Octave Uzanne

littérateur et bibliophile français
Octave Uzanne
Portrait d'Octave Uzanne vers 1890.
Biographie
Naissance
Décès
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Saint-CloudVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Pseudonymes
Jehan Du Guet, Louis de Villotte, La CagouleVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
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Archives départementales des Yvelines (166J, Ms 11006-11014, 9 pièces, -)[1]Voir et modifier les données sur Wikidata
signature d'Octave Uzanne
Signature

Louis Octave Uzanne, né à Auxerre le et mort à Saint-Cloud le , est un homme de lettres, bibliophile, éditeur et journaliste français.

Biographie modifier

Fils de Charles Uzanne et Laurence Octavie Chaulmet[2], Octave Uzanne est issu d'une famille de commerçants d'origine savoyarde installée à Auxerre depuis la Révolution. Après des études classiques au collège d'Auxerre, il s'établit à Paris pour y compléter ses études de droit, puis rencontre à la bibliothèque de l'Arsenal, l'érudit Paul Lacroix, qui lui donne le goût de la bibliophilie ; il se passionne aussi pour les arts graphiques du XVIIIe siècle[3]. Il est le petit frère de Joseph Uzanne (1850-1937), qui fut journaliste et critique d'art, membre des Hydropathes[4].

À partir d'avril 1876, Octave Uzanne collabore au Conseiller du bibliophile (1876-1877)[5] et fonde ensuite successivement quatre revues : Les Miscellanées bibliographiques (1878-1880) avec Édouard Rouveyre, Le Livre : bibliographie moderne (1880-1889), Le Livre moderne : revue du monde littéraire et des bibliophiles contemporains (1890-1891) et L'Art et l'idée : revue contemporaine du dilettantisme littéraire et de la curiosité (1892-1893), ces trois dernières chez l'éditeur Albert Quantin. Ce dernier fut l'éditeur d'Octave Uzanne de 1878 à 1894 et sans doute aussi un ami proche, partageant avec lui la même passion pour la bibliophilie[6]. Ils publièrent ensemble la revue bibliographique Le Livre et c'est sous sa direction que fut créée la collection « Petits poètes du XVIIIe siècle ». Uzanne publie des œuvres inédites, avec notices bio-bibliographiques, de nombreux auteurs, tels que Paradis de Moncrif et Benserade, Caylus et Besenval, Sade — qui était tombé dans l'oubli — et des inédits de Baudelaire. En 1889, avec 160 autres personnes, il fonde une société d'édition d'écrivains français, la Société des bibliophiles contemporains, devenue plus tard la Société des bibliophiles indépendants, dont l'un des éditeurs plus actifs sera Henri Floury. À partir de 1894, il est les préfacier de plusieurs des quatorze volumes des Figures contemporaines tirées de l'Album Mariani dont son frère rédige les notices pour Angelo Mariani[7].

Octave Uzanne ne se maria jamais. Il faisait une distinction entre l'amour et le mariage : il eut donc beaucoup d'aventures mais ne souhaita jamais se marier et n'eut ainsi pas d'enfants. Il publie aussi des œuvres personnelles : romans, ouvrages de fantaisie, études bibliographiques, parmi lesquelles on cite le plus souvent ses ouvrages sur la mode féminine. Ce sont des éditions somptueusement illustrées, à petit tirage, produites en collaboration avec des artistes tels que Paul Avril et Félicien Rops[8]. Entre deux livres, Uzanne part en excursion à Londres ou Bruxelles ; il fait le tour du monde en 1893. Il part notamment aux États-Unis, au Japon et à Ceylan, comme nous l'apprend Remy de Gourmont[9]. Il tirera quelques chroniques de ses voyages. Il fut l'un des témoins de Jean Lorrain lors de son duel, à Meudon, avec Marcel Proust le . Il fréquente les milieux de l'art nouveau, qu'il contribue grandement à influencer, et du symbolisme et se lie en particulier avec Jean Lorrain, Barbey d'Aurevilly, Remy de Gourmont, Albert Robida. Uzanne collabore avec ce dernier pour écrire un recueil de Contes pour les bibliophiles, qui contient la célèbre nouvelle d'anticipation intitulée La Fin des livres (1895), où les auteurs s'interrogent de manière ironique sur le progrès technologique et son impact sur les hommes. Il contribue également à des journaux et à des revues tels que La Plume, Le Monde moderne, L'Écho de Paris, La Dépêche de Toulouse, Le Figaro, le Mercure de France.

Il passe ses dernières années dans son appartement de Saint-Cloud, toujours entouré de livres et toujours écrivant, où ses fidèles viennent « entendre Octave Uzanne remuer les cendres tièdes encore de ce passé qu'il aimait »[10].

Il a été incinéré au crématorium du cimetière du Père-Lachaise[11].

Jugements modifier

Octave Uzanne, Figures contemporaines tirées de l'Album Mariani (1894, dir. Angelo Mariani).

« Esprit charmant, tout en dentelles et en fanfreluches, M. Uzanne a chiffonné les Belles-Lettres, bibeloté l'Histoire, taquiné la Psychologie, coquetté avec la Critique. Il a fait de la jolie érudition de boudoir, de la littérature fardée et poudrée la plus galante du monde. Il a raconté l’Éventail, l'Ombrelle, les séduisants artifices de la beauté féminine, badineries agréables, dont j'apprécie tout le charme, mais peut-être insuffisantes préparations aux études sévères du style[12]. »

« Uzanne s'intéresse à tout, mais à bien le pénétrer, on s'aperçoit que c'est à l'art que tendent ses préoccupations les plus diverses. Il l'a cherché jusque dans l'agencement matériel des livres, jusque dans la toilette féminine. Le livre et la femme, telles furent les premières amours d'Uzanne, et je ne crois pas qu'il les ait reniées, car sa bibliothèque est toujours riche en livres précieux et rares, et le premier ouvrage qu'il ait voulu retoucher et rééditer pour le grand public, c'est précisément une monographie de la Parisienne. [...] On pense à Sébastien Mercier et à Restif de la Bretonne, et on n'a pas tort. C'est entre ces deux grands observateurs des mœurs françaises et du cœur humain que se place naturellement Octave Uzanne[13]. »

Principales publications modifier

Portrait par Félix Vallotton.
Autographe.
Les Surprises du cœur (éditions Édouard Rouveyre, 1881)
illustré par Paul Avril.
L'Éventail (1882)
illustré par Paul Avril.
L'Ombrelle, le gant, le manchon (1883)
illustré par Paul Avril (1883).
  • Caprices d'un bibliophile (1878).
  • Le Bric-à-brac de l'amour (1879) — Texte en ligne.
  • Le Calendrier de Vénus (1880) — Texte en ligne : Gutenberg. Gallica.
  • Les Surprises du cœur (1881), frontispice de Bichard.
  • L'Éventail (1882), illustration de Paul AvrilTexte en ligne.
  • L'Ombrelle, le gant, le manchon (1883) — Texte en ligne.
  • Son altesse la femme, Paris, A. Quantin, (BNF 36585073).
  • Nos Amis les livres. Causeries sur la littérature curieuse et la librairie (1886).
  • La Française du siècle : modes, mœurs, usages (1886) — Texte en ligne.
  • La Reliure moderne artistique et fantaisiste (1887).
  • Physiologie des quais de Paris, du Pont Royal au Pont Sully. Bouquinistes et bouquineurs, illustré par Émile Mas, (Maison Quantin, 1887) — Texte en ligne ; traduit en anglais, Book-Hunters in Paris: studies among the bookstalls and the quays (Londres, 1893).
  • Le Miroir du Monde, notes et sensations de la vie pittoresque (1888) — Texte en ligne .
  • Les Zigzags d'un curieux : causeries sur l'art des livres et la littérature d'art (1888) — Texte en ligne.
  • Le Paroissien du célibataire, observations physiologiques et morales sur l'état du célibat (1890).
  • La Femme et la mode, métamorphoses de la parisienne de 1792 à 1892 (1892).
  • Les Ornements de la femme : l'éventail, l'ombrelle, le gant, le manchon (1892) — réédition de L'Éventail et de L'Ombrelle, le gant, le manchon, Texte en ligne.
  • Vingt Jours dans le Nouveau Monde (1893) — Texte en ligne.
  • Parisiennes de ce temps en leurs divers milieux, états et conditions : études pour servir à l'histoire des femmes, de la société, de la galanterie française, des mœurs contemporaines et de l'égoïsme masculin (1894) — Texte en ligne.
  • La Femme à Paris : nos contemporaines, notes successives sur les Parisiennes de ce temps dans leurs divers milieux, états et conditions (1894), couverture de Léon Rudnicki et illustrations de Pierre Vidal.
  • Coiffures de style : la parure excentrique, époque Louis XVI (1895).
  • Contes pour les bibliophiles (1895), avec Albert Robida ; contient : « La Fin des livres » — Texte en ligne.
  • Voyage autour de sa chambre, 40 illustrations d'Henri Caruchet, gravées à l'eau-forte par Frédéric Massé, Paris, Pour les Bibliophiles indépendants - Henri Floury (1896).
  • Dictionnaire bibliophilosophique, typologique, iconophilesque, bibliopegique et bibliotechnique à l’usage des bibliognostes, des bibliomanes et des bibliophilistins (1896), illustré entre autres par Oswald Heidbrinck.
  • Féminies : huit chapitres inédits dévoués à la femme, à l'amour, à la beauté (1896), avec Gyp, Abel Hermant, Henri Lavedan et Marcel Schwob.
  • École des faunes, théâtre des fantaisies muliéresques, Contes de la vingtième année : Bric-à-brac de l'amour, Calendrier de Vénus , Floury, 1896 lire en ligne sur Gallica.
  • La Bohème du cœur, souvenirs et sensations d'un célibataire (1896)
  • Badauderies parisiennes. Les Rassemblements physiologiques de la Rue, illustré par Félix Vallotton et François Courboin (1896).
  • Les Évolutions du bouquin. La nouvelle bibliopolis, voyage d'un novateur au pays des Néo-icono-bibliomanes, illustré par Henri Patrice Dillon (1897).
  • L'art dans la décoration extérieure des livres en France et à l'étranger : les couvertures illustrées, les cartonnages d'éditeurs, la reliure d'art sur Gallica (1898).
  • Almanach de douze sports, illustré par William Nicholson, Paris, Société française d'éditions d'art L.-Henry May (1898).
  • Monument esthématique du XIXe siècle : les modes de Paris, variations du goût et de l'esthétique de la femme, 1797-1897 (1898) — Texte en ligne.
  • La Panacée du Capitaine Hauteroche (1899) — Texte en ligne.
  • La Cagoule. Visions de notre heure : choses et gens qui passent, notations d'art, de littérature et de vie pittoresque (1899), illustré par Henri Patrice Dillon (couverture), Eric Forbes-Robertson (frontispice) et Léon Rudnicki (vignettes).
  • Sports et transports en France et à l'étranger : la locomotion à travers l'histoire et les mœurs (1900).
  • L'Art et les artifices de la beauté (1902).
  • Les Deux Canaletto, biographie critique (1907).
  • Le Spectacle contemporain ; sottisier des mœurs : quelques vanités et ridicules du jour, modes esthétiques, domestiques et sociales, façons de vivre, d'être et de paraître, bluffs scientifiques et médicaux, évolution des manières, de l'esprit et du goût (1911).
  • Le Célibat et l'amour : traité de vie passionnelle et de dilection féminine (1912) — Texte en ligne.
  • Jean Lorrain : l'artiste, l'ami, souvenirs intimes, lettres inédites, Paris, coll. « Les amis d'Édouard » (no 14), , 71 p. (lire en ligne).
  • L'Angleterre juive. Israël chez John Bull (1913) [sous le pseudonyme de Théo-Doedalus].
  • Instantanés d'Angleterre : Londres et sa vie sociale, spectacles mondains, sportifs et militaires, l'art et les artistes, types populaires, la femme à Londres, mœurs britanniques, paysages et pèlerinages (1914).
  • Barbey d'Aurevilly (1927) — Texte en ligne.
  • Les Parfums et les fards à travers les âges (1927).
Revues
  • Miscellanées bibliographiques (1878-1880), avec Édouard Rouveyre.
  • Le Livre, revue du monde littéraire, archives des écrits de ce temps, bibliographie moderne (1882-1889).
  • Le Livre moderne, revue du monde littéraire et des bibliophiles contemporains (1890-1891).
  • L'Art et l'Idée. Revue contemporaine ou Dilettantisme littéraire et de la curiosité (2 volumes, 1892).

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Pierre Juhel, « Octave Uzanne : sa revue L'Art et l'Idée en 1892 », Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art français (année 2003), 2004, p. 329-356 ;
  • Pierre Juhel, « Lettres d'Octave Uzanne à Félix Nadar », Bulletin du bibliophile, 2008, no 2, p. 351-389 ;
  • Bertrand Hugonnard-Roche : « Octave Uzanne, homme de lettres, bibliophile, journaliste ... indépendant », Art & Métiers du Livre, mars-, no 295, p. 20-35.
  • Bertrand Hugonnard-Roche : « Octave Uzanne (1851-1931). Enfant d'Auxerre, homme de lettres et bibliophile cosmopolite », Bulletin de la Société des Sciences Historiques et Naturelles de l'Yonne. Tome 151. Année 2013-2015/1, pp. 43 à 130.
  • Bertrand Hugonnard-Roche : « Votre exemple comme guide et votre mérite comme but », texte lu lors de la Journée Paul Lacroix, l'homme-livre du XIXe siècle qui s'est déroulée à la bibliothèque de l'Arsenal le . En ligne sur www.octaveuzanne.com.

Notes et références modifier

  1. « https://archives.yvelines.fr/rechercher/archives-en-ligne/correspondances-du-musee-departemental-maurice-denis/correspondances-du-musee-maurice-denis », sous le nom UZANNE Octave (consulté le )
  2. Registre d'état civil de la ville d'Auxerre, Auxerre, Archives départementales de l'Yonne, p. 69 — en ligne.
  3. Éléments biographiques d'après C.-E. Curinier, Dictionnaire national des contemporains, vol. IV, 1899-1919, p. 66-67.
  4. « Joseph Uzanne (1850-1937) » sur data.bnf.fr, en ligne.
  5. Notice du catalogue général de la BNF, en ligne.
  6. « Albert Quantin (1850-1933), Imprimeur-Editeur Pour Octave Uzanne dès 1878 ».
  7. Angelo Mariani (préf. Octave Uzanne (1894, 1906-1913), Armand Silvestre (1895), Jules Claretie (1897), Oscar Roty (1900), Maurice Bouchor (1901)), Figures contemporaines, tirées de l'album Mariani, vol. 1 et suivants, Paris, Éditions Flammarion, Henri Floury, G. Richard, 1894-1925 (BNF 30883147) lire en ligne sur Gallica
  8. Zeno Thierry, Les muses sataniques, Félicien Rops, Les éperonniers, (lire en ligne)
  9. « Octave Uzanne (1851-1931): Octave Uzanne vu par Remy de Gourmont (1912) « Je ne connais pas d'esprit plus libre, plus jaloux de son indépendance, aussi bien dans ses écrits que dans ses relations. » », sur www.octaveuzanne.com (consulté le )
  10. Pierre Dufay, « Octave Uzanne » in Bulletin de la société J.-K. Huysmans, n°6, mars 1932, p. 184.
  11. « Echos », L'Archer,‎ , p. XII (lire en ligne)
  12. Antoine Albalat, Les Ennemis de l'art d'écrire, Librairie universelle, Paris, 1905, p. 211.
  13. Remy de Gourmont, Promenades littéraires. Quatrième série. Souvenirs du symbolisme et autres études, Mercure de France, Paris, 1927, p. 130, 135.

Liens externes modifier

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