Pat Andrea

peintre et sculpteur néerlandais

Pat Andrea, né le , à La Haye, est un peintre et sculpteur néerlandais. Son travail peut être rapproché du courant de la Neue Subjektivität (de) (Nouvelle Subjectivité), terme inventé par Marcel Reich-Ranicki pour désigner un courant littéraire. Ce terme est également employé par Jean Clair pour parler des artistes regroupés lors de l’exposition internationale[1] au Musée national d’Art moderne de Paris en 1976.

Pat Andrea
Naissance
Voir et modifier les données sur Wikidata (81 ans)
La HayeVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Formation
Influencé par
Co Westerik (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Distinctions
Récompense de la couronne des Pays-Bas pour la peinture (d) ( et )
Prix Jacob Maris (d) ()Voir et modifier les données sur Wikidata

Ses parents, l’illustratrice Metti Naezer et le peintre Kees Andrea[2], lui transmettent leur passion pour l’art.

Biographie modifier

Académie Royale des Beaux-Arts, La Haye (1960-1965) modifier

Étudiant au Gymnasium Haganum à La Haye dans les années 1950, Pat Andrea hésite entre sa passion pour le dessin et la médecine[3]. En 1960, il intègre l’Académie royale des beaux-arts de La Haye où il rencontre le peintre Co Westerik (en) (1924-2018), qui deviendra son mentor.

En 1963, à vingt ans, il gagne le Prix Royal de Peinture.

Début de carrière (1967-1970) modifier

À la fin de ses études, Pat Andrea participe à diverses expositions aux Pays-Bas. En 1968, à l’occasion d’une exposition au Kunstmuseum Den Haag, il fait la rencontre de Pierre Sterckx. Ce dernier, participe à l’internationalisation de ses œuvres en les présentant en Belgique. Par ailleurs, Pat Andrea et ses collègues Walter Nobbe et Peter Blokhuis, fondent le groupe ABN, associé au mouvement New Hague School.

Reconnaissance (1970) modifier

La reconnaissance de Pat Andrea s’affirme dans les années 1970.

En 1971, la couronne des Pays-Bas lui décerne son deuxième Prix Royal de la Peinture Libre (nl). En 1976, il expose pour la première fois à Paris au sein de la galerie Jean Briance[3] à la suite d’une invitation de Jean Clair. Ce dernier le convie de nouveau l’année suivante à participer au second volet de l’exposition « La nouvelle subjectivité [4]», dans le cadre du Festival d’automne à Paris, avec, notamment, Jim Dine, David Hockney ou encore Peter Blake, puis au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles en 1979[5].

Voyage en Amérique du Sud (1976-1979) modifier

À la suite de l’exposition à la galerie Jean Briance à Paris, Pat Andrea a l’occasion de voyager en Amérique du Sud où il découvre le Pérou, la Bolivie et l’Argentine[3]. Profondément marqué par le contexte politique et social de la dictature du général Videla, Pat Andrea, arrivé en Argentine au lendemain du coup d’état du dictateur, réalise dans les années suivantes une série de trente-quatre dessins dénonçant la violence de ce régime[6]. Cette expérience influence durablement son travail. En 1978, il expose à la galeria Arte Múltiple à Buenos Aires.

Reconnaissance internationale (1980) modifier

Dans les années 1980, Pat Andrea travaille à La Haye, à Paris, à Buenos Aires où il illustre des magazines culturels, artistiques ou encore littéraires. Il expose dans différentes villes telles que Amsterdam, Bruxelles, Buenos Aires, La Haye, Paris, Milan, Madrid, Atlanta, Chicago, Fribourg, Lyon et Los Angeles[3]. Son travail est également montré lors d’événements internationaux notables tels que la FIAC, Art Chicago ou encore l’ARCO.

À partir de 1989, il exécute ses premières sculptures[7].

Carrière actuelle modifier

La suite de son parcours est marquée par de prestigieuses et nombreuses expositions. En 1984, Pat Andrea expose dans l’une des plus grandes galeries d’avant-garde en Espagne, la galerie Juana Mordó à Madrid. Au cours des années 1990, ce sont plus de soixante-dix expositions réalisées dans des institutions, galeries, musées et événements artistiques.

En plus d’expositions internationales, il commence à illustrer en très grands formats, à partir de 2003, sur la demande de l'éditrice Diane de Selliers, deux contes de Lewis Carroll : Les Aventures d’Alice au pays des merveilles et De l'autre côté du miroir[8]. La parution de l'ouvrage, en 2006, est suivie de nombreuses expositions des originaux, dont celle présentée au château de Chenonceau, en 2007[9], ou encore aux Arts Santa Monica à Barcelone, en 2010[10], ou au Musée Coleccion Fortabat à Buenos Aires en 2014[11]. En 2021, le MORE Museum de Gorssel lui consacre une importante rétrospective « ¿QUÉ PASA? »[12], abordant notamment les thèmes de la femme fatale, des conflits internationaux ou de l’Argentine.

Œuvre modifier

Artiste et professeur modifier

Pat Andrea est invité à présenter son travail lors de la conférence « Jeunesse et Arts Plastiques » organisée par Pierre Sterckx à Bruxelles en 1983[3].

Il est également à l’initiative d’un atelier de dessin et de collage à l’École de Recherche Graphique à Bruxelles[3].

En 1998, il est nommé professeur aux Beaux-Arts de Paris où il enseignera jusqu’en 2007.

Le 6 mars 2002, il est élu membre Correspondant[13] à l'Académie des Beaux-Arts de l’Institut de France.

Influences modifier

Pat Andrea affectionne les Maîtres du Quattrocento et les Primitifs flamands[14]. L'œuvre de Pat Andrea offre à découvrir une composition construite selon les règles classiques tout en étant renversée et bousculée par un désordre « baroque ».

L’utilisation de la caséine dans sa technique, peu commune parmi ses contemporains, est également le reflet de ses origines géographiques, cette protéine étant utilisée dans la peinture hollandaise.

Peinture modifier

Les œuvres de Pat Andrea racontent une histoire, souvent personnelle. L’artiste introduit des perturbations qui modifient la narration initiale de la composition. La tension est essentielle dans ses recherches et dans son travail.

Kees Broos, dans le cadre de l’exposition personnelle de l’artiste à la F.I.A.C.’85 à Paris, explique que « dans l’œuvre de Pat Andrea tout converge vers l’action dramatique. Les acteurs du drame, êtres humains, animaux, plantes et artifices, ont été sélectionnés afin de représenter chacune de ses catégories. Les êtres humains – l’homme, la femme, la fille – sont les acteurs attitrés du répertoire. Mais le drame ne s’accomplit pas que par la technique du dessin et des arts picturaux ; il s’y rapporte forcément [15]».  

Pour appuyer ses recherches, l’artiste convoque des thématiques récurrentes dans son travail, comme la violence, le sexe ou encore la mort. C’est d’ailleurs tout son propos : « ma peinture s’occupe de l’espèce humaine[16]. »

Certains sujets sont récurrents. Ainsi, la représentation de la femme, systématiquement sexuée, émerge et laisse transparaître une sensualité et un érotisme particulier. L’artiste n’est cependant pas en quête de provocation : « Dans ma peinture, les organes sexuels, en tout cas, ne jouent pas un rôle exceptionnel. Ils sont là s’ils doivent y être d’une façon logique. Pour ma part, la provocation ne me concerne pas. J’ai plutôt envie de montrer le comportement humain comme quelque chose d’intriguant, de séduisant, et aussi un peu ridicule. Montrer tout cela sans retenue, voilà l’intrigue de mes images : la danse, le rituel d’approche, les jeux du sexe, qui ne se sont ni heureux, ni faciles[17]. »

La figure du chien occupe également une place très importante[18] dans l’œuvre de Pat Andrea : « Mes images ont presque toujours deux personnes, pas souvent une seule. Parfois trois, et un des trois serait un chien. Le numéro trois "apporte" la tension[17]. »

Le canidé est souvent cantonné à un rôle purement plastique et esthétique, comme l’explique l’artiste : « Au commencement, le chien est entré dans ma peinture d’une façon physique et formelle [17]».

Le lien avec la bestialité est retranscrit par un procédé tout autre : la représentation du cri. C’est une expression qui revient fréquemment dans les œuvres de Pat Andrea : « Le cri, je ne l’écoute pas dans la peinture, je le vois seulement […]. Ce serait le signe d’une émotion guidée par l’ADN. Je tente de monumentaliser le cri. Je voudrais que ce soit le cri de toujours. […] Ce cri silencieux est une manière de donner forme à ces tensions. C’est une émotion. Ni la mienne, ni celle de quelqu’un. Disons, pour faire écho à Bacon : " le cri, mais pas le Je"[16]. »

Vie personnelle modifier

Pat Andrea est marié avec l’artiste d’origine argentine Cristina Ruiz Guiñazu[19]. Ils ont deux enfants, Mateo Andrea et Azul Andrea, tous les deux peintres. Les expositions « All 4 Art [20]» mettent en lumière les œuvres de la famille.

Expositions et collections modifier

Sélection expositions individuelles modifier

  • 1966 - Gallery 20, Amsterdam
  • 1982 - FIAC, Paris, one-man-show, Elisabeth Franck gallery, Paris
  • 1992 - Centro de Arte Contemporáneo, Córdoba (rétrospective)
  • 1993 - Stedelijk Museum, Schiedam (retrospective)
  • 2000 - Villa Tamaris, La-Seyne-sur-Mer (rétrospective)
  • 2001 - Frissiras Museum, Athènes (rétrospective)
  • 2006 - MACUF, La Coruña (rétrospective)
  • 2014 - Fortabat Art Collection, Buenos Aires
  • 2022 - Galerie les Arts dessinés, Huberty & Breyne, Paris

Principales collections publiques modifier

Notes et références modifier

  1. Jacques Michel, « Des peintres qui peignent », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès limité).
  2. « Femme brune par Pat Andrea », sur Artsper
  3. a b c d e et f « Pat Andrea », sur Vente d'art
  4. Festival d'Automne à Paris, « Papier sur Nature » Accès libre, edition 1977
  5. Jean Clair, Nouvelle subjectivité: notes et documents sur le retour de l'expression figurative et de la scène de genre dans la peinture de la fin du siècle, Lebeer Hossmann, (lire en ligne)
  6. Julio Cortazar et Andrea, la Puñalada. Le Tango du Retour, Bruxelles, Elisabeth Franck, (ISBN 978-8-494-24735-4)
  7. Claude Aguttes, Peinture moderne et contemporaine - Sculptures, Neuilly-sur-Seine, (lire en ligne), Lot 119
  8. (fr + en) Lewis Carroll, Alice aux pays des merveilles et De l'autre côté du Miroir, Diane de Selliers, (ISBN 9782364370371, lire en ligne)
  9. Patricia M. Colmant, « Alice au pays de Chenonceau », Les Echos,‎ (lire en ligne Accès limité)
  10. (es) Santa Mònica, « Pat Andrea. Making off de la intervenció a ASM. » [vidéo], sur YouTube,
  11. (es) Laura Feinsilber, « Pat Andrea en Colección Fortabat » Accès libre,
  12. (en) MORE Museum, « ¿QUÉ PASA? The art of Pat Andrea » Accès libre
  13. Académie des Beaux-Arts - Institut de France, « Pat Andrea » Accès libre
  14. Amélie Adamo, « Pat Andrea : « Dans ma peinture, j’ai cherché à opérer une synthèse entre les techniques anciennes et la modernité » », Le Journal des Arts,‎ (lire en ligne Accès libre)
  15. Kees Broos, Pat Andrea : F.I.A.C. 1985, Paris, Elisabeth Franck Gallery, , p. 1
  16. a et b Pierre Sterckx, Pat Andrea : corps et sentiments dans un espace plat : Rétrospective de l’exposition à la Villa Tamaris, La Seyne-sur-Mer (catalogue de l’exposition), La Valette du Var, Hemisud, (ISBN 291-2-282-39X), p. 9
  17. a b et c Pierre Sterckx, Pat Andrea : corps et sentiments dans un espace plat : Rétrospective de l’exposition à la Villa Tamaris, La Seyne-sur-Mer (catalogue de l’exposition), La Valette du Var, Hemisud, (ISBN 291-2-282-39X), p. 10
  18. François Catonné, « Pat ANDREA, le LAPIN et le CHIEN » Accès libre
  19. Philippe Dagen, « Un art de famille », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès libre)
  20. CNAP, « All 4 Art 4 artistes une famille » Accès libre,
  21. Docteur Mops, « Alice s'expose au Musée de la Carte à jouer » Accès libre
  22. Centre Pompidou, « Pat Andrea (1942, Pays-Bas) Visage 2 », N° d'inventaire AM 2012-294 Accès libre,

Annexes modifier

Bibliographie modifier

  • Kees Broos, Pat Andrea F.I.A.C 1985, Paris, Elisabeth Franck Gallery, 1985
  • Jean Clair, « Réalisme retour au », Encyclopædia Universalis, https://www.universalis.fr/encyclopedie/retour-au-realisme/
  • Julio Cortazar et Pat Andrea, La Puñalada. Le tango du retour, Bruxelles, Elisabeth Franck, 1982 (ISBN 978-8-494-24735-4)
  • Rétrospective, Pat Andrea : corps et sentiments dans un espace plat, interview de Pierre Sterckx, catalogue de l’exposition à la Villa Tamaris, La Seyne-sur-Mer, 28 octobre - 10 décembre 2000 (ISBN 291-2-282-39X)