Citadelle de Liège
La citadelle de Liège est une ancienne citadelle de la ville belge de Liège. Elle était située sur une colline surplombant le Nord de la ville dans le quartier de Sainte-Walburge, à une altitude moyenne de 111 m par rapport à la Meuse et de 170 m par rapport au niveau de la mer.
Citadelle de Liège | |
Une partie des murs de la citadelle | |
Type | Citadelle |
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Début construction | 1663 |
Destination initiale | Citadelle |
Destination actuelle | Hôpital |
Protection | Patrimoine classé (1977, 1982, 1988) |
Coordonnées | 50° 39′ 08″ nord, 5° 34′ 41″ est |
Pays | Belgique |
Région | Région wallonne |
Province | Province de Liège |
Commune | Liège |
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Elle faisait face au fort de la Chartreuse, situé en rive droite de la Meuse.
Histoire
modifierDu XIe au XVe siècle
modifierVers l'an 1000, sous le règne de Notger, la ville se dote des premières murailles en grès houiller. L'enceinte a la forme d'un quadrilatère allongé de 25 hectares. Elle est doublée de fossés et ponctuée de portes et de tours. Une porte tour est édifiée au pied de Pierreuse. Le premier pont des Arches est construit vers 1033.
Début du XIIe siècle l'empereur Henri IV aurait fait agrandir l'enceinte et jeter des fondements de remparts vers Sainte-Walburge, mais faute de moyens et de bonne volonté, les travaux échouent.
En 1204, on construit une muraille avec tours partant de la porte Sainte-Walburge jusqu'à Païenporte et descendant jusqu'à la Meuse, ainsi qu'une autre muraille reliant Hocheporte à Sainte-Walburge.
En encore inachevées les murailles sont escaladées par les troupes d'Henri Ier de Brabant qui dévalent vers la cité et la mettent aussitôt à sac. Pour les Liégeois la leçon est dure, ils reprennent les travaux de façon intensive. Ils seront achevés en 1215.
En 1255, le prince-évêque Henri de Gueldre fait démolir les murailles de Sainte-Walburge à Païenporte et fait ériger la porte Sainte-Walburge, ce qui met en colère les Liégeois, qui voient là un moyen de les tenir en respect. Il y adjoint une forteresse avec tours, pont levis, puits, prison et escaliers du côté de la vallée. C'est en fait la première citadelle.
En 1468, les troupes de Charles le Téméraire s'apprêtent à mettre la ville à sac, et c'est l'histoire des 600 Franchimontois, qui attaquent les troupes sur les hauteurs de la Citadelle, mais qui ne peuvent empêcher la destruction de la ville. En souvenir de l'évènement, les escaliers de la montagne de Bueren construits à la fin du XIXe siècle prennent le nom de « 600 escaliers » (ne pas confondre avec les 600 degrés qui se trouvaient vers Païenporte), bien que contrairement à la légende, ils n'ont jamais escaladé la montagne de Bueren (puisqu'elle ne fut construite que quatre siècles plus tard), mais seraient venus par Favechamps, sur le côté de Pierreuse.
XVIIe siècle
modifierTerminée en 1671, la citadelle de Liège se rend le , aux armées de Louis XIV, commandées par Godefroi d'Estrades. Un an plus tard, par ordre de Louvois, les remparts sont détruits. Reconstruits en 1684 par le prince-évêque Maximilien-Henri de Bavière, ils sont de nouveau démolis en 1689.
Période néerlandaise
modifierAprès la création du Royaume uni des Pays-Bas par le congrès de Vienne, en 1814, Guillaume Ier décide d'ériger ou de modifier plusieurs fortifications sur son territoire dans le but de défendre la vallée de la Meuse : les citadelles mosanes. Parmi celles-ci se trouvent la citadelle de Liège qui fut transformée avec, entre autres, la reconstruction des bastions Saint-Lambert et Saint-François, séparés de la cour par un mur de 10 mètres de large.
Lorsqu'éclate la révolution belge puis la guerre belgo-néerlandaise, les révolutionnaires liégeois assiègent la citadelle à parti du . Celle-ci capitule le 6 octobre[2], l'acte étant signé entre le Baron van Boecop et le Comte de Berlaymont, commandant de la garde urbaine liégeoise. La citadelle accueille alors la création du 11e régiment de ligne.
XXe siècle
modifierLe , le 12e de ligne s'installe à la citadelle.
En 1914, Liège est la première ville importante rencontrée par les troupes allemandes, entrées en Belgique le 4 août. Dès le 5 août 1914, la cité ardente est assiégée. Le 6 août, la ville subit ses premiers bombardements. La citadelle est directement visée par les batteries allemandes. Plusieurs de ses locaux deviennent la proie des flammes. Les casemates archaïques ne constituant pas des abris efficaces contre les obus modernes, le commandant de la citadelle, le colonel Eckstein, fait hisser le drapeau blanc le 6 août, aux environs de midi. Cette décision entraîne la réaction de plusieurs édiles liégeois qui craignent que ce geste ne soit interprété par les Allemands comme un acte de reddition de toute la Position Fortifiée de Liège, alors que les forts plus modernes qui entourent la ville poursuivent leur résistance[3]. Pendant toute la durée du conflit, la citadelle servira successivement de logement aux troupes du Kaiser, de camps d'internement et d’hôpital pour les soldats alliés. Le jour de l'Armistice, des centaines de soldats malades et misérables seront délivrés avec soulagement.
En 1940, la citadelle sert de caserne pour les soldats allemands, de centre d’entraînement pour les gardes wallonnes et de prison pour les patriotes. Elle est un des lieux d'exécution des prisonniers et résistants de la région liégeoise. La majorité des condamnés à mort ont été fusillés à l'emplacement du bastion Saint-François. Ce lieu a été transformé après la guerre en un mémorial implanté aujourd'hui dans le parc de la citadelle : l'Enclos des fusillés[4].
En 1945, les troupes américaines occupent la citadelle.
En 1947, l'armée belge reprend possession du lieu.
En 1967, le CPAS de Liège fait acquisition des lieux.
En 1970, construction du Centre hospitalier régional de la Citadelle
Le , le fortin et le puits sont classés[5].
Le , ce sera le tour des vestiges des bastions et des courtines[6].
Le , c'est enfin le mur d'enceinte du XIIIe siècle (de Païenporte à VallPotay) qui est classé[7].
Sources
modifierNotes et références
modifier- Fabrice Muller, « Le parc de la Citadelle », sur Fabrice Muller, (consulté le ).
- « La chute de la Citadelle de Liège en 1830. », sur 1830.be
- Jules de Thier et Olympe Gilbart, Liège pendant la Grande Guerre, tome I : Liège Héroïque. La défense et la prise de Liège, Liège, Imprimerie Bénard, , p. 103-108
- « Liège (Luik) (Citadelle) - Enclos des fusillés », sur bel-memorial.org (consulté le )
- Arrêté du classement de 1977
- Arrêté du classement de 1982
- Arrêté du classement de 1988
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Gustave Ruhl, « La citadelle de Liège », Chronique archéologique du pays de Liège, t. V, no 5, , p. 46-58 (lire en ligne)
- Théodore Gobert, « La citadelle de Liège. Français et Liégeois en 1675 », Chronique archéologique du pays de Liège, t. XI, no 3, , p. 34-38 (lire en ligne)
- Paul Harsin, « Le régiment de Vierset à la citadelle de Liège », Chronique archéologique du pays de Liège, t. XIX, no 1, , p. 22 (lire en ligne)
- Joseph Lesire, « Le coins des chercheurs : À propos de la citadelle de Liège. », Bulletin de la société royale Le Vieux-Liège, t. III, no 70, , p. 168-169 (ISSN 0776-1309)
- Jean Francotte, « Le coin des chercheurs : Citadelle de Liège, pierre tombale de la chapelle. », Bulletin de la société royale Le Vieux-Liège, t. XIII, no 282, , p. 799-800 (ISSN 0776-1309)
- Georges Gabriel, « Des vestiges de l'ancienne citadelle. », Bulletin de la société royale Le Vieux-Liège, t. XIV, no 290, , p. 065-070 (ISSN 0776-1309)
- Jules Loxhay, Histoire de l'enceinte de la citadelle sur la rive gauche de la Meuse, à Liège, Liège, Centre Liégeois d'Histoire et d'Archéologie Militaire, , 207 p. (OCLC 51670581)