Sœurs de Notre-Dame de l'Immaculée Conception de Castres

congrégation religieuse féminine

Les Sœurs de Notre-Dame de l’Immaculée Conception de Castres (en latin : Congregatio Nostrae Dominae ab Immaculata Conceptione) ou Sœurs bleues forment une congrégation religieuse féminine hospitalière et enseignante de droit pontifical.

Notre-Dame de l’Immaculée Conception de Castres
Image illustrative de l’article Sœurs de Notre-Dame de l'Immaculée Conception de Castres
Devise : Dieu Seul
Ordre de droit pontifical
Approbation diocésaine
par François de Gualy
Approbation pontificale
par Paul VI
Institut apostolique
Type congrégation religieuse
Spiritualité École française de spiritualité
But enseignement, soin des orphelins et des malades, missions
Structure et histoire
Fondation
Castres
Fondateur Jeanne Émilie de Villeneuve
Abréviation C.I.C.
Autres noms Sœurs bleues
Site web site officiel
Liste des ordres religieux

Histoire

modifier

La congrégation est fondée le par Jeanne-Émilie de Villeneuve (1811-1854), avec deux compagnes, dans l'église Notre-Dame-de-la-Platé de Castres[1]. Les règlements provisoires de la communauté sont approuvés le par François de Gualy, archevêque d'Albi[2]. Le 19 mars 1837, elles installent un ouvroir près de leur maison pour accueillir et former les jeunes filles pauvres et abandonnés. Le 8 décembre de la même année, l'administration leur propose de faire et de distribuer la soupe aux prisonniers de Castres[1].

La première maison étant devenue trop petite, elles déménagent le 1er mai 1838 dans les anciennes locaux des sœurs de la Présentation de Notre-Dame de Castres[N 1]. En 1840, les sœurs font une première fondation à Saïx où elles assurent la direction de l'école paroissiale et l'enseignement du catéchisme[1].

En 1842, l'abbé Jean-Rémi Bessieux, professeur au petit séminaire de Castres, quitte son poste pour entrer dans la congrégation du Saint Cœur de Marie (qui fusionne en 1848 avec la congrégation du Saint-Esprit) que vient de fonder le Père François Libermann (1802-1852) pour les missions auprès des Africains. Avant son départ, il rend visite à Émilie de Villeneuve et parlent ensemble des missions africaines[5].

Bessieux fait part à Libermann de cette supérieure générale qui partagent leur idée ; commence alors une correspondance suivie et des entrevues qui aboutissent, en 1847, au premier départ des sœurs pour le Sénégal[6]puis au Gabon en 1849. La même année, elles s'installent en Gambie où elles restent jusqu'en 1882[5]. Elles contribuent en 1911 à la formation de la congrégation autochtone des sœurs de Sainte Marie du Gabon. En raison des lois anticongrégationniste du début du XXe siècle, les religieuses doivent s'exiler en Espagne (1903) et en Italie (1904) ; vient ensuite l'Amérique avec le Brésil (1904) et l'Argentine (1905)[7].

L'institut reçoit le decretum laudis le et ses constitutions sont approuvées par le Saint-Siège le [8].

Trois congrégations ont fusionné avec les sœurs de Notre-Dame de l’Immaculée Conception de Castres[9] :

  • en 1928, les Sœurs de l'Immaculée-Conception de la Mère de Dieu de Clermont-Ferrand fondées par Marie Boutarel, en religion sœur Marthe-Marie. Le but de la congrégation était de proposer des retraites spirituelles, d'accueillir des jeunes filles en recherche de travail et de les former le cas échéant, et d'aider des associations à se créer[10].
  • en 1936, les Sœurs hospitalières de saint-Alexis de Limoges dites « sœurs de la médaille » fondées par Marie Petiot en 1657[11]dont le but était de s'occuper des malades de l'hôpital Saint Gerald de Limoges[12].
  • En 2022, les Pauvres Filles de Jésus de Massac-Séran fondées le 21 novembre 1848 par Siméon Roucou (1797-1882), curé de Massac, pour l'enseignement des enfants et la visite des malades à domicile. Le 21 novembre 1851 a lieu la première prise d'habit. Le fondateur adopte les constitutions des sœurs de Saint Joseph d'Oulias situées également dans le Tarn. Le 1er mai 1874, la Troisième République autorise la communauté comme congrégation hospitalière et enseignante à supérieure générale. Jean-Paul Lyonnet, archevêque d'Albi, approuve les constitutions le 12 octobre 1872[13]. Elles fusionnent avec les sœurs de Castres le 31 octobre 2022[14].


Histoire des hospitalières de saint-Alexis

En 1647, Marie de Petiot (1612-1667), fille d'un administrateur de Limoges, s'installe dans l'hôpital Saint-Gérald, pour soigner les malades, à l'exemple d'autres jeunes filles qui exercent déjà cet apostolat. Elle dédie la chapelle de l'hôpital à saint Alexis, dont la fête est dès lors célébrée chaque année. La raison de ce choix n'est précisée dans aucun texte et demeure étonnante car ce saint ne bénéficie pas d’un culte particulier en Limousin[15].

Le 26 octobre 1657, Marie de Petiot et Hélène Mercier prennent l'habit religieux, avec l'assentiment de l'évêque. Une jeune et riche veuve, Mme de La Planche, née Descordes de Gry, cousine de Marie de Petiot, les rejoint la même année. Elles bâtissent un monastère près de l'hôpital qu'elles occupent dès 1659[11].

Par ordonnance du 10 août 1659, François de La Fayette, évêque de Limoges, érige officiellement la communauté[16]sous le nom de congrégation des sœurs hospitalières de Saint-Alexis, dites aussi sœurs de la Médaille, à cause d'une médaille en argent que les religieuses portent sur la poitrine et qui représente saint Alexis couché malade sous un escalier[17].

Le 1er novembre 1659, Marie de Petiot et Hélène Mercier prononcent leurs vœux en ajoutant celui de toujours servir les pauvres gratuitement ; Mme de La Planche les imite quelques mois plus tard. Comme elles ont déjà beaucoup de novices, elles s'engagent d'être toujours six dans l'hôpital, même la nuit, pour être constamment à la disposition des malades[11].

Louis XIV autorise les sœurs de Saint-Alexis par lettres-patentes datées de 1672 et de 1676, et par lesquelles il leur accorde certains privilèges que Louis XV confirme en 1754. Lors de la Révolution française, on ferme la chapelle et on confisque les revenus du couvent, mais les bâtiments sont respectés et les sœurs continuent leurs soins aux malades de l'hôpital en quittant simplement l'habit religieux. Leur but n'étant pas de se répandre, elles n'ont accepté hors de Limoges que l'hôpital de Saint-Léonard (Haute-Vienne)[11].

En 1813, Joséphine du Bourg (1788-1862) entre chez les sœurs hospitalières de saint-Alexis de Limoges avant de fonder les sœurs du Sauveur et de la Sainte Vierge en 1834[18].

En 1861, elles font construire une chapelle dédiée au cœur agonisant de Jésus[16], une dévotion alliant le culte du Sacré-Cœur de Jésus et la prière en faveur des mourants[19]. L'édifice sert de lieu de culte jusqu’en 1993. Il est restauré et aménagé en salle des conseils par l’université de Limoges en 2002[20].

Activités et diffusion

modifier
Mission de Libreville vers 1930.

Les religieuses se consacrent à l'instruction et à l'éducation chrétienne de la jeunesse, des orphelins et des malades, aux soins des paroisses et aux missions.

Elles sont présentes en[21]:

La maison généralice est à Rome. Dans cette ville, la congrégation dispose d’une casa per ferie, « Il Romitello » pour l'accueil des pèlerins.

En 2020, la congrégation compte environ 600 membres, répartis en 124 communautés dans 18 pays[22].

Notes et références

modifier
  1. Les sœurs de la Présentation de Notre-Dame sont fondées à Castres en 1760 par Jean-Sébastien de Barral, évêque de Castres et sa sœur Félicité de Barral pour le soin des orphelines et l'éducation au catholicisme des jeunes filles protestantes. Les sœurs se vouent par simple consécration. La communauté est reconnue en 1764 par lettres patentes du roi Louis XV et enregistrée au parlement de Toulouse la même année. La Révolution française dispersent les religieuses ; elles se réunissent à nouveau en 1797 mais une grande partie de leurs biens ayant disparu, un pensionnat payant est fondé pour obtenir des revenus. En 1800, elles ouvrent des écoles gratuites pour les filles des familles pauvres. La communauté est reconnue en janvier 1827 par ordonnance royale de Charles X. En 1840, François de Gualy, archevêque d'Albi, introduit les vœux religieux dans la congrégation et harmonise les constitutions avec les nouvelles obligations des sœurs. En 1843, Jerphanion, le nouvel archevêque d'Albi, ajoute le soin des malades à l'apostolat des sœurs et approuve leurs constitutions le 14 avril 1852. Un décret impérial du 2 janvier 1853 reconnaît la communauté comme une congrégation à supérieure générale. L'institut reçoit le décret de louange en 1855 puis le décret d'approbation le 13 juillet 1860 ; leurs constitutions sont définitivement approuvées par le Saint-Siège le 8 mars 1861[3]. Elles fusionnent en 1978 avec les sœurs de la Présentation de Marie[4].

Références

modifier
  1. a b et c Louis Ayma, Vie de sœur Marie de Villeneuve fondatrice de l'institut de l'Immaculée Conception de Castres, Paris, Ressayre, (lire en ligne)
  2. (it) Guerrino Pelliccia et Giancarlo Rocca, Dizionario degli Istituti di Perfezione, vol. VI, Milan, Edizione Paoline, 1974-2003, p. 389-390
  3. Sœurs de la Présentation de Notre-Dame, Castres, Abeilhou, (lire en ligne)
  4. « Présentation de Marie », sur aaef.fr (consulté le ).
  5. a et b Gérard Vieira, C.S.Sp, « Émilie de Villeneuve (1811-1854) et François Libermann (1802-1852) », Mémoire Spiritaine, vol. 20,‎ , p. 15 (lire en ligne, consulté le )
  6. Joseph-Roger de Benoist, M.Afr, Histoire de l'Église catholique au Sénégal : du milieu du XVe siècle à l'aube du troisième millénaire, Dakar, Karthala, coll. « Mémoire d'Églises », (ISBN 978-2-84586-885-4), p. 133
  7. « Du bleu sur le monde », sur calameo.com (consulté le ).
  8. (it) Guerrino Pelliccia et Giancarlo Rocca, Dizionario degli Istituti di Perfezione, vol. VI, Milan, Edizione Paoline, 1974-2003, p. 389-390
  9. « Soeurs de Notre-Dame-de-l'Immaculée-Conception (08-12-1836) - Organisation - Ressources de la Bibliothèque nationale de France », sur data.bnf.fr (consulté le ).
  10. Ambroise Tardieu, Histoire de la ville de Clermont-Ferrand, Moulins, Imprimerie de C.Desrosiers, 1871, pp. 430 & 431 sur Google Livres
  11. a b c et d Abbé Roy de Pierrefitte, Études historiques sur les monastères du Limousin & de la Marche, Volume 1, Guéret, Ve Betoulle, 1857, chap.  XVI sur Google Livres
  12. « Saint_Gerald », sur pagesperso-orange.fr (consulté le ).
  13. Suzanne Algans, Autrefois Lavaur, Midi France, coll. « Histoire et souvenirs », , p. 60-61.
  14. « En Centrafrique, célébration de l’alliance des Sœurs de Massac avec les Sœurs bleues », sur albi.catholique.fr (consulté le ).
  15. Bernard Dompnier et Jean-Marie Le Gall, « Saint Alexis dans la piété et la spiritualité des XVIIe et XVIIIe siècles », Mélanges de l’École française de Rome - Italie et Méditerranée modernes et contemporaines,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. a et b Pierre Laforest, Limoges au XVIIe siècle : article Marie de Petiot, Limoges, Librairie ecclésiastique de J-B.Leblanc et Cie, (lire en ligne), p. 425
  17. Joseph Martin Maillaguet, Le miroir des ordres et instituts religieux de France : Alexis (hospitalières de Saint) de Limoges, vol. I, Chaillot, (lire en ligne), p. 17
  18. Mlle Bice Tibiletti, Mère Marie de Jésus du Bourg : fondatrice des Sœurs du Sauveur et de la Sainte Vierge : L'âme au large, Grasset, , p. 11
  19. Jean Lyonnard, Dévotion au Cœur agonisant de Jésus ou la prière quotidienne pour les agonisants, Avignon, Seguin Aîné, (lire en ligne)
  20. « La Chapelle des sœurs de Saint Alexis Salle des conseils de l’Université », sur unilim.fr (consulté le ).
  21. « Aujourd'hui, avec Émilie, dans le monde », sur ndiccastres.com (consulté le ).
  22. Situation actuelle de la congrégation

Liens externes

modifier