Nicole Loraux
Nicole Loraux, née Pilon le à Paris et morte le à Argenteuil[1],[2], est une helléniste, anthropologue, historienne et traductrice française. Son œuvre a apporté un renouveau majeur aux études sur la Grèce antique, dont elle a été une spécialiste reconnue au plan international[3],[2]. Son apport est particulièrement important dans les domaines de la politique, du rapport entre les sexes ainsi que dans celui de l'imaginaire et des sensibilités individuelles[2].
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Nicole Françoise Pilon |
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Biographie
modifierAncienne élève de l'École normale supérieure de jeunes filles (L1962)[4], agrégée de lettres classiques (1965)[5], Nicole Loraux fut directrice de recherche à l’École des hautes études en sciences sociales où elle est professeur d'« Histoire et anthropologie de la cité grecque » (1981)[3]. Elle fut membre de l’« École de Paris »[6],[7], composée de Jean-Pierre Vernant, Pierre Vidal-Naquet et de Marcel Detienne. Elle eut comme élèves, entre autres, Nathalie Ernoult, Ana Iriarte, Catherine Darbo-Peschanski ou Alice Pechriggl.
En , elle fait partie des 34 signataires de la déclaration rédigée par Léon Poliakov et Pierre Vidal-Naquet pour démonter la rhétorique négationniste de Robert Faurisson[8].
Elle a écrit à de multiples reprises, dès le troisième numéro, pour la revue interdisciplinaire Le Genre humain publiée par Le Seuil.
Elle a épousé le philosophe Patrice Loraux. Elle meurt le à Argenteuil, à 59 ans[9].
Champ d'étude
modifierSon Invention d'Athènes (1981), traduite en anglais, est considérée comme un texte pionnier sur la fonction culturelle de la rhétorique dans la démocratie athénienne. Elle y étudie, à travers les oraisons funèbres, l'imaginaire de la citoyenneté, et démonte un certain nombre d'interprétations sur le statut du politico-religieux[3].
Plus généralement, les travaux de Nicole Loraux mobilisent de manière créative les apports de la psychanalyse, et du concept d'imaginaire (social), de l’anthropologie et de l’histoire pour porter un éclairage nouveau sur la Grèce ancienne. L’autochtonie, le statut des femmes dans la cité grecque (en particulier dans Les enfants d'Athéna), Les expériences de Tiresias et Les mères en deuil), la place paradoxale du conflit, voire la stasis/guerre civile dans la cité antique sont ainsi étudiés selon une approche aussi originale qu’exigeante[2],[3].
Publications
modifierOn trouvera une bibliographie complète de l'œuvre de N. Loraux à la date de 2005 dans l'article « Nicole Loraux. 26 avril 1943-6 avril 2003 », p. 20 - 27 du numéro spécial coproduit par les revues Espaces Temps et Clio (V. ci-dessous, Bibliographie).
Articles et chapitres d'ouvrage (sélection)
modifier- Nicole loraux, « La gloire et la mort d'une femme », Sorcières : les femmes vivent, no 18, , p. 51-57 (lire en ligne)
- Nicole Loraux, « L'autochtonie : une topique athénienne : Le mythe dans l'espace civique », Annales, vol. 34e année, no 1, , p. 3-26 (lire en ligne)
- Nicole Loraux, « Aux origines de la démocratie : Sur la "transparence" démocratique », Raison présente, no 49, , p. 3-13 (lire en ligne)
- Nicole Loraux, « Les bénéfices de l'autochtonie », Le Genre Humain, nos 3-4, 1982/1-2, p. 238–253 (lire en ligne)
- Nicole Loraux, « Blessures de virilité », Le Genre humain, no 10, , p. 39–56 (lire en ligne) ; et Revue française de psychosomatique, vol. 38, n° 2, 2010, pp. 157–174.
- Nicole Loraux, « Repolitiser la cité », L'Homme, vol. 26, nos 97-98, , p. 239-255 (lire en ligne)
- Nicole Loraux, « Pour quel consensus ? », Le Genre humain, no 18, , p. 9-23 (lire en ligne)
- Nicole Loraux, « Gloire du Même, prestige de l'Autre : Variations grecques sur l'origine », Le Genre humain, no 21, , p. 115–139 (lire en ligne)
- Nicole Loraux, « La majorité, le tout et la moitié : Sur l'arithmétique athénienne du vote », Le Genre humain, no 22, , p. 89–110 (lire en ligne)
- Nicole Loraux, « Qu’est-ce qu’une déesse? », dans Pauline Schmitt-Pantel (dir.), Histoire des femmes en Occident Vol. I, vol. I : L'Antiquité, Paris, Plon, (réimpr. Perrin, coll. « Tempus », 2002)
- Nicole Loraux, « Éloge de l'anachronisme en histoire », Le Genre humain, , p. 23–39 (lire en ligne)
- Nicole Loraux, « La cité grecque pense l'Un et le Deux », Collection de l'Institut des Sciences et Techniques de l'Antiquité, no 499, , p. 275–291 (lire en ligne )
- Nicole Loraux, « Les damnés de la terre à Troie : Sartre face aux Troyennes d'Euripide », Le Genre humain, no 29, , p. 31-49 (lire en ligne)
- Nicole Loraux, « Lokapakti. L’indianiste, le sacrifice et les mots », Le Genre humain, no 37, , p. 105–114 (lire en ligne)
Ouvrages
modifier- Les enfants d’Athéna. Idées athéniennes sur la citoyenneté et la division des sexes, Paris, Maspero, 1981 (ISBN 2-7071-1204-6) [rééd. augmentée d'une postface, Seuil, coll. « Points/Essais », 1990, 320 p. (ISBN 978-2-757-80633-3)]
- L’invention d’Athènes. Histoire de l’oraison funèbre dans la « cité classique », Paris/La Haye, éd. de l’EHESS/Mouton, 1981 [nouvelle éd. remaniée, nouvelle préface, Payot, coll. « Critique de la politique », 1993 ; nouvelle rééd. Éd. EHESS, 2022, 839 p. (ISBN 978-2-713-22915-2)]
- Façons tragiques de tuer une femme, Paris, Hachette, coll. « Textes du XXe siècle », 1985, 127 p. (ISBN 978-2-010-11254-6)
- Les expériences de Tirésias. Le féminin et l’homme grec, Paris, Gallimard, coll. « NRF Essais », 1990, 408 p. (ISBN 978-2-070-71700-2)
- Les mères en deuil, Paris, Seuil, coll. « La Librairie du XXe siècle », 1990, 160 p. (ISBN 978-2-020-11472-1)
- (it) N. Loraux (dir.), Grecia al femminile, Roma-Bari, Gius. Laterza & Figli, 1993 [(fr) La Grèce au féminin, trad. française des articles en italien par Hélène Monsacré, Belles Lettres, coll. « Histoire », 2003, rééd. 2009 (ISBN 978-2-2513-8098-8) ;]
- Né de la terre. Mythe et politique à Athènes, Paris, Seuil, coll. « La Librairie du XXe siècle », 1996, 256 p. (ISBN 978-2-020-28240-6)
- La cité divisée. L'oubli dans la mémoire d'Athènes, Paris, Payot, coll. « Critique de la politique », 1997 [rééd. coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2005, 352 p. (ISBN 978-2-228-92475-7)]
- Nicole Loraux et Carles Miralles (dir.), Figures de l’intellectuel en Grèce ancienne, Paris, Belin, coll. « L'antiquité au présent », 1998 [rééd. 2000, 380 p. (ISBN 978-2-701-12311-0)
- La voix endeuillée. Essai sur la tragédie grecque, Paris, Gallimard, coll. « NRF Essais », 1999, 192 p. (ISBN 978-2-070-73170-1)
- La tragédie d’Athènes. La politique entre l’ombre et l’utopie, Paris, Seuil, coll. « La Librairie du XXe siècle », , 252 p. (ISBN 978-2-020-21794-1)Ouvrage publié à titre posthume, mais dont la composition et le titre sont dus à N. Loraux.
- La Grèce hors d'elle et autres textes. Écrits, 1973 - 2003 (texte établi par Michèle Cohen-Halimi, préface de Jean-Michel Rey), Paris, Klincksieck, coll. « Critique de la politique », , 887 p. (ISBN 978-2-252-04335-6)L'ouvrage reprend, dans un ordre strictement chronologique, cinquante-six articles de N. Loraux écrits entre 1973 et 2003.
Notes et références
modifier- Relevé des fichiers de l'Insee
- Roger-Pol Droit, « Nicole Loraux. Anthropologue et helléniste », Le Monde, no 18 104, , p. 28 (lire en ligne )
- Michèle Sinapi et Françoise Duroux, « LORAUX NICOLE - (1943-2003) », Encyclopædia Universalis [en ligne], (lire en ligne, consulté le )
- L'A-ULM, « Annuaire : Nicole Loraux », sur archicubes.ens.fr (consulté le )
- Ioanna Papadopoulou-Belmehdi 2003, p. 9.
- Jean Alaux 2003, p. 7.
- Violaine Sebillotte Cuchet, « Le Centre Louis Gernet. Remarques générales à propos de "l’École de Paris" », The Athenian Funeral oration : 40 years after Nicole Loraux, Strasbourg, (lire en ligne [PDF])
- Valérie Igounet, Histoire du négationnisme en France, Paris, Le Seuil, coll. « La Librairie du XXe siècle », , 691 p. (ISBN 2-02-035492-6), p. 237.
- « Notice d'autorité de Loraux, Nicole (1943-2003) », sur Catalogue générale de la BnF (consulté le ).
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Claudine Leduc, « Nicole Loraux n'est plus », Clio, no 18, , p. 7-9 (lire en ligne)
- Jean Alaux, « Nicole Loraux. In Memoriam », GAIA, no 7, , p. 7-9 (lire en ligne)
- Ioanna Papadopoulou-Belmehdi, « Hommage à Nicole Loraux », Kernos, no 16, , p. 9-16 (lire en ligne)
- Daniel Conrod, « Nicole Loraux se charge du fracas de l'histoire comme d’une affaire personnelle », Télérama no 2919, , pp. 39-40.
- Espaces Temps + Clio, no 87-88 « Les voies traversières de Nicole Loraux. Une helléniste à la croisée des sciences sociales. », [texte intégral]Numéro spécial (207 p.) entièrement consacré à Nicole Loraux.
- Vincent Azoulay, « Repolitiser la cité grecque, trente ans après », Annales, vol. 69 année, no 3, , p. 689-719 (lire en ligne)
- Paulin Ismard, « Nicole Loraux, l’audace d’être historienne », sur La vie des idées, (consulté le )
- Violaine Sebillotte Cuchet, « Ces citoyennes qui reconfigurent le politique. Trente ans de travaux sur l’Antiquité grecque », Clio, no 43, , p. 185-215 (lire en ligne)
- Marc Lebiez, « Comme une Grecque », sur En attendant Nadeau, (consulté le )
- Vincent Azoulay et Paulin Ismard, « L'idéologie et l'imaginaire. Aux origines de L'invention d'Athènes », dans Nicole Loraux, L'invention d'Athènes, Paris, EHSS, , 840 p. (ISBN 978-2-713-22915-2), p. 13-37
Liens externes
modifier- « Le parcours et l’œuvre de Nicole Loraux, avec Michèle Cohen-Halimi, Patrice Loraux et Jean-Michel Rey », podcast n° 65 de Chemins d’histoire, 16 mars 2021, 63 min., sur cheminsd'histoire.fr [écouter en ligne (page consultée le 24 octobre 2023)]
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