Le neuropiratage (de l'anglais « neurohacking »; voir également neuroingénierie dans la culture populaire) est la récupération de l'information à partir du cerveau (comme des mots de passe, des lieux, etc.) sans le consentement de l'intéressé; actuellement, aucune technologie n'existe pour mettre en pratique une telle tactique. Le concept a été largement utilisé en science-fiction (ex : le film « Matrix »,«Ultimate Game » ou «Ghost in the Shell »). Pour la récupération des données, c'est typiquement une sorte d'interface homme-machine qui est utilisée, par laquelle l'activité du cerveau, des neurones, des synapses est d'une certaine façon capturée ou enregistrée pour être traitée numériquement[1],[2]. Toutes ces techniques de représentation des cartographies cérébrales nécessitent le traitement algorithmique de méga-données ayant recours à l’apprentissage profond et l’intelligence artificielle. Les promoteurs de ce concept se réfèrent généralement à l'imagerie à résonance magnétique (IRM) ou la magnéto encéphalographie (MEG) pour soutenir la plausibilité de ce principe. Bien qu'une certaine forme de neuro-imagerie pourrait aujourd'hui être utilisée, la précision de n'importe laquelle des méthodes actuelles en est très loin. Par exemple, il est admis qu'un tel neuropiratage requerrait la détection de l'état de chaque neurone individuellement (approximativement 1 micromètre de diamètre) alors que la résolution de l'EEG est de l'ordre de plusieurs milliers de neurones et les autres systèmes sont même moins précis que cela. Il est estimé qu'un neuropiratage de la sorte ne sera pas utilisable en pratique avant plusieurs décennies.

Sa place dans le biohacking modifier

Depuis des années, les bio-hackers implantent des magnets ou autres objets électroniques dans différentes parties de leur corps, ce qui leur permet d’allumer des lumières ou une imprimante d’un seul mouvement de bras. Il ne s’agit plus de réparer un corps souffrant mais d’augmenter des aptitudes cognitives individuelles voire les performances collectives d’un corps social. Mais aux alentours des années 2000, ces implants ont été plus loin puisque certaines personnes se sont fait installer un « BrainGate », soit un dispositif implanté dans un nerf (par exemple celui du bras). Ce système pourrait leur permettre de contrôler un robot par le simple biais de leurs pensées, mais il pourrait également avoir un rôle thérapeutique, puisqu’il a été observé que cela avait aidé une personne paralysée à pouvoir retrouver des sensations dans le bras[3]. Comme le montre la série Biohackers, un techno-thriller allemand créée par Christian Ditter, lancée sur Netflix le 20 août 2020.

Critiques et craintes modifier

A la différence des autres secteurs de la santé, dans lesquels les acteurs industriels agissent en s’appuyant sur un socle de culture scientifique et médicale orienté vers les malades en tant qu’objets biologiques complexes, dans celui des neurotechnologies, de puissants entrants issus du commerce en ligne, des réseaux sociaux et du monde des véhicules électriques brisent tous les cadres avec la promesse hâtive de « libérer la puissance du cerveau »

Le neuropiratage paraît aujourd’hui de plus en plus réel puisque nombreux sont les gens qui craignent que les GAFAM prennent le contrôle de leur cerveau, avec des moyens concrets et actuels. Ils pourraient, selon eux, se servir de leur ADN, des traces qu’ils laissent sur Internet, de leurs dossiers médicaux numérisés, des nanotechnologies, des mégadonnées ou encore des prothèses électroniques ou d’autres objets connectés[4].

Une expérience du professeur Tonegawa encourage ces peurs, puisqu’il a réussi en 2013 à modifier les souvenirs d’une souris génétiquement modifiée, et ce par le biais de la manipulation de cellules de l’hippocampe, grâce à des empreintes biologiques appelées « engrammes »[5].

D’autres expériences ont pu prouver par les « Interfaces neuronales directes » qu’il existait une similarité évidente entre la matière grise de notre cerveau et le silicium des ordinateurs. Même si l’on ne s’en rend pas forcément compte, les technologies prennent de plus en plus de place dans la manière d’appréhender son corps, pour surveiller son stress, son cœur ou encore parfois ses émotions. Ici ce qui inquiète sont surtout le vol d’informations privées ou l’endommagement du cerveau[6].

Bien que certains processus du cerveau soient similaires à ceux de la souris ou à ceux d'un ordinateur, manipuler un cerveau humain n’est pas encore possible scientifiquement.

En 2020, l'arrivée du premier prototype Neuralink d'Elon Musk commençait à sérieusement inquiéter les experts en sécurité. Son idée, relier le cerveau humain à une machine grâce à un implant. La start-up Neuralink est dignes de la science-fiction, elle souhaiterait à l'avenir pouvoir « interconnecter le cerveau humain et un ordinateur ». Cela inquiète car un système informatique ne peut pas être infaillible, ou du moins pas encore, selon des experts en sécurité informatique cela pourraient rendre « l'humanité vulnérable » et nous rendre « hackables ». Cela signifierait la possibilité d'avoir accès à nos pensées, nos souvenirs, etc. Et pourrait s'avérer d'autant plus dangereux face à des individus détenant des informations liées à la sécurité d'un pays[7].

De plus, ce serait modifier notre cerveau pour le rendre apte à avoir un implant connecté.

Un danger également pointé par le Dr Sasitharan Balasubramaniam, directeur de recherche au sein du groupe des logiciels et systèmes de télécommunications de l'Institut de technologie de Waterford (TSSG): « Quel type de dommages une attaque causera au cerveau : effacera-t-elle vos compétences ou les perturbera-t-elle ? Quelles seront les conséquences - se présenteront-elles sous la forme d'une simple nouvelle information introduite dans le cerveau, ou iront-elles jusqu'à endommager des neurones, ce qui entraînerait un processus de réorganisation du cerveau capable de perturber ensuite votre pensée ? ».

Néanmoins, tout cela n'a pas que des points négatifs mais pourrait aussi en théorie permettre de soigner des maladies comme Alzheimer, Parkinson, etc. La stimulation cérébrale profonde est déjà utilisée dans le traitement de la maladie de Parkinson, de la maladie de Gille de La Tourette, des troubles obsessionnels compulsifs résistants, de la dépression résistante[8].

Moran Cerf, ancien hacker mondialement connue devenue neuro scientifique met en garde sur ces nouvelles pratiques à venir : « Ne croyez pas tout ce que vous pensez ! » Car pirater le cerveau humain est aussi simple que de pirater un système informatique[9].

Sa place dans la littérature modifier

La science-fiction contemporaine laisse une large part à l’archétype d’une humanité transcendée. Ses récits mettent en scène des personnages qui dépassent leurs conditions de mortels et défient les lois de la nature à l’aide de modification provenant d’intervention technoscientifique.

La figure du héros / anti-hero jauge entre l’homme transformé et augmenté par la neuroscience / technoscience et, l’homme qui résiste, s’échappe et combat un monde étouffant et mensonger où les avancées scientifiques rime plus avec soumission qu’avec progrès.

Dans « Les Cantos d’Hypérion », Dan Simmons introduit le « cruciforme », une sorte de parasite en forme de croix qui une fois placé sur la peau d’un hôte, copie ses échantillons d’ADN et sa mémoire. Après la mort accidentelle ou naturelle de celui-ci, le parasite est capable d’intégralement recréer le corps et l’esprit de son propriétaire, lui permettant ainsi de renaître. Cependant, cette transcendance technoscientifique se révèle n’être qu’un piège aliénant tendu par le TechnoCentre pour utiliser le potentiel neuronal et électrique des humains à son profit.

Dans la trilogie de L'Aube de la nuit de Peter F. Hamilton, Joshua, le héros, bénéficie d’améliorations génétiques et d’implants neuronaux lui permettant d’user de son cerveau comme d’une machine informatique[10].

La technoscience et l'homme ont inspirés les écrivains comme :

Sa place dans le cinéma modifier

Notes et références modifier

  1. Grallet, G & Paillon, M, « Pirater les rêves : peut-on encore faire confiance à notre cerveau ? » Accès libre, sur France 24, (consulté en )
  2. Université de Genève, « Un modèle neuroinformatique décode la parole en la présidant » Accès libre, sur Techno-Sience, (consulté en )
  3. (en) Kevin Warwick, « Meet the biohackers letting technology get under their skin » Accès libre, sur The Conversation, (consulté le )
  4. S. Desmichelle, « Hacker le cerveau : la menace ultime ? » Accès libre, sur Science et Avenir, (consulté le )
  5. « Des chercheurs créent de faux souvenirs chez des souris » Accès libre, sur Science et Avenir, (consulté le )
  6. J. Best, « Bientôt, votre cerveau sera connecté à un ordinateur. Pourrons-nous empêcher les hackers de vous pirater ? » Accès libre, sur ZDNet, (consulté le )
  7. Bouvet, R, « Des experts en sécurité inquiets à l'approche de la présentation du premier prototype Neuralink d'Elon Musk » Accès libre, sur Clubic, (consulté en )
  8. Radtchenko, A, « Sera-t-il possible de pirater notre cerveau ?  » Accès libre, sur Atlantico, (consulté en )
  9. Aurélie Delmas, « Hacker le cerveau humain ? la mise en garde d'un médecin français » Accès libre, sur BFMTV, (consulté le )
  10. Isabelle Périer, « De la mythocritique à la mythanalyse : rêve de transcendance et transhumanisme » Accès libre, sur cairn.info, (consulté le )
  11. Lire le cerveau : neuro-science-fiction, Pierre Cassou-Noguès, publié en 2012

Liens externes modifier

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