Naïa la sorcière

Figure locale liée au château des Rieux à Rochefort-en-Terre dans le Morbihan
Naïa la sorcière
Description de cette image, également commentée ci-après
Portrait de Naïa, photographiée en par Charles Géniaux.

Naïa la sorcière

Alias
Naïa Kermadec
Naissance XIXe siècle
Malansac (Morbihan, France) [présumé]
Décès XXe siècle
Nationalité française
Pays de résidence France
Activité principale

Naïa la sorcière ou Naïa Kermadec sont les surnoms donné à une femme considérée comme une sorcière, qui aurait vécu dans les ruines du château des Rieux à Rochefort-en-Terre dans le Morbihan à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle[1]. Elle est devenue une figure locale à la suite de la publication de sept cartes postales la représentant, éditées dans la série "Mœurs et Coutumes Bretonnes" par Neurdein.

Biographie modifier

Rumeurs modifier

Le romancier français Charles Géniaux publie une enquête sur Naïa Kermadec dans la revue illustrée Wide World Magazine (en) en , puis dans son livre La Vieille France qui s'en va paru en 1910. Alors qu'il séjourne à l'hôtel Le Cadre de Rochefort-en-Terre, il se serait d'abord intéressé au personnage en interviewant des gens qui la connaissaient, puis l'aurait ensuite rencontrée. Selon un de ses informateurs, elle serait née dans la commune voisine de Malansac, d'un père rebouteux[2]. Le nom de Naïa pourrait être lié au mot gallo signifiant « noire » ; tandis que le patronyme de Kermadec, mentionné uniquement dans la première enquête, aurait été inventé par Charles Géniaux pour faire « couleur locale » selon les dires de Stéphane Batigne, traducteur et éditeur de l'article de la revue britannique[3]. On sait également qu'elle était instruite, savait lire, écrire et connaissait les plantes[4].

Charles Géniaux écrit qu'elle habitait dans les ruines du château de Rochefort[5] :

« Les plus anciens parmi les vieillards se souviennent de Naïa. Leur petite enfance fut bercée par les récits magiques de ses exploits. Ils lui ont toujours connu une silhouette unique, c'est-à-dire une même apparence, un costume invariable, ni plus neuf, ni plus vieux et sa démarche, ses traits, sa vigueur échapperaient aux atteintes de l'âge. De là ils concluent à l'immortalité de Naïa ! »[6]

Celui-ci décrit son apparence de manière plus détaillée :

« Naïa était assise à l'entrée d'une niche enlierrée, un gros bâton ferré à la main. [...] Elle me parut une femme robuste de soixante années. Ses traits, son front ridé, pouvaient être d'une centenaire, cependant que ses mains charnues et solides démentaient la vieillesse précoce du haut de son visage. Mais je n'oublierai jamais les yeux de cette curieuse jeteuse de sorts. Ils sont blancs, gros, hagards. J'ai écrit blancs, je devrais dire laiteux, brouillés. J'aurais conclu à la cécité de Naïa; mais, par un phénomène inexplicable, ce brouillard qui masque ses pupilles ne l'empêchait nullement d'apercevoir fort loin les moindres détails d'une scène, ainsi qu'elle me le prouva. Ses cheveux encore noirs débordaient sur les épaules. Son costume, à l'allure romantique, se composait d'un énorme châle très propre et d'une robe de laine grossière. »

Il affirme également que les gens croyaient « que Naïa ne mangeait ni ne buvait », qu'« elle fut rencontrée [le même jour] à des distances fort éloignées » (elle aurait donc disposé du don d'ubiquité), qu'elle prédisait l'avenir en lisant les lignes de la main et jetait des sorts, qu'elle invoquait un démon nommé Gnâmi[7] et avait une insensibilité au feu, maniant les tisons et les laissant brûler dans sa paume ouverte[8].

Controverse modifier

Charles Géniaux rapporte que selon un médecin local, Naïa aurait utilisé ses talents de ventriloquie pour impressionner les Rochefortais, et qu'elle se badigeonnait la main d'une préparation grasse pour la protéger des flammes[9].

Par ailleurs, Stéphane Batigne souligne qu'un érudit local qui avait interrogé les locaux dans les années 70-80 n'aurait pas réussi à trouver un seul Rochefortais ayant connu la sorcière [10].

Héritage modifier

Naïa Museum modifier

Un musée-galerie des arts fantastiques et visionnaires, installé dans le château de Rochefort-en-Terre depuis 2015, porte son nom : Naïa museum[11].

Dans les arts modifier

Naïa est le personnage central d'une série de trois romans jeunesse de Marilyse Leroux, parus chez Stéphane Batigne Éditeur[12]:

  • Babou a disparu, 2016
  • La chasse à la sorcière, 2018
  • Naïa et la voix magique, 2019

L'éditeur Stéphane Batigne a traduit en français le récit original de Charles Géniaux, paru en anglais en 1899, et l'a publié en 2015 sous le titre Naïa la sorcière de Rochefort-en-Terre.

Naïa a aussi inspiré le spectacle Naïa, dernière sorcière de Bretagne (groupe de musique et danse Festerion ar Brug de Pluneret, 2016) et un an dro du groupe An Erminig. Elle a également servi d'inspiration à Jérôme Pelissier et Carine Hinder pour leur BD Brume (Glénat, 2023).

Notes et références modifier

  1. Stéphane Batigne, Lieux de légendes et de croyances - Pays de Questembert & Rochefort-en-Terre, p. 138, 2017, (ISBN 979-10-90887-56-5)
  2. Charles Géniaux, La Vieille France qui s'en va, us et coutumes de Bretagne, 1903
  3. « Interview de Stéphane Batigne, traducteur et éditeur de «Naïa, la sorcière de Rochefort-en-Terre» », sur Stéphane Batigne Éditeur (consulté le )
  4. « « Naïa la sorcière » n'est pas tout à fait une légende », sur Ouest-France, (consulté le )
  5. Charles Géniaux, Naïa, la sorcière de Rochefort-en-Terre, Stéphane Batigne Éditeur, 2015, (ISBN 979-10-90887-40-4)
  6. Charges Géniaux, Naïa la Sorcière, "Almanach de l'Action libérale populaire", 1903, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5562055f/f135.image.r=Na%C3%AFa
  7. Selon Naïa, Gnâmi serait un être mystérieux : « Celui qui peut, Celui qui veut, Celui qu'on ne voit pas ! »
  8. C'est un procédé utilisé par des saltimbanques : il faut déposer un corps isolant sur l'épiderme avant de la faire.
  9. (en) Charles Géniaux, « Naïa, the witch of Rochefort », Wide World Magazine,‎
  10. « Il y a 120 ans, le monde découvrait la sorcière de Rochefort-en-Terre », sur ouest-france.fr, (consulté le )
  11. Le Naïa Museum, l’imaginaire fantastique investit la Bretagne, Présence d'esprits
  12. «Naïa, prête à ré-ensorceler les petits lecteurs», Sylvie Ribot, Ouest-France, 13 mai 2019

Annexes modifier

Bibliographie modifier

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier