Philippe de Vigneulles

conteur et chroniqueur français du Moyen Âge
Philippe de Vigneulles
Biographie
Naissance
Décès
Activités

Philippe de Vigneulles (-1528 [entre le et le 12 avril]) était un commerçant et chroniqueur messin[1].

Biographie modifier

Philippe de Vigneulles est né à Vigneulles (hameau rattaché à Lorry-lès-Metz en 1809) près de Metz (alors ville libre du Saint-Empire romain germanique) en 1471 dans une famille de paysans aisés[2].

D'abord écolier à Vigneulles puis à Lorry-lès-Metz, il fréquente aussi l'école de l'abbaye de Saint-Martin-devant-Metz et l'école de la Trinité ; il est ensuite, vers ses quinze ans, placé chez un notaire de Metz. Un différend violent avec son maître le force à partir[3] et à se réfugier chez sa sœur.

Cet épisode survenu en 1486, sera à l'origine d'un long voyage de plus de quatre ans, entrepris sans l'accord de son père. Il va jusqu'en Italie du Sud en s'arrêtant à Genève puis à Rome, et enfin à Naples. Rentré à Metz en 1489, il apprend le métier de drapier et chaussetier.

Mais, en , lors d'une noce à Vigneulles, Il est enlevé avec son père par des brigands au service de soudards lorrains qui le retiennent un an à Chauvency-le-Château près de Montmédy dans le duché de Luxembourg. (La République messine est alors en guerre contre le duc de Lorraine René II). Il est finalement libéré contre le paiement d'une rançon le .

Sa vie ensuite, est celle d'un drapier-chaussetier fortuné.

Œuvre modifier

Philippe de Vigneulles a écrit une très longue chronique qui commence à la fondation du monde et va jusqu’en 1525. C’est une chronique universelle ; toutefois Philippe s’intéresse particulièrement à l’histoire de Metz et, en second lieu, à l’histoire de France. Cette chronique est un document rare, car Philippe de Vigneulles « écrit le langage qui devait être celui des bons marchands de Metz, un français prononcé à la façon de Metz et enrichi d’innombrables lotharingismes » (Ch. Bruneau).

Le manuscrit original était conservé à la bibliothèque de Metz mais fut détruit par un incendie en [4].

Voici deux extraits de la Chronique pour l'année 1504 :

« Touttes choses furent à peu près en paireille pris et vallue de l’en passés : car l’on oit de bon vin et à planté ; les bief furent bon, maix fort chier ; une petitte chairée de foin coustoit V ou VI frant (et en avoit on grant nécessités ; et encor il eussent estes plus chier, se ne fût estes le [regain] qui revint ; et furent les prey en cest année faulchiez deux fois). Et fut cest année yey la plus belle vandange et la plus belle saison pour voiaigier que de loing temps fût veue. Et durait ce biaulx temps jusques à la sainct Mertin, que l’on ne veoit aultre chose que pèlerin et gens aller et venir par les champs. En cest présente année, le XXIIIe jours du moix d’aoust, environ minuit, il fist en Mets ung petit tramblement de terre, que plusieurs gens oyrent ; mais, Dieu mercy !, ne fist aultre mal. Et fut cest année fort dangereuse et pestilencieuze de fyèvre. »

« En ce temps, et alors qu’il estoient encor en Mets, vinrent et arivairent VI Hongre, belz hommes et puissant, abilliés à la mode de leur pais. Et tous six juoient de trompettes et de clérons, que biaulx les faisoit oyr. Et, avec ce, entre eulx en y avoit ung qui faisoit merveille de souplesse de corps ; et juoit en chambre close, au resgairt de tous ceulx et celiez qui en donnant argent y voulloient aller. Puis avoient yceulx VI Hongre deux grans ours avec eulx ; lesquelles il avoient cy bien aprins qu’il les faisoient dancer : car yceulx Hongre juoient de diverse instrument à la mode de leur pais, desquelles il faisoient dancer les dit ours. Et, avec ce, les ours meisme avoient semblable instrument comme musette, avec des grosse vessie en meylieu ; et, tout en dansant, il sambloit que les dit ours soufflaient dedens et juaissent de leur grosse patte dessus les trous ; et tellement que à les veoir il donnoient grant cause de rire. »

Philippe de Vigneulles a également rédigé un journal qui a été conservé, ainsi qu'un recueil qu'il a travaillé à partir de 1505, les "Cent nouvelles Nouvelles", qui est une des premières apparitions du genre de la nouvelle dans le monde francophone[5] ; le manuscrit de cette dernière œuvre est déposé à la Bibliothèque municipale de Metz depuis 1973[4].

Publications modifier

  • Philippe de Vigneulles, Chronique de Metz, Manuscrit illustré de dessins à la plume, numérisé, 1501 à 1527 (lire en ligne)
  • La Chronique de Philippe de Vigneulles, éditée par Charles Bruneau, Société d'histoire et d'archéologie de la Lorraine, 1927-1933, 4 vol. (I. De la création du monde à 1324 ; II. De 1325 à 1473 ; III. De 1473 à 1499 ; IV. De 1500 à 1525)
  • Philippe de Vigneulles, Jean-François Huguenin, Jean Aubrion, St. Thiébault (doyen de), Praillon, Les Chroniques de la ville de Metz : 900-1552, Typ. de S. Lamort, 1838, 896 pages. (lire en ligne)
  • Philippe de Vigneulles, Les Cent nouvelles nouvelles, éd. avec une introd. et des notes par Charles H. Livingston, avec le concours de Françoise R. Livingston et Robert H. Ivy, Jr., Droz, Genève, 1972. - 453 p.-[12] f. de fac-sim., (Travaux d'humanisme et Renaissance ; 120)
  • Philippe de Vigneulles, Gedenkbuch des Metzer Bürgers Philippe von Vigneulles aus den Jahren 1471 bis 1522, nach der Handschrift des Verfassers, hrsg. von Dr Heinrich Michelant, Literarischer Verein, Stuttgart, 1852.
  • Philippe de Vigneulles, J'avais le cœur entre deux pierres, Ed. de La Joyeuserie, Dampicourt (Belgique), 2002. (Récit concernant sa captivité à Chauvency-le-château pendant quatorze mois, édité en français moderne par Daniel Garrot)

Notes et références modifier

  1. Pierre Demarolle, La Chronique de Philippe de Vigeulles et la mémoire de Metz, Éditions Paradigme, , page 171
  2. Pierre Demarolle, La Chronique de Philippe de Vigneulles et la mémoire de Metz, Ed. Paradigme, Caen, 1993, p. 107
  3. Pierre Demarolle, La Chronique de Philippe de Vigneulles et la mémoire de Metz, Ed. Paradigme, Caen, 1993, p. 114
  4. a et b Voir Chronique des bibliothèques, paragraphe Metz (Moselle)
  5. Philippe de Vigneulles, Philippe de Vigneulles, Les Cent nouvelles nouvelles, éd. avec une introd. et des notes par Charles H. Livingston, avec le concours de Françoise R. Livingston et Robert H. Ivy, Jr., Genève, Droz, , 453 p.-[12] (ISBN 978-2-600-03037-3), p. 10

Annexes modifier

Bibliographie modifier

  • Pierre Demarolle, La Chronique de Philippe de Vigneulles et la mémoire de Metz, Ed. Paradigme, Caen, 1993, 176 p.
  • Nadine Martzloff, Claudine Roger et Valérie Guerin, Vie quotidienne au moyen âge: d'après Philippe de Vigneulles : chroniqueur messin. Nancy: CNDP, 1996, 63 p. (ISBN 9782866272104)
  • Marie-Thérèse Noiset, « La fonction parodique des Cent Nouvelles nouvelles de Philippe de Vigneulles », Études françaises, vol. 27, n° 3, 1991, p. 107-116 (lire en ligne).

Liens externes modifier