Petit-duc scops

espèce d'oiseaux

Otus scops

Otus scops
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Petit-duc scops (Otus scops)
Classification COI
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Classe Aves
Ordre Strigiformes
Famille Strigidae
Genre Otus

Espèce

Otus scops
(Linnaeus, 1758)

Statut de conservation UICN

( LC )
LC  : Préoccupation mineure

Statut CITES

Sur l'annexe II de la CITES Annexe II , Rév. du 12/06/2013
Inclus avec
les strigiformes

Répartition géographique

Description de cette image, également commentée ci-après
  • zone de reproduction
  • habitat permanent
  • zone de nidification
  • zone d'hivernage

Le Petit-duc scops (Otus scops) est une espèce d'oiseaux appartenant à la famille des Strigidae. Il est aussi appelé Hibou petit-duc. Comme son nom l'indique, il s'agit d'un tout petit hibou de la taille d'un merle ; cela en fait l'un des plus petits strigidés d'Europe, avec la Chevêchette d'Europe. Il s'agit de l'unique représentant des petits-ducs en France.

Dénomination modifier

Le nom latin de l'espèce vient de otus, signifiant simplement "hibou", et de scops, du grec skōps désignant un petit hibou[1].

Description modifier

Le petit-duc scops mesure entre 16 et 20 cm, pour une envergure de 53 à 64 cm et un poids de 60 à 135 g[2],[3]. Il en existe deux morphotypes, l'un gris-brun et l'autre roux-brun (moins fréquent)[2]. Ses yeux jaunes se trouvent à la base extérieure d'un grand V formé par un bec noir, des sourcils blanchâtres et des aigrettes assez courtes qui ne sont pas toujours visibles s'il les aplatit. Son disque facial est gris et plus sombre autour des yeux. Son plumage cryptique, dont la couleur varie entre les deux morphotypes et est parsemé de lignes et de barres, ressemble fortement à l'écorce, ce qui le rend difficile à repérer. Sa nuque est parsemée de taches claires. Ses ailes sont assez longues tandis que la queue est courte. Les pattes possèdent des plumes blanches et ses serres sont grises[2].

Les juvéniles sont semblables aux adultes, avec un plumage plus uniforme[2].

La longévité est de 6 ans dans la nature et jusqu'à 12 ans en captivité[réf. nécessaire].

Le Petit-duc est légèrement plus petit et plus svelte que la Chevêche d'Athéna, avec laquelle il peut être confondu de loin[2].

Chant et vocalisations modifier

Le chant du mâle est constituée d'une courte note grave flutée, répétée continuellement toutes les 2 à 3 secondes (voisin du chant du crapaud accoucheur)[4],[3]. La femelle émet un chant similaire, mais plus aigu et étalé, et changeant lorsqu'elle a trouvé un partenaire[3].

Fichier audio
Chant du Petit-duc
noicon

Répartition et habitat modifier

Répartition modifier

Le Petit-duc niche du Sud-Est de l'Europe jusqu'à l'Asie centrale. C'est un migrateur qui passe ses hivers dans les zones les plus au sud de l'Europe ou dans les régions sub-sahariennes.

La population européenne représente 57% de la population mondiale de l'espèce et les données officielles estiment que sa présence sur le continent se chiffre entre 232 000 et 393 000 couples reproducteurs (BirdLife International, 2015[5]), pour un total de 463 000 à 785 000 oiseaux adultes[6].

En France on le rencontre essentiellement en région méditerranéenne et il se raréfie de plus en plus en allant vers le nord. Depuis plusieurs années, il est régulièrement présent et entendu dans le nord du département de la Vienne.

Habitat modifier

Le petit-duc scops vit dans des zones ouvertes ou semi-ouverts, comportant quelques feuillus. Il s'adapte bien aux zones modifiées par l'être humain, comme les parcs, les vergers ou les jardins. Dans certaines régions, il peut vivre dans des forêts de conifères ou des arbres plus petits comme le genévrier[2]. On le trouve plutôt à basse altitude, généralement en dessous de 1 500 m[7], bien qu'il puisse monter plus haut dans certaines régions (3 000 m au Pakistan)[2].

Écologie et comportement modifier

Alimentation modifier

Le petit-duc scops se nourrit surtout d'insectes : majoritairement des orthoptères (sauterelle, criquet), moins fréquemment des coléoptères, des papillons de nuit ou des araignées ; il peut à l'occasion consommer des vers de terre, des petits oiseaux, des petits batraciens, ou des petits mammifères comme les campagnols ou les musaraignes[7],[8].

Comme la plupart des chouettes et hiboux, il rejette des pelotes de réjection. Celles-ci mesurent 27 mm x 11 mm.

Reproduction modifier

Le petit-duc scops nichent généralement dans un arbre creux ou un trou de mur. Cependant, il a également été observé nichant dans des nids abandonnés de pies[9] ou dans des balais de sorcière[10].

Œuf d'Otus scops - Muséum de Toulouse

Ils n'effectuent habituellement qu'une seule couvée par an. La ponte a lieu de mi-mai à mi-juin et comporte de trois à cinq œufs (intervalle de ponte : deux jours[réf. nécessaire]) que la femelle commence à couver dès le 3e pour une durée de 24 à 25 jours[11]. Les œufs sont blancs, de forme arrondie et ont une taille de 30 x 27 mm pour un poids de 13 g.

Les jeunes restent au nid durant un peu plus de trois semaines ; ils volent correctement à trente jours, mais les parents continuent de les nourrir encore de quatre à six semaines. Les petits-ducs peuvent ensuite se reproduire dès l'âge de dix mois.

Une étude parue en 2010 dans Biology Letters portant sur le petit-duc scops montre que la cire de leurs plumes reflète les UV dès le plus jeune âge, mais de manière différente selon leur masse corporelle. Appelé « réflectance », ce phénomène influencerait le comportement de nourrissage des parents les poussant à nourrir les oisillons les moins lourds[12].

Systématique modifier

Le petit-duc scops a été décrit pour la première fois par le naturaliste Carl von Linné en 1758, sous l'appelation Strix scops[13]. On en compte aujourd'hui 5 sous-espèces[2] :

  • Otus scops scops (Linnaeus, 1758) : La sous-espèce nominale. Vit de la France et les îles méditerranéennes à la Volga, limitée au sud par le nord de la Turquie et la Transcaucasie.

On comptait également anciennement une sixième sous-espèce sous le nom Otus scops cyprius ; celle-ci, endémique de Chypre, forme maintenant une espèce à part, le Petit-duc de Chypre[14]. Cette séparation est aujourd'hui acceptée par la plupart des autorités ornithologiques[15].

Le petit-duc scops et l'humain modifier

Conservation modifier

Le petit-duc scops est classé comme "préoccupation mineure" par l'UICN[16]. Cependant, l'espèce est en déclin en Europe et est généralement considérée comme l'un des strigidés les plus en déclin. Cette diminution est notamment causée par le changement des pratiques agricoles[17], notamment en raison de la diminution de la biodiversité qu'ils peuvent causer[18]. La prédation par la Chouette hulotte est aussi un des facteurs de la régression des populations de petit-ducs[19].

Il bénéficie d'une protection totale sur le territoire français depuis l'arrêté ministériel du relatif aux oiseaux protégés sur l'ensemble du territoire. Il est donc interdit de le détruire, le mutiler, le capturer ou l'enlever, de le perturber intentionnellement ou de le naturaliser, ainsi que de détruire ou enlever les œufs et les nids, et de détruire, altérer ou dégrader son milieu. Qu'il soit vivant ou mort, il est aussi interdit de le transporter, colporter, de l'utiliser, de le détenir, de le vendre ou de l'acheter[20].

Notes et références modifier

  1. James A. Jobling, The Helm dictionary of scientific bird names : from aalge to zusii, Christopher Helm, (ISBN 978-1-4081-3326-2, 1-4081-3326-1 et 978-1-4081-2501-4, OCLC 659731768, lire en ligne), pp 286 et 351
  2. a b c d e f g et h (en) Denver W. Holt, Regan Berkley, Caroline Deppe et Paula L. Enríquez, « Eurasian Scops-Owl (Otus scops), version 1.1 », Birds of the World,‎ (DOI 10.2173/bow.eursco1.01.1, lire en ligne, consulté le )
  3. a b et c Friedhelm Weick et Michael Wink, Owls of the world, Yale University Press, (ISBN 978-0-300-14227-3 et 0-300-14227-7, OCLC 639518017, lire en ligne)
  4. « Petit-duc scops », sur lpo.fr (consulté le ).
  5. (en) « Otus scops -- (Linnaeus, 1758) » Accès libre [PDF], sur BirdLife International, (consulté le )
  6. Marco Mastrorilli, Rapaces nocturnes d'Europe : identification, biologie, écologie, Paris, Delachaux et Niestlé, , 230 p. (ISBN 9782603027585, SUDOC https://www.sudoc.abes.fr/cbs/DB=2.1/SET=1/TTL=1/PRS=HOL/SHW?FRST=1), p. 68
  7. a et b (en) Luigi Marchesi et Fabrizio Sergio, « Distribution, density, diet and productivity of the Scops Owl Otus scops in the Italian Alps: The Scops Owl in the Italian Alps », Ibis, vol. 147, no 1,‎ , p. 176–187 (DOI 10.1111/j.1474-919x.2004.00388.x, lire en ligne, consulté le )
  8. Hana Latková, Attila K. Sándor et Anton Krištín, « Diet composition of the scops owl (Otus scops) in central Romania », Slovak Raptor Journal, vol. 6, no 1,‎ , p. 17–26 (ISSN 1337-3463, DOI 10.2478/v10262-012-0064-9, lire en ligne, consulté le )
  9. Fabrizio Grieco, « Aggregation of Eurasian Scops Owls Otus scops Breeding in Magpie Pica pica Nests », Ardea, vol. 106, no 2,‎ , p. 177–191 (ISSN 0373-2266 et 2213-1175, DOI 10.5253/arde.v106i2.a9, lire en ligne, consulté le )
  10. (ca) Costa, S., « Nidificació del xot Otus scops en un empelt de bruixa a l’illa de Formentera. », Anuari Ornitològic de les Balears: revista d’observació, estudi i conservació dels aucells,‎ , p. 16:59 (lire en ligne [PDF])
  11. Christophe Barbraud, Christian Bavoux et Guy Burneleau, « The demography of an increasing insular Eurasian Scops Owl (Otus scops) population in western France », Ibis, vol. 164, no 1,‎ , p. 202–216 (ISSN 0019-1019 et 1474-919X, DOI 10.1111/ibi.12995, lire en ligne, consulté le )
  12. « Visual cues and parental favouritism in a nocturnal bird », sur Biology Letters
  13. « Otus scops (Linnaeus, 1758) », sur Inventaire National du Patrimoine Naturel (consulté le )
  14. Peter Flint, David Whaley, Guy M. Kirwan et Melis Charalambides, « Reprising the taxonomy of Cyprus Scops Owl Otus (scops) cyprius, a neglected island endemic », Zootaxa, vol. 4040, no 3,‎ , p. 301 (ISSN 1175-5334 et 1175-5326, DOI 10.11646/zootaxa.4040.3.3, lire en ligne, consulté le )
  15. « Otus cyprius (Petit-duc de Chypre) - Avibase », sur avibase.bsc-eoc.org (consulté le )
  16. (en) « IUCN Red List - Otus Scops »
  17. (en) Danijel Ivajnšič, Damijan Denac, Katarina Denac et Nataša Pipenbaher, « The Scops owl (Otus scops) under human-induced environmental change pressure », Land Use Policy, vol. 99,‎ , p. 104853 (ISSN 0264-8377, DOI 10.1016/j.landusepol.2020.104853, lire en ligne, consulté le )
  18. Katarina Denac, Primož Kmecl et Urška Koce, « Habitat Use of Eurasian Scops Owls Otus scops in an Agricultural Mosaic Landscape », Ardea, vol. 107, no 2,‎ , p. 119–129 (ISSN 0373-2266 et 2213-1175, DOI 10.5253/arde.v107i2.a1, lire en ligne, consulté le )
  19. FABRIZIO SERGIO, LUIGI MARCHESI et PAOLO PEDRINI, « Conservation of Scops Owl Otus scops in the Alps: relationships with grassland management, predation risk and wider biodiversity », Ibis, vol. 151, no 1,‎ , p. 40–50 (ISSN 0019-1019 et 1474-919X, DOI 10.1111/j.1474-919x.2008.00865.x, lire en ligne, consulté le )
  20. « Arrêté du 17 avril 1981 fixant la liste des oiseaux protégés sur l'ensemble du territoire », sur www.legifrance.gouv.fr (consulté le )

Voir aussi modifier

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Références taxonomiques modifier

Liens externes modifier