Monastère de Sant Joan de les Abadesses

monastère roman fondé en 887

Monastère de
Sant Joan de les Abadesses
Le chevet.
Le chevet.
Présentation
Nom local Monestir de Sant Joan de les Abadesses
Culte Catholique romain
Type Monastère
Rattachement Bénédictin - Chanoines réguliers de saint Augustin - Congrégation de Saint-Ruf
Style dominant Roman
Géographie
Pays Drapeau de l'Espagne Espagne
Communauté Catalogne
Province Gérone
Ville Sant Joan de les Abadesses
Coordonnées 42° 13′ 58″ nord, 2° 17′ 11″ est
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Monastère de Sant Joan de les Abadesses
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Monastère de Sant Joan de les Abadesses

Le monastère de Sant Joan de les Abadesses est un monastère situé sur le territoire de Sant Joan de les Abadesses, commune de la comarque du Ripollès dans le nord de la province de Gérone et de la communauté autonome de Catalogne en Espagne. Il fut le premier monastère féminin des comtés catalans. D'abord sous l'ordre de Saint-Benoît, il passa en 1017 à l'ordre des chanoines réguliers de saint Augustin, puis de nouveau aux bénédictins sous une forme mixte, puis de nouveau exclusivement réservé aux moniales de l'ordre. Propriété privée, se visite.

Localisation modifier

Sant Joan de les Abadesses et son monastère se situent à 10 km au nord-est de la ville de Ripoll.

Le monastère se dresse à 200 m au sud de l'église romane Saint-Paul, en ruines.

Historique modifier

À l'emplacement de ce monastère existait déjà en 880 une église consacrée à saint Jean-Baptiste. Le monastère est fondé en 887 par le comte d'Urgell et de Cerdagne Guifred le Velu pour sa fille Emma qui en devient la première abbesse[1] En 966 une charte nous informe des négociations menées par Oliba Cabreta pour son frère le comte de Besalú: Sunifred II de Cerdagne, et l'abbesse de Sant-Joan de les Abadesses à propos des pâturages de Coma de Vaca et de Freser, dans la province de Gerone et de bien d'autres textes qui sont relatifs à des questions d'usage de l'eau de ses deux rivières[2].

Ingilberga, fille d'Oliba Cabreta est la dernière abbesse du monastère de 996 à 1017. À la suite de rumeurs d'immoralité des sœurs en général et de l'abbesse en particulier, un scandale éclate, qui donnera naissance à la légende du Comte Arnau. Ces rumeurs semblent entretenues par le comte de Besalú et de Ripoll Bernard Taillefer, demi-frère d'Ingilberga, avec son frère Oliva, qui ambitionne de se constituer un diocèse sur son territoire. Convoquée à Rome par le pape Benoît VIII afin de s'expliquer, Ingilberga refuse de s'y rendre et est de ce fait déclarée rebelle. Une bulle pontificale du décrète l'expulsion des sœurs et leur remplacement par une communauté de moines réguliers de Saint-Augustin, tandis que Bernard Taillefer obtient la juridiction du monastère. Les sœurs sont alors réparties entre les monastères de Sant Pere de les Puelles à Barcelone et Saint Daniel à Gérone et Ingilberga se retire à Vic où elle meurt en 1049[3].

En 1090 Bernard III (II) de Besalú (vers 1060 - 1111), comte de Besalú et de Ripoll et vicomte de Fenouillèdes chasse les clercs réguliers de Saint Augustin de la Congrégation de Saint-Ruf, et cède l'abbaye en 1099, à Richard de Millau (?-1121), abbé de Saint-Victor de Marseille, qui place de nouveau des moniales provençales venant de Prieuré Sainte-Perpétue de Brignoles au monastère de Sant Joan de les Abadesses[4]. C'est à la suite d'un violent conflit avec les chanoines qui revendiquaient l’établissement qui expliquerait le transfert à Marseille d’originaux anciens. Un mémoire rédigé par les chanoines éconduits nous apprend que le comte de Besalù s’était emparé des archives et que Richard de Millau, avait fait usage des privilèges de l’ancien monastère[5].

En 1080, la construction du nouveau Monastère de Santa Maria de Vilabertran a a commencé. La nouvelle église a été consacrée le par l’évêque de Gérone Bernat Umbert. l'abbé Rigau a cherché alors à étendre les domaines du monastère, sa tentative d’annexer le monastère de Sant Joan de les Abadesses a échoué, mais le monastère de Santa Maria de Lladó est finalement devenu une filiale de Vilabertran.

C'est toujours Richard de Millau, légat du pape Pascal II qui au Concile de Toulouse de 1110 accède aux réclamations des anciens possesseurs du monastère et ordonne que les chanoines réguliers de la Congrégation de Saint-Ruf s'y installent.

En 1592, le pape Clément VIII ordonna à Joan Terès i Borrull de procéder à la suppression de tous les chapitres de chanoines réguliers lui donna mission de procéder à la suppression des chanoines réguliers sur le territoire de la Catalogne, le Roussillon et la Cerdagne[6]. Le monastère devient une Collégiale et qui sera supprimé par le Concordat, en 1851 . Elle deviendra alors église paroissiale.

Architecture modifier

Église modifier

L'abside centrale.

Les constructions que nous voyons aujourd'hui est de style roman catalan et date du XIIe siècle. Elle fut consacré le par Ponç de Monells, abbé et évêque, après 40 ans de travaux[7]. Église à une seule nef, avec un grand transept, et un frontispice monumental avec déambulatoire. Elle possède un remarquable chevet roman à cinq pans auquel sont adossées une abside centrale et deux absidioles, soutenus par des piliers massifs le tout complété par deux absidioles extérieures adossées aux bras du transept, l'ensemble d'influence occitane. Elle s'étage sur deux registres.

Elle fut modifiée à différentes reprises, à la suite des différents événements politiques, mais également des tremblements de terre du XVe siècle dont celui du , qui provoqua l'effondrement d'une partie de la façade de l'église et celle de la destruction de l'un des cloîtres romans. À partir de 1592, les archiprêtres font réaliser des travaux d'embellissement avec des décorations de peintures murales. Les architectes Josep Puig i Cadafalch (1867-1956), et après lui Raimundo Durán Reynals (1897-1966) qui restaura la salle capitulaire entre 1948 et 1963, restituèrent au monastère l'état qu'il avait en 1428.

Le cloître modifier

Le monastère comptait deux cloîtres romans, l'un au nord et l'autre au sud de la nef. Le cloître construit en 1442, de style gothique est d'époque, de plan trapézoïdal avec des arcatures romanes, il mène à la salle capitulaire, et à la chapelle baroque des Douleurs, avec sa coupole et ses éléments décoratifs. Elle renferme une sculpture contemporaine de la Piéta, par l'artiste Josep Viladomat (1899-1989). Il remplace celui de style roman détruit par le tremblement de terre de 1428[8].

Musée du monastère modifier

Ouvert en 1975, le musée donnant sur le cloître conserve une collection exceptionnelle d'œuvres allant du VIIIe siècle au XXe siècle et comporte une grande partie des genres artistiques tels que la sculpture, la peinture, le tissu et l'orfèvrerie. De nombreux objets exposés fabriqués pour servir le culte, sont utilisés encore aujourd'hui pour les grandes festivités.

  • Peintures en détrempe sur bois, du retable majeur du monastère L'Ange Zacharie, La Visitation, et Saint-Jean jeune dans le désert attribué au peintre -sculpteur Antoine Peytavi (XVI)
  • L'Archange Saint-Michel, peinture à l'huile sur toile provient de la chapelle de l'infirmerie
  • Retable de la Vierge, provient de la chapelle du Rosaire disparue

Palais de l'abbaye modifier

Le palais de l’Abbaye est une des parties conservées du monastère de Sant Joan de les Abadesses. Il servait d’hébergement aux abbés et on y traitait les questions les plus administratives. Il date des XIIe siècle et XVe siècle. L’écu qu’on conserve dans la plupart des chapiteaux du cloître gothique intérieur, appartient à Arnau de Villalba, l’abbé qui l’avait fait construire. À remarquer aussi la Salle Tosca (Salle de pierre ponce). C'est dans ces lieux que le poète Joan Maragall, a transformé le bâtiment en scénario de la légende du comte Arnau.

Chapelle de l'infirmerie modifier

La chapelle de l’infirmerie du monastère, sous le vocable de Saint-Michel, fut construite au XIIe siècle, où se tenait un culte réservé aux religieux trop souffrants pour assister à l’office du monastère. Elle fut consacré par l'abbé et évêque Ponç de Monells en 1164.

Trésor modifier

  • Le Très Saint Mystère , sculpture en bois d'un groupe représentant la descente de la croix dans un style transitoire entre roman et gothique (achevé en 1251)[9] En 1426 lors de la rénovation de la polychromie du groupe sculpté une hostie fut découverte dans le réceptacle de la tête du Christ qui avait été déposée lors de la consécration des sculptures en 1251.
  • Le retable d'albâtre du monastère est conservé au musée épiscopal de Vic
  • Retables gothiques dédiés à saint Augustin et à Santa Maria la Blanca
  • Tombe du bienheureux Miró de Tagamanent (1113, Tagamanent - 1161, Sant Joan de les Abadesses), fils des seigneurs du château de Tagamanent. ll était vénéré comme un saint dans le monastère et la région. Son tombeau en albâtre est une pièce gothique de grande qualité, du XIVe siècle. Le transfert de la dépouille du saint eut lieu en 1345.

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Abbesses bénédictines modifier

  1. Emma de Barcelone (880-942): devient abbesse à l'âge de 7 ans en 887 et meurt à 62 ans, en 942. Ses restes furent déposés à l'abbaye, dans un endroit non localisé. Cinq abbesses lui succédèrent
  2. inconnue
  3. inconnue
  4. inconnue
  5. inconnue
  6. Ingilberga, dernière abbesse du monastère de 996 à 1017

Abbés augustiniens modifier

  • 1017 à 1099

Abbés bénédictins modifier

  • 1099 - 1111
  • Ramon de Cornellà : dalle funeraire de l'abbé à Sant Joan de les Abadesses[10]
  • Arnau de Villalba

Abbesses bénédictines modifier

  • 1099 - 1111

Abbés augustiniens modifier

De 1111 à 1592

  • 1164 - 1193 : Ponç de Monells (v.1120-1193). considéré comme le dernier des grands abbés et évêques médiévaux. Il consacre l'église de son monastère le avant son achèvement, et dans son testament Ponç lègue une somme importante de 400 morabatins destinée à l'achèvement des travaux de son abbaye à laquelle il donne tout son lustre: 100 pour la construction du vestiaire, 100 pour payer les dettes de construction, 100 pour effectuer plus de travaux, 100 pour la fondation d'une lampe qui brûlera perpétuellement sur l'autel de Sant Joan, qui montre que 40 ans après sa construction l'église n'était pas achevée. Il fut évêque de Tortosa de 1165 à sa mort[11]. Une sculpture le représentant est visible dans le monastère.

Archiprêtre modifier

À partir de 1592, le monastère étant devenu une collégiale et les archiprêtres sont nommés par le pape, jusqu'en 1851.

Propriétés, revenus modifier

  • Pâturages de Coma de Vaca, ainsi qu'à Freser (déjà en 966)

Références modifier

  1. Acte de consécration de Sant Joan de les Abadesses, 875, copie du Xe siècle (Artem 3968, ADBDR 1 H 3 no 6 ; Albanès 1886, p. 454-456, no 1). Confirmation des possessions du monastère de Sant Joan par Arnuste, archevêque de Narbonne, et d’autres évêques réunis en concile à Barcelone, 906 (Artem 3970, ADBDR 1 H 5 no 9 et copie Xe siècle : Artem 3971, ADBDR 1 H 5 no 10).
  2. Bernard Alart (1824-1880), Cartulaire Roussillonnais, Éditions Latrobe, Perpignan, 1880, p. 11
  3. (ca) dbdb.cat, Ingilberga
  4. Jean-Baptiste Renault, La communication dans un réseau méditerranéen en constitution. Voyage des moines et circulation des écrits entre Saint-Victor de Marseille et ses dépendances aux XIe et XIIe siècles, p. 529-551, article 28.
  5. Diplomatari de Sant Joan, p. 103-107, no 53. Vones 2005, p. 335-336. Cité par : Jean-Baptiste Renault, La communication dans un réseau méditerranéen en constitution. Voyage des moines et circulation des écrits entre Saint-Victor de Marseille et ses dépendances aux XIe et XIIe siècles, p. 529-551
  6. Boleda i Cases, R. (1982) Joan Terés i Borrull, Arquebisbe i Virrei.
  7. Ponç de Monells
  8. Plaquette de présentation du musée du monastère
  9. Description et photographie de cette descente de croix
  10. Architecture funéraire
  11. Eduard Junyent, Sant Joan de les Abbesses . Dans : La Catalogne romane : l'architecture du XIIe siècle. Abbaye de Montserrat, 1976. (ISBN 978-84-7202-127-3)

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • R. Aubert (éd), A. Baudrillart (éd), Dictionnaire d'histoire et de géographie ecclésiastiques, Paris, Letouzey et Ané, 1912.
  • Jeroni Pujades, Chronique universelle de la principauté de Catalogne, Barcelone : Imprimerie, J. Torner, 1830, 340 p.
  • Antoni Pladevall, Les monastères catalans , Ediciones Destino, Barcelone, 1970 (ISBN 8423305112) (en catalan)
  • Masdeu, Sant-Joan de les- Abadesses, (Vich, 1926), pp.  33-37.
  • A. Barcenilla, La Bibliotecas de la Alta Edad Media IV. La Bibliotecas de la Marca Hispánica, Paerficit de Estudios publicación clásicos. Textos y Estudios XXI-2, 1997, p. 111-132, p. 127-128 (liste des manuscrits conservés dans la sacristie en 1874: 26 volumes)

Article connexe modifier

Liens externes modifier