Monts Métallifères (Europe centrale)

montagne moyenne en Allemagne et République tchèque

Monts Métallifères
Carte des monts Métallifères.
Carte des monts Métallifères.
Géographie
Altitude 1 244 m, Klínovec
Massif Massif de Bohême
Administration
Pays Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Drapeau de la Tchéquie Tchéquie
Land
Régions
Saxe
Karlovy Vary, Ústí nad Labem

Région minière Erzgebirge/Krušnohoří *
Pays Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Drapeau de la Tchéquie Tchéquie
Numéro
d’identification
1478
Année d’inscription (43e session)
Type Culturel
Critères (ii) (iii) (iv)
Superficie 6 766,057 ha
Zone tampon 13 017,791 ha
Région Europe et Amérique du Nord **
* Descriptif officiel UNESCO
** Classification UNESCO

Les monts Métallifères (en allemand Erzgebirge [ˈeːɐ̯tsɡəˌbɪʁɡə] ; en tchèque Krušné hory [ˈkruʃnɛː ˈhorɪ]) sont une chaîne de moyennes montagnes en Allemagne et en Tchéquie. La crête principale constitue la frontière naturelle entre le Land de Saxe et la région historique de Bohême. Le Klínovec, de 1 244 m d'altitude, et le Fichtelberg avec ses 1 214 m, sont les points culminants du massif.

Depuis le début de la colonisation au Moyen Âge, la montagne a été sculptée par l'intervention humaine, notamment par l'industrie minière qui a donné naissance à un paysage culturel extraordinaire, classé en 2019 au patrimoine mondial de l'UNESCO. Aujourd'hui, une grande partie des monts Métallifères fait partie d'une aire protégée. La région est un espace de randonnée apprécié ; dans les hauteurs, les sports d'hiver peuvent être pratiqués.

Toponymie

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Les premières mentions écrites des monts Métallifères remontent au XIIe siècle ; à l'époque encore sous le nom saltus Bohemicus, « forêt de Bohême », aujourd'hui appliqué à la partie sud-ouest du massif de Bohême. Le nom actuel est dérivé de la richesse en ressources minérales.

Géographie

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Topographie

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Vue depuis le sommet du Fichtelberg vers le nord.

Ce massif doit son nom aux nombreux gisements de minerais (argent, étain, cobalt, nickel, mercure et fer) disséminés dans son sous-sol. Ces richesses ont permis à plusieurs petites villes, telles Zwickau, Annaberg-Buchholz et Schneeberg, de se développer. Des lacs de retenue, des paysages ouverts et verdoyants, des forêts parcourues par des sentiers et des villages de villégiature contribuent à rendre la région particulièrement accueillante.

Les monts Métallifères forment sur 150 kilomètres la frontière entre Allemagne et Tchéquie. La chaîne s'étend de la frontière occidentale de la Saxe jusqu'à la vallée de l'Elbe. C'est dans sa partie occidentale que se trouvent les points culminant, du côté tchèque le Klínovec (1 244 m) et du côté allemand le Fichtelberg (1 214 m). À l’ouest, le massif se prolonge par les Fichtelgebirge bavarois, beaucoup moins élevés. À l’est, les montagnes de grès d’Elbe sur les deux rives du fleuve Elbe peuvent être considérées comme le prolongement le plus oriental des monts Métallifères. La chaîne présente une pente progressive sur le versant nord, vers l’Allemagne, où les villes de Zwickau et de Chemnitz sont situées sur les collines, mais la pente méridionale est beaucoup plus escarpée.

Géologie

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Carte géologique des monts Métallifères.

Les monts Métallifères forment un bloc tectonique asymétrique, dont la roche-mère est un socle hercynien essentiellement métamorphique. Avec les monts du Fichtel, le plateau de Münchberg, le massif schisteux de Thuringe-Franconie et les monts granulitiques de Saxe, ils se rattachent au massif ancien de Thuringe-Franconie, qui constitue la crête nord-ouest du massif de Bohême. Au sein du grand plissement hercynien et des vallonnements de Thuringe-Franconie, les monts Métallifères forment avec les monts du Fichtel un anticlinorium dont l'axe s'incline au sud-ouest. C'est ainsi que le nord-est des monts Métallifères empiète sur les couches tectoniques profondes, anciennes, et que leur pointe sud-est est recouverte par des couches tectoniques plus récentes. Les monts Métallifères sont entrecoupés par deux zones de cisaillement apparues au Mésozoïque : les failles de Gera-Joachimsthal et de Flöha[1].

Les monts Métallifères marquent au nord-est une frontière abrupte avec le graben de l'Eger et la faille de Karsdorf, la pointe sud-ouest de la vallée de l'Elbe, le massif gréseux de l'Elbe et le massif schisteux de Nossen-Wilsdruffer. Là, avec le bassin houiller de Döhlen et les carrières de craie de l'Elbe, des affleurements du Paléozoïque supérieur et du Mésozoïque recouvrent les contreforts des monts Métallifères. La quasi-totalité des contreforts nord-ouest sont eux aussi recouverts par des sédiments du Paléozoïque supérieur, vestiges du comblement d’un bassin sédimentaire : le substrat cristallin des monts Métallifères. À l'ouest, les monts Métallifères se prolongent par le relief peu métamorphisé des schistes de Thuringe-Franconie, et au sud-ouest par les monts du Fichtel (ces chaînes de transition ne sont plus aujourd'hui rattachées aux monts Métallifères, mais au Vogtland, et plus précisément aux monts de l'Elster).

Altenberg en hiver.

Le climat des monts Métallifères est très rude. On appelle cette région par dérision la Sibérie saxonne ou bavaroise, selon le cas. « Il n’était pas rare qu’au cours de certains hivers le bétail gèle dans les étables et que des chutes de neige importantes en avril recouvrent des fermes. La population était souvent coupée du reste du monde. » (cité d’après Athenaum sive Universitas Boemo-Zinnwaldensis (1717) de Peter Schenk). Du fait de ces conditions, il existe près de Satzung (zone frontalière) une forêt naturelle de pins de montagne nains (Pinus mugo). Cette végétation ne se rencontre normalement dans les Alpes qu’entre 1 600 et 1 800 m d’altitude. On peut donc parler de climat alpin.

Le relief particulier (pente assez douce du nord-est au sud-est) reçoit toutes les précipitations de manière régulière et prolongée. La quantité d’eau mesurée est environ du double qu'en plaine et la couverture neigeuse peut être très importante jusqu’en avril. Lorsque le vent vient du sud-est (de Bohême) il peut provoquer un phénomène de foehn.

Histoire

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Le paysage de montagne, au climat rude, était pratiquement inhabité au Moyen Âge et couvert de forêts denses. À la suite de la colonisation au pied nord du massif, des gisements de minerai en argent ont été découverts près de Freiberg vers l’an 1168. Soutenus par les souverains de la marche de Misnie, des colons libres commencèrent à venir en grand nombre, dont de nombreux mineurs de la région du Harz. Cette première colonisation coïncida aussi avec la découverte de gisements de minerai d'étain sur le versant sud en Bohême.

Au XIIIe siècle, la ville de Sayda s’est développée le long de la route commerciale reliant Freiberg à travers les montagnes et Most en Bohême. En même temps furent construites de nombreuses cristalleries, alimentées par le bois issus des forêts défrichées, surtout dans la région de Moldava, Brandov et Neuhausen. Une deuxième grande colonisation dans les zones d’altitude a été déclenchée vers la fin du XVe siècle, à la suite de la découverte de riches gisements de minerai d'argent à Schneeberg, Annaberg-Buchholz, Marienberg et Oberwiesenthal. Du côté de Bohême, la découverte de gisements d’argent, à Joachimsthal et d’étain à Krupka, a mené à la colonisation des montagnes et au renouveau de villes comme Boží Dar, Hora Svatého Šebestiána et Horní Blatná après la fin des croisades contre les hussites au XVe siècle. Les monts Métallifères sont devenus un foyer de l’industrie minière en Europe centrale. La région contribua à la richesse de l’électorat de Saxe aussi bien du royaume de Bohême.

Côté saxon, l'extraction d’uranium au temps de la RDA par la société Wismut a entraîné la contamination d’une région de 40 km2. Depuis leur fermeture, les mines d’uranium font l’objet de travaux de dépollution qui n’empêchent pas un taux particulièrement élevé de cancers[réf. nécessaire].

Aujourd’hui, ces montagnes sont devenues surtout des lieux touristiques de sports d’hiver. Les activités minières ont cessé avec l'épuisement des gisements. La « région minière Erzgebirge/Krušnohoří » est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO le [2].

Voir aussi

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Notes et références

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  1. (en) Reinhard Wolf et al., Terra Nova, vol. 27, , 292–299 p., PDF (lire en ligne), « Superposition of burial and hydrothermal events: post-Variscan thermal evolution of the Erzgebirge, Germany »
  2. « Sept nouveaux sites culturels inscrits sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO », sur UNESCO, (consulté le )

Articles connexes

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Liens externes

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