Phare de Richard

phare français (1845)

Situé sur la rive gauche de l’estuaire de la Gironde, le Phare de Richard est le nom donné à deux phares (« le vieux » et « le nouveau ») implantés sur la commune de Jau-Dignac-et-Loirac en Gironde (Nouvelle-Aquitaine).

Phare de Richard
Le Phare de Richard en 2024
Localisation
Coordonnées
Localisation
Histoire
Construction
Mise en service
Automatisation
non
Désactivation
Gardienné
oui
Visiteurs
oui
Architecture
Hauteur
18 m
Marches
63Voir et modifier les données sur Wikidata
Équipement
Feux
éteint
Identifiants
ARLHS
MarineTraffic
Carte

En 1953, la signalisation maritime est installée directement sur les balises encadrant le chenal de grande navigation à l'intérieur de l'estuaire et l'activité au phare cesse. Seul le vieux phare subsiste à partir de 1956 où il est sauvé de la ruine par la mairie en 1988. Depuis 1992, le Phare de Richard et son site sont gérés par l’Association communale du Phare de Richard.

Site remarquable du patrimoine médocain, le Phare de Richard est ouvert à la visite de mars à début novembre et accueille en moyenne 12 000 visiteurs par an.

D'un arbre à un phare[1]

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Dans l’antiquité, le chemin fluvial menant par l’estuaire de l’océan atlantique au port de Bordeaux était signalé aux navigateurs par des feux côtiers sommairement installés, feux qui, au fil des années furent améliorés, multipliés et codifiés. Outre ces feux, un grand arbre se dressait au XVIIe siècle sur la côte du Médoc (à la pointe avancée à l’est de la commune de Jau-Dignac et Loirac). Dénommé: « Arbre de Richard » et connu de tous les marins qui utilisaient la passe de la Gironde, dite rade de « richard », chemin suivant la partie profonde de la « rivière » qui permettait aux vaisseaux, même de fort tonnage, de ne pas s’échouer sur l’immense banc de Richard et de s’y abriter contre les vents d’ouest lorsque le temps était trop mauvais.

L‘arbre (un orme ou un peuplier suivant les publications) se détachant nettement sur la verdure environnante servait d’amer aux navigateurs pour déterminer la ligne de mouillage dans cette passe. Mais l’envasement continu de celle-ci, qui restreignait dangereusement la route navale, le nombre et l’importance des bateaux naviguant dans l’estuaire au XIXe siècle rendit obligatoire l’installation d’une bouée à la tête du banc de Richard, et ce, d’autant plus que l’arbre avait été abattu par une tempête.

Sur la demande de l’ingénieur en chef de l’arrondissement maritime au Préfet de la Gironde en date du 21 août 1827, la direction de la navigation autorisa l’installation d’une balise à cet endroit. Les travaux d’installation furent exécutés en 1831 ainsi qu’en témoigne l’avis ci-après, en date du 4 mai 1831 : "Les navigateurs sont prévenus qu’une bouée vient d’être établie sur le banc de Richard, à l’embouchure de la Gironde." Mais cette balise se révéla insuffisante et dès 1836, une pétition fut signée par les ports des deux rives de l’estuaire en vue d’obtenir un balisage plus sérieux rendu nécessaire par l’accroissement des tirants d’eau et le déplacement sensible du chenal de la grande passe.

Cette pétition aboutit à la construction en 1843 du 1er phare de Richard : la maison-phare.

Les Phares de Richard

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Le 1er phare de Richard : la maison-phare[2]

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En 1843, une fois la construction du phare décidée, les travaux furent attribués à la Maison Prieau de Bordeaux. Le phare est entièrement maçonné et comporte 2 éléments : une tour circulaire de 18 mètres surmontée d’une lanterne et une base habitable de 100 m². À l’intérieur de la tour, un escalier à vis (en pierre de taille des carrières de Beguey à Cadillac en Gironde) se déroule avec 63 marches vers le sommet ; il est éclairé par 4 petites fenêtres. En bas de la tour se situe le logement du gardien et de sa famille. Cet espace a été modifié au fil du temps pour accueillir aujourd’hui le musée d’un côté et le nouveau logement du gardien de l’autre (celui-ci ne s’occupe plus de la signalisation maritime mais de l’entretien du site. Cette présence humaine est très importante pour le site et le bâtiment). Le phare fut mis en service le 15 mars 1845 avec un feu fixe rouge de 3e ordre (petit modèle) d’une portée de 8 milles marins (env. 14,82 km). Puis, le 9 juillet 1853, le feu fixe devint rouge.

Le 2e phare : la tour métallique

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Dès 1853, les marins se plaignent de ne pas voir le signal de la tour maçonnée d’assez loin. Leur sécurité étant mise en péril, il est décidé d’y remédier en construisant un 2e phare. Construit à partir de 1869 dans le but de rehausser le signal lumineux, le deuxième phare de Richard, appelé également le nouveau phare, prend ces fonctions en 1870. À cette époque, c’est le métal qui est à la mode (matériau stable, résistant et permettant de construire rapidement) . Ce n’est pas une construction Eiffel, mais l’architecte Louis Édouard Lecointre réussit tout aussi bien: une grande tour métallique de 31 mètres avec 3 contreforts, une lanterne, une galerie et une chambre de veille (inexistante dans la tour du vieux phare).

Le deuxième phare de Richard va dominer l’estuaire de la Gironde jusqu’en 1953 où l’évolution technologique déplace la signalisation maritime directement sur l’estuaire en adaptant les balises qui encadrent le chenal de grande navigation.

La plupart des phares métalliques en France métropolitaine ont été détruits lors de la 2e guerre mondiale. Il reste ceux des DOM-TOM (ex: le phare de la Pointe des Nègres à Fort-de-France en Martinique ou le plus connu, le phare Amédée sur l’îlot du même nom en Nouvelle-Calédonie). D’une grande facilité de montage, les pièces étaient usinées en France puis partaient en bateau dans les colonies, illustrant le savoir-faire et la présence française de part le monde[3].

De l'abandon à la renaissance

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Bien qu’il y ait eu un projet d’antenne radar pour la surveillance de l’estuaire, cette idée fut jugée trop onéreuse et la décision de démolir la tour métallique fut prise. C’est ainsi que le 17 janvier 1956 à 16 heures, le 2ème phare était dynamité et démantelé pour être vendu pièce par pièce à un ferrailleur de Lesparre. Le 1er phare était mis aux enchères publiques à partir du 5 février 1957 et vendu le 5 mai de la même année. Malheureusement, au bout de 2 ou 3 ans, il fut laissé à l’abandon. Les années passant, le terrain fut envahi par des ronciers, les bâtiments furent vandalisés (portes, fenêtres, planchers, lambris arrachés).

La deuxième vie du Phare de Richard

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Article du journal Sud Ouest de juillet 1984 relatant la fabuleuse initiative d'un groupe d'adolescents à l'origine du sauvetage du Phare de Richard.

C’est grâce à l’initiative d’un groupe d’adolescents que tout a recommencé : été 84, des jeunes jauvisiens cherchent un endroit pour se retrouver et demande l’autorisation au maire de nettoyer le site et de réaménager le bâtiment. La commune n’étant pas propriétaire, aucune procédure ne pouvait être entreprise. Le maire, M. René Coutreau, décide avec le conseil municipal de racheter le domaine. Il faudra attendre quelques années avant de pouvoir lancer les travaux de réhabilitation : ils débutèrent le 1er septembre 1991 pour terminer 11 mois plus tard.

L’Association communale du Phare de Richard a été créée le 30 juillet 1992, toujours sous l’impulsion de M. Coutreau, dans le but d’aménager le site et de promouvoir le développement économique, touristique et culturel du village de Jau-Dignac et Loirac.

Vue depuis le haut du phare sur les cabanes de pêcheurs typiques, s'étendant les unes à côté des autres sur la rive ouest de l'estuaire.

Notes et références

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Voir aussi

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Articles connexes

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Liens externes

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Sur les autres projets Wikimedia :

  1. Dahlquist Jacqueline, « Le Phare de Richard - Commune de Jau-Dignac et Loirac », Les Cahiers Méduliens, no 6,‎ , p. 9 à 36
  2. Fichou Jean-Christophe (photogr. Guichard Jean), Les maisons-phares, Ouest France, , 144 p. (ISBN 978-2737354922)
  3. Vincent Guigueno, « Le Phare en pièces détachées, Amédée et les tours métalliques du XIXe siècle », Livraisons de l'histoire de l'architecture, no 24,‎ , p. 85–105 (ISSN 1627-4970, DOI 10.4000/lha.330, lire en ligne, consulté le )