Panthera

genre de mammifères

Panthera est un genre de la famille des félins (Felidae) qui comporte cinq espèces vivantes connues : le léopard, le lion, le tigre, le jaguar, et le léopard des neiges (ou once) rajoutée récemment au genre.

Panthera
Description de cette image, également commentée ci-après
Lion (P. leo), mâle adulte.
5.95–0 Ma
353 collections
Classification Paleobiology Database
Règne Animalia
Sous-embr. Vertebrata
Super-classe Tetrapoda
Classe Mammalia
Cohorte Placentalia
Ordre Carnivora
Sous-ordre Feliformia
Famille Felidae
Sous-famille Pantherinae

Genre

Panthera
Oken, 1816

Étymologie

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En latin classique panthēra, lui-même du grec ancien pánthēr (πάνθηρ), composé de pan- (πάν), signifiant « tout », et thēr (θήρ), « proie », est le « prédateur de tous les animaux ». Des rapprochements ont également été fait avec le mot sanskrit pāṇḍara (पाण्डर) signifiant « pâle ». Le genre Panthera a été défini par Oken en 1816 ; il est classé dans les Pantherinés (Pantherinae), sous-famille aussi appelée « grands félins »[1].

Phylogénie

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Espèces éteintes

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C'est d'Asie que proviennent les plus anciennes espèces de Panthera connues : Panthera blytheae dans l'Himalaya (5,9-4,1 millions d'année), Panthera palaeosinensis et Panthera zdanskyi en Chine (environ 2,6 millions d'année)[2].

En Europe, la première espèce du genre Panthera serait Panthera gombaszoegensis (Jaguar européen)  ; elle possédait des caractères de lions et de tigres, ses fossiles ont été formellement identifiés sur le continent européen (France, Italie, Espagne, Allemagne et Pays-Bas) dans les dépôts datés du Pliocène tardif et du Pléistocène inférieur[3] et moyen (environ 1,5 million d'année). D’autres fossiles du Pléistocène inférieur de l’Ancien Monde appartiennent à Panthera combaszoe et Panthera schreuderi.

En Afrique, les premières formes de léopards, Panthera crassidens, sont apparues au Pléistocène inférieur (1,5 million d’années) ; puis l’espèce, après avoir été remplacée par Panthera pardus (léopard ou panthère), migra sur toute l’Afrique, en Europe[4] (où elle est actuellement disparue) et sur toute l’Asie.

En Afrique aussi, les formes primitives de lions les plus anciennes proviennent de Tanzanie (Gorges d'Olduvai, Pléistocène inférieur, 1,7 million d’années) et sont attribuées à Panthera leo fossilis. Il semble avoir pénétré en Europe il y a 700 000 ans (Italie) où il s’installa. Plusieurs fossiles ont été trouvés en France, en Espagne et en Allemagne. Panthera leo fossilis était plus grand que l'actuel tigre de Sibérie (Panthera tigris altaica).

Il y a environ 350 000 ans, Panthera leo fossilis fut remplacé par une autre sous-espèce guère plus petite : Panthera leo spelaea, le lion des cavernes[5]. Cette sous-espèce a été trouvée un peu partout en Europe (France, Allemagne, Angleterre) jusqu'à la Sibérie orientale. Ce lion est bien connu sur les parois des cavernes européennes, par les gravures et peintures du Paléolithique supérieur ; d’autres images ont été gravées dans de l’ivoire (défenses de mammouths). Il semble que, d’après les « témoignages » de la grotte Chauvet, le lion des cavernes ait été spécialisé dans la chasse aux bisons des steppes (Bison priscus).

L’espèce Panthera palaeosinensis, du Pléistocène moyen de Chine, fut sans aucun doute[réf. nécessaire] un intermédiaire entre les deux espèces.

Autrefois, on pouvait rencontrer le tigre en Asie mineure, mais il s’éteignit, victime de la chasse.

Une sous-espèce de la taille du lion d’Asie, au crâne plus court (appelée Panthera leo vereshchagini), s’installa lors d’un refroidissement général, il y a environ 35 000 ans, sur le détroit de Béring, de la Sibérie (Russie) au territoire du Yukon (Canada) ; un immense glacier séparait le Yukon et l’Alaska du reste du continent nord-américain. Lors d’un réchauffement, il y a 25 000 ans, le détroit de Béring s’effaça à nouveau sous les eaux ; un corridor de terre se créa le long des montagnes rocheuses, reliant le territoire du Yukon et les États-Unis ; les lions, ayant à nouveau évolués, migrèrent vers les États-Unis. Cette ultime sous-espèce, appelée Panthera leo atrox, le lion américain, fut la plus grande et la plus puissante de toutes les sous-espèces de lions (plus grande encore que le tigre de Sibérie et son ancêtre Panthera leo fossilis). Elle s’installa rapidement sur ce continent. Ses plus beaux fossiles proviennent de La Brea Tar Pits, un gisement de goudron naturel à Los Angeles où ont été exhumés près de 80 spécimens.

Espèces

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  • Les lions d’Asie (Panthera leo persica) semblent être une relique des lions des cavernes. À la fin de la période glaciaire, le territoire de cette espèce s’étendait de la péninsule italienne à l’Inde.
Le lion d'Amérique s’installa au Mexique, passa l’isthme de Panama et migra vers l’Amérique du Sud. Il fut bloqué par les Andes, mais s’installa le long du Pacifique jusqu’au Pérou.
  • Le jaguar (Panthera onca), sans doute descendant de Panthera leo atrox, est propre au continent américain. Il vivait autrefois en Amérique du Nord, avant de s’éteindre victime de la chasse. Panthera onca augusta, une espèce de jaguar nord-américaine, fut ainsi exhumée des puits de goudrons de La Brea Tar Pits.
  • La lignée des panthères, les Pantherinae, a divergé il y a 10,8 millions d'années de l'ancêtre commun des Felidae, puis il y a 6,4 millions d'années, la lignée des panthères nébuleuses Neofelis et celle des Panthera[6]. Le plus vieil ancêtre commun aux Panthera dont on possède des fossiles est Panthera palaeosinensis, qui vivait de la fin du Pliocène au début du Pléistocène. La panthère des neiges est apparue bien avant le jaguar, le léopard ou panthère, et est étroitement apparentée au tigre : tigre et panthère des neiges auraient divergé il y a deux millions d'années[7],[Note 1].

Cladogrammes

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Cladogramme basé sur l'analyse phylogénétique des espèces vivantes et éteintes () du genre Panthera réalisée par P. Piras et ses collègues en 2018[8] :

Panthera

Panthera palaeosinensis






Panthera blytheae



Panthera uncia (Panthère des neiges)







Panthera zdanskyi (Tigre de Longdan)



Panthera tigris (Tigre)









Panthera gombaszoegensis (Jaguar européen)



Panthera onca (Jaguar)







Panthera pardus (Léopard)




Panthera leo (Lion)




Panthera spelaea (Lion des cavernes d'Eurasie)



Panthera atrox (Lion d'Amérique)flip









Arbre phylogénétique du genre Panthera[6],[7] :

Panthera


 Panthera uncia - Panthère des neiges



 Panthera tigris - Tigre





 Panthera onca - Jaguar




 Panthera pardus - Léopard




 Panthera spelaea - Lion des cavernes d'Eurasie



 Panthera leo - Lion






Espèces et sous-espèces

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Léopard
Lion
Tigre
Jaguar
Léopard des neiges

Hybridations et anomalies du pelage

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Tigron

Il arrive que des individus d’espèces différentes s’accouplent et donnent des hybrides, tel le tigron[9] ou le ligre[10] (entre le lion et le tigre), mais également entre les quatre espèces. Mais ces individus rares naissent souvent en captivité. Les anomalies du pelage ne sont pas plus fréquentes, et touchent également les quatre espèces. Il arrive que naisse un lion ou un tigre blanc, une panthère ou un jaguar noir.

Les quatre espèces historiques du genre sont caractérisées par leurs aptitudes à rugir[11]. On a longtemps attribué cette faculté à une ossification incomplète de l'os hyoïde. Cependant, de nouvelles études montrent que le rugissement est dû à d'autres caractéristiques morphologiques, en particulier au larynx. La cinquième espèce (l'once) du genre ne rugit pas[12] : bien qu'elle dispose d'une ossification incomplète de l'os hyoïde, il lui manque la morphologie particulière du larynx[13].

Notes et références

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  1. La position du clade par rapport au reste des Panthera est encore très floue.

Références

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  1. Agriculture et Agroalimentaire Canada;Gouvernement du Canada, « Détails de l’enregistrement - Système mondial d'information sur la biodiversité (SMIB) », sur www.cbif.gc.ca (consulté le )
  2. José R. Castelló (trad. Anne Saint Girons), Félins et hyènes du monde : Lions, tigres, pumas, ocelots et apparentés, Delachaux et Niestlé, coll. « Guide Delachaux », , 280 p. (ISBN 978-2-603-02863-6), La lignée des Panthera pages 30-33
  3. (en) Nicolás R. Chimento et Federico L. Agnolin, « The fossil American lion (Panthera atrox) in South America: Palaeobiogeographical implications », Comptes Rendus Palevol, vol. 16, no 8,‎ , p. 850–864 (ISSN 1631-0683, DOI 10.1016/j.crpv.2017.06.009, lire en ligne, consulté le )
  4. (en) Adrian Marciszak et Grzegorz Lipecki, « Panthera gombaszoegensis (Kretzoi, 1938) from Poland in the scope of the species evolution », Quaternary International, eurasian Animals and Quaternary Environments: The Contribution of Palaeontology to the SEQS-DATESTRA 2020 Virtual Meeting (Wrocław, Poland) – QI Special Issue Dedicated to Adam Nadachowski, vol. 633,‎ , p. 36–51 (ISSN 1040-6182, DOI 10.1016/j.quaint.2021.07.002, lire en ligne, consulté le )
  5. « Hommes, ours et lion des cavernes : les formidables découvertes de Montmaurin », sur ladepeche.fr (consulté le )
  6. a et b (fr) Stephen O'Brien et Warren Johnson, « L'évolution des chats », Pour la science, no 366,‎ (ISSN 0153-4092) basée sur (en) W. Johnson et al., « The late Miocene radiation of modern felidae : a genetic assessment », Science, no 311,‎ et (en) C. Driscoll et al., « The near eastern origin of cat domestication », Science, no 317,‎
  7. a et b (en) Référence UICN : espèce Panthera uncia (Schreber, 1775)
  8. (en) Piras, P., Silvestro, D., Carotenuto, F., Castiglione, S., Kotsakis, A., Maiorino, L., Melchionna, M., Mondanaro, A. et Sansalone, G., Serio, C. et Vero, V.A., « Evolution of the sabertooth mandible: A deadly ecomorphological specialization », Palaeogeography, Palaeoclimatology, Palaeoecology, vol. 496,‎ , p. 166−174 (DOI 10.1016/j.palaeo.2018.01.034, Bibcode 2018PPP...496..166P)
  9. « Ligre et tigron, croisement entre lion et tigre, existent-ils dans la nature ? », sur Le Mag des Animaux (consulté le )
  10. « Que sont le tigron et le ligre ? », sur Awely Tigres, (consulté le )
  11. « Panthera », sur www.manimalworld.net (consulté le )
  12. « Rugissement du lion : comment le lion rugit-il ? », sur Maxisciences, (consulté le )
  13. Ronald M. Nowak, Walker's Mammals of the World, Johns Hopkins University Press, , 1936 p. (ISBN 0-8018-5789-9, lire en ligne) [Où ?].

Annexes

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Articles connexes

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Liens externes

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