Philippe Pétain (timbre)

timbre postal français
Philippe Pétain
Pays
Année d'émission
1941
Année de retrait
1944
Valeur faciale
20 c à 50 F
Description
Effigie de Philippe Pétain
Impression
Dentelure
14 x 13½

Les types Philippe Pétain ou, plus couramment, types Pétain, sont six séries de timbres français d'usage courant, de petit format pour cinq d'entre elles et de grand format pour la sixième, représentant Philippe Pétain.

Ils sont mis en service sous le régime de Vichy en 1941 et 1942. Dès la Libération, les derniers d'entre eux sont retirés du service. Tous sont démonétisés le  ; ils sont parmi les rares timbres français à être frappés par cette mesure.

Histoire modifier

Avec l'instauration du régime de Vichy en France le , le terme de « République française » disparaît de tous les actes officiels. Tous les timbres qui jusque là portent cette mention doivent être retirés de la circulation ; la légende « POSTES FRANÇAISES » remplace l'ancien texte. Le motif du timbre change aussi et les allégories symbolisant la troisième République sont bannies. L'effigie du chef de l'État français s'impose, notamment pour la plus grande partie des timbres d'usage courant, en rupture avec une tradition établie depuis 1870 et qui veut qu'aucun personnage vivant ne soit représenté sur un timbre[1].

Cinq dessinateurs proposent leur projet, plusieurs fois corrigés et retouchés. La gamme de timbres est scindée en six séries, trois imprimées en typographie rotative, trois en taille-douce. Le dessin retenu pour les trois valeurs faciales les plus faibles étant mal accueilli, y compris par Pétain lui-même, les timbres de cette courte série sont retirés au bout de quelques mois[2]. L'impression des timbres en taille-douce, et pas seulement ceux à l'effigie de Pétain, est fortement réduite par la pénurie de fournitures qui affecte l'atelier du timbre dès le mois de [3].

Tous les timbres à l'effigie de Pétain sont démonétisés le , dont ceux des séries d'usage courant. En France, seules quelques autres séries de timbres sont concernées par cette mesure rarement prise[4].

Description modifier

Petits formats modifier

Cinq séries d'usage courant représentant Philippe Pétain en petit format sont mises en circulation à partir de 1941. Sur deux d'entre elles, dessinées par Jean Vital Prost et Jean Bersier, la tête de Pétain, sans képi, est représentée de profil gauche dans un cercle au fond coloré. Paul-Pierre Lemagny propose un autre dessin où la tête de Pétain, toujours son profil gauche, est coiffée d'un képi ; le fond rectangulaire du timbre est coloré ; ce dessin fait l'objet de deux gravures et engendre deux séries différentes, selon le mode d'impression retenu. La dernière série, dessinée par Bougnenec, se compose d'un unique timbre imprimé en taille-douce où Pétain figure nue-tête, de trois-quarts face, dans un cadre au fond composé de lignes estompées.

Type Prost modifier

Ces timbres sont dessinés et gravés par Jean Vital Prost. Au format 20 × 24 mm et dentelés 14 x 13½, ils sont imprimés en typographie rotative par feuilles de 100[5].

Image externe
40 c outremer sur wikitimbres.fr
Émission de 1941
Valeur faciale Couleur Émission Retrait Tirage
20 c lilas-rose 04/12/1941 14/03/1942 5 400 000
30 c rouge 25/10/1941 02/03/1942 37 950 000
40 c outremer 30/10/1941 02/03/1942 14 350 000

Type Bersier modifier

Ces timbres sont dessinés par Jean Bersier et gravés par Jules Piel. Au format 20 × 24 mm et dentelés 14 x 13½, ils sont imprimés en typographie rotative par feuilles de 100[6].

Image externe
1,50 F brun-rouge sur laposte.fr
Émissions de 1941-1942
Valeur faciale Couleur Émission Retrait Remarques
1,50 F rose 17/12/1941 tirage : 265 020 000
2 F vert 27/12/1941 01/11/1944 tirage : 226 430 000
2,50 F outremer 20/10/1941 16/04/1942 tirage : 16 240 000
3 F orange 14/10/1941 01/11/1944 tirage : 197 040 000
1,50 F brun rouge 14/02/1942 01/09/1944 tirage : 3 852 800 000
2,40 F rouge 20/03/1942 01/11/1944 tirage : 33 683 000
50 c + 2,50 F outremer 14/09/1942 25/03/1943 surtaxe Secours national
tirage : 5 500 000
2 F vert 01/03/1941 préoblitéré

Type Lemagny-Hourriez modifier

Ces timbres sont dessinés par Paul-Pierre Lemagny et gravés par Georges Hourriez. Au format 20 × 24 mm et dentelés 14 x 13½, ils sont imprimés en typographie rotative par feuilles de 100[7].

Image externe
60 c violet sur wikitimbres.fr
Émissions de 1941-1942
Valeur faciale Couleur Émission Retrait Remarques
50 c vert 26/11/1941 16/04/1942 tirage : 93 110 000
70 c bleu 04/12/1941 16/04/1942 tirage : 23 340 000
80 c brun 13/09/1941 23/01/1942 tirage : 35 740 000
1 F rouge 12/08/1941 01/09/1944 tirage : 963 891 968
60 c violet 19/02/1942 01/09/1944 tirage : 110 410 000
70 c orange 21/01/1942 01/09/1944 tirage : 72 550 000
80 c vert-jaune 27/01/1942 01/11/1944 tirage : 61 370 000
1,20 F brun-rouge 21/01/1942 01/11/1944 tirage : 238 348 992
4 F bleu 15/12/1942 01/09/1944 tirage : 200 118 000
4,50 F vert 15/12/1942 01/09/1944 tirage : 54 568 000
70 c orange 01/03/1941 préoblitéré
1,20 F brun 01/03/1941 préoblitéré

Type Lemagny-Gandon modifier

Ces timbres sont dessinés par Paul-Pierre Lemagny et gravés par Pierre Gandon. Au format 22 × 26 mm et dentelés 14 x 13½, ils sont imprimés en taille-douce par feuilles de 100[8].

Image externe
4,50 F vert sur laposte.fr
Émission de 1942
Valeur faciale Couleur Émission Retrait Tirage
4 F bleu 31/03/1942 01/11/1944 30 000 000
4,50 F vert 12/05/1942 01/11/1944 29 000 000

Type Bouguenec modifier

Ce timbre est dessiné par Bouguenec et gravé par Charles Mazelin. Au format 22 × 26 mm et dentelés 14 x 13½, il est imprimé en taille-douce par feuilles de 100[8].

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4 F vert-bleu sur wikitimbres.fr
Émission de 1942
Valeur faciale Couleur Émission Retrait Tirage
4 F vert-bleu 01/06/1942 01/11/1944 80 000 000

Grand format modifier

Cet unique timbre en grand format de série courante est dessiné et gravé par Charles Mazelin. Au format 26 × 40 mm et dentelé 14 x 13½, il est imprimé en taille-douce par feuilles de 25[8]. Philippe Pétain, en buste et en civil, y est représenté de trois-quarts face.

Image externe
50 F noir sur laposte.fr
Émission de 1942
Valeur faciale Couleur Émission Retrait Tirage
50 F noir 26/07/1942 01/11/1944 1 353 000

Plusieurs autres timbres de grand format représentent Philippe Pétain en uniforme. Dessinés et gravés par Jules Piel, il se sont pas considérés comme « d'usage courant ».

Timbres de la Libération modifier

À la Libération, plusieurs types de timbres dont les séries Pétain sont surchargés dans des villes de province à partir des stocks des bureaux de poste ; ce sont les « timbres de la Libération ». Sur les 132 surcharges recensées, seules quinze sont officiellement reconnues par l'administration des Postes[9]. Elles affectent des aspects très variables, mais il s'agit le plus généralement des lettres « RF » (République française) et/ou d'une croix de Lorraine qui barrent plus ou moins complètement le timbre[10].

Faux modifier

« Faux de Londres » modifier

Également appelés « faux de l'Intelligence Service », des timbres appartenant à plusieurs types dont huit aux séries Pétain de petit format sont imprimés à Londres par Waterlow and Sons (en) avant 1942 mais ne sont qu'exceptionnellement connus sur lettre. Ces timbres bien imités sont destinés à affranchir des courriers et des tracts de propagande diffusés en France et, par sécurité, très peu d'entre eux sont conservés par leurs destinataires[11].

« Faux de la Résistance » modifier

En 1944, la Résistance imprime plus 3 500 000 timbres de 1,50 F au type Bersier dans diverses nuances du brun-rouge au brun-noir[12]. Ces timbres sans gomme servent de manière effective à l'affranchissement du courrier du au [13] ; les résistants ne pouvaient se rendre dans les bureaux de poste pour y acheter des timbres en nombre. En outre cette économie parallèle, quelle que soit l'origine du faux, représente un manque à gagner, même minime, pour le régime en place[11].

Références modifier

  1. Alain Chatriot, « Les timbres-poste : un révélateur de la difficile figuration des républiques », Cahiers Jaurès, nos 219-220,‎ , p. 29 (DOI 10.3917/cj.219.0021).
  2. Brun et Apaire 1998, p. 282-291.
  3. Michel Melot, « Les Blasons : les talentueux remplaçants du Maréchal », Timbres magazine, no 49,‎ , p. 40-41.
  4. « Timbres démonétisés », sur timbreposte.free.fr (consulté le ).
  5. Brun et Apaire 1998, p. 282.
  6. Brun et Apaire 1998, p. 283.
  7. Brun et Apaire 1998, p. 290.
  8. a b et c Brun et Apaire 1998, p. 291.
  9. Robert Abita, « Timbres de la Libération : 3- Classement et bibliographie », sur francephilatelie.com (consulté le ).
  10. Adrien Aron, Les Secrets de la philétélie, Calmann-Lévy, , 222 p., p. 132.
  11. a et b Michel Melot, « Que sont devenus les courriers clandestins de Londres ? », Timbres magazine, no 122,‎ , p. 24-33.
  12. Catalogue de Timbres de France 2018, Spink Maury, , 1110 p. (ISBN 978-1-9074-2781-7, lire en ligne), p. 644.
  13. Perre Jullien, « Les timbres militaires suisses, les « faux Pétain » et les timbres « avions » de la France libre, dans Timbres magazine », Le Monde,‎ (lire en ligne).

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Jean-François Brun (dir.) et Annette Apaire, Le Patrimoine du timbre-poste français, vol. I, Flohic, , 928 p. (ISBN 978-28423-4035-3).

Article connexe modifier