Orscand de Cornouaille

évêque breton du XIe siècle

Orscand
Biographie
Décès
Évêque de l'Église catholique
Évêque de Cornouaille

Orscand, mort en 1064, est évêque de Cornouaille (ou de Quimper) jusqu'en 1064. Membre du lignage comtal de Cornouaille, évêque marié à Onwen, fils d'un évêque-comte marié, Benoît, petit-fils d'un évêque, Orscand le Grand , frère d'un comte, Alain Canhiart, père d'un évêque, Benoît, il est un exemple d'ecclésiastique d'avant la réforme grégorienne. En 1050, il se rend en Italie auprès du pape Léon IX pour conserver son siège épiscopal. Son fils Benoît lui succède.

Biographie modifier

Membre d'un lignage épiscopal et comtal modifier

Orscand est le fils cadet de Benoît, évêque et comte de Cornouaille et de Guigoedon, fille de l'évêque de Vannes Orscand le Grand. Son frère aîné est le comte de Cornouaille Alain Canhiart (1020-1058)[Qu 1].

Orscand succède à son père sur le siège épiscopal de Cornouaille du vivant de celui-ci. Son nom, Orscand, qui est celui de son grand-père l'évêque de Vannes Orscand le Grand, l'y prédispose[Qu 2], tout comme le nom de son frère aîné, Alain, indique une volonté de la part de leur père de lui transmettre le comté en rappelant le souvenir du roi Alain de Bretagne et du duc Alain Barbetorte[Qu 1].

Avant 1050, il est aux côtés de son frère Alain Canhiart quand celui-ci fonde l’abbaye Sainte-Croix de Quimperlé[Qu 3].

Évêque et marié modifier

Pour obtenir de son frère l'autorisation de se marier, Orscand lui abandonne un certain nombre de biens. Alain s'oppose d'abord à cette union, dangereuse pour le patrimoine familial. Orscand épouse finalement Onwen, fille de Rivelen de Crozon, qui est un proche du lignage comtal. Ils ont deux fils dont on connaît les noms, Benoît, évêque de Cornouaille après son père et Guegon (Guigon), ainsi qu'un autre fils ou une fille, qui donne naissance à Salomon[Qu 2]. Plus tard, Guegon et Salomon occuperont des fonctions importantes dans le chapitre de Quimper : Guegon en deviendra doyen vers 1091 et Salomon archidiacre[Qu 4]. La vie religieuse quimpéroise est donc contrôlée par ce lignage[1]. À la même époque, d'autres dynasties épiscopales se développent ailleurs en Bretagne, comme à Nantes ou à Rennes[2],[3].

Le chanoine qui rédige à plus tard, le cartulaire de Quimper, alors que la réforme grégorienne a touché le diocèse de Cornouaille, évite de rappeler le lien marital entre l’évêque Orscand et Onwen Quand il évoque l’évêque Benoît, il cite soit son père, Orscand, soit sa mère, Onwen, en omettant le mariage qui les unit[Qu 5].

À une date indéterminée, une querelle de préséance oppose Judith, femme du comte Alain Canhiart et descendante des rois de Bretagne, à sa belle-sœur Onwen, femme d'Orscand. Judith reproche à Onwen de lui avoir manqué de respect[4]. La querelle n'est pas sans importance et les prétentions d'Onwen apparaissent insupportables[5]. Judith obtient en réparation des biens appartenant à la cathédrale de Quimper et le monastère de Locmaria[2],[4].

Chapiteau de la crypte de Sainte-Croix de Quimperlé.

Conserver le siège épiscopal modifier

En 1050, Orscand se rend au synode de Verceil, où il doit répondre, face au pape Léon IX, des accusations de simonie et de résistance à l'autorité de l'archevêque de Tours[Qu 6]. Il effectue ce voyage accompagné de sa belle-sœur Judith, la femme d'Alain Canhiart et son envoyée[Qu 3], jugée apte à défendre Orscand[4]. Le risque n'est pas négligeable, puisque l'année précédente, en 1049, le pape a déposé l'évêque de Nantes Budic, fils d'évêque, pour simonie[3]. En échange de sa soumission au pape, Orscand obtient de conserver son siège épiscopal et de pouvoir le transmettre à Benoît[Qu 6].

Vers 1063/1064, Orscand et Onwen prient saint Corentin de guérir leur fils Benoît, gravement malade[2],[Qu 7]. On voit ainsi qu'ils mesurent très mal leur situation canonique très douteuse, un évêque marié auquel il est prévu que succède son fils[Qu 7].

A cette époque, deux mots latins différents sont utilisés pour désigner la Cornouaille : Cornubia, utilisé par Benoît, qui semble avoir une signification plutôt politique et Cornugallia, qu'on retrouve dans la titulature de son fils Orscand, mot sans doute plus attaché à une autorité religieuse[Qu 8]. À la fin de sa vie, Orscand adopte peut-être une nouvelle titulature, utilisée ensuite par son fils Benoît, episcopus Corisopitensis[Qu 6], dont l'acception a donné lieu à débat et qui ne signifie ni évêque de Cornouaille (épiscopus Cornugallie) ni évêque de Quimper[6],[7]. Cette titulature provient vraisemblablement d'une reprise volontaire d'une mauvaise graphie de civitas Coriosolitum, cité des Coriosolites, qui permet de conférer à Quimper, faussement, une origine antique[8]. On peut retenir que l'évêque de Quimper utilise alors une dénomination ethnique, comme à Nantes ou à Vannes[Qu 6].

À la mort d'Orscand, en 1064, son fils Benoît lui succède sur le siège épiscopal de Cornouaille. Né après 1046, Benoît succède jeune à son père, sans que l'on connaisse l'organisation de cette transmission du pouvoir[Qu 2].

Références modifier

  • Joëlle Quaghebeur, La Cornouaille du IXe au XIIe siècle. Mémoire, pouvoirs, noblesse, Rennes, Presses Universitaires de Rennes - Société archéologique du Finistère, coll. « Histoire », , 517 p. (ISBN 2-86847-743-7).
  1. a et b Quaghebeur 2002, p. 116-121.
  2. a b et c Quaghebeur 2002, p. 130-135.
  3. a et b Quaghebeur 2002, p. 246-251.
  4. Quaghebeur 2002, p. 315-316.
  5. Quaghebeur 2002, p. 170.
  6. a b c et d Quaghebeur 2002, p. 180-182.
  7. a et b Quaghebeur 2002, p. 199.
  8. Quaghebeur 2002, p. 179-180.
  • Autres références
  1. Joëlle Quaghebeur, « Stratégie lignagère et pouvoir politique en Cornouaille au XIe siècle », Mémoires de la société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, vol. 68,‎ , p. 5-18 (lire en ligne).
  2. a b et c Barthélémy A. Pocquet du Haut-Jussé, « Les prodromes de la réforme grégorienne en Bretagne », Bulletin philologique et historique jusqu'à 1610 du Comité des travaux historiques et scientifiques, vol. 2,‎ , p. 871-893 (lire en ligne).
  3. a et b Guy Devailly, « Les grandes familles et l'épiscopat dans l'ouest de la France et les Pays de la Loire », Cahiers de Civilisation Médiévale, vol. 27, no 105,‎ , p. 49–55 (lire en ligne, consulté le ).
  4. a b et c Joëlle Quaghebeur, « Judith de Nantes, très pieuse, très noble, très sage comtesse de Cornouaille », dans Louis Lemoine et Bernard Merdrignac (dir.)., Corona Monastica. Moines bretons de Landévennec : histoire et mémoire celtiques. Mélanges offerts au père Marc Simon, Rennes, Presses universitaires de Rennes, (ISBN 978-2-7535-0028-0, DOI 10.4000/books.pur.20174, lire en ligne), p. 279–287.
  5. André-Yves Bourgès, « Propagande ducale, réforme grégorienne et renouveau monastique : la production hagiographique en Bretagne sous les ducs de la maison de Cornouaille », dans Sylvain Soleil et Joëlle Quaghebeur (dir.), Le pouvoir et la foi au Moyen Âge. En Bretagne et dans l’Europe de l’Ouest, Rennes, Presses universitaires de Rennes, (ISBN 978-2-7535-1090-6, DOI 10.4000/books.pur.141352., lire en ligne), p. 145–166.
  6. Henri Waquet, « Encore quelques réflexions sur Coriosopitum et Coriosolitum », Annales de Bretagne, vol. 52, no 1,‎ , p. 55–59 (ISSN 0003-391X, DOI 10.3406/abpo.1945.1832, lire en ligne, consulté le ).
  7. Henri Waquet et François Merlet, « Considérations sur un adjectif (episcopus corisoptentis) », Bulletin de la société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, vol. 32,‎ , p. 7-14 (lire en ligne).
  8. Florian Mazel, L'évêque et le territoire. L'invention médiévale de l'espace (Ve – XIIIe siècle), Paris, Seuil, coll. « L'Univers historique », , 541 p. (ISBN 978-2-02-118310-8), p. 39-40.

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

Articles connexes modifier