Orchestre des femmes d'Auschwitz

L'orchestre des femmes d'Auschwitz était l'orchestre constitué dans le camp des femmes d'Auschwitz-Birkenau. Il fut créé au printemps 1943, à l'initiative de Maria Mandl, gardienne auxiliaire des SS (Aufseherin) en charge du camp des femmes de Birkenau, et de Franz Hössler, Obersturmführer SS[1]. Les instruments provenaient de l'entrepôt où étaient stockés les effets personnels raflés à l'arrivée des convois. La direction est d'abord confiée à Zofia Czajkowska, détenue polonaise, professeure de musique. Les membres de cette formation étaient toutes des déportées[2], qui se virent pour la plupart protégées momentanément par l'appartenance à l'orchestre de l'extermination dans les chambres à gaz, ou par les travaux forcés, jusqu'en . Sous la direction de Zofia Czajkowska, l'orchestre a un répertoire restreint et joue principalement matin et soir lors de la constitution des Kommandos avant les départs au travail et au retour, avant l'appel du soir. En août 1943, quelques semaines après son arrivée au camp, c'est Alma Rosé, la nièce de Gustav Mahler, et fille d'Arnold Rosé[3], qui la remplace. Alma Rosé avait précédemment dirigé un orchestre de femmes, les Wiener Walzermädeln, dans sa ville natale de Vienne.

Parmi la centaine de pièces qui constitue le répertoire des orchestres d'Auschwitz, figurent l'ouverture de La Pie voleuse de Gioachino Rossini, Le Beau Danube bleu de Johann Strauss, les Danses hongroises de Johannes Brahms, Judith de Franz Lehar, Rigoletto de Giuseppe Verdi. L'orchestre pouvait se procurer des partitions issues des effets personnels des déportés stockés dans l'Effektenkammer. Il arriva également que des SS fournissent eux-mêmes des partitions qu'ils voulaient entendre interpréter. D'après des versions originales le plus souvent pour piano et instrument soliste, Alma Rosé effectuait un arrangement ou une orchestration puis les copistes étaient ensuite chargées de recopier chaque partie pour chaque instrument de l'orchestre[1].

Sous la direction d'Alma Rosé, l'orchestre poursuit ses activités d'accompagnement musical de la mise en place des Kommandos et joue également sur la demande des SS pour leurs invités, ou pour la distraction des gardiens et officiers, à disposition desquels un répertoire était disponible dans le baraquement où les déportées s'entraînaient dans la journée[4]. Après la mort d'Alma Rosé en avril 1944, Sonia Vinogradova reprend la direction mais elle ne parvient pas à maintenir le niveau de l'orchestre. L'avancée des armées alliées mène à une dissolution de l'ensemble quelques mois plus tard, ses membres étant pour la plupart transférées à Bergen-Belsen[1].

Après la mort en juillet 2021 d'Esther Bejarano, Hilde Simha, Rivka Bacia (Regina Kuperberg) et Anita Lasker-Wallfisch sont les dernières survivantes de l'orchestre des femmes d'Auschwitz Birkenau.

Membres de l'orchestre par activité modifier

Cheffes d'orchestre modifier

Violon modifier

Violoncelle modifier

Contrebasse modifier

Mandoline modifier

Piano modifier

Guitare modifier

Flûte modifier

Accordéon modifier

Percussions modifier

Voix modifier

Livres modifier

Filmographie modifier

  • Playing for Time, Linda Yellen (1980). Il s'agit d'un téléfilm basé sur la pièce d'Arthur Miller adaptée de Sursis pour l'orchestre.
  • Esther Bejarano and the girl orchestra of Auschwitz, Christel Priemer (1992)
  • La chaconne d'Auschwitz, documentaire de Michel Daëron (Les Films d'Ici, 1999)

Notes et références modifier

  1. a b et c Élise Petit, La musique dans les camps nazis. Catalogue de l'exposition au Mémorial de la Shoah, Paris, Mémorial de la Shoah, (ISBN 9782916966939)
  2. (en) « The Girls in the Auschwitz Band », sur The Girls in the Auschwitz Band (consulté le )
  3. Bruno GINER, Survivre et mourir en musique dans les camps nazis, Univers poche, , 220 p. (ISBN 978-2-8238-1607-5, lire en ligne)
  4. Élise Petit, Des usages destructeurs de la musique dans le système concentrationnaire nazi, Les Etudes du Crif, (lire en ligne), p. 14
  5. Esther Bejarano a longtemps joué dans le groupe Coincidence — interprétant des musiques du Ghetto, et des chansons yiddishs et anti-fascistes