Paysandisia archon

espèce de lépidoptère de la famille des Castniidae

Papillon du palmier, Castnide du palmier

Paysandisia archon, le Papillon du palmier ou Castnide du palmier, est une espèce de lépidoptères (papillons) de la famille des Castniidae. Elle est l'unique représentante du genre monotypique Paysandisia. Comme son nom l'indique, sa chenille se nourrit des tiges et des troncs des palmiers. Il est parfois nommé par erreur "Sphinx du palmier" ou "Bombyx du palmier", mais sa famille (les Castniidae) est éloignée de la famille des Sphinx (Sphingidae) ou des Bombyx (Bombycidae).

Originaire de l’Uruguay et du centre de l’Argentine, cette espèce a été introduite accidentellement dans le Sud de l’Europe, où elle se diffuse assez rapidement et est considérée comme une espèce ravageuse, détruisant des milliers de palmiers en Europe méditerranéenne.

Description modifier

Papillon modifier

L'imago de Paysandisia archon est un grand papillon, avec une envergure de 9 à 11 cm. Les ailes antérieures sont vert-bronze foncé striées de brun, les ailes postérieures sont rouge orangé brillant avec des marques grasses noir et blanc. La femelle, en général plus grande que le mâle, se reconnaît facilement à son ovipositeur proéminent, aux ailes moins colorées et à de discrets ocelles sur les deux faces des ailes antérieures

À l’instar d’autres castniidés, cette espèce vole de jour et a des antennes en massue.

Chenille modifier

La larve est une grosse chenille blanchâtre, grasse, de 8 à 10 cm de long, qui se nourrit des tiges et des troncs des plantes hôtes, des palmiers.

Chrysalide modifier

L’espèce se nymphose dans un cocon en incorporant des fibres de palmier à l’intérieur de la galerie larvaire.

Biologie modifier

Période de vol et reproduction modifier

Les adultes volent de juin à septembre. On notera leur présence régulière et quotidienne sur les palmiers, entre 12h et 14h30 environ.[réf. nécessaire]

Les mâles émettent une phéromone en grattant leurs pattes[1], ce qui attirent les femelles à distance[2].

Plantes-hôtes modifier

Les plantes-hôtes sont diverses espèces de la famille des Arecaceae, des palmiers.

Dans l'habitat naturel, les hôtes sont le Butia argentin Butia yatay, Syagrus romanzoffiana et Trithrinax campestris.

Dans l'aire d’introduction, les hôtes sont le Palmier nain Chamaerops humilis, le Dattier des Canaries Phoenix canariensis, le Palmier-dattier Phoenix dactylifera et Phoenix reclinata, des Livistona spp dont le Latanier de Chine Livistona chinensis, le Latanier pleureur Livistona decipiens et Livistona saribus, le palmier de Chine Trachycarpus fortunei, Washingtonia filifera et des Sabal.

Les femelles pondent à la base des palmes (les rashis), entre les fibres[3]. Plusieurs œufs peuvent être déposés au même endroit à l'aide de leur long ovipositeur.

Parasitisme modifier

Le nématode Steinernema carpocapsae est un ver microscopique qui contamine la larve du papillon ainsi que celle du Charançon rouge des palmiers (Rhyncophorus ferrugineus). La mort par septicémie tue avec 100 % d'efficacité[4], mais le parasite ne survit pas à la mort de son hôte.

Distribution géographique modifier

Le Papillon du palmier est indigène en Amérique du Sud : dans le Nord de l'Argentine, l'Ouest de l'Uruguay, le Paraguay et le Sud-Est du Brésil. Il a été introduit en Europe : en Espagne, Italie et dans le Sud de la France[5].

Caractère ravageur modifier

Dégâts des chenilles de Paysandisia archon sur des palmiers.

Depuis son arrivée dans le Sud de la France au milieu des années 1990 (probablement dans des exemplaires adultes de Trithrinax importés d’Argentine), le Papillon du palmier s’est répandu le long des côtes de la Méditerranée jusqu’en Espagne et en Italie. En France, il touche désormais dix-sept départements, dont tous les départements côtiers de Provence-Alpes-Côte d'Azur et du Languedoc-Roussillon, et s’étend vers la Gascogne[6]. On craint qu’en l’absence de moyens capables de maîtriser cette expansion, il ne touche toutes les cultures de palmiers de ces pays[7]. Un autre ravageur des palmiers sévit aussi depuis 2006 en Europe méditerranéenne : le Charançon rouge des palmiers.

Dans leur habitat naturel, les dégâts causés par les chenilles de Paysandisia archon ne sont pas très importants et l’espèce n’est pas considérée comme un ravageur, mais depuis son introduction en Europe, elle devient un sujet de préoccupation important à cause des dégâts parfois irrémédiables qu’elle provoque sur les palmiers tant indigènes qu’exotiques.

Méthodes de lutte modifier

L'utilisation de produit biologique à base de spores de Beauveria bassiana permet le contrôle de ce ravageur. On utilise aussi des hyménoptères trichogrammes, dont la larve se développe aux dépens de ses œufs[8].

Rôle des médiateurs chimiques dans le cycle papillon. En bleu, les phéromones émises par le mâle ; en vert, des kairomones libérées par la couronne du palmier et attirant les femelles.

Les adultes utilisent les composés sémiochimiques pour se retrouver et repérer leurs plantes hôtes dans l'environnement[9]. L'utilisation des odeurs dans la lutte contre le ravageur a fait l'objet de plusieurs études.

Systématique modifier

L'espèce Paysandisia archon a été décrite par l'entomologiste argentin Hermann Burmeister en 1879, sous le nom initial de Castnia archon. La localité type est l'Argentine[5].

Le genre Paysandisia a été décrit par l'entomologiste français Constant Houlbert en 1918. Paysandisia archon en est l'espèce type (par l'intermédiaire de son synonyme junior subjectif Castnia josepha Oberthür, 1914) et l'unique espèce. Il est classé dans la famille des Castniidae, la sous-famille des Castniinae et la tribu des Gazerini.

Synonymie pour l'espèce modifier

Noms vernaculaires modifier

  • le Papillon du palmier
  • la Castnide du palmier

Mieux connue en république démocratique du Congo sous le nom de "mpose", la larve de ce papillon est une nourriture courante[11]. De préférence frite à l'huile, elle a un goût assez doux.

Références modifier

  1. (en) Brigitte Frérot, Roxane Delle-Vedove, Laurence Beaudoin-Ollivier et Pierre Zagatti, « Fragrant legs in Paysandisia archon males (Lepidoptera, Castniidae) », Chemoecology, vol. 23, no 3,‎ , p. 137–142 (ISSN 0937-7409 et 1423-0445, DOI 10.1007/s00049-013-0128-z, lire en ligne, consulté le )
  2. (en) Rachid Hamidi et Brigitte Frérot, « Evidence for Long-range Mate Attraction Mediated By a Male-produced Sex Pheromone in Paysandisia archon (Lepidoptera: Castniidae) », Journal of Insect Behavior, vol. 33, nos 2-4,‎ , p. 97–104 (ISSN 0892-7553 et 1572-8889, DOI 10.1007/s10905-020-09752-y, lire en ligne, consulté le )
  3. (en) Rachid Hamidi et Brigitte Frérot, « Oviposition behaviour in Paysandisia archon (Lepidoptera: Castniidae) », Annales de la Société entomologique de France (N.S.), vol. 52, no 3,‎ , p. 167–170 (ISSN 0037-9271 et 2168-6351, DOI 10.1080/00379271.2016.1226148, lire en ligne, consulté le )
  4. (en) E. Llácer, M. M. Martínez de Altube et J. A. Jacas, « Evaluation of the efficacy of Steinernema carpocapsae in a chitosan formulation against the red palm weevil, Rhynchophorus ferrugineus, in Phoenix canariensis », BioControl, vol. 54, no 4,‎ , p. 559–565 (ISSN 1386-6141 et 1573-8248, DOI 10.1007/s10526-008-9208-3, lire en ligne, consulté le )
  5. a et b (en) « Paysandisia archon », sur funet.fi (consulté le ).
  6. Lépi'Net.
  7. Une nouvelle espèce pour la France, Paysandisia archon (Burmeister, 1879), un ravageur de palmiers (Castniidae) par Xavier Mérit et Véronique Mérit, 2002, Bulletin des Lépidoptéristes parisiens, vol. 11 N° 32
  8. Emma Ferrero, Annabel Fourcade, Etty Colombel et Marine Venard, « Un parasitoïde oophage pour contrôler Paysandisia archon (Burmeister, 1880) (Lepidoptera : Castniidae) : Le Trichogramme. Premier succès en laboratoire », Entomologie faunistique - Faunistic Entomology,‎ (ISSN 2030-6318 et 2295-7235, lire en ligne, consulté le )
  9. (en) Pompeo Suma, Ezio Peri, Alessandra La Pergola et Victoria Soroker, « Action Programs for Rhynchophorus ferrugineus and Paysandisia archon », dans Handbook of Major Palm Pests, John Wiley & Sons, Ltd, (ISBN 978-1-119-05746-8, DOI 10.1002/9781119057468.ch13, lire en ligne), p. 280–299
  10. Oberthür, 1914; Etud. Lépid. Comp. 9 (2) : 63, pl. 257, f. 2164-2165
  11. https://heshimardc.net/v1/2021/07/16/dietetique-mpose-ou-larve-de-palmier/amp/

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