Moses Harman

enseignant américain

Moses Harman
Image illustrative de l’article Moses Harman

Naissance
Décès (à 79 ans)
Première incarcération 1887, infraction au Comstock Act
Origine américain
Type de militance éditeur
essayiste
Cause défendue libertaire
anarchisme individualiste
féminisme

Moses Harman, né le et mort le , est un anarchiste et féministe américain.

Partisan du contrôle des naissances et de l’union libre, il fait de son journal Lucifer, The Light-Bearer, une tribune libre de discussion en faveur de la liberté sexuelle.

Condamné quatre fois en vertu du Comstock Act, il passe de nombreuses années en prison.

Biographie modifier

Lucifer, The Light-Bearer, 1883-1907.

D’abord libéral et libre penseur, Moses Harman devient anarchiste et l’avocat de la révolution sexuelle, de l’amour libre, du droit des femmes et du contrôle des naissances.

Il est l’éditeur avec sa fille Lilian[1],[2] de l’hebdomadaire Lucifer, The Light-Bearer (Lucifer, Le Porteur de Lumière)[3] qui publie de nombreux textes sur l’anarchisme et l’athéisme, organise des réunions publiques et des débats sur le mariage, la sexualité et le féminisme auxquelles participent notamment Emma Goldman[4].

En 1887, sa fille se « marie » en union libre, c'est-à-dire un mariage privé où ni l’Église, ni l’État n’a de rôle à jouer. À cette même cérémonie, Moses refuse l’usage commun de donner sa fille en mariage, précisant qu’elle était la propriétaire de sa propre personne[5].

Harcèlement judiciaire et Comstock Act modifier

En , il est arrêtés, en vertu du Comstock Act, à la suite de la publication d'une lettre assimilant les relations sexuelles imposées dans le cadre du mariage à un viol[6]. Un procureur du district de Topeka formula 216 actes d'accusation.

En 1890, seul responsable de Lucifer, il est à nouveau arrêté sur la base d'un article similaire écrit par un généraliste de New-York. En conséquence, il passe la plus grande partie des six années suivantes en prison. Face à son incarcération, Voltairine de Cleyre crée une pétition pour qu'il soit délivré et invite le public à la signer dans son discours intitulé L'Esclavage sexuel tenu à Philadelphie[7],[8].

En 1896, Lucifer, The Light-Bearer est toujours harcelé par le Postal Service des États-Unis qui saisit et détruisit de nombreux numéros du journal.

En , il est à nouveau arrêté pour avoir publié deux articles, The Fatherhood Question (La question de la paternité) et More Thoughts on Sexology (Plus de pensées sur la sexologie) de Sara Crist Campbell[9].

En 1906, alors âgé de 75 ans, il est condamné à un an de travaux forcés[10]. Emprisonné d'abord à Chicago, il est envoyé, le 1er mars, à la prison Joliet en Illinois. Sa santé se détériore rapidement[11]. Le , il est ensuite transféré à la prison fédérale à Leavenworth, la prison Joliet étant infestée de tuberculose.

Le , il est libéré après 10 mois et trois jours de travaux forcés. Sa libération marque la fin des poursuites judiciaires à son encontre, bien qu'il continue à consacrer les colonnes de Lucifer à la cause de liberté sexuelle[12].

Commentaire modifier

Selon Jesse F. Battan de la California State University : « Moses Harman, rédacteur du journal Lucifer prônant l’amour libre, le Light-Bearer affirma en 1897, que toute forme de conflit social et d’exploitation économique, de l’étalon-or aux salaires immérités et intérêts volés par les « classes dirigeantes» au travail des masses, était simplement une continuité de la « séquence logique » établie par une « vieille conspiration profondément installée contre la liberté et la justice, connue sous le nom d’institution du mariage ». Redéfinissant les enjeux associés à la question de la femme et en ajoutant la « question sexuelle » à cette cuisine, ils rejetèrent la monogamie patriarcale et la famille nucléaire et appelaient de fait à une autonomie sexuelle pour les femmes, le contrôle des naissances et la réforme eugéniste. »[13]

Œuvres modifier

  • Free press : arguments in support of Demurrer ti the indicment of M. Harman, E.C. Walker and Geo Harman, Valley Falls, 1889.
  • The next revolution : or women’s emancipation from sex slavery, Valley Falls, 1890-1891.
  • Love in freedom, Chcago, 1901.
  • A free man's creed : discussion of love in freedom as opposed to institutional marriage, Los Angeles, The Journal of Eugenics, 1900, notice CIRA.
  • Motherhood in freedom, Chicago, 1900.
  • Institutional mariage, Chicago, 1901.

Posthume modifier

Bibliographie modifier

Notices modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

Notes et références modifier

  1. Emma Goldman, Épopée d'une anarchiste. New York 1886 - Moscou 1920, trad. de Living my life, 1931, Éditions Complexe, 1984, page 174.
  2. Dictionnaire international des militants anarchistes : Lilian Harman.
  3. Ronald Creagh, Histoire de l'anarchisme aux États-Unis d'Amérique : les origines, 1826-1886, Claix, La Pensée sauvage, 1981, page 337.
  4. Dictionnaire international des militants anarchistes : Moses Harman.
  5. Wendy McElroy, Individualism : A New View Of Feminism, conférence présentée à l'Institute for Humane Studies, Marymount University, Arlington, Virginia, 22 juin 2001, texte intégral, traduction française.
  6. Francis Dupuis-Déri, Hommes anarchistes face au féminisme, Réfractions, n°24, printemps 2010, page 108.
  7. The Anarchist Library : Voltairine de Cleyre Sex Slavery a4 (lire en ligne)
  8. De Cleyre, Voltairine (1866-1912). et Santerre, Chantal., Écrits d'une insoumise, (ISBN 978-2-89596-269-4 et 2895962693, OCLC 1029556081, lire en ligne)
  9. « Lucifer the Lightbearer », sur fa-heropelyon.fr.
  10. Jean Sutter, L'eugénique ; problèmes, méthodes, résultats, Presses universitaires de France, 1950, page 96.
  11. L'Éphéméride anarchiste : Lucifer - The Light-Bearer.
  12. (en) William Lemore West, The Moses Harman Story, Kansas Historical Quarterlies, 1971, notice biographique.
  13. Jesse F. Battan, « Le socialisme guérira tout, sauf un mariage raté ». Amour libre et le mouvement ouvrier américain, 1850-1910, Socialisme et sexualité, journée d’étude du 5 octobre 2001, Dijon, Université de Bourgogne, texte intégral.