Rhinolophus hipposideros

espèce de mammifères

Rhinolophus hipposideros, appelé Petit rhinolophe[1], Petit rhinolophe fer à cheval[2] ou Petit fer à cheval[3],[4], est une espèce de chauve-souris de la famille des Rhinolophidae, elle a été décrite pour la première fois en 1800 par George Montagu. C’est le plus petit et le plus septentrional des rhinolophes européens. Comme tous les rhinolophes, le petit rhinolophe émet les ultrasons par le nez et non par la bouche comme les autres microchiroptères. Le petit rhinolophe qui était autrefois une des chauves-souris les plus fréquentes d'Europe est devenu très rare durant ces dernières décennies, et représente une des espèces animales ayant le plus souffert de la pollution et de la transformation des habitats par l'agriculture intensive.

Rhinolophus hipposideros
Description de cette image, également commentée ci-après
Rhinolophus hipposideros en vol
Classification
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Sous-embr. Vertebrata
Classe Mammalia
Sous-classe Theria
Infra-classe Eutheria
Ordre Chiroptera
Sous-ordre Microchiroptera
Famille Rhinolophidae
Sous-famille Rhinolophinae
Genre Rhinolophus

Espèce

Rhinolophus hipposideros
(Bechstein, 1800)

Répartition géographique

Description de cette image, également commentée ci-après
Répartition de rhinolophus hipposideros

Statut CITES

Sur l'annexe III de la CITES Annexe III , Rév. du 22/04/76

Statut de conservation UICN

( LC )
LC  : Préoccupation mineure

Autre nom vernaculaire: u Topu Pinnutu (Cap corse)

Description

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Le petit rhinolophe est une très petite chauve-souris, l'une des plus petites d'Europe. Il ne pèse que 4 à 7 grammes. Véritable mammifère miniature, il donne une impression de grande fragilité lorsqu'il est découvert en hivernation, suspendu sur n'importe quel support dans les caves ou les grottes. Il est alors entièrement enveloppé dans ses ailes qui forment une capsule très caractéristique. Cette chauve-souris est également remarquable, parmi les espèces européennes, en raison de la largeur de ses ailes par rapport à leur longueur. Cette grande surface de patagium permet un vol lent et une grande manœuvrabilité. Le petit rhinolophe papillonne ainsi avec une très grande agilité dans la végétation dense[5].

Ses mensurations sont[6],[5]:

  • tête et corps : 37 mm à 45 mm
  • avant-bras : 36,1 mm à 39,6 mm
  • queue : 23 mm à 33 mm
  • oreille : 12 mm à 18 mm
  • longueur du crâne : 14,4 mm à 15,8 mm
  • envergure[7] : 192 mm à 254 mm
  • poids : 4 g à 7 g

Sa tête, comme celle des autres rhinolophes, rappelle bien des gargouilles médiévales. Ses oreilles sont larges, très ouvertes et orientées vers l'avant, sans tragus, arrondies et nettement pointues au sommet vers les côtés externes. Son nez est feuillé complexe en forme de fer à cheval et paraît plus grand, relativement à la taille de l'animal, que celui des autres rhinolophes.

Espèce spécialisée dans la capture de petits insectes au ras de la végétation, elle utilise pour l'écholocation des ultrasons de fréquence élevée, dans la bande des 108 kHz à 114 kHz. Ces fréquences élevées ont une faible portée mais permettent de localiser les fines structures avec une grande précision.

Répartition

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Il est présent dans l'ensemble du Bassin méditerranéen, en Europe moyenne jusque dans les îles Britanniques et en Asie occidentale. Il est présent dans quasiment toute la France.

En Tunisie, la présence de l'espèce est limitée à la zone climatique humide (donc seulement la partie nord du pays). Dans ce pays les individus n'ont montré aucune différence morphologique avec ceux d'Europe[8].

Habitat

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Le petit rhinolophe chasse en forêt, surtout avec un sous-étage buissonnant, et dans des milieux semi-ouverts à la végétation très structurée. Il affectionne surtout les bocages constitués de prairies pâturées entrecoupées de haies arborées et étagées ainsi que les lisières des boisements, mais aussi les parcs et les villages avec nombreux jardins et vergers. La présence de milieux aquatiques (rivières, zones humides) semble importante, en particulier pour les femelles reproductrices. En Afrique du Nord, les sous-espèces escalerae et midas chassent dans les oasis, les jardins et des terrains à maigre végétation.

Petit rhinolophe suspendu dans une grotte en hiver.

En hiver, le petit rhinolophe cherche un abri pour l'hivernation, avant tout dans des grottes ainsi que des caves dans les villages et parfois jusque dans les vieux centres urbains ou il affectionne les caves voûtées anciennes (comme à Bourges où une cinquantaine d'individus se répartissent dans une quinzaine de caves de l'hypercentre médiéval), mais aussi des mines, carrières et autres souterrains. On le trouve même parfois suspendu dans des anfractuosités au fond des puits ou dans des terriers de renard ou de blaireau. Le plus important est une hygrométrie forte et une température au-dessus de 7 °C, et surtout de la sécurité et du calme relatif, cette espèce étant très sensible au dérangement[9].

En été en revanche, comme gîte pour passer la journée, il préfère les milieux bâtis chauds (grenier de maison, comble d'église ou de château) pour y établir les petites colonies de maternité, le rhinolophe change de lieu à l’intérieur du bâtiment en fonction de la température. Dans le bassin méditerranéen cependant, les gîtes d'été sont plutôt dans des grottes ou des caves. Une colonie maternelle a été identifiée en 2011 en Tunisie au sud d'Ain Draham sous le toit et dans les chambres d'un hôtel abandonné dans une zone boisée : cette localisation inhabituelle montre qu'il est possible au sud de la Méditerranée que l'espèce puisse préférer une telle exposition dans des bâtiments abandonnés à une localisation sous le couvert boisé, dans des grottes ou galeries de mines[8]

Espèce réputée très sédentaire, le petit rhinolophe se déplace assez peu entre le gîte d'hivernation et le gîte d'été, généralement pas plus de quelques kilomètres (avec cependant un record connu de 153 km[10], ce qui reste inférieur aux déplacements de beaucoup d'autres chiroptères), il est même assez fréquent que les petits rhinolophes installés dans la cave d'une maison pour l’hiver s’installent ensuite en été dans la toiture de la même maison si celle-ci leur convient.

Alimentation et mode de chasse

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Comme tous les chiroptères européens, le petit rhinolophe est un insectivore nocturne, mais celui-ci est plus particulièrement spécialisé dans la chasse de petits insectes assez lents attrapés avec beaucoup d'agilité dans la végétation buissonnante entre 2 et 5 mètres de hauteur principalement. Les proies sont attrapés en vol avec un vol plutôt lent mais très agile et papillonnant dans la végétation, il est capable de cueillir ses proies sur les feuilles, et il s'aventure même entre les tiges de chardon des mégaphorbiaies. En forêt, il chasse dans la strate arbustive plutôt à faible hauteur, mais aussi dans les couronnes des arbres et au raz du sol. Il est très opportuniste dans le choix de ses proies selon leur abondance et leur disponibilité au cours de l'année : ce sont essentiellement de petits diptères (tipules, moustiques, chironomes), mais aussi des petits hyménoptères, chrysopes, et petits lépidoptères nocturnes ; cela est complété par des trichoptères, des petits coléoptères, des pucerons volants et des araignées cueillies sur leurs toiles.

Reproduction

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La maturité sexuelle est atteinte vers 2 à 3 ans. Les animaux s'accouplent à l’automne dans les cavités souterraines, ils s'installent sur les sites de mise bas au cours du mois d'avril, les naissances s’échelonnent généralement de mi-juin à mi-juillet. L'autonomie des petits se fait au bout de six semaines[11].

Effectifs et menaces

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Le petit rhinolophe, qui était autrefois une des chauves-souris les plus fréquentes d'Europe, a connu un déclin dramatique dans le nord de son aire de répartition à partir du milieu du XXe siècle, tombant à moins de 1 % des effectifs d'autrefois, là où l’espèce n'a pas disparu. Disparu des Pays-Bas et du Luxembourg, le petit rhinolophe subsiste à l’état de noyaux résiduels en Grande-Bretagne, en Belgique[12], en Allemagne et en Suisse. Presque absent dans le nord de la France, l’espèce demeure présente un peu partout en France avec de très petites populations (de 1 à 30 individus) dispersées, l’espèce est donc aujourd'hui extrêmement rare, et son très faible taux de reproduction (un seul petit par femelle et par an, et les femelles ne se reproduisent pas tous les ans) fait que cette espèce est particulièrement vulnérable à long terme. Sa situation est plus favorable dans le Centre, en Bourgogne, en Champagne-Ardenne, en Lorraine, en Franche-Comté, en Rhône-Alpes, en Corse et en Midi-Pyrénées (les deux dernières régions accueillent plus de 50 % des effectifs français estivaux, soit seulement quelques milliers d'individus).

Les causes de ce déclin sont multiples : pertes de gîtes d'hivernation et d'estivage (fermeture des caves et charpentes, spéléologie amateur et vandalisme dans les grottes), pollution lumineuse, destruction d'habitats de chasse, notamment de zones bocagères et artificialisation des cours d'eau. Mais ces causes semblent être trop ponctuelles pour expliquer le déclin si brutal et général en quelques décennies, la cause majeure semble de loin être l'utilisation de certains pesticides particulièrement toxiques et persistants dans l’après-guerre, dans l'agriculture et le traitement des charpentes, et notamment le DDT et le lindane ; après l'interdiction du DDT, les effectifs se sont stabilisés et ne diminuent plus, ils remontent progressivement depuis les années 1990 mais très lentement. Le taux de multiplication et de recolonisation de cette espèce étant particulièrement lent, le petit rhinolophe ne retrouvera pas ses effectifs d'autrefois et demeurera longtemps une espèce très fragile. De nos jours, l’espèce souffre encore de la destruction et du morcellement de ses habitats[13],[14].

Statut et protection

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C'est une espèce protégée.

Convention de Berne du  :

  • Annexe 2 : Sont notamment interdits : a) toute forme de capture intentionnelle, de détention et de mise à mort intentionnelle; b) la détérioration ou la destruction intentionnelles des sites de reproduction ou des aires de repos; c) la perturbation intentionnelle de la faune sauvage, notamment durant la période de reproduction, de dépendance et d'hibernation, pour autant que la perturbation ait un effet significatif eu égard aux objectifs de la présente Convention; d) la destruction ou le ramassage intentionnels des œufs dans nature ou leur détention, même vides; e) la détention et le commerce interne de ces animaux, vivants ou morts, y compris des animaux naturalisés, et de toute partie ou de tout produit, facilement identifiables, obtenus à partir de l'animal, lorsque cette mesure contribue à l'efficacité des dispositions de cet article.

Directives européennes du et du concernant la conservation des habitats naturels ainsi que de la faune et de la flore sauvages :

  • CE/92/43 - Annexe 2 : Directive Faune-Flore-Habitat, annexe 2 : espèces animales et végétales d'intérêt communautaire dont la conservation nécessite la désignation de zones spéciales de conservation modifiée par la Directive 97/62/CE (espèce dont l'habitat doit être protégé).
  • CE/92/43 - Annexe 4 : Directive Faune-Flore-Habitat, annexe 4 : espèce strictement protégée, la capture et la mise à mort intentionnelle est interdite tout comme la perturbation des phases critiques du cycle vital et la destruction de leurs aires de repos et de leurs sites de reproduction.

Convention de Bonn du  :

  • Accord Chauve-souris : Convention de Bonn sur les espèces migratrices : Accord relatif à la conservation des chauves-souris en Europe : Extraits de l'article 3 sur les obligations fondamentales : 1. Chaque Partie interdit la capture, la détention ou la mise à mort intentionnelle des chauves-souris, sauf lorsqu'il est délivré un permis par son autorité compétente. 2. Chaque Partie identifie, sur le territoire relevant de sa juridiction, les sites qui sont importants pour l'état de la conservation des chauves-souris, notamment pour leur abri et leur protection. En tenant compte au besoin des considérations économiques et sociales, elle protège de tels sites de toute dégradation ou perturbation. Par ailleurs, chaque Partie s'efforce d'identifier et de protéger de toute dégradation ou perturbation les aires d'alimentation importantes pour les chauves-souris.

Liste des sous-espèces

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Selon Mammal Species of the World (version 3, 2005) (14 mai 2010)[15] :

  • sous-espèce Rhinolophus hipposideros escalerae
  • sous-espèce Rhinolophus hipposideros hipposideros
  • sous-espèce Rhinolophus hipposideros majori
  • sous-espèce Rhinolophus hipposideros midas
  • sous-espèce Rhinolophus hipposideros minimus
  • sous-espèce Rhinolophus hipposideros minutus

Notes et références

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  1. Meyer C., ed. sc., 2009, Dictionnaire des Sciences Animales. consulter en ligne. Montpellier, France, Cirad. consulté en mai 2010.
  2. (en) Derwent, Thesaurus of agricultural organisms: pests, weeds and diseases, Volume 1. Derwent Publications, Ltd. Éditions CRC Press, 1990. 1529 pages. (ISBN 0-412-37290-8), 9780412372902. Rechercher dans le document numérisé. Consulté en mai 2010.
  3. (en) Murray Wrobel, 2007. Elsevier's dictionary of mammals: in Latin, English, German, French and Italian. Elsevier, 2007. (ISBN 0-444-51877-0), 9780444518774. 857 pages. Rechercher dans le document numérisé
  4. Petit fer à cheval sur Animaux.org
  5. a et b C. Dietz, O. von Helversen, D. Nill, L'Encyclopédie des chauves-souris d'Europe et Afrique du Nord, (ISBN 978-2-603-01595-7), 2009, page 31.
  6. Guide des mammifères d'Europe, d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, éditions Delachaux et Niestlé, (ISBN 978-2-603-01505-6), page 70.
  7. Cahiers Natura 2000, Tome 7.
  8. a et b (en) Sebastien J. Puechmaille, Wassim M. Hizem, Benjamin Allegrini, Awatef Abiadh, « Bat fauna of Tunisia: Review of records and new records, morphometrics and echolocation data », Vespertilio Vol 16,‎ , p. 211-239 (lire en ligne)
  9. L. Arthur et M. Lemaire, Les chauves-souris, éditions delachaux et niestlé, (ISBN 2-603-01147-2)
  10. Cahiers Natura 2000.
  11. « Petit rhinolophe », sur SHNA-OFAB (consulté le ).
  12. « Liste rouge | Chauves-souris | Espèces | La biodiversité en Wallonie », sur biodiversite.wallonie.be (consulté le )
  13. L. Arthur et M. Lemaire, Les chauves-souris, éditions delachaux et niestlé, (ISBN 2-603-01147-2), page 100 et 101
  14. C. Dietz, O. von Helversen, D. Nill, L'Encyclopédie des chauves-souris d'Europe et Afrique du Nord, (ISBN 978-2-603-01595-7), 2009, page 173.
  15. Mammal Species of the World (version 3, 2005), consulté le 14 mai 2010

Voir aussi

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Bibliographie

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  • Muséum national d'histoire naturelle, Cahiers d’habitats Natura 2000 : Connaissances et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire, Tome 7, Paris, La documentation Française, 353 p. (lire en ligne), partie 1303, « Rhinolophus hipposideros (Bechstein, 1800) », p. 38-41.

Liens externes

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