NSCAD Lithography Workshop
L'atelier de lithographie du NSCAD (en anglais : NSCAD Lithography Workshop est un programme actif au Nova Scotia College of Art and Design (NSCAD), à Halifax, au Canada, de 1969[1] à 1976[2] qui donnait aux artistes en exercice la possibilité de visiter l'école et de produire des estampes à tirage limité en collaboration avec un maître-imprimeur[2]. L'atelier permet aux étudiants du NSCAD de voir des artistes professionnels développer leurs idées et créer des œuvres par le biais de la gravure[3]. L'atelier de lithographie a réussi à élever le statut de l'école, tant en termes d'innovation que de capacité technique[4]. Il rouvre en 2017, marquant notamment un partenariat artistique avec le village inuit Kinngait dans le but de décoloniser des arts.
Histoire
modifierL'atelier de lithographie original (1969 - 1976)
modifierL'atelier de lithographie est initialement créé pendant le mandat du président du Nova Scotia College of Art and Design (NSCAD), Garry Kennedy (en) qui a été embauché en 1967[1],[5].
En 1968, Kennedy recrute Gerald Ferguson (en), à l'origine son collègue de l'Université de l'Ohio[6], où ils ont tous deux obtenu leur maîtrise en beaux-arts (Kennedy en 1965[7] et Ferguson en 1966[8]). C'est par l'intermédiaire de Ferguson que Kennedy a été présenté à Jack Lemon au Kansas City Art Institute[3]. Lemon a suivi une formation de maître-imprimeur au Tamarind Lithography Workshop de Los Angeles (fondé en 1960 par June Wayne « pour sauver l'art de la lithographie en voie de disparition »[9]) et avait créé son propre atelier à Kansas City, où il aidait les artistes à produire des lithographies à tirage limité.
Kennedy a vu comment ce programme de collaboration pourrait être bénéfique s'il était facilité au NSCAD[6], avec « l'objectif d'introduire au Canada la renaissance de la lithographie commencée dix ans plus tôt à l'atelier Tamarind en Amérique »[10].
En 1968, Kennedy a nommé Lemon pour construire les studios d'impression et diriger l'atelier[6]. Ce projet a été financé par le gouvernement fédéral canadien, qui s'intéressait au financement des institutions post-secondaires techniques au Canada pendant les années 1960[3]. Kennedy a également engagé Robert Rogers, qui avait travaillé avec Lemon à Kansas City et était lié à l'Institut Tamarind, pour travailler comme maître-imprimeur de l'atelier[6].
Les installations d'impression de l'atelier de lithographie ont été terminées à l'automne 1968 et l'espace était opérationnel en janvier 1969[2].
En 1970, Ferguson devient le directeur de l'atelier[6], avec pour objectif de faire participer à l'atelier davantage d'artistes internationaux, en particulier des artistes conceptuels. Le mouvement de l'art conceptuel gagne du terrain à cette époque, tant au niveau international qu'au NSCAD[6], mais toutes les œuvres créées par l'atelier de lithographie à cette époque ne sont pas concernées par ces idées. L'historienne de l'art Jayne Wark écrit dans Conceptual Lithography at the Nova Scotia College of Art and Design : « Bien que de nombreuses estampes du NSCAD aient démontré un alignement fort avec les préoccupations de l'art conceptuel, elles ne constituaient certainement pas la totalité de la production de l'atelier de lithographie[a]. » « Le Nova Scotia College of Art and Design (NSCAD) était à la fois un acteur à part entière de la facilitation de l'art conceptuel en général, et un exemple précoce de la manière dont l'art conceptuel était impliqué dans la culture commerciale, grâce aux ventes générées par son atelier de lithographie[b]. »
En 1976, l'atelier de lithographie a disparu en raison de « restrictions financières et de changements de priorités »[13]. Les ressources de l'école se sont déplacées vers la NSCAD Press (la maison d'édition de l'université) et ses projets d'édition[14], car la presse fonctionnait également depuis trois ans à ce moment-là, même si une grande partie du financement était utilisée par l'atelier. Kennedy avait le sentiment que les activités de la presse devenaient plus pertinentes pour le développement du monde de l'art[15].
NSCAD Lithography Workshop: Contemporary Editions (2017-)
modifierEn 2017, la galerie Anna Leonowens a reçu une subvention Nouveau chapitre du Conseil des arts du Canada de 285 000 $[16], permettant la réouverture de l'atelier de lithographie. Au cours des deux années suivantes, huit artistes canadiens contemporains ont travaillé aux côtés de Jill Graham, maître-imprimeur certifié par le Tamarind Institute, pour produire des estampes lithographiques en édition limitée[17].
Les artistes participants étaient Shuvinai Ashoona, Jordan Bennett, Shary Boyle, Brendan Fernandes (en), Amy Malbeuf (en), Ed Pien (en), Derek Sullivan (en) et Ericka Walker (en)[18]. Comme l'indique le site Web de l'atelier de lithographie du NSCAD, cette réouverture de l'atelier est axée sur la relation entre les communautés artistiques de la Nouvelle-Écosse et le village inuit Kinngait, ce qui est au cœur de leur initiative de décolonisation des arts par l'engagement conjoint de ces communautés, réalisé par la collaboration d'artistes, en particulier dans la pratique de la gravure :
« Ce projet reconnaît également la relation historique entre le NSCAD et Kinngait Studios[19] et contribue au discours critique émergeant sur les pratiques de décolonisation dans les arts. Il formalise la collaboration communautaire et le partage de l'espace créatif entre les nouveaux artistes et les imprimeurs de Cape Dorset et de la Nouvelle-Écosse, suggérant le type d'échange interculturel dont les communautés et les institutions arctiques se nourrissent déjà, et auquel le reste du Canada doit impérativement commencer à s'engager[c]. »
NSCAD Lithography Workshop: Contemporary Editions a été exposée au Musée des beaux-arts de la Nouvelle-Écosse du au [20].
Mission
modifierL'atelier de lithographie du NSCAD a adopté la philosophie du Tamarind Institute selon laquelle un artiste passe du temps dans l'atelier, travaille avec une équipe et se familiarise avec les matériaux. Cela permettait aux artistes de s'impliquer dans le processus du début à la fin, sans avoir à acquérir les compétences d'un maître-imprimeur[21].
Les principaux objectifs de l'atelier de lithographie étaient « de mettre en place un programme de gravure en lithographie et en taille-douce entièrement équipé et de haute qualité ; d'attirer des artistes professionnels internationaux au Collège ; de permettre aux étudiants d'avoir un contact direct avec ces artistes pendant qu'ils travaillent sur le processus de gravure ; et de générer des revenus pour le Collège par la vente d'estampes[d] ». L'atelier de lithographie a ainsi produit des éditions de cinquante tirages par artiste, dont la moitié revenait à l'artiste et l'autre moitié était vendue par l'école[22].
Directeurs et artistes
modifierDirecteurs et maîtres-imprimeurs
modifierListes établies d'après la page du site web de l'université consacrée à l'atelier[17].
Directeurs
modifier- Jack Lemon : 1968–1970
- Gerry Ferguson : 1970–1971
- Garry Neill Kennedy : 1972–1973
- Jim Davies (directeur intérimaire pendant l'absence de Kennedy) : 1974
- Garry Kennedy : 1975–1980
Directeurs généraux
modifier- Richards Jarden : 1971–1972
- Wallace Brannen : 1972–1974
- John Hutcheson : 1975–1976
- Libby Hutcheson : 1975
- Julie Duschenes (intérim) : 1976
- Murray Lively : 1977–1980
Maîtres-imprimeurs et autres imprimeurs
modifier- Robert Rogers : 1969–1971
- Wallace Brannen : 1971–1974
- John Hutcheson : 1974–1975
- Murray Lively : 1974–1980
- Autres imprimeurs : C.B. Manson, Charles Levine, Christopher Manson, Jerry Raidiger, Michael Armetrout, Perry Tymeson, Ray Lind et Ted Ross.
Artistes et expositions
modifierÀ la fin de l'atelier de lithographie, près de 200 gravures ont été créées par les nombreux artistes qui y ont participé. Diverses sources affirment qu'entre 191[23] et 197[22] estampes originales ont été produites par 76[23] à 79[24] artistes différents.
Années | Nombre d'estampes originales | Nombre d'artistes |
---|---|---|
1969 | 6 | 3 |
1970 | 30 | 16 |
1971 | 29 | 15 |
1972 | 10 | 10 |
1973 | 26 | 10 |
1974 | 61 | 15 |
1975 | 31 | 13 |
1976 | 4 | 4 |
L'atelier de lithographie a été critiqué pour le manque de femmes participant à l'atelier, ainsi qu'au sein de la faculté régulière du studio[24]. Six des artistes participants étaient des femmes[24] : Joyce Wieland (1970), Carol Hoorn Fraser (en) (1974), Carole Condé (en) (1974), Ágnes Dénes (1974), Miriam Schapiro (1975) et Felicity Redgrave (1976)[25].
Parmi les autres artistes notables figurent James Lee Byars (en), John Baldessari, Dan Graham, Sol LeWitt, Robert Smithson, Mel Bochner, Joseph Kosuth, Vito Acconci, Dennis Oppenheim et Lawrence Weiner[5].
Les lithographies produites ont été exposées au Museum of Modern Art (MoMA) et au Musée des beaux-arts du Canada en 1971[15], au Musée des beaux-arts de l'Ontario de à [9] et dans une exposition organisée par les Land Grant Universities of New England aux États-Unis au milieu des années 1980[15].
Parmi les œuvres notables produites par l'atelier de lithographie, citons O Canada de Joyce Wieland, une œuvre dans laquelle elle embrasse la pierre lithographique tout en portant du rouge à lèvres, ses lèvres formant les paroles de l'hymne national canadien Ô Canada[3], I Will Not Make Any More Boring Art de John Baldessari, qui a demandé aux étudiants du NSCAD de copier cette ligne sur les murs de la galerie Anna Leonowens encore et encore, l'exemple manuscrit envoyé par Baldessari étant finalement transformé en gravure[23].
En 1971, l'artiste conceptuel Sol LeWitt a travaillé avec l'atelier de lithographie sur un projet dans lequel il proposait dix estampes qui seraient exécutées par les étudiants et le maître-imprimeur. Il envoyait par courrier des instructions écrites qui étaient ensuite interprétées par les étudiants[26].
Notes et références
modifier(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de la page de Wikipédia en anglais intitulée « NSCAD Lithography Workshop » (voir la liste des auteurs).
Notes
modifier- Citation originale : « Although many of the NSCAD prints demonstrated a strong alignment with conceptual art’s concerns and preoccupations, these certainly did not constitute the totality of the Lithography Workshop’s output[11]. »
- Citation originale : « Nova Scotia College of Art and Design (NSCAD) was both an integral player in facilitating conceptual art in general, and an early example of the ways conceptual art was implicated in commercial culture through the sales generated by its Lithography Workshop[12]. »
- Citation originale : « This project also recognizes the historic relationship between NSCAD and Kinngait Studios and contributes to the emerging critical discourse surrounding decolonizing practices within the arts. It formalizes community collaboration and shared creative space between new artists and printers in both Cape Dorset and Nova Scotia, suggesting the kind of cross-cultural exchange that arctic communities and institutions already thrive on, and that are imperative for the rest of Canada to begin engaging with[17]. »
- Citation originale : « to build up a fully equipped, high-quality printmaking program in lithography and intaglio; to attract international professional artists to the College; to provide students with direct contact with these artists as they worked through the printmaking process; and to raise income for the College though the sale of prints[6] »
Références
modifier- Wark 2009, p. 61.
- Wark 2009, p. 63.
- Kennedy 2012, p. xvii.
- (en) « Other Documents: A Survey of Conceptual Art August 23 – October 19, 2002 Helen Christou Gallery | LINC | Level 9 », sur artgallery.uleth.ca, University of Lethbridge Art Gallery (consulté le ).
- (en) Lois Kernaghan, Marilyn Smulders, Daniel Baird, « Nova Scotia College of Art and Design University », sur thecanadianencyclopedia.ca, L'Encyclopédie canadienne, (consulté le ).
- Wark 2009, p. 64.
- (en) « Garry Neill Kennedy », sur artgalleryofnovascotia.ca, Musée des beaux-arts de la Nouvelle-Écosse (consulté le ).
- (en) « Gerald Ferguson › CV », sur canadanewyork.com (consulté le ).
- (en) « History », sur tamarind.unm.edu, Tamarind Institute (consulté le ).
- Cameron 1982, p. 9.
- Wark 2009, p. 75.
- (en) Leah Modigliani, « Collaborating on Conceptual Art: An Aesthetics of the Impossible », International Contemporary Art, no 110, , p. 4.
- Soucy et Pearse 1993, p. 151.
- Cameron 1982, p. 23.
- Kennedy 2012, p. xix.
- (en) « Revisiting NSCAD Lithography », sur NSCAD, (consulté le ).
- (en) « About », sur litho.nscad.ca (consulté le ).
- (en) « NSCAD marks the revival of famed printmaking lithography workshops », sur NSCAD, (consulté le ).
- (en) « Printmaking », sur dorsetfinearts.com (consulté le ).
- (en) « NSCAD Lithography Workshop: Contemporary Editions », sur artgalleryofnovascotia.ca, Musée des beaux-arts de la Nouvelle-Écosse (consulté le ).
- Cameron 1982, p. 10.
- Wark 2009, p. 85.
- Kennedy 2012, p. xviii.
- Wark 2009, p. 82.
- Wark 2009, p. 88.
- Wark 2009, p. 71.
Annexes
modifierBibliographie
modifier- (en) Eric Cameron, « The Lithography Workshop », dans NSCAD The Nova Scotia College of Art and Design, Halifax, N.S., Press of the Nova Scotia College of Art and Design, (lire en ligne [PDF]).
- (en) Gary Neill Kennedy, « Introduction », dans The Last Art College: Nova Scotia College of Art and Design, 1968-1978, Cambridge, Mass., MIT Press, .
- (en) Donald Soucy et Harold Pearse, « The Lithography Workshop and the NSCAD Press », dans The First Hundred Years: A History of the Nova Scotia College of Art and Design, Fredericton, NB, University of New Brunswick Faculty of Education and the Nova Scotia College of Art and Design, .
- (en) Jayne Wark, « Conceptual Lithography at the Nova Scotia College of Art and Design », Journal of Canadian Art History, no 30, .
Liens externes
modifier
- (en) « NSCAD Lithography Workshop - Contemporary Editions », sur litho.nscad.ca (consulté le ).