Effets génétiques indirects
Les effets génétiques indirects (en anglais genetic nurture) sont les effets que les gènes des parents ont sur les enfants, sans inclure l'effet génétique direct des variants génétiques qui sont transmis[1],[2]. Autrement dit, les gènes des parents peuvent influencer le développement de l'enfant à travers l'environnement qu'ils fournissent à l'enfant. Lorsque les gènes que les parents possèdent influencent un enfant, mais ne sont pas transmis à leurs enfants (gènes non hérités), cela est connu sous le nom de genetic nurture[3].
Par exemple, un ensemble unique de gènes d'un parent pourrait le rendre plus sujet à la dépression, modifiant ainsi leur style parental, ce qui pourrait conduire l'enfant à avoir des problèmes de santé mentale lui-même. Cela contraste avec un effet génétique direct, où la prédisposition d'un parent à la dépression est transmise, rendant l'enfant plus susceptible d'être déprimé[4]. Si un parent possède une tendance génétique à faire preuve de patience et de compréhension, cela pourrait instaurer un environnement familial plus bienveillant pour l'enfant. Cela pourrait profiter à l'enfant, indépendamment des gènes qu'il a reçus de ses parents[3],[5],[6]. La prise en compte des effets génétiques indirects peut aider à clarifier les relations entre les gènes, l'environnement et le comportement[7].
La genetic nurture est un effet indirect résultant du génotype des parents, et "la nature" est l'effet génétique direct[8]. On évalue fréquemment les effets génétiques indirects en examinant la moitié des gènes d'un parent qui ne sont pas transmis à l'enfant, et en vérifiant si ce groupe de gènes est en corrélation avec les résultats chez l'enfant, même si ce dernier ne détient pas ces gènes spécifiques[9].
Les effets génétiques indirects ont été reconnus comme un facteur de confusion dans les études qui attribuent la causalité à l'environnement, car l'acceptation sans esprit critique d'une corrélation environnementale comme causale peut entraîner un "blâme inutile des parents", par exemple dans la dyslexie, ou des interventions inefficaces[10].
Effets sur les traits
modifierEstimer l'impact des effets génétiques indirects est devenu possible après l'avènement de l'étude d'association pangénomique, dans les jeux de données où les trios père-mère-enfant sont génotypés ensemble[11]. Lorsqu'on a tenté de prédire la réussite éducative en se basant sur les gènes non transmis, les prédictions étaient nettement moins précises qu'avec l'usage des gènes effectivement hérités par les enfants, mettant ainsi en évidence[précision nécessaire] de la notion de genetic nurture. L'influence des mères sur les traits relatifs à la santé et à la nutrition est plus importante que celle des pères[3], mais les deux parents ont un effet à peu près égal sur les résultats éducatifs[12]. Une méta-analyse de douze études a trouvé que les effets génétiques indirects sont un facteur important dans la transmission du risque intergénérationnel sur les résultats éducatifs, psychologiques et de santé[13]. Les effets génétiques directs sont environ deux fois plus importants que les effets indirects pour la réussite éducative[9]. La majorité de la genetic nurture est généralement due à l'effet que les gènes ont sur l'éducation et le statut socioéconomique des parents, qui modifient ensuite l'environnement de développement de l'enfant[14].
Bien que la genetic nurture soit un facteur important pour la réussite éducative, elle est seulement d'importance marginale pour le névrosisme et la dépression : les effets génétiques directs sont plus importants que les effets indirects[15],[16],[17]. De même, la transmission du TDAH des parents à la progéniture est principalement due à des effets génétiques directs. Les chercheurs mettent en garde contre le fait que « les associations observées entre les facteurs parentaux et les manifestations du TDAH chez l'enfant ne doivent pas être interprétées comme des preuves de la prédominance des effets de l'environnement[18] ».
Notes et références
modifier- (en) Sam Trejo et Benjamin W. Domingue, « Genetic nature or genetic nurture? Introducing social genetic parameters to quantify bias in polygenic score analyses », Biodemography and Social Biology, vol. 64, nos 3-4, , p. 187–215 (ISSN 1948-5565, DOI 10.1080/19485565.2019.1681257, lire en ligne)
- « Genetic nature or genetic nurture? Introducing social genetic parameters to quantify bias in polygenic score analyses »
- (en) Augustine Kong, Gudmar Thorleifsson, Michael L. Frigge, Bjarni J. Vilhjalmsson, Alexander I. Young, Thorgeir E. Thorgeirsson, Stefania Benonisdottir, Asmundur Oddsson, Bjarni V. Halldorsson, Gisli Masson, Daniel F. Gudbjartsson, Agnar Helgason, Gyda Bjornsdottir, Unnur Thorsteinsdottir et Kari Stefansson, « The nature of nurture: Effects of parental genotypes », Science, vol. 359, no 6374, , p. 424–428 (ISSN 0036-8075, DOI 10.1126/science.aan6877, lire en ligne)
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- (en) Jean-Baptiste Pingault, Wikus Barkhuizen, Biyao Wang, Laurie J. Hannigan, Espen Moen Eilertsen, Elizabeth Corfield, Ole A. Andreassen, Helga Ask, Martin Tesli, Ragna Bugge Askeland, George Davey Smith, Camilla Stoltenberg, Neil M. Davies, Ted Reichborn-Kjennerud et Eivind Ystrom, « Genetic nurture versus genetic transmission of risk for ADHD traits in the Norwegian Mother, Father and Child Cohort Study », Molecular Psychiatry, (lire en ligne).
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Genetic nurture » (voir la liste des auteurs).