grandes espérances soulevées par ce nouveau ministère et les trop nombreuses questions qu'il posait prirent fin en même temps que le ministère du Temps libre. Il reste néanmoins de cette période, outre le foisonnement de questions et d'interpellations qui ne purent trouver de réponses satisfaisantes, la création de l'Agence nationale pour les chèques-vacances par ordonnance du , dont bénéficiaient, en 2016, 4,25 millions de Français[3].
Administration
modifierLes services et établissements qui relevaient du ministère de la Jeunesse, des Sports et des Loisirs sont placés sous l'autorité ou la tutelle du ministre du Temps libre[α].
Liste des ministres
modifierPhoto | Ministre | Intitulé | Gouvernement | Date | Ministre délégué ou secrétaire d'État |
Intitulé |
---|---|---|---|---|---|---|
André Henry | Ministre du Temps libre[α] | Mauroy 1[a] | Edwige Avice | Ministre délégué chargé de la Jeunesse et des Sports[β] | ||
François Abadie | Secrétaire d'État chargé du Tourisme[γ] | |||||
Mauroy 2[b] | Edwige Avice | Ministre délégué chargé de la Jeunesse et des Sports[δ],[ε] | ||||
François Abadie | Secrétaire d'État chargé du Tourisme[ζ] | |||||
Edwige Avice (à partir du ) |
Ministre délégué au Temps libre, à la Jeunesse et aux Sports | Mauroy 3[c] | Plein exercice |
Notes et références
modifier- « Conférence de presse de M. André Henry, ministre du temps libre, sur l'organisation et les objectifs du ministère du temps libre, Paris le », sur vie-publique.fr.
- Jacques Tiberi, « Un dimanche avec André Henry, ministre du Temps libre », sur Le Zéphyr, .
- Bruno Rieth, « On a retrouvé le ministre du Temps libre de 1981... et voici ce qu'il pense de Hamon », Marianne, (consulté le ).
- « Coluche, César 1984 du meilleur acteur dans Tchao Pantin », sur Vimeo, Académie des César, , discours de réception du César du meilleur acteur pour Tchao Pantin, en présence d'Edwige Avice dans le public.
- Vianney Huguenot, « Les drôles de ministères dans l'histoire de la République : Temps libre, hygiène, blocus, Sahara... », Les rencontres de Vianney Huguenot, France Bleu Sud Lorraine, .
Dans le Journal officiel de la République française (JORF), sur Légifrance :
- Décrets de nomination :
- Décret du portant nomination des membres du Gouvernement, JORF, no 121, , p. 1630–1631.
- Décret du portant nomination des membres du Gouvernement, JORF, no 147, , p. 1786–1787.
- Décret du relatif à la composition du Gouvernement, JORF, no 71, , p. 907.
- Décrets d'attributions :
- Décret no 81-637 du relatif aux attributions du ministre du temps libre, JORF, no 127, , p. 1666–1667.
- Décret no 81-668 du relatif aux attributions du ministre délégué auprès du ministre du Temps libre, chargé de la Jeunesse et des Sports, JORF, no 139, , p. 1741.
- Décret no 81-667 du relatif aux attributions du secrétaire d'État auprès du ministre du Temps libre, chargé du Tourisme, JORF, no 139, , p. 1740.
- Décret no 81-703 du relatif aux attributions du ministre délégué auprès du ministre du Temps libre, chargé de la Jeunesse et des Sports, JORF, no 166, , p. 1991–1992.
- Décret no 81-997 du relatif aux attributions du ministre délégué auprès du ministre du Temps libre, chargé de la Jeunesse et des Sports, JORF, no 264, , p. 3073–3074.
- Décret no 81-714 du relatif aux attributions du secrétaire d'État auprès du ministre du Temps livre, chargé du Tourisme, JORF, no 172, , p. 2052.
Annexes
modifierBibliographie
modifier- Joffre Dumazedier, « Le ministre du temps libre n'est pas le père Noël », Les Cahiers de l'animation, Institut national d'éducation populaire, no 35, , p. 1–15 (ISSN 0291-8404)
- Vincent Gautier, « Le temps libre, un ministère à la vie courte », Socialter, (lire en ligne )
- Luc Gwiazdzinski, « Du ministère du Temps libre aux politiques temporelles localisées », Nectart, no 14, , p. 34–42 (DOI 10.3917/nect.014.0034, lire en ligne)
- André Henry, Le ministre qui voulait changer la vie : une politique du temps libéré ; Bilan, entretien avec Annette Ardisson, Orléans, Corsaire éditions, , 175 p. (ISBN 2-910475-03-4)
- Françoise Tétard, « Le ministère du Temps libre (1981-1983) : Une révolution trop tranquille », dans Françoise Tétard (dir.) et Denis Adam (dir.), L'éducation populaire aux prises avec « les Temps modernes » : 1971-1986 (journée d'étude organisée à la Bourse du travail de Paris le par le Centre d'histoire sociale du XXe siècle et le Syndicat de l'éducation populaire), Ivry-sur-Seine, UNSA Éducation, , 63 p., p. 39–44