Pêche à l'aimant
La pêche à l'aimant, également appelée pêche magnétique, est une activité qui consiste à rechercher des objets ferromagnétiques à l'aide d'aimant dans les eaux extérieures.
Si cette pratique est présentée comme écologique par ses défenseurs, elle présente plusieurs risques, dont celui de détériorer et de détruire de la faune et de la flore aquatiques. Il est à noter que les objets remontés peuvent être dangereux (armes à feu, munitions, bombes).
Pratiquants
modifierLes personnes qui pratiquent la pêche à l'aimant dans les pays anglo-saxons peuvent être nommées magnetfishers, magneteers, ou neodemons[note 1]. Ce passe-temps étant encore balbutiant, aucun des noms ne s'est encore imposé[1]. En France, ils sont nommés "pêcheurs à l'aimant"[2].
Certains de ceux qui s'engagent dans ce passe-temps le font dans un but de dépollution et pour l'environnement[3], tandis que d'autres ont l'espoir de trouver des objets rares ou précieux.
Objets récupérés
modifierLes aimants utilisés sont spécialement conçus pour repêcher de gros déchets comme des morceaux de bicyclettes, des armes, des coffres-forts, des bombes, des pièces de monnaie, des chariots de supermarché et des pièces automobiles perdus au fond des plans d'eau[4],[5],[6],[7].
Critique
modifierDangers
modifierCertains pêcheurs à l'aimant remontent des objets dangereux tels couteaux ou des munitions non explosées[8]. Si cela arrive, il faut laisser l'aimant immergé dans l’eau et appeler les services de polices. Il faut aussi éviter toutes manipulations et attendre les services de déminages[9].
L'autre danger est, lorsque la corde est attachée au pêcheur d'être entrainé s'il y a du courant[9].
La puissance des aimants peut être suffisamment importante pour écraser des doigts[10].
Écologie
modifierLe fait de déplacer des objets aux fonds des rivières provoque des risques de détérioration et de destruction de la faune et de la flore aquatiques[11].
Patrimoine
modifierCette pratique vient également troubler le patrimoine archéologique immergé[11].
Législation
modifierAllemagne
modifierD’un point de vue juridique, la pêche à l’aimant constitue une utilisation spéciale nécessitant un permis. L’enlèvement d’objets dans les eaux nécessite également l’autorisation du propriétaire du plan d’eau en question. La saisie d’objets explosifs est une infraction administrative en vertu de l’ordonnance sur les munitions explosives, qui est passible d’une amende pouvant aller jusqu’à 5 000 euros[12].
Angleterre et Pays de Galles
modifierEn 2018, un père et son fils ont été retrouvés morts dans le canal de Huddersfield, près de Pudsey, alors qu'ils étaient partis pécher à l'aimant : l'autopsie a révélé qu'ils se sont noyés, surement en voulant remonter un objet trop lourd[13].
En 2019, une partie de la ville de Leicester a dû être fermée à la circulation après la découverte d'obus de mortiers par un pêcheur à l'aimant[14].
Le Canal & River Trust, qui possède la plupart des canaux du Royaume-Uni, a des règlements interdisant aux gens d’enlever des matériaux du canal et des rivières qu’il possède[14].
Écosse
modifierPour pêcher, il faut demander l'autorisation à Scottish Canals (en)[15].
France
modifierLes règles de la pêche à l'aimant sont identiques à celles encadrant la détection d'objets enfouis :
La pêche à l'aimant nécessite une autorisation étatique et préfectorale pour les cours d'eau, ainsi qu'une autorisation du propriétaire s'il s'agit d'un plan d'eau privé.
Cependant, de nombreuses différences de traitement apparaissent selon les préfectures[11].
Les mairies et les préfectures peuvent prendre des arrêtés interdisant la pêche à l'aimant[17].
Le , le préfet de la Direction Générale de la Sécurité Civile et de la Gestion des Crises placée près le Ministère de l'Intérieur[Quoi ?] a diffusé une note[18] à l'attention des préfets de département pour confirmer les risques de la pêche à l'aimant, notamment à la suite de l'incident du à Ferrière-la-Grande. Elle y affirme que « Les règles de la pêche à l'aimant sont identiques à celles encadrant la détection d'objets enfouis [...] ». Les autorisations du propriétaire des lieux (terrains privés dont aquatiques) et du préfet sont obligatoires ainsi que pour les cours d'eau, lacs, rivières, fleuves et canaux avec celle de l'État, propriétaire des biens sous-marins. Des préfets et des élus ont mis en œuvre des arrêtés interdisant ce type de pêche[19]. C'est le cas des préfectures départementales de la Somme, de la Vienne, de Meurthe-et-Moselle, etc. Un rappel à la législation en vigueur est fait par d'autres préfectures pour informer le public. C'est le cas des préfectures des Alpes-de-Haute-Provence et du Var.
Par ailleurs, dans une réponse à une question écrite au Sénat publiée le 17 décembre 2020, le ministère de la Culture rappelle le caractère illégal de cette pratique sans autorisation. La réponse précise que l'autorisation de l'État est requise pour la pêche dans les cours d'eau, lacs, rivières, fleuves ou canaux, ainsi que celle du préfet de région au titre du code du patrimoine pour toute recherche à finalité patrimoniale[11].
Si la recherche s’inscrit dans le domaine de l’archéologie, il est impératif d’obtenir l’autorisation du préfet de région, tel que stipulé dans l’article L. 542-1 du Code du patrimoine[9],[20].
Dans certains départements, la pêche à l'aimant est expressément interdite[21].
La France ayant connu d'importants combats sur son territoire, notamment pendant la Première Guerre mondiale, il est très facile de tomber sur des munitions ou des grenades[22].
Pays-Bas
modifierLa pêche à l’aimant, comme la fouille avec un détecteur de métaux, est soumise à la législation. Selon la loi sur le patrimoine néerlandaise (nl), les objets archéologiques dans l’eau ne peuvent pas être déplacés et pour cette raison, il existe un certain nombre de lieux d’importance historique où la pêche à l’aimant peut être punie d’une amende[23].
Cette loi stipule également que la détection de métaux nécessite toujours l’autorisation du propriétaire foncier. Les organisations de protection de la nature, telles que la Natuurmonumenten, peuvent donc refuser cette autorisation[24].
Dans la culture populaire
modifierLe hobby a été adopté par des célébrités telles que le joueur de rugby anglais James Haskell[25],[26].
Affaires criminelles
modifierDes pêcheurs à l'aimant amateurs en Belgique ont aidé la police par la récupération de nouveaux éléments de preuve, plus précisément des armes à feu et de munitions, liées aux crimes des tueurs du Brabant[27]. D'autres ont remonté des bombes[28], certaines encore actives ayant entraîné des blessures[29].
Initiation
modifierDes journées d'initiations sont parfois organisées[30].
Réseaux sociaux
modifierLa pêche à l'aimant est un loisir très présent sur les réseaux sociaux, en particulier sur YouTube. Les principaux youtubeurs français sont Pêcheur de Trésors[31].
Notes et références
modifierNotes
modifier- Il s'agit d'un jeu de mots avec néodyme
Références
modifier- (en) « We're called "magnateers?" » [html], sur Reddit, reddit inc, (consulté le ).
- « [Diaporama] Les pêcheurs à l'aimant ne chôment pas à Mulhouse », sur dna.fr (consulté le ).
- « Environnement : la pêche à l'aimant utilisée pour assainir les rivières », sur Franceinfo, (consulté le ).
- (en) « How to Go Fishing With Magnets », sur Apex Magnets (consulté le ).
- « VIDEO - Dépollution : ils pêchent à l'aimant pour nettoyer nos rivières », sur TF1 INFO, (consulté le )
- « Environnement : la pêche à l'aimant utilisée pour assainir les rivières », sur Franceinfo, (consulté le )
- « En Villeneuvois, la pêche à l’aimant a ses adeptes », sur SudOuest.fr, (consulté le )
- (en-US) « Person 'magnet fishing' in Beaver Dam recovers grenade that was potentially 'live' », sur FOX 6 Now Milwaukee, (consulté le ).
- « Pêche à L'aimant : Le Guide Pratique Pour Débuter », (consulté le ).
- « Magnet Fishing answers the question, 'What's down there?' (25 photos) - SooToday.com », sur web.archive.org, (consulté le ).
- « Réglementation de la pêche dite « à l'aimant » », sur Sénat, (consulté le ).
- (de) « „Magnetangeln“ kann lebensgefährlich sein! », sur hamburg.de (consulté le ).
- (en-GB) « Pudsey father and son drowned 'treasure hunting' in Huddersfield canal », BBC News, (lire en ligne, consulté le )
- (en-GB) « The hidden dangers of magnet fishing », BBC News, (lire en ligne, consulté le )
- « Magnet Fishing - Scottish Canals », sur web.archive.org, (consulté le ).
- « Chapitre 2 : Utilisation de détecteurs de métaux. (Articles L542-1 à L542-3) - Légifrance », sur www.legifrance.gouv.fr (consulté le )
- Pierre-Antoine Cristante, « Ferrière-la-Grande : Le maire prend un arrêté contre la pêche à l'aimant », sur Lavoixdunord.fr, quotidien, (consulté le ).
- Note de la DGSCGC/SPGC/SDMN/GID/2019/N°67 du 5 juin 2019
- Article de Christophe Declercq, lavoixdunord.fr, du 17 juillet 2019c : « L'interdiction de la pêche à l'aimant attire aussi d'autres maires de l'Armentiérois », https://www.lavoixdunord.fr614367/article/2019-07-17/l-interdiction-de-la-peche-l-aimant-attire-aussi-d-autres-maires-de-l
- « Villemur-sur-Tarn. Une nouvelle discipline: la pêche à l’aimant », sur ladepeche.fr (consulté le ).
- « La pêche à l'aimant, une pratique ou une technique interdite en Charente-Maritime ? - France Bleu », sur ici, par France Bleu et France 3 (consulté le ).
- « Magnet fishing: The explosive hobby cleaning up French rivers », sur web.archive.org, (consulté le )
- (nl) Cultuur en Wetenschap Ministerie van Onderwijs, « Magneetvissen is niet zonder meer toegestaan - Nieuwsbericht - Rijksdienst voor het Cultureel Erfgoed », sur cultureelerfgoed.nl, (consulté le ).
- (nl) « Metaaldetectie en natuur », sur Natuurmonumenten (consulté le ).
- (en-GB) « Magnet fishing: England rugby star James Haskell's unusual hobby », BBC News, (lire en ligne, consulté le )
- (en-GB) Coran Elliott, « Safety warning as rise in magnet fishing hobby sees anglers fish out guns and grenades in UK rivers », The Telegraph, (ISSN 0307-1235, lire en ligne, consulté le )
- (nl) Raad voor de journalistiek, « 'Magneetvissers' bezorgen dozen met munitie en wapens aan speurders Bende van Nijvel », De Standaard, Antwerp, Belgium, Nieuwsblad.be, (lire en ligne [html], consulté le )
- « Morbihan. Il pêche à l’aimant et remonte une bombe de la Première Guerre mondiale », sur ouest-france.fr, Ouest France, .
- T. M., « Ferrière-la-Grande : un pêcheur à l'aimant gravement brûlé par une bombe au phosphore », sur france3-regions.francetvinfo.fr, France 3 Hauts-de-France, .
- « On embarque pour la première “Balade au fil de l’eau” ce dimanche avec l'association Pour le canal de Lunel », sur midilibre.fr (consulté le ).
- « Pêche à l’aimant : ils retrouvent cinq fusils de tir sportif », sur midilibre.fr (consulté le ).