Otto Moll
Otto Moll né le à Hohen Schönberg (Grand-duché de Mecklembourg-Schwerin) mort le à la prison de Landsberg est un sous-officier SS Hauptscharführer affecté entre 1944 et au secteur des krematoriums d'Auschwitz-Birkenau°.
Biographie
modifierIl entre à la SS en . Il intègre en 1940 le personnel des camps de concentration, d'abord à Sachsenhausen, puis à Auschwitz-Birkenau à partir de . En 1942, il est responsable des Bunkers 1 et 2 (deux chaumières aménagées en chambres à gaz au printemps 1942). Il est ensuite Lagerführer dans les sous-camps de Fürstengrube et Gleiwitz 1, puis en , pendant la période de la déportation des Juifs hongrois, il est rappelé à Auschwitz-Birkenau pour être chef des crematoriums (K2 à K5). À l'évacuation du camp en , il est transféré au Camp de concentration de Dachau puis à Ravensbrück. Arrêté par les alliés, il est jugé par un tribunal militaire américain en , condamné à mort pour crimes de guerre puis pendu à la prison de Landsberg en .
Otto Moll laisse, selon les témoignages de déportés survivants, le souvenir d'un homme d'une cruauté et d'un sadisme très marqués. Les membres du Sonderkommando d'Auschwitz l'avaient surnommé « Malakh Hamoves » (L'ange de la mort en yiddish)[1].
Témoignage de Jakob Gabbai
modifierDans le livre Des Voix sous la cendre (textes rédigés en yiddish par Gradowsky, Lewental et Langfus, retrouvés enterrés après guerre près des ruines des crematoriums) Jakob Gabbai, un juif de Salonique survivant du Sonderkommando des Bunkers 1 et 2 (« la maison rouge » et « la maison blanche ») et du Krematorium II à partir du 12 mai 1944, décrit Otto Moll comme un fou sadique d'une cruauté sans bornes.
Surnommé « L'Ange de la Mort » à cause de la blouse blanche de médecin qu'il avait coutume de revêtir sur son uniforme SS lorsqu'il arrivait aux crématoriums juché sur sa moto, Otto Moll était la terreur des membres de tous les Sonderkommandos.
Jakob Gabbai raconte la fois où Moll a exécuté plus de 250 « musulmans » (un terme du vocabulaire des camps désignant des déportés au dernier degré d'épuisement qui tombaient pendant l'appel dans la position des musulmans en prière) arrivés du ghetto de Lodz en août 1944, dans la salle de déshabillage du Krematorium II, d'abord à l'aide d'un tisonnier, puis d'un fusil. Les innombrables crimes imputables à Otto Moll, de même que sa violence bestiale, sont également décrits dans l'ouvrage rédigé par Shlomo Venezia sur les Sonderkommando, un autre survivant arrivé à Auschwitz-Birkenau en même temps que Yakov Gabbai (son cousin).
Comme l'explique ce dernier : « Otto Moll n'avait rien d'humain. Pour lui, le meurtre était un jeu d'enfant. Il venait, sortait son pistolet et tirait sur n'importe qui. Moll, c'était le pire de tous... ». Yakov Gabbaï raconte encore : « Jacques Benbenishti était peintre. Otto Moll l'avait fait venir dans sa maison afin qu'il peigne quelques tableaux. Dès qu'il a ramené Jacques au camp, il l'a exécuté. »
Zalmen Lewental, membre du Sonderkommando et tué lors de la révolte du 7 octobre 1944, surnommait Otto Moll « le meurtrier mondial ». Dans son manuscrit Des Voix dans la nuit, issu des rouleaux rédigés en yiddish et enfouis près des crematoriums, Lejb Langfus décrivait également Otto Moll et ses nombreux actes de cruauté, particulièrement ses « jeux » sadiques envers les enfants. Il notait que « son stratagème de prédilection consistait à créer une agitation folle [parmi les enfants] afin que leur panique soit totale ».
Notes et références
modifier- Shlomo Venezia et Béatrice Prasquier (trad. de l'italien, préf. Simone Veil ;), Sonderkommando : dans l'enfer des chambres à gaz, Paris, Librairie générale française, coll. « Le livre de poche » (no 31526), , 249 p. (ISBN 978-2-253-12891-5, OCLC 1000091079), p. 88