Mokhtar Trifi
Mokhtar Trifi (arabe : مختار الطريفي), né en 1950 à Hajeb El Ayoun près de Kairouan, est un avocat tunisien. De 2000 à 2011, il préside la Ligue tunisienne des droits de l'homme.
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Biographie
modifierFormation et activités professionnelles
modifierMokhtar Trifi naît dans la municipalité rurale de Hajeb El Ayoun, en 1950. Issu d'une famille d'agriculteurs assez aisée pour que les enfants n'aient pas à participer aux travaux de la ferme, il est placé avec ses frères chez un oncle pour suivre sa scolarité[1].
Son grand-père, qui a été un militant nationaliste actif, au point de devoir connaître la clandestinité pour échapper à La Main rouge, suit son éducation jusqu'à son entrée au lycée de Kairouan. Ayant obtenu son baccalauréat, Mokhtar Trifi commence des études de droit sur le campus de Tunis. Il participe à de nombreux réunions étudiantes, au point d'être arrêté en novembre 1973. Après avoir effectué son service militaire, il ne peut reprendre ses études, ayant été renvoyé de toutes les universités tunisiennes, du fait de son engagement auprès de l'Union générale des étudiants de Tunisie[2],[3].
La carrière professionnelle de Mokhtar Trifi commence dans le domaine du journalisme. En 1976, il est pigiste au quotidien Assabah, dont il est renvoyé en 1982 au motif de son activité militante. Il est ensuite rédacteur au quotidien Le Maghreb et à l'hebdomadaire Al Mawkif mais « les difficultés de la publication l'incitent à s'éloigner du journalisme »[3].
Mokhtar Trifi obtient son certificat d'aptitude à la profession d'avocat et devient avocat[3]. Il est ainsi amené à défendre des syndicalistes ou des opposants, de gauche ou islamistes, au pouvoir de Zine el-Abidine Ben Ali[4].
Dirigeant de la Ligue tunisienne des droits de l'homme
modifierLors du 5e congrès de la Ligue tunisienne des droits de l'homme (LTDH), en octobre 2000, Mokhtar Trifi en est élu président, après vingt ans d'investissement dans cette association. Il l'emporte face à Fadhel Ghedamsi, que le pouvoir en place espérait voir investi. En réaction, l'association est placée sous séquestre[5],[6].
En tant que président de la LTDH, il est « conduit à dénoncer systématiquement les procès et les violations des droits de l'homme »[3].
En 2011, après la chute de Ben Ali, Trifi assiste à l'inauguration de la place Mohamed-Bouazizi à Paris par le maire de la ville, Bertrand Delanoë[7]. Il critique la position de la France lors de la révolution tunisienne, rappelant que lors de la visite d'État de Nicolas Sarkozy en 2008, il avait été fraîchement reçu par la secrétaire d'État chargée des Affaires étrangères et des Droits de l'homme, Rama Yade[8].
Lors du sixième congrès de la LTDH, le , Trifi ne se représentant pas, Abdessattar Ben Moussa est élu président[9].
Mokhtar Trifi devient alors président d'honneur de la LTDH[10].
Après 2011
modifierEn 2013, Mokhtar Trifi fait partie du collectif de défense chargé de l'affaire Chokri Belaïd, avocat et homme politique tunisien assassiné le 6 février de cette année-là, dont la mort provoque une grave crise gouvernementale. Il affirme en effet que le ministère de l'Intérieur a caché que l'arme employée pour l'assassinat n'est utilisée que par les membres de la sûreté nationale[11].
Après la démission du gouvernement Ali Larayedh, Mokhtar Trifi est l'un des candidats, avec Chawki Tabib, proposé par le Front populaire pour le poste de chef du gouvernement[12]. Le , il devient président du bureau de la Fédération internationale pour les droits humains en Tunisie[13].
Le , il est élu vice-président de l'Organisation mondiale contre la torture aux côtés de Dick Marty, également vice-président, et Hina Jilani, nouvelle présidente succédant à Yves Berthelot[14].
Distinctions
modifier- Commandeur de l'Ordre de la République tunisienne[15] ;
- Deuxième classe de l'Ordre national du Mérite (Tunisie, 2018)[16] ;
- Prix Henri La Fontaine (2018)[17].
Références
modifier- Khadija Chérif et Souhayr Belhassen, « Figure de la société civile tunisienne : Mokhtar Trifi ou les compromis sans compromission », sur leaders.com.tn, (consulté le ).
- « Mokhtar Trifi : le bonheur de remettre la Ligue des droits de l'Homme sur sa nouvelle orbite », sur leaders.com.tn, (consulté le ).
- Éric Gobe, Les avocats en Tunisie de la colonisation à la révolution (1883-2011) : sociohistoire d'une profession politique, Paris, Karthala, , 360 p. (ISBN 978-2-8111-1056-7, lire en ligne), p. 245.
- « Les 50 qui font la nouvelle Tunisie : Mokhtar Trifi, l'électron libre », sur jeuneafrique.com, (consulté le ).
- Lahouari Addi, Régimes politiques et droits humains au Maghreb, Paris, Éditions L'Harmattan, , 205 p. (ISBN 978-2-7475-7207-1, lire en ligne), p. 118-119.
- Dominique Lagarde, « Mokhtar Trifi : un avocat pour la défense des droits de l'homme en Tunisie », sur lexpress.fr, (consulté le ).
- « Une place Mohamed-Bouazizi inaugurée à Paris », sur liberation.fr, (consulté le ).
- « La France ne doit pas être l'allié des régimes autoritaires », sur lepoint.fr, (consulté le ).
- « Abdessettar Ben Moussa, nouveau président de la Ligue tunisienne des droits de l'homme », sur leaders.com.tn, (consulté le ).
- Driss El Yazami et Kamel Jendoubi, « Khemais Chammari et Mokhtar Trifi : la première génération Tunisienne des droits de l'homme », sur leaders.com.tn, (consulté le ).
- « Assassinat de Chokri Belaïd : l'IRVA accuse le ministère de l'Intérieur de "dissimulation de preuves" », sur huffpostmaghreb.com, (consulté le ).
- « Ennahdha renonce aux amendements du réglement intérieur de l'ANC », sur leaders.com.tn, (consulté le ).
- « Nouveau bureau de la Fédération internationale des droits de l'Homme à Tunis », sur baya.tn, (consulté le ).
- « Mokhtar Trifi élu vice-président de l'Organisation mondiale contre la torture », sur businessnews.com.tn, (consulté le ).
- « Décrets et arrêtés », Journal officiel de la République tunisienne, no 101, , p. 4389 (ISSN 0330-7921, lire en ligne [PDF], consulté le ).
- « Béji Caïd Essebsi décore Khemaïes Chammari et Mokhtar Trifi », sur businessnews.com.tn, (consulté le ).
- « Président 2018 - Mokhtar Trifi », sur fondation-hlf.mundaneum.org (consulté le ).