Moresque

danse du Moyen-Âge

La moresque (ou morisque, mauresque[n 1], moresca en italien et morisca en espagnol) est une danse du Moyen Âge, au rythme binaire et vif, importée par les Maures d'Espagne. Elle est également connue comme danse des bouffons. C'est une danse pantomime de la fin du Moyen Âge, à l'origine une danse de l'épée, où les exécutants portaient des costumes maures. On la rencontre pour la première fois à Lérida en 1150, puis elle apparaît en Italie au le XVe siècle[2] et subsiste jusqu'au XVIIe siècle.

Danseur de morisque. Figurine d'Erasmus Grasser, 1480. Munich.
La Danza morisca représentée par Christoph Weiditz vers 1530-1540.

Histoire modifier

C'est au XVe siècle que la moresque est souvent mentionnée dans les sources, mais elle dure jusqu'au XVIIe siècle. À de rares occasions d'autres danses (comme la basse danse, le saltarello, ou le piva) sont mentionnées, la moresque est presque invariablement décrite dans sa manifestation d'origine, où elle apparaît sous deux formes essentiellement guerrières, en rythme tantôt binaire, tantôt ternaire : une danse en solo, et une danse en couple ou groupe de danseurs, dans laquelle ceux-ci miment un combat d'épée entre chrétiens et musulmans, rythmée d'un ou plusieurs tambours[3]. Les danseurs en deux rangées noircissaient leur visage et portaient des grelots aux poignets et aux chevilles pour simuler le bruit des armes.

Claudio Monteverdi en donne une version chantée à la fin de son opéra l'Orfeo (1607). En France, Thoinot Arbeau l'évoque dans son Orchésographie (1589), comme étant une danse répandue à travers l'Europe.

L'un des meilleurs exemples de la moresque peut être vu dans le Roméo et Juliette (1968) de Franco Zeffirelli, qui montre une scène avec des personnages moresques et une représentation somptueuse de la danse dans la maison des Capulet.

La moresca est toujours dansée en Espagne, en Corse et au Guatemala. Le nom et certaines caractéristiques de la chorégraphie sont liées à la morris dance anglaise[4],[5].

Le terme de « moresca » (chanson moresque) est aussi utilisé pour une forme sans rapport, sorte de villanelle pour le carnaval, une chanson populaire d'Italie vers 1550-1600 (moresche en italien, est le pluriel de moresca). Il reçoit son nom des textes, qui parodient le discours des Maures, définis comme les Musulmans en général, ou plus étroitement les habitants de la côte des Barbaresques[6].

Giulio Cesare Barbetta (1540 - 1603) est l'auteur d'une Moresca detta Bergamasca.

Elle se présente sous deux formes :

  • en solo, comme danse de cour, et
  • en couple ou en groupe, comme danse de combat à l'épée ou au bâton.

Comme danse traditionnelle, on la retrouve, sous des formes parfois différentes mais avec des caractéristiques similaires, de la Macédoine à l'Angleterre, en passant par l'île de Korčula (en croate « moreška »), l'Italie et l'Allemagne.

Les Morisques (de l'espagnol Morisco, littéralement « petit maure ») étaient des musulmans d'Espagne convertis de gré ou de force au catholicisme à la suite des édits de conversion de 1502.

Notes et références modifier

Notes modifier

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Moresca » (voir la liste des auteurs).
  1. La graphie moresque est préférée en français pour nommer cette danse, pour la distinguer de la mauresque, danse provençale exécutée à l'époque du carnaval[1].

Références modifier

  1. Dictionnaire historique de la langue française, article Mauresque
  2. Ludmila Acone, « Le corps de l’homme en mouvement entre danse et combat : le courtisan dans les cours italiennes de la Renaissance », Communication à la Journée d'études « Le corps et ses genres. les dimensions corporelles des différences sexuées », Université Paris I Panthéon Sorbonne,‎ (lire en ligne Inscription nécessaire [PDF])
  3. Sachs 1937, p. 333
  4. Sachs 1937, p. 336–337
  5. Halfyard 2002
  6. Grove 2001

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier