Paul-Eugène Henssler

architecte suisse
Paul-Eugène Henssler
Biographie
Naissance
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Voir et modifier les données sur Wikidata (à 76 ans)
GenèveVoir et modifier les données sur Wikidata
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Formation
Activité

Paul-Eugène Henssler, né le à Bâle et mort le à Genève, est un architecte suisse.

Biographie modifier

Cadet d’une fratrie de cinq, Paul-Eugène Henssler est le fils de Jacob Frédéric Henssler (1834-1882), maître brasseur né dans le Wurtemberg d’une famille de maîtres charpentiers actifs dès le XVIe siècle, et de Pauline Knauss (1844-1905), née à Couvet (Neuchâtel), descendante d’une lignée de chirurgiens et pasteurs en Hesse. À la mort de son père, Paul-Eugène n’a que trois ans et demi ; la famille arrive à Genève dont elle possède déjà la citoyenneté, acquise à Chancy en 1868.

Son frère aîné William Henssler (1875-1951) est aussi architecte de renom, mais les deux frères ne collaborent pas. En revanche, Paul-Eugène travaille avec l'architecte Arthur Boissonnas[1].

Les deux frères William et Paul-Eugène suivent tous les deux une formation d’architecte à l’École des Beaux-Arts de Genève. Paul-Eugène reçoit le 1er prix dès la première année (classe d’ornement et d’éléments d’architecture de Joseph Marschall) et une mention spéciale lors de son année complémentaire en 1897. En l’absence d’école d’architecture à proprement parler et faute de moyens pour continuer sa formation à Paris comme le feront d’autres de ses contemporains suisses, Paul-Eugène Henssler n’a d’autre ressource que de se perfectionner dans son futur métier lors d’un stage auprès d’un architecte établi à Genève. C’est ainsi qu’il intègre pour un temps l’atelier d’Edmond Fatio (1871-1959).

Paul-Eugène Henssler, membre fondateur de l'Association Genevoise des Architectes (AGA), dirige un atelier pendant plus d’un demi-siècle[2]. Associé dès 1903 à Arthur Boissonnas (1879-1941), il s’en sépare en 1925 et continue sa pratique seul. Il ouvre son premier bureau au n° 5, rue de l'Université, le transfère au n° 10, rue Diday, puis au n° 56, rue du Stand et enfin au n° 25, avenue de Champel. Dès 1947, il emploie comme dessinateur Giuseppe Patanè (1922-2008) qui s’établira plus tard comme architecte, photographe et essayiste.

En 1925, il reçoit la Médaille de l’Exposition internationale des Arts décoratifs industriels modernes de Paris[3].

On doit à Paul-Eugène Henssler une cinquantaine de bâtiments locatifs, quelques bâtiments industriels, des hôtels, des cinémas, des cabanes de montagne et une quinzaine de villas, le tout tant en Suisse qu’en France[4]. Il collabore également aux travaux de la commission d’évaluation des villas pour le compte du Département des Finances[5].

Une grande partie de l’activité de Paul-Eugène Henssler se déroule en périodes de crises économiques difficiles dans une Genève affectée par les conséquences de la Grande Guerre de 1914-1918, puis par la Seconde Guerre mondiale de 1939-1945 et ses suites immédiates, sans qu’il lui soit donné de connaître les bonheurs subséquents du boom immobilier des Trente Glorieuses. En 1938, l'on recense 6'500 appartements vides à Genève et, pour les occuper, les locataires se voient souvent offrir plusieurs mois de loyer gratuit[6]. Henssler choisit lui-même, dans les carrières de Baveno (Italie), les marbres et granits destinés à orner les embrasures de portes d’entrée et les halls de ses plus beaux immeubles.

Réalisations architecturales d'immeubles locatifs à Genève[7] :

  • 1906-1929 : Hôtel Beau-Séjour et Maison Longue (démolis en 1956)
  • 1910-1911 : Les Platanes, rue du Léman 4 (Délégation permanente de Grèce)
  • 1910-1912 : rue de Montbrillant 10 et 12
  • 1911-1912 : Versoix-Quai (Hôtel Pavid), route de Suisse 20/quai de Versoix 1
  • 1912-1914 : Servette-École, rue de la Servette 94
  • 1912-1914 : ensemble Helvétique-Centre, rue Versonnex 11 et Helvétique-Versonnex (13)
  • 1912-1915 : Helvétique-Scie, rue de la Buanderie 4
  • 1913-1914 : Rhône Helvétique, angle bd Helvétique-r. du Rhône (démoli en 1961)
  • 1915-1916 : rue du Lac 8
  • 1923 : ensemble Château de Miremont, avenue de Miremont 35A à D)
  • 1923 : ensemble Square des Tranchées, rue de Beaumont 5, 7 et 9
  • 1925-1927 : Athénée-Champel, rue de l’Athénée 27
  • 1925-1930 : ensemble Athénée Marc-Monnier, r. de Marignac 5, et Athénée-Champel (11)
  • 1926-1929 : ensemble rue Emile-Yung 7-9-15 et 17
  • 1927-1929 : Charmilles-Délices, rue des Délices 14
  • 1931-1933 : ensemble Athénée-Pelouse, rue de l’Athénée 31, Athénée-Parc (33), (Athénée-Contamines (35) et Athénée-Florissant, rue de Contamines 30
  • 1932 : ensemble Athénée-Fleuri, rue de l’Athénée 42 et Athénée Bocage, rue de Contamines 37)
  • 1934 : ensemble Les Ogres[u4], avenue de Miremont 33 et les Chevaliers (35)
  • 1934-1935 : ensemble Haut-Champel, avenue de Champel 65 et Champel-Terrasse (67)
  • 1935-1936 : ensemble Miremont-Champel, chemin de Kermély[u5] 4 et Miremont Belvédère (6) (Miremont Belvédère)
  • 1935-1936 : Miremont-Ker-Mély, avenue de Miremont 10
  • 1939-1941 : ensemble Pierre-Grise, avenue de Champel 35, Champ-Fleuri (37), Champel-Clairière (39) et Champel-Beauregard (41)
  • 1947-1948 : ensemble Le Pic, chemin Thury 10, Le Pinson, (12), Le Cèdre (14) et Le Parc (16)
  • 1948-1949 : ensemble rue Viollier 1 à 7 pour la compagnie d’assurance La Genevoise
  • 1951 : route de Frontenex 41bis, 43 et 45

Alpinisme modifier

Paul-Eugène Henssler gravit dès la fin du XIXe siècle un grand nombre de sommets de plus de 4000 mètres dans les Alpes valaisannes et françaises. En 1892 il est membre fondateur du club montagnard "Le Bluet". Avec son frère William Henssler, il crée en 1906 le Fonds des Cabanes de la Fédération Genevoise (FMG), dont il est fait membre d'honneur en 1936[8]. Dans ce cadre, il construit les cabanes Marcel Brunet I (1930) et II (1942) dans le Val de Bagnes, ainsi que celle de Flaine en Haute-Savoie (1936).

En 1921, il participe de manière décisive au redécollage de l'avion Caudron G3 piloté par le pionnier de l'aviation François Durafour depuis le Dôme du Goûter dans le massif du Mont-Blanc.

Bibliographie modifier

Notes et références modifier

  1. Isabelle Rucki, Dorothee Huber (ed.) (trad. de l'italien), Architektenlexikon der Schweiz : 19./20. Jahrhundert, Paris/Basel/Boston/Berlin, Birkhäuser Verlag, , 614 p. (ISBN 3-7643-5261-2), p. 262
  2. Armand Brulhart, Une compression architecturale, Genève, AGA, , p. 20,109
  3. Jean-Marc Lamunière, L’architecture à Genève, Genève, Infolio, , 914 p.
  4. Raymond Bui, « Immeubles d'habitation à Genève : de décors en découvertes », in Art + architecture en Suisse, 56,‎
  5. Daniel Barbey, « L’immobilier genevois aujourd’hui », Encyclopédie de Genève,‎ , p. 153
  6. Björn Arvidsson et Fabienne Fravalo, La Belle Époque de l’ornement Genève 1890-1920, Genève, Infolio, , p. 370, 371, 382 et 389
  7. Pierre-C. Weber, Catalogue raisonné de l’œuvre de P. Eugène Henssler, Genève, Pierre-C. Weber, in press
  8. Fédération Montagnarde Genevoise, 1894-1944 : 50ème anniversaire, Genf, Ernest Nyffeler, , p. 5, 13,37, 51-52, 59, 77-78