Mort de Sanda Dia
Sanda Dia est un étudiant de l'Université Catholique de Louvain, âgé de 20 ans et décédé en 2018 à la suite des violences physiques qu'il a subies lors d'un baptême étudiant de trente heures au club étudiant de Louvain Reuzegom[1]. L'affaire et les condamnations qui en ont résulté pour les auteurs, trop basses selon les critiques, ont provoqué une indignation sociale généralisée en Belgique[2] ainsi qu'une incompréhension de la part de spécialistes[3]. Une partie de la classe politique belge juge ainsi que la justice a été laxiste[4] voire insuffisante[5] et que cela crée de l'injustice[6]. Il est ensuite annoncé que la Commission de la Justice de la Chambre attend du Conseil Supérieur de la Justice que cette dernière mène une enquête sur l'affaire Sanda Dia[7]. Finalement aucune enquête n'aura lieu[8]. Le ministre fédéral de la Justice, Vincent Van Quickenborne n'a pas questionné la légèreté de la peine ("Il ne faut pas sanctionner pour sanctionner") [9] mais affirme tout de même que la Justice ne doit pas rester sourde aux critiques et interrogations formulés à son encontre. Le 12 juin, il est annoncé qu'aucun pourvoi en cassation n'aura lieu[10].
Déroulement des faits
modifierPour devenir membre du club Reuzegom, Sanda Dia devait, avec d'autres candidats, participer à un bizutage. Celui-ci devait avoir lieu le 4 et 5 décembre 2018. Le 5 décembre il est admis à l'hôpital de Malle à 21h15. À son arrivée, sa température corporelle est de 28,7 °C[11]. Il saigne du nez et de la bouche et son taux de salinité sanguine est extrêmement élevé (117 grammes[12]) en raison de la consommation forcée de sauce de poisson et du refus de ses camarades de le laisser boire de l'eau ou des boissons gazeuses. Le 7 décembre, Dia décède des suites d'une défaillance de plusieurs organes. Deux autres étudiants, qui ont également subi le processus de bizutage, ont été admis à l'hôpital souffrant d'hypothermie[13],[14],[15].
Poursuites
modifierÀ la suite de la mort de Sanda Dia, la police et la justice ouvrent le dossier et les 18 membres de la confrérie Reuzegom font l'objet d'une enquête[16],[17]. Les deux étudiants également hospitalisés se constituent partie civile [18].
Après enquête, certains étudiants impliqués sont suspendus par la KULeuven à la fin de l'année 2020. Cependant, les dirigeants de Reuzegom ont entre temps déjà obtenu leur diplôme[19].
Le 5 août 2021, les chambres de Hasselt ont décidé de renvoyer 18 membres devant le tribunal pour homicide involontaire, administration délibérée de substances nocives ayant entraîné la mort, traitement dégradant et manquement coupable[20]. En mai 2023, la cour d'appel d'Anvers a condamné les étudiants à des travaux d'intérêt général et à une amende pour traitement dégradant et homicide involontaire. Pour les autres chefs d'accusation, ils ont été déclarés non coupables[21].
Polémiques
modifierAlors que ce ne sont pas les juges qui décident si les noms d’auteurs, en cas de responsabilité d’un délit ou d'un crime, sont cités ou non publiquement[22], les identités des membres impliqués[23] dans l'homicide ont été gardées plus ou moins confidentielles, mais sont plusieurs fois publiées par des médias. Ils ont entre autres été dévoilés sur plusieurs blogs et sites internet, sur Twitter/X, Tiktok, dans une vidéo YouTube[24], et inscrits en graffiti à Gand[25].
Par ailleurs, les décisions et mesures prises par l'université KULeuven ont été critiquées, jugés souvent trop faibles[26].
En Belgique, dans les jours qui ont suivi le verdict du tribunal, le niveau limité des peines, considéré par beaucoup comme trop faible, a suscité une vive controverse[27]. Plusieurs manifestations se sont tenues, dénonçant une justice de classe qui protège l'élite blanche[28],[29],[30].
Bibliographie
modifierNotes et références
modifier- « Affaire Sanda Dia : quels sont les faits confirmés par l’enquête, que dit le jugement ? », sur RTBF (consulté le )
- Belgische corpsleden krijgen werkstraffen en boetes na student Sanda Dia via ontgroening te hebben gedood BNN Vara, 26 mei 2023
- « Affaire Sanda Dia : en taisant le nom des coupables, les médias ont-ils commis une faute ? », sur RTBF (consulté le )
- Belga -, « Georges-Louis Bouchez, sur l'affaire Sanda Dia: "Cela illustre une nouvelle fois une justice trop souvent laxiste" », sur La Libre.be, (consulté le )
- Gauvain Dos Santos, « L’affaire Sanda Dia enflamme la politique: Sammy Mahdi vole au secours du Youtubeur Acid et dénonce un “deux poids deux mesures” », sur DHnet, (consulté le )
- La Rédaction, « Kristof Calvo, député fédéral Groen, sur l’affaire Sanda Dia : “Il y a un sentiment d’injustice dans la société” », sur DHnet, (consulté le )
- « “Justice de classe” dans l’affaire Sanda Dia? Une enquête du Conseil supérieur de la justice est attendue », sur 7sur7.be (consulté le )
- Jacques Laruelle, « Affaire Sanda Dia : le Conseil supérieur de la justice n’ouvre pas d’enquête », sur La Libre.be, (consulté le )
- Belga -, « Le ministre Van Quickenborne a répondu aux étudiants dénonçant une justice de classe dans l'affaire Sanda Dia », sur La Libre.be, (consulté le )
- « Affaire Sanda Dia: pas de pourvoi en cassation » , sur Le Vif, (consulté le )
- « Bizutage mortel, « une justice de classe »… Retour sur l’affaire Sanda Dia », sur www.20minutes.fr, (consulté le )
- « En Belgique, la clémence de la justice après un bizutage fatal suscite l’amertume », Le Monde.fr, (lire en ligne , consulté le )
- (en) « Student club where student died is disbanded and faces charges », sur The Brussels Times, (consulté le )
- (nl-BE) Pieter Huyberechts, « Wat er gebeurde na fatale studentendoop van Reuzegom: amper schuldgevoel, maar cover-up », De Standaard, (lire en ligne, consulté le )
- Matt Apuzzo et Steven Erlanger, « A Black Belgian Student Saw a White Fraternity as His Ticket. It Was His Death », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
- (es) Guillermo Abril, « ¿Fue la muerte de Sanda Dia un crimen racista? », sur EL PAÍS, (consulté le )
- (en-US) Matt Apuzzo et Steven Erlanger, « A Black Belgian Student Saw a White Fraternity as His Ticket. It Was His Death. », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
- (en) « Ex-fraternity members back in Belgian court over death of black student », sur The Guardian, (consulté le )
- KU Leuven kiest dan toch zwaarste straf voor Reuzegommers, standaard.be, 5 février 2021
- Philip Heymans, « 18 leden van vroegere studentenclub Reuzegom moeten naar de rechter voor dood van student Sanda Dia », sur VRT NWS, (consulté le )
- Sofie Geusens, « Geen enkele Reuzegommer moet naar de gevangenis voor dood Sanda Dia, wel werkstraffen tot 300 uur », sur Het Nieuwsblad,
- Marise, « L'affaire Sanda Dia révèle-t-elle une justice de classe ? », sur moustique.be, (consulté le )
- (nl-BE) « Home – Gerechtigheid voor Sanda Dia » [archive du ], sur Reuzegom (consulté le )
- « Un Youtubeur dévoile des informations sur les étudiants impliqués dans l'affaire Sanda Dia », sur La Libre,
- « Affaire Sanda Dia : les noms des membres du cercle inscrits en graffiti dans le centre de Gand », sur Le Soir,
- « Le père de Sanda Dia critique la KU Leuven : « Elle est responsable du fait que la vérité ne remonte pas » », sur Soirmag, (consulté le )
- Belgische rechters verontwaardigd over reacties op vonnis over fatale ontgroening Nos.nl, 3 juin 2023
- « L’affaire Sanda Dia enflamme la Flandre: “Des gens payent des amendes plus élevées quand ils oublient leur abonnement de train” », sur La Libre,
- « "Arrêtez de protéger l’élite blanche" : les réactions au jugement dans l’affaire Sanda Dia, mort lors d’un baptême étudiant », sur RTBF,
- « Bizutage mortel en Belgique : les proches de la victimes regrettent un jugement trop clément », La Croix, (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
- (nl) « Vermalen muizen eten in kuil met ijskoud water - de fatale ontgroening van Sanda Dia roept vragen op over onze elite », sur NRC, (consulté le )
- (nl) « In de Whatsappgroep van Reuzegom: ‘Das de schuld van reuzegom, ni van dieje gast he’ », sur De Morgen, (consulté le )