L'ontologie sociale est une branche de l'ontologie — l'étude philosophique de l'être et de l'existence — qui a pour but spécifique d'étudier la nature et les propriétés du monde social. L'ontologie sociale vise à clarifier la nature des différentes entités du monde issus des rapports sociaux entre les humains, notamment au moyen de l'examen des théories sociologiques[1]. Selon Leonardo da Hora et Martin Jochum, l'ontologie sociale cherche à interroger et problématiser les "fondements ou concepts essentiels qui structurent (implicitement ou explicitement) le travail des sciences sociales"[2].

Parmi les philosophes contemporains les plus notables qui ont contribué à l'ontologie sociale, on peut mentionner Georg Lukács, John Searle, Margaret Gilbert, Amie Thomasson, Tony Lawson et Ruth Millikan. Les recherches en ontologie sociale sont notamment publicisées par le Journal of Social Ontology, revue universitaire interdisciplinaire financée par l'International social ontology society et l'Université de Vienne.

L'ontologie générale se décompose en un certain nombre d'ontologies spécifiques à un domaine, dites « ontologies régionales ». L'ontologie sociale est l'un de ces sous-domaines, qui doit inclure les entités basiques, les propriétés et catégories étudiés par les sciences sociales. Il existe deux sortes d'entités sociales : les individus sociaux et les complexes sociaux ou collectifs.

Selon Lynne Rudder Baker, en prenant la « communauté sociale » comme élément primitif, on peut caractériser une propriété sociale comme une propriété dont l'instanciation nécessite l'existence d'une communauté sociale. Typiquement, pour les êtres humains, cela signifie une communauté linguistique. L'ontologie sociale à un instant t contient toutes les propriétés sociales instanciées qui sont irréductibles et inéliminables à cet instant. Cela comprendra les propriétés sociales qui sont des types primaires instanciés à t et les entités (individuelles ou complexes) qui ont ces propriétés sociales comme propriétés de type primaire[3].

Bibliographie

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Français

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Anglais

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  • Margaret Gilbert, On Social Facts, Princeton University Press, 1992, 521 p.
  • Jonathan E. Pike, From Aristotle to Marx. Aristotelianism in Marxist Social Ontology, Ashgate Pub Ltd, 1999.
  • Paul Sheehy, The Reality of Social Groups, Ashgate, 2006, 229 p.
  • Savas L. Tsohatzidis (ed.), Intentional Acts and Institutional Facts. Essays on John Searle's Social Ontology, Springer, 2007, 221 p.
  • Clive Lawson, John Spiro Latsis & Nuno Martins (eds.), Contributions to Social Ontology, Routledge, 2007, 332 p.
  • Michael Eldred, Social Ontology. Recasting Political Philosophy Through a Phenomenology of Whoness, 2011, 773 p.
  • Raimo Tuomela, Social Ontology. Collective Intentionality and Group Agents, Oxford University Press, 2013, 310 p.
  • Daniel Krier & Mark P. Worrell (eds.), The Social Ontology of Capitalism, Palgrave Macmilla, 2013, 300 p.
  • Margaret Gilbert, Joint Commitment. How We Make the Social World, Oxford University Press, 2014, 449 p.
  • Tony Lawson, "Comparing Conceptions of Social Ontology. Emergent Social Entities and/or Institutional Facts ?", Journal for the Theory of Social Behaviour, 2016, 46, Article 4.
  • Tiziana Andina, An Ontology for Social Reality, Palgrave Macmillan, 2016, 197 p.
  • Anna Magdalena Schaupp, "Ontology Is Social. How Arendt Solves a Wittgensteinian Problem", in Sebastian Luft & Ruth Hagengruber (eds), Women Phenomenologists on Social Ontology. We-Experiences, Communal Life, and Joint Action, Springer, 2018, 244 pages, pp.207-215.
  • Tony Lawson, The Nature of Social Reality. Issues in Social Ontology, London, Routledge, 2019.
  • Raimo Tuomela, Raul Hakli, Pekka Mäkelä (eds.), Social Ontology in the Making, De Gruyter, 2020, 391 p.
  • Michael J. Thompson (ed.), Georg Lukács and the Possibility of Critical Social Ontology, Brill, 2020.
  • Guido Baggio, "Emergence, time and sociality. Comparing conceptions of process ontology", Cambridge Journal of Economics, Volume 44, Issue 6, November 2020, Pages 1365–1394.
  • Heikki Patomäki, "On the historicity of social ontology", Journal for the Theory of Social Behaviour, Volume 50, Issue 4, December 2020, Pages 439-461.
  • Martin Laura Ariadne, The Social Ontology of Systemic Oppression, Columbia University, 2020, 169 pages.
  • Margaret Gilbert, Life in Groups. How We Think, Feel, and Act Together, Oxford University Press, 2023, 381 pages.

Notes et références

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  1. Brian Epstein, « « Social Ontology » [archive] », sur The Stanford Encyclopedia of Philosophy, Metaphysics Research Lab, Stanford University, 2018, (consulté le )
  2. Leonardo da Hora et Martin Jochum, « Fondements et survie du capitalisme. », sur Terrains/Théories [En ligne], 11 | 2020, (consulté le )
  3. (en) Lynne Rudder Baker, « Just What is Social Ontology? », Journal of Social Ontology, vol. 5, no 1,‎ , p. 1–12 (ISSN 2196-9663, DOI 10.1515/jso-2019-2001 Accès libre, lire en ligne) Modèle:CC-notice