Naltrexone

composé chimique

Naltrexone
Image illustrative de l’article Naltrexone
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Identification
Nom UICPA (5R,9R,13S,14S)-17-Cyclopropylméthyl-3,14-dihydroxy-4,5-époxymorphinan-6-one
Synonymes

PTI-555, naltrexone

No CAS 16590-41-3
No ECHA 100.036.939
No CE 240-649-9
Code ATC N07BB04
PubChem 5360515
SMILES
InChI
Propriétés chimiques
Formule C20H23NO4  [Isomères]
Masse molaire[1] 341,400 9 ± 0,019 g/mol
C 70,36 %, H 6,79 %, N 4,1 %, O 18,75 %,
Propriétés physiques
fusion 169 °C
ébullition 558,1 °C
Solubilité 1,630 g·L-1 (eau, 25 °C)
Masse volumique 1,47 g·cm-3
Pression de vapeur saturante 1,30×10−11 mmHg (25 °C)
Précautions
Directive 67/548/EEC
Nocif
Xn


Écotoxicologie
DL50 551 mg·kg-1 (Souris, sous-cutanée)
Données pharmacocinétiques
Biodisponibilité 5-40 %
Liaison protéique 21 %
Métabolisme Hépatique
Demi-vie d’élim. 4 heures (naltrexone)
13 heures (6-β-naltrexol)
Excrétion

rénale

Considérations thérapeutiques
Classe thérapeutique antagoniste d'opiacé, antidote
Voie d’administration orale, hépatique
Grossesse Catégorie B3 (Australie)

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

La naltrexone est un inhibiteur des opiacés (endogènes et exogènes) utilisé à l'origine dans le traitement des toxicomanies aux opiacés puis dans celui de l'alcoolisme chronique.

C'est sa forme de chlorhydrate de naltrexone qui est commercialisée sous les marques déposées Revia (en France) et Depade. Dans quelques pays dont les États-Unis, une formule à libération prolongée est commercialisée sous le nom commercial Vivitrol. Aux États-Unis, le bromure de méthylnaltrexone, une molécule proche vendue sous le nom de Relistor, est utilisée dans le traitement de la constipation induite par les opioïdes. Il ne faut pas le confondre avec la naloxone qui est plus adaptée en cas d'urgence (overdose) que dans le traitement au long cours des dépendances. Utiliser de la naloxone à la place de la naltrexone peut causer des syndromes de sevrages importants. Inversement, utiliser de la naltrexone à la place de la naloxone dans le cas d'une overdose peut amener à un antagonisme des opioïdes insuffisant et peut faire échouer le traitement. Il ne faut pas la confondre avec la nalorphine qui est agoniste antagoniste des récepteurs opioïdes.

En médecine vétérinaire, elle est utilisée en réversion des anesthésies courtes, pour contrer les effets d'un opiacé utilisé dans le protocole (butorphanol par exemple).

Indications thérapeutiques modifier

Avec autorisation de mise sur le marché modifier

Dépendance à l'alcool modifier

Elle diminue la fréquence et la sévérité des rechutes dans la consommation abusive d'alcool[2]. L'étude multicentrique COMBINE a montré l'efficacité de la naltrexone comme traitement en médecine ambulatoire, sans association de psychothérapie[3]. Les mécanismes d'actions pourraient être un effet antagoniste aux opioïdes endogènes comme la tétrahydropapavéroline, dont la production est augmentée lors de la consommation d'alcool[4].

La dose initiale est de 50 mg par jour. Des nausées assez fréquentes[5] disparaissent au bout de quelques jours. Les autres effets indésirables sont rares à ces doses-là (cytolyse hépatique)[5]. Les interactions médicamenteuses sont peu significatives. La naltrexone a deux effets[6]. Elle diminue le besoin compulsif (craving) de boire et elle diminue les effets renforçants positifs (effets plaisants) lié à une prise d'alcool.

Dépendance aux opioïdes modifier

La naltrexone aide les patients à se sevrer des opioïdes en bloquant les effets euphoriques des drogues. Elle a peu d'effet sur le besoin compulsif contrairement à l'alcool[7]. Elle a été mieux étudiée dans l'alcoolodépendance que dans la dépendance aux opioïdes.

Hors autorisation de mise sur le marché modifier

À côté de cet usage de la molécule, existe un autre usage dit « LDN » pour Low Dose Naltrexone = « faibles doses de naltrexone », qui a été promu par le Dr Bihari dans les années 1980[8]. Les doses de naltrexone prescrites sont alors de l'ordre de 1,5 mg/j à 4,5 mg/j (contre 50 mg/j dans l'usage princeps). Selon lui, le produit doit être pris (per os) au coucher. Les indications thérapeutiques seraient nombreuses :

Malgré l'absence totale d'essai de taille suffisante et méthodologiquement fiable et de recommandations de sociétés savantes ou d'autorité de santé, certains spécialistes des endorphines cautionnent l'efficacité des LDN dans la SEP, la fibromyalgie et la maladie de Crohn[19]. Cet usage se répand aujourd'hui aux Etats-Unis pour l'ensemble des maladies à caractère inflammatoire et auto-immunes. [4]

Contre-indications thérapeutiques modifier

Les opioïdes endogènes (produits par l’organisme) peuvent jouer un rôle important dans certaines circonstances en permettant une hypoalgésie, c'est-à-dire en élevant le seuil de la douleur (nociception, notamment dans une partie des cas d'effets placébo face à la douleur chronique). La naltrexone peut annuler cet effet[20].

Noms commerciaux modifier

La naltrexone est vendue sous différents noms :

  • Celupan
  • MorViva
  • N-Cyclopropylmethylnoroxymorphone
  • Naltrexin
  • Naltrexona [INN-Spanish]
  • Naltrexone Hcl
  • Naltrexone [Usan:Ban:Inn]
  • Naltrexonum [INN-Latin]
  • Nemexin
  • ReVia
  • Vivitrex

Association bupropion/naltrexone modifier

Le , la Food and Drug Administration (FDA) a donné son feu vert à la commercialisation de l'association bupropion/naltrexone (nom commercial : Contrave de l'entreprise pharmaceutique japonaise Takeda Pharmaceutical) dans le traitement de l’obésité[21].

Liens externes modifier

  • Compendium suisse des médicaments : spécialités contenant Naltrexone

Notes et références modifier

  1. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  2. (en) N.C. Latt, S. Jurd, J. Houseman et S.E. Wutzke, « Naltrexone in alcohol dependence: a randomised controlled trial of effectiveness in a standard clinical setting », Med J Aust, vol. 176, no 11,‎ , p. 530–4 (PMID 12064984, lire en ligne)
  3. « Naltrexone or Specialized Alcohol Counseling an Effective Treatment for Alcohol Dependence When Delivered with Medical Management », National Institutes of Health, (consulté le )
  4. H. Haber, I. Roske, M. Rottmann, M. Georgi et M. F. Melzig, « Alcohol induces formation of morphine precursors in the striatum of rats », Life Sciences, vol. 60, no 2,‎ , p. 79–89 (PMID 9000113, DOI 10.1016/S0024-3205(96)00597-8) modifier
  5. a et b Berg BJ, Pettinati HM, Volpicelli JR, A risk-benefit assessment of naltrexone in the treatment of alcohol dependence, Drug Saf, 1996;15:274-282
  6. (en) JD Sinclair, « Evidence about the use of naltrexone and for different ways of using it in the treatment of alcoholism », Alcohol and Alcoholism, vol. 36, no 1,‎ , p. 2–10 (PMID 11139409, DOI 10.1093/alcalc/36.1.2, lire en ligne)
  7. (en) BA Dijkstra, CA De Jong, SM Bluschke, PF Krabbe et CP van der Staak, « Does naltrexone affect craving in abstinent opioid-dependent patients? », Addict Biol, vol. 12, no 2,‎ , p. 176–82 (PMID 17508990, DOI 10.1111/j.1369-1600.2007.00067.x)
  8. « The Low Dose Naltrexone Homepage », sur lowdosenaltrexone.org (consulté le ).
  9. « Low Dose Naltrexone Therapy », sur ldners.org (consulté le ).
  10. [1] Texte disponible en français sur [2] « Copie archivée » (version du sur Internet Archive)
  11. (en) Smith JP, Field D, Bingaman SI, Evans R, Mauger DT., « Safety and tolerability of low-dose naltrexone therapy in children with moderate to severe Crohn's disease: a pilot study », J Clin Gastroenterol., vol. 47, no 4,‎ , p. 339-45. (PMID 23188075, DOI 10.1097/MCG.0b013e3182702f2b), résumé disponible en français sur [3]
  12. (en) Younger J, Mackey S, « Fibromyalgia symptoms are reduced by low-dose naltrexone: a pilot study », Pain Med, vol. 10, no 4,‎ , p. 663-72. (PMID 19453963, PMCID PMC2891387, DOI 10.1111/j.1526-4637.2009.00613.x) modifier
  13. Confirmation: Low-dose naltrexone eases fibromyalgia pain. Medscape. Feb 27, 2012.
  14. (en) Younger J, Noor N, McCue R, Mackey S, « Low-dose naltrexone for the treatment of fibromyalgia: findings of a small, randomized, double-blind, placebo-controlled, counterbalanced, crossover trial assessing daily pain levels », Arthritis Rheum, vol. 65, no 2,‎ , p. 529-38. (PMID 23359310, DOI 10.1002/art.37734, lire en ligne [html]) modifier
  15. Walter Alexander, « 2012 Integrative Healthcare Symposium », Pharmacy and Therapeutics, vol. 37, no 4,‎ , p. 247–249 (ISSN 1052-1372, PMID 22593637, PMCID PMC3351864, lire en ligne, consulté le )
  16. « The Low Dose Naltrexone Homepage », sur lowdosenaltrexone.org (consulté le ).
  17. « The Low Dose Naltrexone Homepage », sur lowdosenaltrexone.org (consulté le ).
  18. « ldnscience.org/low-dose-naltre… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  19. (en)What is LDN used for
  20. Bruehl S, Burns JW, Chung OY, Magid E, Chont M, Gilliam W, Matsuura J, Somar K, Goodlad JK, Stone K, et al. (2009), Hypoalgesia associated with elevated resting blood pressure: evidence for endogenous opioid involvement. J Behav Med. 2010 Apr; 33(2):168-76. Epub 2009 Dec 29 (résumé
  21. (en) « FDA approves weight-management drug Contrave », sur Food and Drug Administration, (consulté le ).