Nota Emilianense

court texte écrit en latin et en prose rédigé

Note Émilienne

Nota Emilianense
Image illustrative de l’article Nota Emilianense
Note Emilienne (c. 1060)

Bibliothèque Académie royale d'histoire à Madrid
Lieu d'origine Monastère de San Millán de la Cogolla
Format Note marginale
Datation 1065-1075
Langue latin

La Nota Emilianense est un court texte latin en prose rédigé, vers -, dans la marge d'un manuscrit, le Codex Aemilianensis 39. Résumant l'histoire de Roland, il atteste l'existence d'une légende indépendante de la Chanson de Roland. Elle est le plus ancien texte connu à mentionner le port de Cize et Roncevaux[1]. Elle est le seul texte connu à mentionner « douze petits-fils » de Charlemagne[1]. Elle ignore par contre l'amitié qui lie Roland et Olivier[2].

La note a été découverte en [1] par le philologue espagnol Dámaso Alonso[3] dans un codex, l'Aemilianensis 39, un recueil de varia originaire du monastère de San Millán de la Cogolla et conservé à l'Académie royale d'histoire[4]. Alonso date la note du troisième quart du XIe siècle (c.-)[5] ; André Burger, du deuxième quart de ce même siècle (c.-)[1]. Bien que la note soit anonyme, il en attribue la rédaction au moine Munio, copiste du scriptorium du monastère[5]. Le texte est en écriture wisigothique[5].

Traduction en français modifier

Note Emilienne (transcription de Ramón Menéndez Pidal)[6] Traduction en français moderne (par André Burger)[1]
In era DCCCXVI, venit Carlus rex ad Cesaragusta. L'an 778, le roi Charles vint à Saragosse.
In his diebus habuit duodecim neptis; unusquisque habetat tria milia equitum cum loricis suis. Nomina ex his Rodlane, Bertlane, Oggero Spatacurta, Ghigelmo Alcorbitunas, Olibero et episcopo domini Torpini. Et unusquisque singulos menses serbiebat ad regem cum scolicis suis. En ce temps-là, il avait douze petits-fils[note 1] ; chacun d'eux avait trois mille chevaliers portant haubert ; quelques-uns de leurs noms : Roland, Bertrand, Ogier Courte-épée, Guillaume au Courbe-nez, Olivier et l'évêque Dom Turpin. Et chacun servait le roi un mois à tour de rôle avec ses vassaux.
Contigit ut regem cum suis ostis pausabit in Cesaragusta. Post aliquantulum temporis, suis dederunt consilium ut munera aciperet multa, ne a ffamis periret exercitum, sed ad propriam rediret. Quod factum est. Deinde placuit ad regem, pro salutem hominum exercituum, ut Rodlane, belligerator fortis, cum suis posterum ueniret. At ubi exercitum portum de Sicera transiret, in Rozaballes a gentibus Sarrazenorum fuit Rodlane occiso. Il arriva que le roi avec ses armées campa à Saragosse. Au bout de quelque temps, ses hommes lui donnèrent le conseil d'accepter de nombreux présents pour que l'armée ne pérît pas de faim, mais qu'elle rentrât dans son pays. Ce qui fut fait. Ensuite, le roi décida, pour le salut des hommes de ses armées, que Roland, le fort guerrier, ferait l'arrière-garde avec les siens. Mais, tandis que l'armée passait le port de Cize, Roland fut tué à Roncevaux par la gent des Sarrasins.

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Le romaniste suisse André Burger indique que le mot neptis est probablement une « bévue » du moine qui a écrit la note. Il aurait mal transcrit le mot correspondant à l'espagnol nietos qui signifie « petit-fils »[1].

Références modifier

  1. a b c d e et f Burger 1977, p. 86.
  2. Maurice 1992, p. 45.
  3. Lecoy 1955, p. 254.
  4. Lecoy 1955, p. 254-255.
  5. a b et c Lecoy 1955, p. 255.
  6. Pidal 1960, p. 390.

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

Découverte et publication
Traduction en français
  • [Burger 1977] André Burger, Turold, poète de la fidélité : essai d'explication de la Chanson de Roland, Genève, Droz, coll. « Publications romanes et françaises » (no CXLV), , 1re éd., 1 vol., 172-[4], in-8o (22,2 × 15,2 cm) (OCLC 301419089, BNF 34706364, SUDOC 085434655, présentation en ligne, lire en ligne).
  • Ramon Menéndez Pidal, La chanson de Roland et la tradition épique des Francs, Paris, Picard, (OCLC 64458733)
Autre
  • [Lecoy 1955] Félix Lecoy, « Dámaso Alonso, La primitiva épica francesa a la luz de una nota emilianense, Madrid, Consejo superior de investigaciones científicas, Instituto Miguel de Cervantes, , 98 p. », Romania, t. LXXVI, no 302,‎ , part. III (« Comptes-rendus »), compte-rendu no 3, p. 254-269 (lire en ligne [fac-similé], consulté le ).
  • Jean Maurice, La chanson de Roland, Paris, Presses Universitaires de France, (lire en ligne).

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

  • [Arlima 2014] Françoise Rainville, « Nota Emilianense », sur Archives de littérature du Moyen Âge, .