Philosophia ancilla theologiæ
Philosophia ancilla theologiæ (expression latine signifiant « la philosophie [est la] servante de la théologie ») est un principe de théologie chrétienne développé par Thomas d'Aquin.
Présentation
modifierDans la théologie chrétienne, la formule philosophia ancilla theologiæ signifie que la raison naturelle (c'est-à-dire non éclairée par la grâce ou la révélation) est subordonnée à la théologie en tant que science suprême.
L'origine de cette idée est attribuée à Pierre Damien (v. 1006-1072), docteur de l'Église[1]. Pour celui-ci, la philosophie « non debet ius magisterii sibimet arroganter suscipere, sed velut ancilla dominae quodam famulatus obsequio subservire »[2].
Aristote considère la théologie ou la métaphysique au sommet de la science[3]. D'autres occurrences de cette idée se trouvent chez Philon et Clément d’Alexandrie, puis le concept est repris par Thomas d'Aquin. Dans le Conflit des facultés, Kant observe que « il y aura toujours le doute de savoir si elle [la philosophie] porte le flambeau devant sa gracieuse dame ou si, derrière elle, elle porte son manteau »[1].
En 1621, le théologien écossais Robert Baronius a publié à Édimbourg un ouvrage sur la scolastique intitulé Philosophia theologiae ancillans[4].
Annexes
modifierBibliographie
modifier- Étienne Gilson, Le Philosophe et la Théologie, Vrin, 2005
- José Luis Illanes, « Philosophia ancilla theologiæ : Límites y avatares de un adagio », lire en ligne, Scripta Theologica, université de Navarre, 30 novembre 2017
- Malcolm de Mowbray, « Philosophy as Handmaid of Theology : Biblical Exegesis in the Service of Scholarship », lire en ligne, Cambridge University Press, 29 février 2016
- Michel Nodé-Langlois, Le Vocabulaire de saint Thomas d'Aquin, Ellipses, 1999
- Max Seckler, Philosophia ancilla theologiae. Über die Ursprünge und den Sinn einer anstößig gewordenen Formel, in Theologische Quartalschrift 171 (1991), p. 161–187
- Hent de Vries (en), Philosophia ancilla theologiae, lire en ligne, 2009[5]
Articles connexes
modifierNotes et références
modifier- Malcolm de Mowbray, « Philosophy as Handmaid of Theology : Biblical Exegesis in the Service of Scholarship », lire en ligne, Cambridge University Press, 29 février 2016.
- Kurt Reindel (Hrsg.), Die Briefe des Petrus Damiani, Teil 3: Briefe 91-150. Hahnsche Buchhandlung, Hanovre 1989 (MGH Die Briefe der Deutschen Kaiserzeit, bande 4.3), nr. 119 S. 354. Traduction : la philosophie « ne doit pas usurper le droit du magistère, mais doit servir docilement sa maîtresse (c’est-à-dire la doctrine de l’Église) comme une servante ». Sur l’attribution de la citation, voir par exemple Hans J. Detjen: Geltungsbegründung traditionsabhängiger Weltdeutungen im Dilemma: Theologie Philosophie, Wissenschaftstheorie und Konstruktivismus, Berlin, 2010, p. 203.
- Métaphysique, VI, 1026a.
- Scholasticon.
- Recension de « Philosophia Ancilla Theologiae: Allegory and Ascension in Philo's On Mating with the Preliminary Studies (De congressu quaerendae eruditionis gratia) »